Les messages de soutien ont été nombreux après la publication de mon communiqué de presse et de ma lettre de démission adressée au Parti de gauche.
Des messages qui viennent de la gauche, beaucoup du PG, mais pas seulement. Des intellectuels francophones, des militants, des anonymes... par courriel, téléphone ou de vive voix. Tous ulcérés des attaques qui ont été portées contre moi. Le plus surprenant est qu’aucun message hostile ne m’est parvenu à ce jour, hormis une lettre d’insulte à laquelle j’ai décidé de ne pas répondre.
C’est toujours le bruit des bottes...
Alors bien sûr, des refoulés se sont défoulés sur la toile où quelques illuminés se sont crus autorisés à surenchérir, gratuitement sans s’interroger sur qui je suis, d’où je viens, ce que j’ai écrit, ce que j’ai publié. Ignorants mais tellement agressifs ou excessifs que cela en devenait ridicule et pathétique. Quand la haine et l’ignorance se mêlent pour accoucher de textes approximatifs, et toujours à charge, forcément à charge, l’on se dit qu’il demeure dans notre pays un atavisme vivace qui fait encore éclore ça et là quelques graines de collabos. En d’autres temps j’aurais été fusillé pour l’exemple et le parti auquel j’aurais appartenu aurait détourné la tête pour ne pas voir le triste spectacle.
Il me revient en mémoire la chanson de Jean Ferrat : C’est toujours le bruit des bottes / C’est toujours l’ordre en kaki... Nous n’en avons jamais été aussi près.. et Ferrat est mort.
Les commissaires de l’ordre établi sont connus et opèrent à visage découvert. Ils sont financés par les marchands de canons. L’internet leur permet de faire du copié/collé sans chercher à comprendre, sans chercher à savoir, sans rien vérifier. Et dans la lucarne, ils déversent ad nauseam leur mélasse insipide que leur prémâchent les agences de presse aux ordres.
Faut-il être journaliste pour avoir une carte de presse ou bien avoir une carte de presse pour être journaliste ? Voilà un sujet sur lequel on devrait disserter dans les écoles de journalisme.
Vous m’en ferez 10 pages ! Et avec, vous plierez les abats chez le boucher. Ça vous rappellera bien quelque chose !
Et c’est là qu’il conviendrait de dire "amen" !
J’ai accordé ces temps un entretien à Reopen 911 que je soutiens de longue date. Je suis, parait-il, le seul maire a soutenir Reopen et à prendre position, malgré le lynchage médiatique, sur les événements du 11 septembre. J’ai, du reste interviewé Thierry Meyssan, en 2006, et je le revendique haut et fort, n’en déplaise aux censeurs qui eux, ne l’ont jamais rencontré, et ne savent rien de lui.
J’ai aussi interviewé Franco Fracassi, ancien journaliste de guerre et réalisateur italien du film « Zéro enquête sur le 11 septembre », lors d’une projection que nous avions organisée avec Reopen à Grigny.
Faut-il clouer au pilori tous les journalistes qui ont invité, par exemple, Thierry Meyssan et les autres dont on nous dit qu’ils sont infréquentables, sur leur plateau de télévision ou à la radio à une certaine époque ?
Faut-il traiter de salauds, tous ceux qui ont tendu, un jour, leur micro en direction des Le Pen père et fille ou de certains UMP de la droite populaire ?
Faut-il dissoudre tous les partis politiques, les syndicats ou associations qui ont eu, un jour, dans leurs adhérents des personnes qui ont carrément viré de bord pour se réclamer de la frange la plus dure de l’extrême droite ?
Faut-il rendre inéligibles les élus qui, dans les rayons de leur médiathèque, ont des livres d’auteurs qui, aujourd’hui, sentent le soufre ? Faut-il décrocher certaines toiles des musées au prétexte que leurs créateurs ont fait les yeux doux à certains régimes fascistes ?
Faudra-t-il dorénavant, avant de publier un article sur quelque support que ce soit, demander à son auteur un pedigree, établi sur plusieurs générations et certifié conforme ?
Faudra-t-il encore systématiser dans tous les entretiens d’embauche que l’on soumette la question la future recrue pour être certain qu’elle sera effectivement dans la bien-pensance – chère à Rue89 ?
Soyons sérieux. Celles et ceux qui, de par leurs accusations, invitent à ce jeu dangereux pour la démocratie et pour la liberté d’expression portent en eux de la graine de fasciste ou, pour le moins, d’apprenti dictateur.
Je doute donc je suis.
Parce que je veux comprendre et avoir plusieurs versions de la chose, parce que je ne me satisfais jamais d’une version des faits, d’où qu’elle vienne, cela suffit-il à faire de moi quelqu’un d’infréquentable ? Plus que ça, un conspirationniste, dont je ne résiste pas à vous donner la définition selon le Larousse en ligne : « Se dit de quelqu’un qui se persuade et veut persuader autrui que les détenteurs du pouvoir (politique ou autre) pratiquent la conspiration du silence pour cacher des vérités ou contrôler les consciences. ». Ça ne s’invente pas !
Que l’on nous cache des vérités me paraît être une évidence et chacun peut le vérifier au quotidien sur de nombreuses affaires et que l’on cherche à contrôler les consciences me paraît être une seconde évidence. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter les informations une journée seulement, tant à la radio qu’à la télévision. Vous vous apercevrez, alors, que tous les médias ressassent en permanence les mêmes sujets, presque en boucle, sans les développer ni les hiérarchiser et à seule fin de bien les faire pénétrer dans l’espace qui reste disponible à côté de la publicité dans les cerveaux. Ce formatage imposé et subi s’apparente bien à un contrôle des consciences. Et si par malheur vous échappez à lui et remettez en cause une partie de l’information distillée, vous êtes un conspirationniste.... On n’en finit pas. La boucle est bouclée. Vous êtes sommés de la boucler.
La vérité n’est pas une, elle est multiple. C’est du débat contradictoire qu’elle peut émerger, s’affiner et éclater enfin. Traiter tous ceux qui veulent ouvrir le débat de conspirationnistes ou de rouges-bruns témoigne d’un manque d’arguments certains et d’une étroitesse d’esprit qui confine au coma cérébral.
Pour nous qui ne sommes détenteurs d’aucune vérité mais qui la cherchons avec avidité et persévérance s’entendre traiter de conspirationnistes est en fait la reconnaissance même de l’utilité de notre travail.
Ce n’est pas par hasard si tous les sujet que l’on nous présente comme étant tabous : le 11 septembre, la grippe H1N1, le conflit israélo-palestinien, les crimes de guerre à Gaza, les invasions coloniales présentes et passées, l’affaire DSK, etc. sont porteurs de zones d’ombre et jouissent d’une espèce d’omerta de la part de la presse dominante et, plus grave, de l’ensemble de la gauche, trop souvent.
Une impunité remarquable
Mais pendant ce temps, Eric Zemmour, « journaliste » impuni, roi du dérapage raciste, [1]grand donneur de leçons en tout genre, surtout en direction des ministres de gauche qui n’ont pas eu « la chance » de naitre « blancs » continue de déverser son fiel sans que Mlle Ornella Guyet/Marie-Anne Boutoleau ne s’en émeuve et que Rue89 ne soit choqué par ses chroniques outrancières. Quant aux boutonneux juvéniles de Streetpress.com, ils sont trop affairés à débattre, entre pré-pubères, dans le caniveau people pour prêter attention à ce genre de dérapage à répétition et à la marche du monde. Et l’idiot utile de Conspiracywatch, détourne la tête, le regard et se bouche les oreilles.
Cet atlantisme de Gauche quasi revendiqué
Comment peut-on être de gauche aujourd’hui tout en étant atlantiste ? La clé du problème réside dans cette interrogation, puisque désormais la gauche, y compris dans ce qu’elle a de plus radical, ou prétendument tel, se couche devant les visées atlantistes et donc colonisatrices qui conduisent à confondre une armée de mercenaires avec une armée de libération.
Ah ! Ils nous en ont fait avaler des couleuvres.... chantait Ferrat – oui, encore lui ! Un conspirationiste, Jean Ferrat, c’est bien connu !
Alors, oui, il y a des attaques intérieures contre la démocratie, contre la République et ses institutions, portées par une extrême droite multiforme aux ramifications surprenantes. Oui, il y a des auteurs et des penseurs dont je ne partage pas les idées racistes et/ou antisémites puisque je les combats quotidiennement depuis des décennies. Oui, il y a de sales types , des faux-nez, des infiltrés, des manipulateurs, des agents doubles... Oui, il y a tout cela parce qu’il leur a été laissé le champ libre au sein d’une certaine gauche qui refuse de prendre ses responsabilités politiques et historiques.
Ne pas combattre avec la plus grande fermeté la politique d’apartheid expansionniste de l’État d’Israël quand on est de gauche, c’est laisser à d’autres le soin de le faire à sa place et certainement pas avec les idées humanistes qui sont les nôtres. Idem pour ce qui concerne les guerres coloniales, notamment, en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie...
N’est pas révolutionnaire qui veut
Le Parti de Gauche fait fausse route. Il a mis un genou à terre en ne répondant pas fermement aux attaques portées contre un des siens par Rue89 et en publiant un communiqué de presse qui pouvait laisser penser que j’aurai favorisé la publication d’écrits antisémites alors que je combats depuis plus de 40 ans le racisme et tous ses dérivés, dont l’antisémitisme. Je combats avec la même force le sionisme.
La révolution camarades, au risque de me répéter, ça commence par ne pas s’aligner sur l’idée du plus fort qui est, aujourd’hui, lecapitalisme ; ça commence par avoir une vision du monde qui ne soit pas conditionnée par le prisme de l’Europe et de l’OTAN ; ça commence par un soutien sans condition à toutes les révolutions portées par les peuples souverains ; ça commence par la dénonciation des pseudo révolutions clés en main – et peu importe la couleur - organisées au profit de ceux qui contrôlent aujourd’hui ces pays ; ça commence, aussi et surtout, par ne pas se laisser enfumer par les accusations non étayées portées par une plumitive aux méthodes journalistiques douteuses, télécommandée par les ennemis de la gauche et de la démocratie réunis ; ça commence, enfin, par exiger la liberté de la presse et défendre la presse alternative que nos adversaires veulent museler pour que, seule la vérité officielle soit dite et entendue de toutes et de tous.
La révolution, c’est comprendre le peuple et descendre de son piédestal pour embrasser la réalité des choses et s’en imprégner définitivement.
La faillite intellectuelle
Nous assistons, dans de nombreux domaines et dans les médias en particulier, – les choses ont commencé sous Sarkozy – à la mise en œuvre d’un totalitarisme qui ne veut pas dire son nom mais, qui pour en être parfois larvé, n’en est pas moins incontestable.
Ne rien dire et laisser faire, c’est pire que de faire soi-même car c’est le summum de la lâcheté disait le poète.
C’est pour cela que je n’ai jamais laissé faire. C’est pour cela que nous ne pouvons pas laisser faire au risque de devenir les complices de ceux que nous combattons depuis toujours. Le capitalisme a un projet de société – il tourne essentiellement autour de la finance et de la domination des peuples - il le met en œuvre, y compris avec la complicité des sociaux libéraux, comme c’est le cas aujourd’hui.
Camarades, qu’attendez-vous pour placer l’être humain au centre de vos préoccupations ?
Qu’attendez vous pour rejoindre le camp des non alignés, des désobéisseurs, des décroissants, des révolutionnaires ?
Qu’attendez vous pour passer de la théorie aux actes ?
René Balme
Maire de Grigny
Le 19 juillet 2012
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P.-S.
Notes 1] Sur le plateau de Thierry Ardisson, sur Canal+, début mars. Il avait en effet déclaré : « Les Français issus de l’immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes... C’est un fait. »