Pages

Barhein , le gouvernement assassine son peuple et condamne à mort quatre hommes soi disant pour avoir assassiner un policier, alors à la mort pour les policiers qui ont tué par centaines -sur ordre de leur dictature- des manifestants pour la liberté?


Des tribunaux militaires, réunis à huit clos, ont condamné quatre hommes à mort pour le meurtre de policiers lors des manifestations, selon les dires des médias gouvernementaux.
(JPG)
Saeed Abdul Jalil Saeed (1) et Qassim Hasan Mattar Ahmed (5) font partie des condamnées à mort
Au Bahreïn, un tribunal militaire a condamné quatre manifestants chiites à mort et trois à des peines de prison à vie pour le meurtre de deux policiers lors des manifestations du mois dernier, selon les médias d’Etat.
Les verdicts de jeudi sont les premiers à faire suite aux manifestations contre la famille régnante du royaume qui ont commencé en février.
Les sept accusés ont été jugés à huis clos, pour soit-disant avoir tué avec préméditation des agents du gouvernement, ce qu’ont nié les avocats des accusés.
Un responsable de l’opposition chiite a identifié les personnes condamnées à mort comme étant Ali Abdullah Hasan, Qasim Hassan Mattar, Saeed Abdul Jalil Saeed, et Abdul Aziz Abdullah Ibrahim.
Il a déclaré à l’AFP que Issa Abdullah Kazem, Sadiq Ali Mahdi et Hussein Jaafar Abdul Karim ont été condamnés à la prison à vie.
Cheikh Ali Salman, président du Bahreïn Al Wefaq, le plus grand groupe chiite politique dans le pays, a déclaré à Al Jazeera que les peines n’étaient pas étayées par des preuves.
« Je persuadé que ces peines devraient être révisées et que la communauté internationale doit intervenir pour faire cesser cela », a-t-il dit.
Il a ajouté que la procédure était sans précédent » et que des points d’interrogation demeurent sur les conditions de vie imposées aux détenus.
Des responsables gouvernementaux ont déclaré que quatre policiers avaient été tués pendant les manifestations qui ont traversé le pays en février et mars, et au moins trois d’entre eux auraient été renversés par des voitures le 16 mars.
Des centaines de milliers d’opposants chiites du Bahreïn ont revendiqué plus de droits et de libertés face à la monarchie sunnite.
Les autorités ont arrêté des centaines d’opposants depuis que la loi martiale a été décrétée, le mois dernier, pour étouffer toute dissidence.
Mercredi, un responsable du Bahrein a déclaré que 405 détenus avaient été déférés devant les tribunaux militaires, et que 312 autres avaient été libérés.
« Soixante-deux cas pour les affaires pénales et 343 cas de délit ont été renvoyés devant les tribunaux de la sécurité nationale », a déclaré le cheikh Fawaz bin Mohammed Al-Khalifa, chef de l’Information Affairs Authority.
Il a prétendu que 312 détenus avaient été libérés, « certains pour des raisons de santé », et d’autres après que la période de leur détention ait été considérée comme suffisante.
Les autorités de Bahreïn ont fait l’objet de vives critiques des organisations internationales de défense des droits humains, à cause de la violente campagne de répression contre les opposants.
Plus tôt cette semaine, les États-Unis ont fait part de leurs inquiétudes [tardives et hypocrites - N.d.T] concernant le sort des détenus, en notant que certains sont morts en prison.
source (info- palestine )

L'indécence d'un Mariage pendant les milliers d'enterrements dus aux bombardements de la puissance capitaliste qui entretien ces fossiles de l'ancien régime.........



Des milliers d'euros pour deux tourtereaux au sang bleu


Je suppose que je cherche les ennuis, parce que ça doit faire la 5000ème fois que j’éteins rageusement la télé devant une émission sur CiaNN.
Hier, j’ai eu droit à Candy Crowley (celle qui n’a jamais croisé un va-t-en guerre sans en tomber amoureuse) qui s’en donnait à cœur joie, tuez Kadhafi, bombardez-moi ces connards de Libyens, et ses invités – les sénateurs Républicains : Lindsey Graham (R-WC), John McCain (R-Mordor) et Joseph Lieberman (R-Tel Aviv – oui, je sais, Lieberman est techniquement un « indépendant » mais il surpasse les Républicains dans tous les domaines).
Quoi qu’il en soit, pour celui ou celle qui aurait une goût insatiable pour la violence institutionnelle à une grande et extravagante échelle – à l’instar de Madame Crowley – qui d’autre pourriez-vous inviter à votre émission pour causer des crimes de guerre US/GB/OTAN en Libye ? Certainement pas Cindy Sheehan, Cynthia McKinney ou Dennis Kucinich ! L’un d’entre nous serait capable d’énoncer quelques vérités sur ce qui se passe réellement en Libye et quelques doutes pourraient germer dans l’esprit du téléspectateur moyen de CiaNN. « Toute la Guerre, Rien que la Guerre, 24/24h », l’info-divertissement quoi.
Aujourd’hui, les ondes bruissent d’excitation à l’annonce d’un MARIAGE ROYAL ! Le porte-parole de CiaNN pour tout ce qui touche aux mondanités (désolée, je ne me souviens plus de son nom) – interviewait un abruti britannique quelconque qui n’en pouvait plus de postillonner sa joie devant les noces imminentes de William et Kate et confirmait au téléspectateur de CiaNN que, malgré « les mesures sévères d’austérité » que subissaient les « sujets », TOUT LE MONDE en Grande-Bretagne salivait à l’annonce du SPECTACLE ROYAL.
Vraiment ? Je me souviens, il y a quelques mois, le papa de Will, Charles le rabat-joie, et sa femme, l’inconcevable Camilla, quittaient une sauterie de Voleurs sur Regent Street à Londres lorsque leur limousine fut prise d’assaut, secouée et cailloutée par un groupe d’étudiants qui protestaient contre l’augmentation des frais d’inscription et qui ont reconnue les deux Scandales Royaux. La vidéo de cet incident nous montre un Chucky et Cammie non pas effrayés mais un couple royal hautement outragé, dans le genre « Ceci n’est pas drôle du tout ! »
L’Angleterre, avec la Grèce et la France, a été le point de départ des protestations de plus en plus fortes contre les mesures impitoyables d’austérité mises en place pour protéger les plus grandes fortunes, comme celle de la Grande Famille Royale Britannique, tout en plongeant le reste de la population dans la précarité. En ce qui me concerne, on devrait confisques leurs biens et les placer dans un HLM à Liverpool parce que la seule chose qui les rende « spéciaux » ces gens-là, c’est le fruit du hasard de leur procréation consanguine.
Je suis certaine qu’il existe des gens en Grande-Bretagne qui veulent assister au Spectacle Royal – même parmi la classe sociale qui souffre le plus à cause de ces Hontes Royales. Je le sais parce que chez nous aussi, aux Etats-Unis, une bonne partie de la population pense que la Classe des Voleurs mérite quelques avantages obscènes. Les mariages, comme celle de la Princesse Chelsea (fille de l’ex-président Clinton - NdT), qui coutent des millions, se voient célébrés au lieu d’être saccagés. La Princesse Chelsea a organisé un dîner à 1500 dollars le couvert et des gens qui auraient pu se payer trois mois de loyer avec un seul de ces couverts trouvent le moyen de défendre les excès de la la Classe des Voleurs.
Il y a aussi le Roi et la Reine des Etats-Unis qui ne se gênent pas pour prendre des vacances de rêve pourvu que l’addition soit payée par leurs sujets alors que le chômage est encore au niveau de l’époque de la Dépression, et que leurs Sujets, ceux qui ont encore la chance d’avoir un emploi, ne peuvent même pas se permettre de prendre des vacances sur place, encore moins de partir. Lorsque la famille Obama a pris ses premières vacances à 50.000 dollars la semaine en 2009 à Martha’s Vineyard, j’étais furieuse et je l’ai fait savoir. Un Sujet hautain, de sexe masculain, me demanda, « Cindy, où veux-tu qu’ils passent leurs vacances ? Dans un hôtel Formule 1 à Orlando en Floride ? ». J’ai répondu « Et pourquoi pas ? Si c’est bon pour nous, c’est bon pour eux. »
A part le fait que je vais tomber malade au point de vomir devant le Spectacle Royal cette semaine, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis sont engagés dans trois guerres où beaucoup de gens sont tués (et où, ô ironie, nous avons pour habitude de balancer des missiles Hellfire sur des mariages) dans des régions du monde qui refusent leur assujettissement envers la Classe des Voleurs de ces deux pays.
Les seules couvertures sur la violence institutionnelle auxquelles nous aurons droit dans les Médias de Massue sera un soutien existentiel. Je dis bien « existentiel », car les Médias de Massue ont la ferme intention d’amasser leur part du butin de guerre.
La seule solution à cette plaie que constitue cette bourgeoise globale est une révolution populaire. Et la seule manière d’y arriver est de nous débarrasser de ceux qui voient d’un bon œil notre extinction lorsque nous cessons de leur être utiles.
Si vous ne me croyez pas, il vous suffit de faire quelques recherches sur les attaques globales contre l’éducation et contre les personnes âgées, tout près de chez nous. Le Roi Bush avait « mal compris » son « mandat » lorsqu’il a privatisé la Sécurité Sociale, alors la branche locale de la Classe Mondiale des Voleurs s’est vu obligée d’installer une marionnette plus sympathique qui a « carte blanche » auprès des « progressistes » qui pensent que toute critique envers le nouveau Roi est « raciste ». Ceci est principalement due à l’escroquerie, bien utile par ailleurs, que constitue le Tea Party (branche républicaine qui passe son temps à "casser du démocrate" - NdT).
Le Roi Obama s’en tire finalement beaucoup mieux que n’aurait pu le faire un John McCain (R-Mordor).
En Californie, où je vis, nous avons formé un groupe qui a prévu une marche et l’occupation de Sacramento pour protester contre les mesures d’austérité draconiennes qui frappe la population la plus « vulnérable », qui commencera le 1er Mai, le jour du Travail.
Cindy Sheehan

une analyse sur la révolution en Sirye qui se met en place ; par quelqu'un qui vit au caire. J'aimeraits être un peu plus vieux pour être sûr que tous cela va profité au peuple et non aux USA et à Israël!


Lu sur le Blog de Sylvie Nony, Prof au Lycée Français du Caire, qui nous a fait vivre "en direct" la révolution égyptienne et qui connaît bien, à ce que je me suis laissé dire, la Syrie :
"Révolution(s) en Syrie 29 avril 2011
par snony
Avec l’épisode syrien, le printemps arabe se rapproche semble-t-il de son centre de gravité : la question palestinienne. Cette question n’est bien évidemment pas la cause de la chute de Ben Ali, de Mubarak ni des difficultés de Kadhafi ou de Saleh. Les slogans des peuples tunisiens, égyptiens, libyens, yéménites portent sur la nature des régimes en place et ils expriment en premier lieu une forte aspiration à la liberté et la démocratie.
En revanche le maintien de tous ces dictateurs, soutenus pendant tant d’années par l’Occident, a largement à voir avec la volonté israélo-américaine d’imposer par la force une « stabilité » autour du brûlot crée par l’occupation de la Palestine et par le mépris de tout un peuple, dont le droit à disposer d’un état est pourtant -sur le papier- reconnu par l’ensemble de la communauté internationale. C’est cet ordre mondial qui est en train de s’écrouler.
Dans ces conditions, la dictature syrienne pouvait faire figure d’exception, et se parer d’atours et d’atouts dont ne disposaient pas les autres despotes. L’occupation du plateau du Golan par Israël depuis 67, au lendemain de la guerre des Six-Jours, le refus constant de transiger sur cette question dans les négociations internationales ont conféré au clan des militaires, qui a peu à peu pris le dessus du parti Baas, un relatif soutien du peuple syrien. Une sorte d’union nationale, resserrée par la proximité de l’occupation israélienne, prenant fait et causes pour les résistances libanaise et palestinienne, permettait jusque là de « supporter » l’arbitraire, la censure, la torture, l’absence totale de liberté politique. Il semble bien que le retournement actuel non seulement empêche désormais Bachar el-Assad de « surfer sur le Golan » mais que, comme un boomerang, les rives du lac Tibériade lui reviennent en pleine figure.
Hier, des manifestants égyptiens et syriens se sont rassemblés devant l’ambassade de Syrie, près de la station de métro Dokki pour protester contre le répression sanglante qui a lieu dans le pays. Cette ambassade fait face au siège du Wafd (le parti de la délégation) dont quelques militants étaient venus agiter leur nouveau drapeau vert, portant croissant musulman et croix chrétienne. Des personnalités comme l’acteur Amr Waked (ci-contre) avaient aussi fait le déplacement.
Les slogans étaient d’un niveau inégal. On a bien sûr entendu le désormais universel «Zanga, zanga, dar, dar », dérivé d’un discours de Kadhafi transformé en différents tubes l’on trouve en ligne ici ou ici. Il est employé maintenant pour signifier que la révolution partira de chaque ruelle (zanga ou zanqa), de chaque maison (dar).
L’affiche ci-contre développe elle, une boutade (éculée) sur le nom du président syrien (assadsignifie lion). « Certes Assad, tu es le roi de la jungle, mais dégage de là car la Syrie n’est pas une jungle ».
D’autres slogans plus politiques ont été scandés « Egypte libre, Syrie libre », ou « Les arabes ne veulent plus de dictateurs ». Mais très curieusement (pour un observateur occidental persuadé que la Syrie est l’ennemi numéro 2 de l’état d’Israël, après l’Iran) les manifestants ont plusieurs fois répété : « Bachar est comme Sharon, même forme et même couleur (nafs el-shakl wa nafs el-lûn), encourageant la résistance (muqâwama) syrienne et appelant à l’unité des peuples arabes contre l’oppression. La watan al-arabi(nation arabe) était jusqu’à ces derniers mois un mythe voire une vaste farce, parfois brandie par les dictateurs, parfois par les diverses résistances, pour évoquer une unité du monde arabe pulvérisée dans les faits depuis 67. Le mythe est-il en passe de devenir réalité ? Rien n’est moins sûr tant les contours politiques du printemps arabe sont encore flous.
Le tract distribué sur place contenait un communiqué du Front National pour la Justice et la Démocratie à propos des massacres d’Al-Assad en Syrie. Ce texte accuse, Assad père et fils, de « n’avoir jamais pensé jeter une pierre sur le Golan occupé » (en gros de ne pas avoir levé le petit doigt), mais en revanche de ne pas avoir hésité à massacrer leur propre peuple à Homs et Alep (Hafez, dans les années 80) et à Deraa (Bachar, récemment). Tout en les accusant d’être « des chiens et des rapaces » face à leur peuple, mais « des agneaux » face à Israël, le communiqué précise à propos de Bachar : « il n’a pas tiré profit de la leçon égyptienne ni entendu l’avertissement de ce qui est arrivé à Ben Ali ou à Mubarak », « il ne croit qu’à la force, au meurtre, au massacre, à l’abattage ». Bachar accusé de se planquer derrière ses chars est traité de lâche (gabân), qualificatif que les manifestants lui ont décerné de façon appuyée, en invoquant l’abandon du Golan.
La phrase suivante de ce texte est moyennement délicate : « Viendra un jour, Bachar, où tu pleureras comme pleurent les femmes, comme pleurent les lâches de ton espèce », accusant le président syrien de tirer sur son peuple avec des armes fournies par Israël (une métaphore, j’imagine…) et lui prédisant d’avoir des comptes à rendre le jour de sa chute où il devra affronter personnellement la colère de son peuple, sans la protection du Mossad…
La rhétorique est quelque peu caricaturale et d’autres analystes dans la presse égyptienne aujourd’hui développent des pistes nettement plus nuancées et argumentées. Mais il est clair que le printemps arabe va déclencher des avalanches que l’on ne pourra pas forcément arrêter en posant des bombes dans les cafés, pour relancer le fond de commerce habituel : la peur du terrorisme.
Un calicot apposé hier par les manifestants sur les grilles de l’ambassade syrienne annonce un rassemblement dans tous les pays arabes pour le vendredi 6 mai.
Le 14 mai, anniversaire de la Nakbapalestinienne, sera le jour d’un autre rassemblement, mondial celui-ci.
Enfin une page FB appelle à la troisième Intifada à partir du 15. L’accélération des événements est impressionnante.
Le CSFA égyptien qui vient d’annoncer la réouverture du passage de Rafah et la remise à plat de l’accord commercial sur la vente de gaz à Israël semble mesurer, au delà des incidents de ces dernières semaines sur le gazoduc, l’ampleur de la vague et tente tous les désamorçages possibles. De même le Fatah et le Hamas viennent de découvrir qu’ils sont censés représenter un peuple et tentent eux aussi de rester à la barre, en signant un accord commun (au Caire) lamentablement tardif. Ils pourraient bien être pris ensemble dans la déferlante. Sans regrets.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé mercredi dernier que Mahmoud Abbas devra « choisir entre la paix avec Israël et la paix avec le Hamas », et son ministre des Affaires étrangères Lieberman a depuis annoncé une série de mesures de rétorsion. Le camp de la guerre trépigne, panique et s’affole.
C’est donc un bon moment pour mobiliser celui de la paix et pour mettre l’intelligence au pouvoir partout où se sera possible. L’espace, ces derniers mois, s’est sérieusement agrandi : profitons-en !
NB : Une pétition « L’État palestinien, c’est maintenant ! » publiée récemment dans le Monde peut être signée en ligne ici."

vendredi 29 avril 2011

De 2000 à 2009, les USA ont autorisé, payé et livré à Israël plus de 670 millions d’armes et d’équipements connexes, évaluées à près de 19 milliards de dollars


On peut excuser Israël de ne pas prendre conscience des malheurs budgétaires actuels des États-Unis. Après tout, non seulement l’aide militaire des États-Unis à Israël se sort indemne du vote ce mois-ci (le 15 avril) du budget US pour 2012, mais elle atteint des sommets avec 3 milliards de dollars...

(JPG)
Gaza, il est probable que c’est l’un des missiles fournis par les USA, tiré par un hélicoptère fourni par les USA, qu’Israël a utilisés pour cela.
...En outre, les USA fournissent à Israël 415 millions de dollars pour l’acquisition, la recherche et le développement de projets communs Israël/USA d’antimissiles, dont 205 millions iront au financement du système Iron Dome (Dôme d’acier - système de défense aérienne mobile) récemment déployé par Israël.
Cette batterie antimissile a déjà changé de façon significative l’équilibre stratégique dans le conflit israélo-palestinien, Israël ayant réussi à abattre des roquettes tirées sur Israël depuis la bande de Gaza au début de ce mois. Avec le soutien diplomatique assuré des États-Unis pour empêcher qu’Israël n’ait de comptes à rendre à la communauté internationale pour son blocus illégal, Iron Dome va encourager Israël à resserrer son siège et à intensifier ses attaques contre la bande de Gaza occupée, ayant donné à ses citoyens une protection supplémentaire contre tout tir de représailles.
Le financement américain d’Iron Dome n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de la façon dont les armes états-uniennes s’en vont vers Israël pour privilégier la domination militaire israélienne au détriment de la liberté des Palestiniens, et fournir des démotivations économiques perverses à Israël pour défier les objectifs politiques des États-Unis, tels que l’arrêt de la colonisation israélienne de la terre palestinienne, la fin des punitions collectives contre les Palestiniens dans la bande de Gaza, et une négociation en toute bonne foi d’un accord de paix durable.
(JPG)Aussi longtemps que les armes américaines continueront d’affluer chez lui, Israël se sentira libre de dédaigner les flatteries douceâtres de l’administration Obama et ses tentatives mollassonnes pour l’amener à la table des négociations. Malheureusement, ce système démotivant est voué à être renforcé au cours des années à venir.
En vertu d’un engagement pris par Bush, les transferts d’armes US vers Israël sont budgétisés pour un total de 30 milliards de dollars, qui courent de 2009 à 2018, soit une augmentation annuelle moyenne de 25 % par rapport aux montants précédents. Avec ce protocole d’accord de 2007, les États-Unis consolident la position d’Israël comme premier bénéficiaire de l’aide militaire US pour cette décennie. Dans la droite ligne des augmentations inscrites dans cet accord, le Président Obama a demandé une dotation qui crève le plafond avec 3,075 milliards de dollars d’armements pour Israël dans sa demande pour le budget 2012.
Une nouvelle base de données en ligne - Combien d’armes pour Israël ? - exprime ses doutes que les USA puissent se permettre, que ce soit moralement, financièrement ou politiquement, de continuer à transférer des armes vers Israël aux frais des contribuables sans examiner les ramifications qu’entraîne cette politique.
De 2000 à 2009, les USA ont autorisé, payé et livré à Israël plus de 670 millions d’armes et d’équipements connexes, évaluées à près de 19 milliards de dollars, en utilisant trois principaux programmes de transferts d’armes (Foreing Military Sales [Ventes d’armes à l’étranger], Direct Commercial Sales [Ventes commerciales directes], et Excess Defense Articles [Articles défense en excédent]). Ces programmes de transferts d’armement ont représenté près de 80 % des plus de 24 milliards de dollars d’aide militaire affectée à Israël au cours de ces mêmes années. La majeure partie de l’argent restant a été dépensée par Israël pour sa propre industrie nationale d’armement, une dérogation exceptionnelle inscrite dans la loi au profit d’Israël. Tous les autres pays qui reçoivent de l’aide militaire US doivent dépenser le montant total de l’aide accordée à l’intérieur des États-Unis.
L’aide militaire à Israël passe par tout un éventail allant de l’absurde patent - avec un cuiseur-vapeur évalué à 2100 dollars - jusqu’au plus meurtrier - avec 93 jets de combat F-16D, pour un montant de près de 2,5 milliards. Avec près de 500 catégories d’armes transférées en Israël, les États-Unis sont, de façon omniprésente, complexe et totale, impliqués dans l’armement de l’armée israélienne.
Ces transferts d’armes font que les États-Unis sont profondément complices dans la plupart des actions engagées par l’armée d’Israël pour consolider son occupation militaire de quarante-trois ans, en toute illégalité, de la Cisjordanie avec Jérusalem-Est et de la bande de Gaza palestiniennes, comme dans la politique d’apartheid que développe la position du gouvernement israélien à l’égard des Palestiniens.
De septembre 2000 à décembre 2009, à peu près la même période durant laquelle les USA ont transféré ces 670 millions d’armes en Israël, l’armée israélienne a tué au moins 2969 Palestiniens - dont 1128 enfants - qui ne prenaient aucune part aux hostilités, d’après l’organisation israélienne des droits de l’homme, B’Tselem.
Par exemple, Israël a tué 446 Palestiniens sans armes, dont 149 enfants, avec des missiles tirés depuis ses hélicoptères. Le Pentagone classe par numéro, type et valeur les missiles transférés en Israël ; cependant, les USA ont donné à Israël près de 200 hélicoptères, de types Apache AH-64D, Sikorsky CH-53 et Cobra, depuis lesquels au moins un certain nombre de ces missiles meurtriers ont été tirés. Il est probable que c’est l’un de ces missiles fournis par les USA, tiré par un hélicoptère fourni par les USA, qu’Israël a utilisé sur le camp de réfugiés de Jabalya dans la bande de Gaza, le 29 décembre 2008, et qui a tué cinq sœurs, Jawaher 4 ans, Dina 7 ans, Samar 12 ans, Ikram 14 ans, et Tahrir Baulusha 17 ans, dans l’attaque contre une mosquée toute proche.
Le mauvais usage des armes US par Israël pour commettre de telles violations des droits humains contre des civils palestiniens devraient déclencher des sanctions contre Israël, au lieu de cela, ce sont les aides militaires qui sont augmentées. L’Arms Export Control Act (législation sur le contrôle des exportations d’armes) limite l’usage des armes américaines à la « sécurité intérieure » et la « légitime défense ». L’occupation israélienne de la Cisjordanie avec Jérusalem-Est et de la bande de Gaza palestiniennes est qualifiée par le gouvernement américain d’occupation militaire étrangère, et le meurtre de milliers de civils non armés pour maintenir une occupation militaire ne peut être justifié comme légitime, sauf à dénaturer complètement le sens même d’une légitime défense.
De plus, le Foreign Assistance Act (loi sur l’aide à l’étranger) interdit strictement aux USA d’apporter une aide à tout pays qui « se livre à une pratique régulière de violations flagrantes de droits humains internationalement reconnus ». Le rapport 2010 sur les droits de l’homme publié par le Département d’État informe amplement, si ce n’est complètement, sur les violations par Israël des droits humains des Palestiniens.
Alors que Washington envisage aujourd’hui de relever le plafond de la dette et de faire des coupes plus que drastiques dans le budget 2012, le coût moral, financier et politique de l’armement d’Israël ne peut être ignoré plus longtemps.
Si l’Administration Obama est sérieuse dans ses efforts pour résoudre le conflit israélo-palestinien, et honnête dans son engagement affiché pour l’universalité des droits humains, alors, elle doit utiliser l’important effet de levier que les États-Unis exercent sur Israël avec son programme d’aide militaire. En mettant fin à leurs transferts d’armes à Israël, au moins jusqu’à ce que Israël se conforme à ses obligations issues du droit états-unien et du droit international, qu’il mette fin à son occupation militaire illégale de la terre palestinienne et qu’il négocie en toute bonne foi une paix juste et durable avec les Palestiniens, au moins jusque-là, les USA peuvent créer une situation incitative qui leur permettrait d’atteindre leurs objectifs politiques aujourd’hui contrariés.
(JPG)

Josh Ruebnet est directeur juridique national de la Campagne états-unienne pour la fin de l’occupation israélienne, une coalition nationale de plus de 350 organisations qui agit pour changer la politique américaine envers Israël et les Palestiniens, pour la défense des droits de l’homme, le droit internationale et l’égalité. Il a travaillé comme analyse aux Affaires du Moyen-Orient au service Recherche du Congrès.
Du même auteur :
25 avril 2011 - The Electronic Intifada - traduction : JPP

Fidel Castro ; l'incendie en Libye peut vite se transformer en brasier incontrôlable



L’OTAN attise un incendie qui peut tout embraser !

On peut être d’accord ou non avec les idées politiques du Kadhafi, mais nul n’a le droit de contester l’existence de la Libye comme État indépendant et membre des Nations Unies.
Le monde n’a pas encore atteint ce qui constitue aujourd’hui à mon avis une condition sine qua non de la survie de notre espèce: l’accès de tous les peuples aux ressources matérielles de cette planète, la seule de notre système solaire à réunir les facteurs les plus élémentaires de la vie que nous connaissons.
Les États-Unis eux-mêmes se sont toujours efforcés d’être un creuset de toutes les races, de toutes les croyances et de toutes les nations : blanches, noires, jaunes, indiennes et métisses, sans d’autres différences que celles de maîtres et d’esclaves, de riches et de pauvres, mais toujours dans les limites des frontières : au nord, le Canada ; au sud, le Mexique ; à l’est l’Atlantique ; à l’ouest, le Pacifique. L’Alaska, Porto Rico et Hawaï étaient de simples accidents historiques.
Le hic, c’est qu’il ne suffit pas du noble désir de ceux qui se battent pour un monde meilleur, ce qui est aussi digne de respect que les convictions religieuses des peuples. Il suffirait que des quantités relativement petites d’un certain nombre d’isotopes radioactifs émanent de l’uranium enrichi consommé par les centrales atomiques – car ils n’existent pas dans la  nature – pour mettre fin à la fragile existence de notre espèce. Maintenir ces volumes croissants de déchets sous des sarcophages de béton et d’acier est l’un des plus gros problèmes de la technologie.
Des faits comme l’accident de Tchernobyl ou le séisme du Japon ont mis en lumière ces risques mortels.
Mais là n’est pas la question que je veux aborder aujourd’hui, sinon le spectacle étonnant que nous a présenté hier Walter Martínez dans son  programme Dossier de la télévision vénézuélienne : la réunion entre le chef du département de la Défense étasunien, Robert Gates, et son homologue britannique, Liam Fox, qui s’est rendu aux USA pour discuter de la guerre criminelle déclenchée par l’OTAN contre la Libye. Un spectacle difficile à croire, mais digne d’un Oscar : le ministre britannique était un paquet de nerfs, il était tendu, il parlait comme un fou, on avait l’impression qu’il crachait ses mots.
Bien entendu, Gates l’attendait à l’entrée du Pentagone. Les drapeaux des deux pays, celui de l’ancien empire colonial britannique et celle de son fils putatif, l’empire étasunien, ondoyaient de chaque côté tandis que retentissaient les hymnes nationaux. La main droite sur le cœur, le salut militaire rigoureux et solennel de la cérémonie du pays hôte. Ce fut la cérémonie initiale. Les deux ministres sont entrés ensuite dans le bâtiment de la défense étasunienne. Ils sont censés avoir longuement parlé, si l’on en croit les images que j’ai vues quand ils sont revenus avec chacun un discours – sans doute préparé à l’avance – à la main.
L’environnement de ce scénario était constitué par du personnel en uniforme. À gauche, on voyait un jeune militaire, grand, maigre, rouquin en apparence, le crâne rasé,  la casquette à la visière noire enfoncée presque sur la nuque, présentant le fusil, baïonnette au canon, sans ciller ni même sembler respirer, la vraie image du soldat prêt à tirer une balle de fusil ou un missile atomique emportant un charge destructive de cent mille tonnes de TNT. Gates a parlé en affichant le sourire et le naturel du maître de maison. L’Anglais, lui, en revanche, l’a fait comme je l’ai expliqué
J’ai rarement vu quelque chose de plus horrible : il suintait la haine, la frustration, la fureur, il menaçait le dirigeant libyen dont il exigeait la reddition inconditionnelle. On constatait combien il était indigné que les avions de la puissante OTAN ne soient pas parvenus à faire plier la résistance libyenne en soixante-douze heures !
Il ne lui manquait plus que de s’exclamer : « Des larmes, de la sueur et du sang », à l’instar de Winston Churchill quand il avait calculé le prix que devrait payer son pays dans la lutte contre les avions nazis. Mais avec une petite différence : c’est l’OTAN qui joue maintenant le rôle des nazi-fascistes en lançant des milliers de missions de bombardement avec ses avions les plus modernes au monde.
L’administration étasunienne n’a pas hésité, elle, à autoriser l’emploi de drones pour tuer des hommes, des femmes et des enfants libyens, comme elle le fait toujours en Afghanistan, à des milliers de kilomètres de l’Europe de l’Ouest, mais cette fois-ci contre un peuple arabe et africain, sous les yeux de centaines de millions d’Européens et rien moins qu’au nom de l’Organisation des Nations Unies !
Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a déclaré hier que ces actes de guerre étaient illégaux et sortaient du cadre des accords adoptés par le Conseil de sécurité des Nations Unies.
Les grossières attaques contre le peuple libyen qui prennent un caractère nazi-fascistes peuvent devenir le lot de n’importe quel peuple du Tiers-monde.
La résistance de la Libye m’étonne vraiment.
Maintenant, cette organisation belliciste est à la merci de Kadhafi. Si celui-ci résiste et refuse ses exigences, il passera à l’Histoire comme l’un des grands personnages des pays arabes.
L’OTAN attise un incendie qui peut tout embraser !
Fidel Castro Ruz
Le 27 avril 2011
19 h 34

jeudi 28 avril 2011

Luis Posada Carriles un blaireau de la CIA , hier les USA acceuillait les anciens SS aujourd'hui , les voyous qui pourchassaient les révolutionnaires cubains et vénézuéliens!









De nationalité cubano-vénézuélienne, Luis Posada Carriles n’est pas citoyen américain. Il a bien été résident permanent aux Etats-Unis en 1962, mais il a perdu ce statut pour avoir passé plus d’une année hors du pays. Il ne peut donc y rentrer légalement. C’est pourtant avec l’objectif de passer ses vieux jours au « pays de la liberté » que, en mars 2005, il laisse derrière lui le Guatemala, traverse le Belize et se dirige vers Cancún, dans l’Etat mexicain de Quintana Roo. Jusqu’à son arrivée dans cette ville balnéaire, il a été aidé et assisté par des trafiquants de drogue appartenant au cartel centraméricain que dirige le mafieux Otto Herrera García. A Cancún, Juan Carlos Riverol, alias « le prof », prend le relais. Lié à un groupe de « narcos » d’origine cubano-américaine – Les Marielitos – Riverol s’enrichit sur le dos de Cubains sans visas désireux de gagner les Etats-Unis en évitant les 145 kilomètres du détroit de Floride, infesté de requins... et de garde-côtes américains.
De Cancún, Posada Carriles repart pour l’île Mujeres, à l’extrémité nord-est de la péninsule du Yucatán. Le matin du 15 mars, un yacht de 27 mètres, la Santrina,y accoste. Il appartient au millionnaire Santiago Álvarez, présent à bord en compagnie de cinq comparses de la communauté cubano-américaine de Miami. Le même jour, à 14 heures, le bateau repart et met le cap sur la Floride – avec, à bord, un « clandestin ».
Le 11 avril, Fidel Castro dénonce la présence de Posada Carriles à Miami. Le 12, durant la conférence de presse quotidienne du Département d’Etat, cette « insinuation » scandalise le porte-parole Richard Boucher : « C’est un sujet que nous avons abordé de nombreuses fois dans le passé. Je ne suis pas sûr qu’il y ait quelque chose de nouveau. » Il aurait mieux fait de se taire. Le lendemain, provoquant quelques hoquets, Posada Carriles demande l’asile politique car, plaide son avocat, il a « favorisé les intérêts des Etats-Unis pendant environ quatre décennies » :une telle requête ne peut être présentée que lorsqu’un individu est déjà sur le territoire national ! De La Havane et Caracas, Castro et Hugo Chávez exigent des autorités américaines qu’elles arrêtent l’individu pour activités terroristes et réclament son extradition.
Terrorisme international
Né à Cienfuegos (Cuba), le 15 février 1928, Posada Carriles a collaboré avec la police du dictateur Fulgencio Batista à partir de 1955. En 1959, le triomphe de la révolution lui donnant la nausée, il rejoint les contre-révolutionnaires. Membre de la Brigade 2006, il participe à la tentative d’invasion de la Baie des Cochons qui débute le 17 avril 1961. Il n’y fait rien de vraiment héroïque, ne réussissant même pas à débarquer ! Ulcéré par cet échec individuel et collectif, il est l’un des deux cents Cubains qui incorporent l’armée américaine pour y être formés au grade d’officier. Lui est, de plus, recruté par la Central Intelligence Agency (CIA). En octobre 1967, la « Compagnie » l’envoie à Caracas pour restructurer les services de renseignement vénézuéliens. Il demande et obtient la nationalité de ce pays pour pouvoir intégrer la Direction générale de police (Digepol) qui deviendra ultérieurement la Division générale de sécurité de la direction des services de renseignement et prévention (Disip). Sous le pseudonyme de « commissaire Basilio », il s’y livre jusqu’en 1974 à la répression féroce des mouvements de gauche vénézuéliens.
Quittant ses fonctions à la suite d’un changement de gouvernement, Posada Carriles demeure à Caracas et y ouvre une agence de détective – Investigaciones comerciales e industriales C.A. Toujours lié à la CIA et collaborant avec les services secrets argentin, chilien, guatémaltèque et salvadorien, il dirige, avec un autre Cubain, Orlando Bosch, le Commando d’organisations révolutionnaires unies (CORU). Tous deux préparent et commanditent la pose de deux bombes dans le vol CU 455 de la Cubana de Aviación qui, décollant de La Barbade, le 6 octobre 1976, explosera en vol, causant la mort de soixante-treize passagers.
Emprisonné à Caracas avec Bosch et les deux Vénézuéliens qui ont matériellement perpétré le crime, Posada Carriles, non encore définitivement jugé, s’évade en 1985 avec l’aide de la Fondation nationale cubano-américaine (FNCA) – créée en 1981 par Ronald Reagan, basée à Miami – et de la CIA. Cette dernière a besoin de ses compétences. On retrouve effectivement Posada Carriles sur la base militaire d’Ilopango, au Salvador, où, sous la direction du lieutenant-colonel américain Oliver North, et en tant que chef de la logistique, il approvisionne en armes et en matériels les contre-révolutionnaires nicaraguayens – la contra. Violant une interdiction explicite du Congrès des Etats-Unis, l’opération est de plus financée grâce aux tonnes de cocaïne que fournit le cartel de Medellín, en Colombie.
Lorsque éclate le scandale de l’Iran-Contragate [1], Posada Carriles se fait oublier quelque temps avant de réapparaître en tant que « conseiller » de la police salvadorienne, puis de gagner en 1988 le Guatemala où, en plein conflit armé – deux cent mille morts –, il travaille pour le gouvernement comme fonctionnaire du renseignement [2].
Indépendamment de ses activités au service de l’Empire, des dictatures continentales et des luttes contre-insurrectionnelles, la priorité de Posada Carriles est toujours demeurée Cuba. Les groupes anticastristes de Miami et en particulier la FNCA le financent sous le manteau tout en faisant tourner des affaires ayant pignon sur rue. Toujours en Amérique centrale, il recrute, forme – il est expert en explosifs – et équipe les guatémaltèques et salvadoriens qu’il charge d’exécuter une série d’attentats dans l’île. Du 12 avril au 4 septembre 1997, leurs bombes frappent des hôtels de La Havane et de Varadero – Meliá Cohiba, Capri, Nacional, Sol, Palmeras, Tritón, Château-Miramar et Copacabana ; dans ce dernier, meurt un jeune touriste italien, Fabio Di Celmo.
Le 17 novembre 2000, Luis Posada Carriles est arrêté au Panamá alors qu’il préparait un attentat à la bombe contre Fidel Castro en visite dans ce pays à l’occasion d’un Sommet ibéro-américain. L’engin devait exploser durant une conférence du président cubain à l’Université, au risque de blesser, mutiler ou tuer un nombre considérable d’étudiants panaméens. Condamné le 20 avril 2004 à huit années d’incarcération « pour avoir compromis la sécurité publique », Posada Carriles est amnistié le 26 août, pour « raisons humanitaires », par la présidente panaméenne Mireya Moscoso, qui doit terminer son mandat... le lendemain. Certes, le président de la Cour suprême s’était opposé à cette mesure, le procès étant en cours d’appel et la loi panaméenne stipulant qu’il n’est possible de gracier un prisonnier que si la procédure judiciaire est arrivée à son terme. Mais, dans les semaines précédentes, Moscoso avait reçu la visite du secrétaire d’Etat Colin Powell et d’Otto Reich, cubano-américain chargé des affaires de l’hémisphère occidental (l’Amérique latine) au Conseil national de sécurité du gouvernement de George W. Bush. Après le séjour de Reich au Panamá, une rumeur avait largement circulé à Miami : « Il a tout arrangé. »
Ce 26 août 2000, les complices cubano-américains de Posada Carriles – Guillermo Novo Sampol, Pedro Remón et Gaspar Jiménez –, eux aussi amnistiés, atterrissent donc triomphalement à Miami. Pour les raisons précédemment évoquées – il n’est pas citoyen américain –, leur chef ne peut les accompagner. Un deuxième avion, à bord duquel se trouve Santiago Álvarez, le transporte à San Pedro Sula, au Honduras. C’est depuis l’Amérique centrale où l’accueillent et le protègent hauts fonctionnaires de police, collaborateurs de la CIA, marchands d’armes et narcotrafiquants qu’il entreprendra le périple qui, en mars 2005, lui permet d’entrer clandestinement aux Etats-Unis.
Selon que vous serez « les Cinq » ou Posada
Caracas et La Havane ont fait trop de bruit. Washington ne peut plus feindre ignorer le lieu de séjour du « terroriste international » – selon la définition du Federal Bureau of Investigation (FBI) –, d’autant qu’il passe son temps à accorder des interviews. Le 17 mai, on se résigne à l’arrêter. Le 19, il est incarcéré à El Paso (Texas), dans une cellule « cinq étoiles », et inculpé pour… « violation de la législation sur l’immigration ». Le 27 septembre, la justice américaine détermine qu’il ne sera pas extradé au Venezuela ou à Cuba pour y être jugé de ses crimes [3] car… « il pourrait être torturé dans ces pays ». Mû par un sentiment de rancune primitive, il pourrait surtout y dévoiler les dessous de la « guerre sale » menée par Washington en Amérique latine et à Cuba depuis les années 1960, les turpitudes de la CIA et même, pourquoi pas, le rôle de celui qui en était directeur en 1976, au moment de l’explosion du DC-8 de la Cubana de Aviación : George Bush (père). Le risque de voir étalé au grand jour l’American Way of Death est pratiquement le même s’il est réellement jugé aux Etats-Unis. Bref, il a dans la tête des secrets que beaucoup ne souhaitent pas voir étaler au grand jour.
Dès lors, deux scandales judiciaires étroitement liés l’un à l’autre se téléscopent publiquement. En effet, le 24 mai 2005, quelques jours après l’arrestation de Posada Carriles, le Groupe de travail des Nations unies sur les détentions arbitraires a dénoncé l’emprisonnement, aux Etats-Unis, de cinq Cubains – Gerardo Hernández, Ramón Labañino, René González, Fernando González et Antonio Guerrero –, soulignant qu’il viole les normes internationales et exigeant un nouveau procès. Cette même année 2005, dix prix Nobel lanceront un appel pour la libération des cinq Cubains en question [4].
Ayant infiltré sans violence, pour le compte du gouvernement cubain, les groupes terroristes de la mouvance Posada Carriles afin d’en neutraliser les effets dans l’île, les « Cinq » ont été arrêtés à Miami en septembre 1998, jugés dans cette ville et dans des conditions ahurissantes pour « conspiration d’espionnage » mettant en cause la sécurité nationale des Etats-Unis, puis condamnés en décembre 2001 à des peines qui dépassent l’entendement [5].
Tout autre va être le sort de celui dont les agissements ont imposé leur présence à Miami, au nom de la légitime défense de leur pays, Cuba. Après avoir décidé que Posada Carriles ne pouvait être extradé ni à La Havane ni à Caracas, le juge William Lee Abott a donné quatre-vingt-dix jours au gouvernement pour qu’il trouve un pays tiers où l’expulser. Washington cherche donc un endroit où il pourrait vivre tranquillement. Lui est prêt à préparer sa valise – c’est une de ses grandes spécialités. Mais, le Canada, le Mexique, le Honduras, le Costa Rica, le Guatemala et le Salvador refusant de l’accepter sur leur territoire, Washington reste avec cet ami encombrant sur les bras.
Bien qu’un Grand Jury ait été convoqué à Newark (New Jersey) en janvier 2006 pour écouter les dépositions sur son implication dans les attentats de La Havane en 1997, la justice américaine accorde la liberté conditionnelle à Posada Carriles, contre une caution de 350 000 dollars, le 19 avril 2007. Il jouit dès lors d’une « retraite » tranquille, dans l’urbanisation Lago del Rey, au sud-ouest de Miami. Quatre années passeront en manœuvres dilatoires, intrigues et manigances, avant que ne s’ouvre enfin son procès, le 10 janvier 2011, à El Paso. Pourquoi dans cette ville du Texas ? Parce que Posada Carriles a de l’imagination ! Interrogé par les autorités migratoires, il a prétendu que, venant du Mexique, il a traversé en automobile la frontière de cet Etat, à Brownsville, et a ensuite voyagé en autobus Greyhound jusqu’à Miami. Il a encore menti aux Départements de la Justice et de la Sécurité lorsque, ayant sollicité l’asile politique et sa naturalisation américaine, il a nié, sous serment, être lié d’une manière ou d’une autre aux attentats menés en 1997 à Cuba.
Crimes sans châtiment
Sous la présidence de la juge fédérale Kathleen Cardone, nommée en 2003 à cette fonction par… George W. Bush, le show peut commencer. Prêtant à sourire, onze charges pèsent sur Posada Carriles, qui comparaît en prévenu libre : parjure, fraude, obstruction à la justice, infractions aux lois américaines sur l’immigration, etc… Avec, toutefois, un risque pour lui, signale d’emblée José Pertierra, l’avocat qui représente Caracas dans sa demande d’extradition : « Si le tribunal le juge coupable d’avoir menti sur sa relation avec les auteurs des attentats à la Havane, la justice américaine sera obligée de le poursuivre en tant qu’auteur intellectuel de ces crimes. » La défense ne s’y trompe pas qui, dès la première audience, entreprend de transformer l’affaire Posada Carriles en un procès contre… Cuba. L’avocat Arturo V. Hernández est d’autant plus inquiet que la juge a autorisé le Ministère public à présenter 6500 documents en provenance de La Havane. Elle lui a également permis d’utiliser comme preuve des éléments fournis par le gouvernement guatémaltèque, dont le faux passeport au nom de Manuel Enrique Castillo López avec lequel Posada Carriles est entré au Mexique (voir ci-dessous).
Le 19 janvier, la fonctionnaire de l’immigration Susana Bolanos s’avance à la barre. Elle a eu à examiner le formulaire N400 par lequel Posada Carriles demandait sa naturalisation. A la question « avez-vous milité, à un moment ou à un autre, pour le renversement d’un gouvernement », il a répondu « oui ». A celle concernant les antécédents pénaux, il a mentionné une condamnation qui lui a valu quatre années en prison au Panamá. « Ces choses, définitivement, m’ont préoccupée », conclut Bolanos. L’avocat Hernández a une réponse toute prête : l’accusé n’a pas une connaissance de l’anglais suffisamment fluide pour avoir compris, à l’époque, les questions posées.
Cubano-américain, mais aussi informateur (en échange de sa naturalisation) rémunéré du FBI, Gilberto Abascal témoigne pendant six jours à partir du 24 janvier. Recruté par Santiago Álvarez comme mécanicien, il faisait partie de l’équipage qui, à bord du yacht Santrina, est venu récupérer Posada Carriles dans le Yucatán et l’a transporté clandestinement à Miami. Il confirme donc la voie d’entrée réelle de l’accusé. Sortant de sa manche des rapports médicaux de l’Agence de sécurité sociale, la défense tente de le discréditer : on lui a diagnostiqué de sérieux symptômes de schizophrénie, entre 2002 et 2004, après qu’il ait fait une chute, en 2000, depuis un immeuble en construction. « Problèmes mentaux » conclut l’avocat. Ce qui ne devrait pas faire oublier qu’Abascal a prouvé ses dires en montrant une photographie de Posada Carriles en train de se faire couper les cheveux par un coiffeur de l’île Mujeres, avant l’embarquement sur la Santrina.
Abascal va payer très cher sa prestation. Le 27 janvier, la juge Cardone lui ordonne de s’asseoir sur le banc des témoins et lui demande, avant l’arrivée des jurés : « M. Abascal, vous me semblez être perturbé. Voulez-vous m’expliquer ce qui se passe ? » Il y a dans la voix du témoin une nuance d’amertume quand il répond : « [l’avocat] Arturo Hernández fait des histoires à ma femme et elle m’a appelé pour me dire qu’en raison de ce harcèlement, elle ne veut plus rien avoir à faire avec moi [6]. » C’est qu’Abascal provoque la haine, et depuis longtemps. Il a aussi été un témoin « clé » de l’accusation lors de la comparution de Santiago Álvarez, le propriétaire de la Santrina, en 2006, à Miami. Arrêté par le FBI en 2004 pour possession d’un arsenal – AK-47 et AR-15 aux numéros d’identification limés, silencieux, grenades, etc. –, dans son bureau de Hialeah, à Miami, Álvarez a été condamné à quatre années de prison pour ce motif, mais également parce qu’il refusait de témoigner pour expliquer comment Posada Carriles est arrivé aux Etats-Unis. En août 2006, à Miami, Abascal a échappé de peu à une tentative d’assassinat par arme à feu. Une fois de plus, à El Paso, il a l’air d’un lapin pris dans les phares d’un camion. Fort sévèrement, alors que débute l’audience et après avoir demandé aux procureurs de s’approcher, la juge appelle l’avocat qu’elle admoneste pour ce délit fédéral – intimidation de témoin –, passible de prison. Toutefois, afin que les jurés ne puissent entendre la conversation, elle a préalablement coupé son micro. Lorsque la séance reprend son cours, l’avocat met Abascal sur le gril pendant un temps interminable, l’intimide, l’insulte, le traite de voleur, de menteur, d’espion de Cuba, de mercenaire et de fou !
Pour mémoire, on notera que pendant les sept mois du procès des Cinq, à Miami, en 2000 et 2001, c’est le procureur qui a permis toutes sortes de pressions et de menaces contre les jurés – pris en chasse dans le Palais de justice, interpellés par la foule des anticastristes, harcelés par les journalistes ayant pris fait et cause pour l’extrême droite cubano-américaine – à tel point que, à plusieurs reprises, ils exprimèrent leurs craintes pour leur sécurité.
Le 7 février, on apprend de la bouche de Steven Ussher, enquêteur du Service d’immigration et de contrôle des douanes, que les autorités américaines n’ont jamais donné l’ordre de perquisitionner ou d’examiner la Santrina pour y chercher des preuves de la présence de Posada Carriles. Le 8, l’avocat de ce dernier livre une bataille désespérée pour convaincre la juge d’empêcher ou de retarder le témoignage du lieutenant-colonel de la Sécurité cubaine Roberto Hernández Caballero. Une fois de plus, deux affaires se percutent – et curieusement : le 29 mars 2001, à la requête de la défense des Cinq, Hernández Caballero a déjà témoigné devant la Cour fédérale de Miami. Son adversaire d’hier, le gouvernement des Etats-Unis, lui demande aujourd’hui de présenter les mêmes éléments d’enquête contre Posada Carriles alors qu’il les a violemment combattus lorsqu’ils auraient dû, en bonne logique, permettre d’absoudre les Cinq. Il est vrai que, cette fois, l’enjeu est mineur : on ne juge pas les crimes de l’anticastriste contre Cuba, ni ceux qui ont tenté de les empêcher, mais quelques « petits mensonges entre amis ».
Le 9 février, c’est interrompu en permanence par les objections de la défense que le colonel Hernández Caballero livre finalement sa déposition sur les événements de 1997, les blessés qu’ils ont provoqué et la mort du touriste Di Celmo. La juge Cardone estime dès lors qu’elle en a fait assez. Elle décide que le témoin suivant – Ileana Vizcaíno Dime, spécialiste cubaine de médecine légale qui a autopsié le corps de Di Celmo – sera interrogé par l’accusation et la défense, mais… hors de la présence des jurés. De la même manière, elle ne permet pas que soit soumis à ceux-ci un fax particulièrement éclairant envoyé par Posada Carriles à des complices, depuis le Guatemala, en 1997.
Intercepté par Antonio « Tony » Álvarez, homme d’affaires cubain exilé qui, à Ciudad Guatemala, partageait un bureau avec le terroriste (sans se douter initialement de ses activités), le fax en question, signé Solo – l’un des pseudonymes favoris de Posada [7] – exigeait de ses interlocuteurs des informations précises sur le résultat de leurs attentats dans l’île, alors attribués à l’opposition interne par les médias internationaux : « Comme je vous l’ai expliqué, s’il n’y a pas de publicité, le travail est inutile. Les journaux américains ne publient rien si l’information n’est pas confirmée. (…) S’il n’y a pas de publicité, il n’y aura pas de paiement. J’attends des nouvelles demain (…) ». Alarmé, Alvarez avait avisé des agents du bureau du FBI à Miami – qui n’avaient strictement rien fait. A El Paso, avant de voir sa déposition interrompue, « Tony » Álvarez aura juste le temps d’expliquer qu’il a pu constater, à l’époque, la présence, dans le bureau de Posada Carriles, d’un tube portant la mention « Industrie militaire mexicaine - C-4 - Explosifs dangereux » – précision apportée en « petit comité », la juge Cardone ayant eu la délicate attention de faire, une nouvelle fois, sortir les jurés.
Dans une interview accordée aux journalistes Ann Louise Bardach et Larry Rother, le 18 juin 1998, dans l’île néerlandaise d’Aruba, Posada Carriles a reconnu qu’il avait organisé la campagne contre des objectifs touristiques cubains en 1997, qu’il était financé par la FNCA et son président Jorge Mas Canosa, et qu’il avait payé le salvadorien Raúl Cruz León pour poser les bombes – dont celle qui a tué Di Celmo [8]. Posada Carriles s’était même permis quelques facéties : « Le FBI et la CIA ne me gênent pas. Je suis neutre avec eux. Chaque fois que je le peux, je les aide. » Cet entretien fût publié dans le New York Times les 12 et 13 juillet 1998.
C’est donc avec beaucoup d’intérêt qu’on attendait la présence de Bardach au procès d’El Paso. Toutefois, dès le départ, les dés ont été pipés, la défense s’étant mis d’accord avec les procureurs Timothy J. Reardon et Jerome Teresinski pour caviarder l’enregistrement réalisé par la journaliste à Aruba. D’une durée de six heures et trente minutes à l’origine, celui-ci fut réduit à deux heures et quarante minutes dans la version soumise à l’écoute des jurés. On leur évita ainsi de s’encombrer l’esprit avec : le rôle de Posada Carriles dans l’Iran-contragate, dans les années 1980 ; ses relations clandestines avec les organisations paramilitaires du Salvador et du Guatemala, durant la même décennie ; sa relation de plus de trente ans avec la CIA.
Pendant quatre jours, Bardach a dû défendre vigoureusement son travail et répondre aux attaques insidieuses ou directes de l’avocat Arturo Hernández. Ainsi : « Ne croyez-vous pas que vous avez violé le code d’éthique journalistique en écrivant dans le New York Times que Cruz León travaillait pour M. Posada ? » Bardach répond d’une voix tranchante : « Si, M. Hernández, il travaillait pour Posada. Celui-ci me l’a dit – “Je suis le chef, l’auteur intellectuel, le responsable de l’opération”. » Hernández insiste. Il lit la transcription dans laquelle Posada Carriles affirme qu’ « un autre type » a employé León. « Un autre type ! N’importe qui peut l’avoir employé ! » Bardach sort de ses gonds : « Je sais qui est le type, vous savez qui est le type, eux [les procureurs] savent qui est le type ! Nous savons tous qui est le type, mais nous ne pouvons pas le dire ! Vous ne voulez pas qu’on dise qui est le type ! Disons qu’il s’appelle Monsieur X. Ce type n’aurait jamais recruté Cruz León si Posada n’avait pas voulu qu’il recrute Cruz León… »
Décryptage (sauf pour les jurés, à qui l’on interdit l’accès à cette information) : « le type » s’appelle Francisco Chávez Abarca. Salvadorien, il fût l’un des poseurs de bombe. L’une d’entre elles explosa le 12 avril 1997, dans la discothèque de l’hôtel Meliá Cohíba, provoquant d’importants dégâts ; une autre, dissimulée au quinzième étage du même établissement, put être désamorcée à temps. Sur instruction de Posada Carriles, il a recruté et entraîné – entre autres –, pour le même type de « travail », deux autres Salvadoriens, Otto Rodríguez Llerena (arrêté lors de sa seconde mission à La Havane, le 10 juin 1998) et Cruz León. Le 1er juillet 2010, porteur d’un faux passeport guatémaltèque, Chávez Abarca a été arrêté à l’aéroport international Simón Bolívar de Maiquetía (Caracas). Après sa détention, il a avoué être entré au Venezuela pour évaluer la possibilité d’y créer, en lien avec des membres radicaux de l’opposition, des troubles et des attentats de nature à déstabiliser le pays, à la veille des élections législatives du mois de septembre suivant. Extradé le 7 juillet à Cuba, il a, au cours de son jugement, les 20 et 21 décembre, reconnu sa culpabilité et décrit les opérations dont Posada Carriles l’a chargé [9].
Quand, à la demande de la défense, se présente Otto Reich, la juge Cardone le présente comme un « expert en affaires cubaines ». Il est surtout un ex-collaborateur direct des présidents Ronald Reagan, George Bush Ier et George Bush II. Impliqué dans l’Iran-contra et dans tous les « coups pourris » de Washington en Amérique latine, il a également joué un rôle dans le tentative de renversement du président Chávez, en avril 2002, au Venezuela. Les jurés n’ont pas besoin de le savoir, inutile de leur encombrer l’esprit. C’est néanmoins fort de cette riche expérience que Reich leur assène un long réquisitoire contre la « dictature cubaine » où « cinquante mille militaires sont emprisonnés (sic !) », avant de s’en prendre à Bardach – « capable de trafiquer les réponses de n’importe quel interviewé » – et même au New York Times, quasiment qualifié de quotidien crypto-cubain.
Le 8 avril, au terme d’une comédie qui s’est éternisée durant treize longues semaines, et après trois petites heures de délibérations, le tribunal, à l’unanimité, a déclaré Posada Carriles innocent des onze charges pesant sur lui. Sud des Etats-Unis oblige, la majorité des douze jurés étaient d’origine hispano. Or, El Paso, situé sur la frontière mexicaine, est l’une des portes d’entrée de l’immigration illégale sur le territoire américain – pratique qui, pour tout individu arrivé lui-même dans ces conditions, où descendant de parents ayant eu recours à cette pratique, non seulement ne constitue pas un crime, mais est même vu avec une certaine sympathie. Dès lors, considère l’avocat de Caracas Pertierra, « juger un “sans papier” pour avoir menti à l’Immigration est absurde pour un paseño. Ces cas-là, normalement, ne requièrent que le temps nécessaire pour danser un merengué à la porte d’un collège ! » D’autant que jamais le jury n’a su que, si Posada Carriles a menti, c’est surtout pour protéger ceux qui, avec Santiago Álvarez, à bord de la Santrina, lui ont permis de débarquer illégalement à Miami (l’aide à un « terroriste » est sévèrement sanctionnée par la loi). Jamais ils n’ont su que la juge Cardone avait rejeté le cas Posada Carriles en 2007. Elle prétendit alors que le gouvernement avait trompé ce dernier afin qu’il fasse de fausses déclarations – ce qui permettrait, ensuite, de le poursuivre pour parjure. Il fallut qu’une Cour d’appel invalide cette décision et oblige la magistrate à ouvrir le procès.
Dans ces conditions, nul ne s’étonnera que celui-ci se soit transformé en une mise en accusation de Cuba ; que Cardone ait constamment suspendu les audiences, pendant plusieurs jours et sous différents motifs – laissant ainsi le show s’éterniser durant plus de trois mois et abrutissant les jurés ; qu’elle ait permis à la défense de s’acharner pendant des heures sur les témoins ; qu’elle ait mis de côté un certain nombre de preuves ; qu’elle ait régulièrement fait sortir les jurés de la salle lors de témoignages importants ; qu’à de nombreuses reprises, elle ait intimé à ces mêmes jurés de ne pas tenir compte de ce qu’ils venaient d’entendre ; que…
En revanche, elle n’a pu ni prévoir ni prévenir la petite bombe qui a explosé le 18 janvier. Ce jour-là, s’exprimait Gina Garrett-Jackson, avocate du Département de sécurité nationale (Homeland Security). Celle-ci raconta comment, en contact avec des procureurs fédéraux et des agents du FBI, la Police des douanes et de l’immigration, ainsi qu’avec la Drug Enforcement Administration (DEA) [10], elle a travaillé en 2005 sur le cas Posada Carriles. N’ignorant pas que, en raison de ses activités passées, il ne remplissait pas les conditions pour obtenir l’asile politique, expliqua-t-elle à El Paso, « je l’ai néanmoins interrogé en détail car mon devoir était de tester sa crédibilité. Et je ne l’ai pas cru. » Ce qui l’amena, en août de cette année-là, à contacter par courrier électronique une procureure fédérale de Miami, Caroline Heck Miller, pour lui demander s’il ne lui paraissait pas opportun de poursuivre Posada Carriles « pour ses activités criminelles ». Et Garrett-Jackson de conclure : « La procureure n’a pas paru intéressée. »
Heck Miller n’est pas une inconnue. C’est elle qui fût chargée de l’accusation contre les Cinq, lors de leur procès inique, à Miami. C’est elle qui, aux ordres du procureur général du sud de la Floride Guy Lewis, dont la connivence avec l’extrême droite cubano-américaine était à peine dissimulée, a requis contre les Cinq des châtiments plus lourds que ceux prévus dans le « guide des peines » des Etats-Unis. En août 2005, précisément, lorsqu’elle ignora l’invitation de Garrett-Jackson à s’intéresser sérieusement au cas Posada Carriles, trois juges de la Cour d’appel d’Atlanta venaient de frapper le procès des Cinq de nullité. Dans leur argumentation, ils se référaient largement à la longue liste des crimes de Posada Carriles et d’autres terroristes que les Cinq étaient chargés de surveiller et, grâce aux informations qu’ils recueillaient, de contribuer à neutraliser [11].
Ainsi donc, on le sait désormais, celle-là même – Heck Miller – qui déploya une énergie phénoménale afin de faire condamner Gerardo Hernández, Ramón Labañino, René González, Fernando González et Antonio Guerrero à des peines iniques pour des crimes qu’ils n’ont pas commis a refusé de poursuivre Posada Carriles pour des crimes parfaitement avérés.
Comme pour rendre l’histoire encore plus immorale, le 18 janvier, alors que Garrett-Jackson témoignait à El Paso, Heck Miller est réapparue à Miami : elle y a une nouvelle fois sollicité la prorogation de la demande d’habeas corpus déposée par l’un des Cinq, Gerardo Hernández – l’homme qu’elle a jeté dans les geôles américaines pour deux perpétuités plus quinze ans.
Maurice Lemoine