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samedi 25 juin 2016

Brexit : déclaration de la délégation du PCF reçue à l'Elysée


Dans le cadre des consultations menées par la Président de la République après le vote du Brexit, la délégation du PCF, dirigée par Pierre Laurent a rappelé son analyse de la situation. La sortie du Royaume Uni de l'Union Européenne est le résultat des surenchères populistes et nationalistes de la droite britannique qui a joué avec le feu. C'est une nouvelle alerte, un désaveu de la construction libérale de l'UE, conséquence des dénis répétés de démocratie depuis le referendum de 2005.
Après ce vote, le risque est grand que les dirigeants européens fuient une nouvelle fois leurs responsabilités et cherchent à faire payer le Brexit aux travailleurs britanniques et européens. C'est l'Europe qui doit changer.
La délégation a clairement signifié que l'heure n'est pas à l'immobilisme mais à la refondation progressiste de l'Europe, jusqu'à l'élaboration d'un nouveau traité centré sur le progrès social et écologique et la lutte contre la finance. Assez de mots, des actes !
Nous avons présenté des propositions concrètes dont la France devrait être porteuse au Conseil Européen :
- Mesures contre le dumping social : suspension des négociations sur les traités de libre échange (TAFTA, CETA, TISA), stopper la mise en œuvre des directives de déréglementation sociale, à commencer par la Loi travail en France, renégociation immédiate de la directive sur les travailleurs détachés.
- Mesures pour sortir de l'austérité : renégociation du traité budgétaire, conférence européenne sur la dette, fléchage des 80 milliards d'euros injectés chaque mois par la BCE sur les marchés financiers vers les services publics et l'investissement public, lutte contre l'évasion fiscale.
Pour refonder l'Europe, les peuples doivent être écoutés et respectés. Le mandat de la France et l'avenir de l'Europe ne doivent plus se décider dans leur dos. Nous exigeons un débat public national et avons proposé une conférence citoyenne, associant tous les partis politiques, les organisations syndicales, les ONG et les associations citoyennes.
A l'issue de ce dialogue avec François Hollande et Manuel Valls, nous n'avons pas le sentiment qu'ils seront à l'offensive pour changer l'Union Européenne. L'angle mort dans l'approche du Président et du Premier Ministre est assurément la question sociale.
Les parlementaires communistes porteront ces propositions dans les débats à l'Assemblée, au Sénat et au Parlement Européen. Nous tiendrons un débat national ouvert à tous jeudi 30 juin « Pour une politique offensive à gauche de la France en Europe ».
Pierre Laurent, Patrick Le Hyaric, Michel Billout, Anne Sabourin

jeudi 23 juin 2016

FRANCE : Un collectif d'universitaires, chercheurs et doctorants, s'annonce en tête des prochaines manifestations !



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Un collectif d'universitaires, chercheurs et doctorants, s'annonce en tête des prochaines manifestations. Ni “casseurs” ni “terroristes”, ils s'insurgent contre le "mensonge" comme "mode de gouvernement et de domination".
Depuis des semaines, le gouvernement et les médias utilisent les mêmes « éléments de langage » pour faire croire que les manifestations seraient composées de gens raisonnables qui ne comprennent pas encore les avantages de la « loi travail », loi européenne et non El Khomri, d’une part et, de l’autre, de casseurs, délinquants, étrangers et dangereux. Mais qui fréquente les têtes de manifestation afin de se joindre à ces personnes et de vérifier ces propos ? Il me semble donc très étonnant que les commentaires des journalistes et hommes politiques participent de fantasmes superbement élaborés, même dans les milieux intellectuels.
L'équivalence faite entre manifestant et casseur est une manipulation politique et médiatique que nous refusons. Elle est d'autant plus artificielle que nous savons que des policiers de la Brigade Anti-criminalité (BAC), et autres briseurs de mouvement, s'infiltrent dans les cortèges. Le chaos et la répression qu'ils y provoquent, dès lors, favorisent indûment l'assignation aveugle d'identités et de responsabilités préfabriquées.
Cependant, pour avoir l'habitude des manifestations et des "têtes de manif", je crois pouvoir affirmer que le fantasme est plus fort que la réalité et que le gouvernement socialiste, les représentants politiques des partis les plus puissants de France, les médias dominants font du mensonge un mode de gouvernement et de domination.
Mardi 14 juin à Paris, en tête de manifestation, il y avait des jeunes lycéen(nes), étudiant.es et travailleur(euses) qui, depuis des années voient leur avenir détruit par des politiques répressives, le développement d'un capitalisme de plus en plus agressif, des patrons et des ministres de la République expliquant qu'en refusant de se faire gratuitement matraquer ils/elles deviennent des terroristes ou des "casseurs", laissant entendre qu'ils/elles sont soit idiot.es, soit fachos, soit délinquant.es.
La réalité est plus simple pour l'immense majorité de ces gens en noir : comme moi, ils veulent défendre leur avenir et celui de leurs enfants ; comme moi, ils ne veulent pas d'une flexibilité professionnelle dont les "plans sociaux" seront payés par leurs impôts ; comme moi, ils refusent la privatisation des bénéfices et la socialisation des coûts liés aux erreurs et aux vols du patronat et de l’actionnariat ; comme moi ils veulent manifester leur opposition à un projet de société qui repose sur la productivité du capital et l’abstraction de toute richesse ; comme moi, ils pensent que la démocratie ne se gagne pas tous les cinq ans dans les urnes mais chaque jour dans les actes de chacun et de tous ; comme moi, ils pensent que les élections sont devenues une permission pour la domination impensée ; comme moi, ils constatent que s’opposer majoritairement à une loi c’est prendre le risque d’être criminalisé ; comme moi ils ne souhaitent pas recevoir des coups de matraques, des balles de LDB, des grenades de désencerclement à hauteur du visage, être gazés ; comme moi, ils ont compris que les ordres sont de casser du manifestant pour casser l’opposition ; comme moi ils ne supportent plus la morgue du Premier ministre ainsi que celle du ministre de l'Intérieur et de bon nombre d'hommes et femmes politiques... les mensonges répétés du chef de l’État.
Alors comme moi, ils achètent des masques à gaz, des protections utiles pour le sport, des vêtements noirs afin de ne pas être identifiables, car chacun sait après avoir manifesté ces derniers mois que le délit de sale gueule est très largement partagé dans la police et dangereux ; comme moi ils ont envie de crier que "tout le monde déteste la police" lorsque, comme mardi 14 juin et alors qu'il ne se passe rien de notable, les CRS font une sortie, faisant tomber des dizaines de manifestants, les frappant à coups de matraque et de tonfa à la tête, sur la colonne vertébrale ; comme moi, ils comptent mieux les blessés (petits et grands) de la manifestation du 14 au nombre de plusieurs centaines que le ministre de l’Intérieur ; comme moi, ils sentent la haine monter en eux lorsque, voyant un(e) manifestant(e) à terre, sans connaissance, dans un état visiblement grave, les CRS continuent de gazer et de matraquer jusqu'à faire une deuxième victime au même endroit alors que certains des manifestants portaient secours au blessé ; comme moi ils ont compris que les socialistes ne comprennent rien à la dynamique qui aujourd'hui existe dans le pays ; comme moi ils savent que protéger l'hôpital Necker des deux hurluberlus qui s’y sont attaqués (sur la masse d’individus cela signifie que les manifestants sont très disciplinés) était un jeu d'enfants pour des forces de l'ordre qui coulissaient en grand nombre le long des manifestants afin de les agresser, de les blesser, de les détruire, mais qu'aucun ordre n'a été donné pour cela ; comme moi ils savent que les "casseurs" des services publics ne sont pas ceux qui s'attaquent à une baie vitrée mais ceux qui font disparaître les moyens humains et matériels de ces mêmes services au profit de services privés et que ces "casseurs" sont les cols blancs des ministères, les lobbies patronaux, les partis politiques et la commission européenne.
Comme moi sans doute, ils ont aujourd'hui plus de rage encore que lundi 13 au soir, car mardi 14 juin l'État a montré à quoi servait le monopole de la violence, lorsqu'il est entre les mains d'un pouvoir délétère : il fait tomber tout espoir de "vie bonne" ; comme moi ils savent qu'en 1789 les "casseurs" ont pris la Bastille, qu'entre 1939 et 1944 des "terroristes" luttaient et résistaient contre la terreur nazie ; comme moi ils ont compris et savent que le langage, comme l'avait analysé Klemperer, est un outil du pouvoir et de l'idéologie dominante et que l’idéologie dominante est celle de la classe dominante.
Alors comme eux, peut-être, je me prépare à de prochaines manifestations. Je ne suis pas un "casseur", pas un "terroriste". Je veux encore être libre ! Libre de pouvoir participer à des décisions collectives sans menaces de 49,3, sans menaces de militarisation de l'espace public. Libre de manifester sans prendre de risques pour ma santé, sans que des enfants prennent de risques pour la leur. C'est pour cela que lors de la prochaine manifestation, comme eux, je serai encore prêt ! Avec mon masque à gaz, mes protections, mon foulard, mes vêtements noirs, car ainsi on se protège individuellement tout en protégeant le collectif, en évitant les identifications faciles, la haine visible de certains représentants des « forces » dites de l’ordre.
J'assume pleinement mes propos et je serai en « tête de manif » lors des prochaines manifestations où qu’elles soient ; je viendrai en aide à ceux qui, parmi nous, femmes et hommes, lycéens, étudiants, chômeurs, travailleurs précaires ou pauvres, seront en difficulté et agressés et m’engage à me défendre et à nous défendre contre toute agression policière ou gouvernementale, par les moyens dont je disposerai. C'est dans l'action militante et la défense de nos libertés que ce "je" deviendra un "nous" !
Patrick Vassort, sociologue, Université de Caen

Signataires :
Dominique Archambault, professeur, Université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis ; Nathalie Auger, maître de conférences, Université Rennes 1 ; Michel Barthélémy, sociologue, Cnrs ; Christine Bertrand, maître de conférences, Université Paris 6 ; Claude-Isabelle Biason, monteuse vidéo, Toulouse ; Martine Boudet, agrégée de Lettres modernes, Toulouse ; Claire Brisson, doctorante en géographie, Université Paris-Sorbonne ; Dominique Burlot, documentaliste, Toulouse ; Magali Busquet, ingénieure, Lyon ; Claude Calame, directeur d’études, EHESS, Paris ; Sylvie Considère, maître de conférences, ESPE Lille ; Laure Crombé, doctorante Paris Ouest Nanterre La Défense ; Carole David-Bordier, professeur d'EPS, L'Ile-d'Elle ; Sophie Desrosiers, enseignant-chercheur, EHESS ; Jeanne Dressen ; Jean-François Dubost, historien, professeur des universités, Université Paris-Est Créteil ; Pascale Dubus, historienne de l’art, Université Paris 1 ; Nicolas Elefantis, documentaliste, Université Toulouse III ; Laure Emperaire, Institut de Recherche pour le Développement (IRD) ; Jérémie Ferrer-Bartomeu, doctorant en histoire moderne, École nationale des chartes ; Artemisa Flores Espinola, sociologue, Université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis ; Henri Fourtine, biatss scd p ; Caroline Gallez, chercheuse, Paris ; Pascal Garcelon, enseignant, Toulouse ; Florent Gaudez, professeur, Université Grenoble Alpes ; Karine Ginisty, géographe, post-doctorante, EHESS ; Fabien Granjon, sociologue, Université Paris 8 ; Nacira Guénif, anthropologue, professeure, Université Paris 8 ; Michaël Gutnic, maître de conférences en mathématiques, Université de Strasbourg ; Mathieu Hocquelet, postdoctorant, Freie Universität, Berlin ; Sophie Jallais, maître de conférences, Université Paris 1 ; Chantal Jaquet, philosophe, professeur à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Aurélie Jeantet, sociologue, Université Sorbonne Nouvelle ; Anne Jollet, historienne, Université de Poitiers ; François Jouve, professeur, Université Paris Diderot ; Patricia Kajnar, cinéaste ; Helin Karaman, doctorante en sociologie et urbanisme, EHESS ; Isabelle Krzywkowski, Littérature comparée, Université Grenoble Alpes ; Adrien Krauz, doctorant en urbanisme, Université Paris Ouest Nanterre La Défense ; Marc Langenbach, géographe, premier assistant, Université de Lausanne ; Christian Lavault, professeur émérite, Université Paris 13 ; Sylvain Leder, enseignant, Paris ; Noémi Lefebvre, chargée de recherche et d'enseignement, écrivain, Lyon ; Romain Legé, doctorant en géographie, Université de Nantes ; Françoise Lemmet, retraitée ; Kolja Lindner, docteur en science politique, ATER à Sciences Po, Paris ; Olivier Long, enseignant-chercheur et peintre, Université Paris 1 ; Frédérique Longuet Marx, anthropologue, maître de conférences, Université de Caen ; Pascal Maillard, travailleur de l’Université, Strasbourg ; Jean Malifaud, maitre de conférences retraité ; Toufan Manoutcheri, comédienne, Paris ; Nicole Mathieu, Directeur de recherche émérite au CNRS ; Jacob Matthews, enseignant-chercheur, Université Paris 8 ; Tiphaine Maurin, doctorante en préhistoire, Université de Bordeaux ; Sarah Mekdjian, enseignante-chercheuse, Université Grenoble Alpes ; Pierre Mercklé, sociologue, ENS de Lyon ; Bernard Mezzadri, anthropologue, Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse ; Christophe Mileschi, professeur des universités, Paris Ouest Nanterre ; Sylvie Monchatre, sociologue, Université de Strasbourg ; Charlotte Monteil, doctorante géographe, Université d'East Anglia (UK) ; Emmanuel Munch, doctorant en urbanisme, Université Paris-Est ; Dimitri Nicolle, psychologue, Paris ; Françoise Nassoy, éducatrice spécialisée, Paris ; Alexandra Oeser, sociologue, MCF, Université Paris Ouest Nanterre La Défense ; Anthony Pecqueux, sociologue, CNRS, Grenoble ; Evelyne Perrin, économiste, Directrice de recherches urbaines, Ministère de l’équipement, retraitée ; Mary Picone, anthropologue, EHESS ; Joel Pothier, enseignant-chercheur, Université Paris 6 ; Manuel Rebuschi, enseignant-chercheur, Université de Lorraine ; Simon Ridley, Doctorant en sociologie, enseignant moniteur en sociologie, Université Paris Ouest Nanterre La Défense ; Stéphane Rosière, professeur, Université de Reims Champagne-Ardenne ; Bertrand Rouziès, docteur de l'Université de Rouen ; Laëtitia S., étudiante en géographie, IGA ; Michel Savaric, enseignant-chercheur, Université de Franche-Comté ; Hélène Tallon, géographe, chercheur associé UMR Innovation, Montpellier ; Romain Telliez, maître de conférences, Université de Paris-Sorbonne ; Jérôme Valluy, maître de conférences en science politique, Université Paris 1 ; Stéphanie Vincent-Geslin, sociologue, UNIL, Lausanne ; Sophie Wahnich, directrice de recherche, CNRS, Paris ; Caroline Zekri, maître de conférences, Université Paris-Est Créteil.

jeudi 16 juin 2016

Soyons clairs : la fébrilité de l’exécutif se transforme en autoritarisme que ne renierait pas la droite extrême

Tout auditeur de France Inter, hier, a dû se demander dans quel pays il vivait en ce moment et qui était donc ce premier ministre à la haine si tenace que chacune de ses phrases nous renvoyait aux pires époques de notre histoire contemporaine
Tout auditeur de France Inter, hier, a dû se demander dans quel pays il vivait en ce moment et qui était donc ce premier ministre à la haine si tenace que chacune de ses phrases nous renvoyait aux pires époques de notre histoire contemporaine. Le visage de Manuel Valls était fielleux. Quant aux mots qui accompagnaient son attitude gestuelle empreinte de morgue, ils portaient la marque de la bassesse, de l’infamie et du déshonneur. Au lendemain d’un puissant défilé, qui a un peu plus isolé le gouvernement dans son absurde guerre de tranchées à vouloir imposer coûte que coûte la loi travail en l’état, l’acharnement de Valls à associer les manifestants aux casseurs a pris cette fois des allures inacceptables. Car enfin ! ces bandes de casseurs, organisés et repérés de longue date, ont pu semer la violence quasiment sans entrave, s’attaquant même à l’hôpital Necker, où, entre parenthèses, les employés subissent eux aussi les effets de l’austérité. La CGT et les autres syndicats sont-ils responsables de ces agissements, comme ne cesse de le répéter le gouvernement dans le seul but de discréditer le mouvement social dans son ensemble ? Que faisaient les pouvoirs publics, capables de pourchasser les hooligans aux abords des stades, mais pas quelques dizaines d’illuminés connus et coupables d’actes inadmissibles ? Concernant « sa » police, M. Valls ne s’explique pas. Mais ce n’est pas tout. Répondant à un auditeur qui s’étonnait de son animosité envers la CGT, l’hôte de Matignon osa le parallèle entre la mort atroce des deux policiers et le conflit social en cours. Une instrumentalisation scandaleuse et irresponsable. Indigne de la fonction.
Soyons clairs : la fébrilité de l’exécutif se transforme en autoritarisme que ne renierait pas la droite extrême. La preuve ? Valls d’abord, puis François Hollande en personne, ont ainsi suggéré l’idée qu’ils puissent désormais interdire les manifestations. Toutes les barrières sont éventrées. Porter atteinte au droit constitutionnel de manifester serait en effet l’apogée de la criminalisation syndicale – vieille pulsion de destruction du syndicalisme de classe. Hollande et Valls se disent prêts à renoncer aux principes républicains. Ils sont devenus fous !
Jean-Emmanuel Ducoin 

mercredi 15 juin 2016

Les vrais chiffres de la manifestation à Paris le 14 juin et le mensonge éhonté de la police #manif14juin

Les vrais chiffres de la manifestation à Paris le 14 juin et le mensonge éhonté de la police #manif14juin

photo aérienne manif 14 juin
Quels sont les vrais chiffres de la manifestation à Paris ? Ce que n’importe quel témoin honnête s’accordera à dire de la manifestation du 14 juin à Paris c’est qu’elle a été énorme.  selon les syndicats. 75 000 selon la préfecture de police c’est à dire le gouvernement. Comme pour le premier mai,Initiative Communiste a enquêté et vous donne la vérité sur les chiffres de la manifestation. [Retrouvez le reportage, photos et vidéos de la manifestation]

Analyse des chiffres de la police.

La préfecture de police chiffre à 75 000 le nombre de manifestants dans le cortège parisien du 14 juin. Un chiffre ridicule pour qui était sur place. Preuve de l’instrumentation politique de cette institution, utilisée à la fois pour la propagande gouvernementale et pour réprimer les manifestants.
www.initiative-communiste.fr s’est livré à un calcul très simple pour estimer le nombre de manifestants, à partir de la surface occupée par le cortège et de la durée de la manifestation
  • Place d’Italie : surface = 3,2 ha
  • Manifestation :
    • Boulevard des Gobelins : longueur 570 m ; largeur 40 m = 2,28 ha
    • Boulevard du Port Royal : 1 160 m x 40 m = 4,64 ha
    • Boulevard du Montparnasse : 1675 m x 40 m = 6,7 ha
    • Boulevard des Invalides : 1276 m x 40 m = 5,1 ha
  • Esplanade des invalides (lieu de dispersion) : 7,7 ha
Total de la surface occupée par le cortège de la manifestation : 29,64 ha et longueur du défilé : 4,7 km
Mais des manifestants ont également du rejoindre depuis le périphérique la place d’Italie : longueur 1,5 km largeur 40 m = 6ha soit en réalité une surface totale occupée d’au moins 35 ha.
Lorsque la tête du cortège a atteint l’esplanade des invalides, le cortège intersyndicale de la région ile de france n’avait pas encore démarré de la place d’Italie. Des milliers et milliers de manifestants n’ont par ailleurs jamais pu défiler ou même rejoindre le défilé.
Si on s’en tient au chiffrage de la police, 75 000 manifestants et que l’on considère la surface du cortège, cela revient à  une densité de 0,25 manifestant par m².  Mais au regard de la durée du défilé entamé à 13h et terminé vers 19h et sachant que la vitesse de marche est d’environ 4 km/h, c’est en fait au moins 4 ou 5 fois cette surface qui a été occupée par les manifestants : soit une densité de manifestant selon les chiffres de la police de 0,05 à 0,0625 manifestants par m². Il y aurait donc eu 1 manifestants tous les 20 m². Soit un espace de 5 m entre chaque manifestant.C’est totalement ridicule, au regard des photos consultables par tous sur le net qui prouvent au contraire une foule très dense en particulier sur le début du cortège. Encore plus ridicule si l’on considère les centaines et centaines de bus pleins à craquer qui ont ralliés la capital. Et sans compter que des milliers et milliers de manifestants n’ont pas pu accéder au cortège ou défiler. De fait, 75 000 manifestants suffiraient à peine à remplir la place d’Italie.
Pour comparaison, la Fan Zone de l’euro 2016 de foot au trocadéro sous la tour Eiffel occupe une surface d’environ 5ha et est censée, selon la  police accueillir  jusqu’à 90 000 personnes. soit une densité de 2 pers/m²… chiffres officiels de la police.
Le 11 janvier, la manifestation très statique qui selon la police a rassemblé 2 millions de personnes a occupé une surface d’entre 20 et 50 ha selon les sources. Une densité de foule correspondant à 4 manifestants par m². toujours selon la police.

Élément d’analyse et d’estimation du nombre de manifestants : les vrais chiffres de la manifestation à Paris

Les différents service d’ordre des syndicats ont procédé à un comptage précis des manifestants. Mais voici quelques éléments permettant d’apprécier le sérieux de l’ordre de grandeur fourni par les syndicats.
Il est généralement admis que la densité d’une foule normale est comprise entre 1 à 4 pers/m². A partir des surfaces et en considérant également l’écoulement de la manifestation il est possible de calculer l’ordre de grandeur du nombre de manifestant.
estimation à partir des surfaces et de la densité
En considérant une foule dense sur les boulevards (de 1 à 4 pers/m²) et un peu moins dense aux invalides, on peut estimer le nombre de manifestants dans la fourchette suivante et en considérant que l’espace du cortège a été occupé par entre 2 et 5 cycles de manifestants (le temps de parcours entre place d’Italie et Invalide étant d’environ 1h et le temps entre l’arrivé de la tête du cortège et celle de la fin étant d’environ 5 heures) :
  • chiffre minimum : ( 220 000 x 1 pers/m² + 77 000 x 0,1 pers/m²) x 2 = 455 000 manifestants
  • estimation basse : ( 220 000 x 1,2 pers/m² + 77 000 x 0,2 pers/m²) x 3 ~ 900 000 manifestants
  • estimation moyenne inférieure : (32 000 x 2 pers/m² + 22 800 x 1,5 pers/m² + 46 400 x 1,5 pers/m² + 67 000 x 1 + 77 000 x 0,2) x 4 ~1 000 000 manifestants
  • estimation moyenne supérieure : (32 000 x 4 pers/m² + 22 800 x 2 pers/m² + 46 400 x 2 pers/m² + 67 000 x 1,5 + 77 000 x 0,2) x 3 = 1 147 000 manifestants
  • estimation haute, avec les hypothèses de la manif pour tous : (350 000 x 4) x 3 = 4,2 millions de manifestants.
Estimation à partir du flux de manifestant : en ne considérant que l’écoulement à la vitesse de 3km/h des manifestants sur un accès à la place d’Italie de 50m de large de 12h jusqu’à 19h, le flux de manifestant est alors d’environ 750 000 manifestants qui ont défilé. Encore une fois, une bonne partie des manifestants n’a pas défilé ou n’a pas pu parcourir la totalité du cortège. Si 1 manifestant sur 3 n’a pas parcouru la totalité des 6 km du cortège, ce qui est un ordre grandeur très prudent, on obtient bien une estimation d’environ 1 million de manifestant.
Donc oui, il y avait bien 1 million de manifestant à Paris

1 million de manifestants

Conclusion, l’ordre de grandeur de 1 millions de manifestants dans la manifestation parisienne du 14 juin est bien plus plausible que le ridicule 75 000 manifestants annoncés par le gouvernement.
Au delà du préfet de police de Paris qui n’en finit pas de discréditer l’administration en acceptant d’endosser la responsabilité des chiffres soufflés par Matignon, c’est aussi nombre de journalistes qui se déshonorent en relayant sans esprit critique aucun les chiffres de la propagande gouvernementale. Et s’agissant du service public financé par les impôts des travailleurs, il est du devoir de chacun de protester en écrivant massivement aux médiateurs des chaines de france télévision et radio france.
Les agissements de David Pujadas et de sa chienne de garde Nathalie Saint Criq sont à cet égard une carricature de propagande. Il est est vrai que
JBC pour www.initiative-communiste.fr

Menacer d’interdire les manifestations est le signe d’un gouvernement aux abois.

Réaction de la CGT aux propos inacceptables du Premier Ministre Manuel Valls
Le Premier Ministre vient d’accuser la CGT d’être responsable des violences intervenues en marge de la manifestation nationale du 14 juin, à Paris, contre le projet de loi travail.
La CGT tient à rappeler au Premier Ministre que cette mobilisation, comme les précédentes, n’a pas été organisée par la CGT mais par 7 organisations syndicales de salariés et de jeunesse qui, depuis 4 mois, dans l’unité, demandent le retrait de ce texte régressif.
Quelle est la réalité des faits ?
C’est en marge du cortège de cette manifestation, déposée par les organisations et validée par la Préfecture de police de Paris, que des bandes de casseurs se sont à nouveau livrées à des exactions que la CGT a d’ailleurs condamnées officiellement, une fois de plus, dans son communiqué national.
Le Premier Ministre ne peut ignorer qu’il incombe aux pouvoirs publics, dont il a la première responsabilité, d’assurer la sécurité et le maintien de l’ordre.
La CGT souligne le sang-froid et la maitrise des militants de son service d’ordre qui, sans faillir, ont pris les dispositions nécessaires afin de garantir la sécurité des participants à cette manifestation massive.
En conscience et prenant en compte les informations données par les services de la Préfecture, les organisations syndicales ont fait le choix de ne pas aller jusqu’au bout du parcours prévu, malgré la frustration légitime des participants, pour ne pas les exposer davantage à la violence et aux incidents générés par des éléments extérieurs. Face à cette contrainte, une fois encore, l’ensemble des services d’ordre des organisations ont su créer et mettre en œuvre les conditions pour que les participants, venus de toute la France, puissent rejoindre leurs moyens de transport.
La CGT tient à rappeler au Premier Ministre que, comme il n’est pas de la responsabilité des supporters d’assurer la sécurité dans et autour des stades de l’euro de football, de la même façon il n’est pas de la responsabilité des manifestants d’assurer la sécurité dans et autour d’une manifestation autorisée par la Préfecture de police.

Menacer d’interdire les manifestations est le signe d’un gouvernement aux abois.

Plutôt que de faire l’inventaire tendancieux d’éléments à charge contre la CGT, Manuel Valls ferait bien mieux d’entendre la majorité des salariés, des jeunes et plus largement des citoyens qui rejettent ce projet de dumping social et de destruction de notre modèle de société.

Montreuil, le 15 juin 2016

Les médias et les politiciens ont joué hier à leur manière le 49.3 avant le temps. Il leur était difficile d’aller jusqu’aux chiffres énoncés par la police de 80.000 manifestants, le un million promis étant atteint

 Une journée ordinaire… ou comment s’insinue la terreur du capital en réponse à la protestation…

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Franchement est-ce que vous auriez imaginé qu’ils iraient jusque là?
Les médias et les politiciens ont joué hier à leur manière le 49.3 avant le temps. Il leur était difficile d’aller jusqu’aux chiffres énoncés par la police de 80.000 manifestants, le un million promis étant atteint. Alors ils ont procédé à un montage crapuleux..
Ils ont limité le compte rendu de la manifestation à la présence des casseurs… Et comme le seul vrai sujet du jour était une ode à la police, en s’appuyant sur le tragique  assassinat du couple de policiers, le ton était donné: celui de l’amalgame de fait entre policiers faisant leur devoir dans les pires dangers et manifestants présentés comme criminels… Manifestants et organisations réduits à la seule CGT, d’ailleurs. Résultat  ‘attaque de  l’hôpital Necker  par les casseurs, là où se trouvait le petit orphelin des deux malheureux policiers  pouvait laisser entendre que la manif (c’est-à-dire la CGT) avait pour objectif d’achever l’enfant après s’être attaqué aux innocents CRS qui garantissaient l’ordre public… En occultant le fait que les casseurs étaient hors manif et que c’est au pouvoirs publics à assurer la sécurité, ce dont ils se sont montré aussi peu aptes que dans le cadre de l’euro à Marseille… Désordres de l’euro dont il ne fut plus question d’ailleurs… Le seul trouble à l’ordre public étant représenté par la CGT… ..CQFD.
Le tout entrecoupé de tirades des commentateurs, assez ignobles, qui affirmaient que la police avait mieux à faire, sous-entendu traquer les terroristes qui menaçaient notre sécurité à tous… Et comme à propos de ces derniers il était question de renforcer l’état d’urgence on glissait insensiblement vers l’interdiction des manifestations…
De syndicalistes reçus par le gouvernement, il n’y avait plus que ceux de la police…
Loin de moi l’idée de minimiser l’atrocité du crime commis, mais il n’y avait plus que les policiers comme victimes du terrorisme et surtout il est absolument de l’ordre de la propagande de limiter l’énorme manifestation de force contre la loi Khomri à quelques casseurs identifiés aussitôt aux terroristes exterminant des policiers…
C’était stupéfiant et on voyait de quelle manière,en  prenant prétexte de voyous et de criminels, le fascisme s’impose en priorité aux travailleurs, le chœur des médias est là pour nous faire avaler le droit d’étouffer la protestation des travailleurs au nom de désordres que l’on impose à leur manifestation de masse pacifique autant que par une loi qui les spolie. .
Je ne voudrais pas jouer les oiseaux de mauvaise augure mais je crois qu’il faut bien mesurer jusqu’où ils sont prêts à aller dans la provocation,   la guerre bien sûr, son coût et ses conséquences et déjà, dans l’utilisation de fascistes (parce que le salopard qui tue des gens désarmés pour des raisons pseudo-idéologiques n’est rien d’autre pour moi qu’un fasciste) pour installer peu à peu l’acceptation de la terreur du capital qui n’arrive plus à contenir la colère des travailleurs. La Résistance à une telle dérive s’impose. Cela va au-delà de la destruction du cade du travail et c’est dans la même logique…

Danielle Bleitrach.


mercredi 8 juin 2016

BRÉSIL-NOUVEAU SÉISME POLITIQUE : LES PREUVES DU COMPLOT CONTRE DILMA ROUSSEF DÉCOUVERTES

BRÉSIL-Nouveau SÉISME POLITIQUE : les PREUVES du COMPLOT contre DILMA ROUSSEF découvertes
Aujourd’hui, le Brésil s’est réveillé aux bruits de conversations secrètes et vraiment choquantes, impliquant un ministre clé dans le gouvernement nouvellement installé au Brésil, qui éclairent d’un jour nouveau les motifs des participants à la mise en accusation de la présidente démocratiquement élue du pays, Dilma Rousseff.
Les transcriptions de ces conversations ont été publiées par le plus grand journal du paysFolha de São Paulo, et révèlent des conversations secrètes qui ont eu lieu en mars, quelques semaines avant le vote de destitution de la chambre basse. Elles mettent en lumière un complot explicite entre le nouveau ministre de la Planification (alors sénateur), Romero Juca, et l’ancien dirigeant de la compagnie pétrolière, Sergio Machado – qui sont tous deux des suspects officiels dans l’enquête de corruption dite Car Wash. Ils tombent d’accord, lors de cette discussion secrète, sur le fait que la destitution de Dilma est le seul moyen de mettre fin à l’enquête de corruption qui les touche. Les conversations portent également sur le rôle important joué, dans l’élimination de Dilma, par les institutions nationales les plus puissantes, y compris – le plus important – les chefs militaires brésiliens.
Ces transcriptions sont remplies de déclarations profondément incriminantes sur les objectifs réels de la mise en accusation, et qui était derrière elle. Le point crucial de ce complot est ce que Juca appelle «un pacte national» – impliquant l’ensemble des institutions les plus puissantes du Brésil – pour laisser Michel Temer en place en tant que président (malgré ses multiples scandales de corruption) et pour étouffer l’enquête de corruption, une fois Dilma destituée. Selon les mots rapportés par le journal Folha, Juca explique clairement que la mise en accusation va «mettre fin à la pression des médias et d’autres secteurs pour poursuivre l’enquête Car Wash». Juca est le chef du parti – PMDB – de Temer et l’un des trois plus proches confidents du président par intérim.
On ne sait pas qui est responsable de l’enregistrement et de la fuite de cette conversation de 75 minutes, mais Folha rapporte que les fichiers sont actuellement entre les mains du procureur général. Les prochaines heures et jours verront probablement des révélations supplémentaires qui éclaireront différemment les implications et la signification de ces transcriptions.
Les transcriptions contiennent deux révélations extraordinaires qui devraient conduire tous les médias à envisager sérieusement d’utiliser le mot coup d’État pour qualifier ce qui s’est passé au Brésil, un terme que Dilma et ses partisans ont utilisé pendant des mois. Lors de cette discussion au sujet du complot pour destituer Dilma comme moyen de mettre fin à l’enquête Car Wash, Juca a précisé que l’armée brésilienne soutient une telle décision :
«J’ai parlé aux généraux, aux commandants militaires. Ils sont d’accord avec nous, ils ont dit qu’ils allaient le soutenir.» Il a également dit que l’armée «surveille le Mouvement des Travailleurs sans Terre» (Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra, ou MST), le mouvement social des travailleurs ruraux qui soutient les efforts du Parti des Travailleurs sur la réforme agraire et la réduction des inégalités et qui a mené les manifestations contre la destitution de Rousseff.
La deuxième révélation fracassante – peut-être la plus importante – est lorsque Juca déclare qu’il a contacté et obtenu le soutien de nombreux juges de la Cour suprême du Brésil, l’institution dont les défenseurs de la destitution ont souligné qu’elle leur donnait la légitimité nécessaire pour nier que Dilma était victime d’un coup d’État. Juca a affirmé qu’«il y a seulement un petit nombre» de juges de la Cour suprême qu’il n’a pas pu contacter (le seul juge qu’il n’a pas pu finalement contacter est Teori Zavascki, qui avait été nommé par Dilma et qui – justement – est considéré par Juca comme incorruptible, pour obtenir son aide afin d’étouffer l’enquête (une ironie fatidique est que Dilma a voulu protéger l’enquête Car Wash de l’ingérence de ceux qui veulent l’attaquer). Les transcriptions le montrent aussi disant que «la presse aussi veut la destituer [Dilma]» et «cette merde ne cessera jamais» – en voulant parler des enquêtes sur la corruption – avant qu’elle n’ait débarrassé le plancher.
Les transcriptions fournissent une preuve de tous les soupçons et accusations que les partisans de Dilma ont longtemps exprimés au sujet de ceux qui complotaient pour la destituer. Pendant des mois, les partisans de la démocratie brésilienne ont présenté deux arguments au sujet de la tentative de destitution de la présidente, démocratiquement élue, du pays :
1-a)  l’objectif principal de la mise en accusation de Dilma n’est pas d’arrêter la corruption ou de punir la délinquance, mais plutôt l’exact opposé : protéger les véritables voleurs en leur donnant les moyens de virer Dilma, leur permettant ainsi d’étouffer l’enquête Car Wash; et
2-a)  les partisans de la destitution (dirigée par les médias oligarchiques du pays) n’ont aucun intérêt à un gouvernement propre, mais sont seulement intéressés par la prise du pouvoir, qu’ils ne pourraient jamais obtenir démocratiquement, afin d’imposer une aile droite et un programme aux ordres des oligarques, que la population brésilienne n’accepterait jamais par un vote démocratique. 
Les deux premières semaines du gouvernement nouvellement installé de Temer, ont fourni des preuves abondantes pour ces deux hypothèses. Il a nommé plusieurs ministres directement impliqués dans des scandales de corruption. Un allié clé à la Chambre basse, qui dirigera la coalition de son gouvernement – André Moura – est l’un des politiciens les plus corrompus du pays, la cible de multiples enquêtes criminelles en cours, non seulement pour corruption mais même pour tentative d’homicide. Temer lui aussi est profondément empêtré dans la corruption (il fait face à huit ans d’inéligibilité) et se précipite pour mettre en œuvre une série de changements radicaux vers l’extrême-droite que les Brésiliens ne permettraient jamais démocratiquement, y compris des mesures comme celles détaillées par The Guardian : «Adoucir la définition de l’esclavage, réduire les surfaces de terres autochtones, réduire les programmes de construction de logements et vendre les biens de l’État dont les aéroports, des services publics et les bureaux de poste.»
Mais, à la différence des événements des deux dernières semaines, ces transcriptions ne sont pas simplement des indices ou des signes. Elles sont des preuves : preuves que les forces principales derrière la révocation de la présidente ont compris que la renverser était le seul moyen de protéger leur propre corruption ; la preuve que l’armée brésilienne, les médias dominants et la Cour suprême ont été de connivence dans le complot pour destituer la présidente démocratiquement élue ; preuve que les auteurs de la mise en accusation ont vu la présence continue de Dilma à Brasília comme le garant que les enquêtes Car Wash continueraient; preuve que cela n’a rien à voir avec la préservation de la démocratie brésilienne et tout à voir avec sa destruction.
Pour sa part, Juca admet que ces transcriptions sont authentiques, mais insiste sur le fait que ses commentaires ont été mal interprétés et mis hors contexte, les qualifiant de«banals». «Cette conversation n’a rien à voir avec un pacte contre Car Wash. Son sujet est l’économie, comment sortir le Brésil de la crise», a-t-il affirmé dans une interview, ce matin, avec le blogueur politique Fernando Rodrigues. Cette explication n’est pas plausible, étant donné ce qu’il a réellement dit, ainsi que la nature explicitement conspiratrice de ces conversations, dans lesquelles Juca insiste sur une série de rencontres en tête à tête, plutôt que des rencontres groupées, cela pour éviter d’attirer les soupçons. Des dirigeants politiques réclament déjà sa démission du gouvernement.
Depuis l’installation de Temer en tant que président, le Brésil a connu de fortes manifestations, et de plus en plus nombreuses, contre lui. Les médias brésiliens – qui ont désespérément essayé de le glorifier – se sont, comme par hasard, abstenus de publier les résultats des sondages pendant plusieurs semaines, mais les derniers montrent qu’il n’a que 2% de soutien populaire et que 60 % veulent le voir destitué. Les derniers sondages publiés ont montré que 66 % des Brésiliens pensent que  les législateurs ont voté pour la destitution seulement par intérêt personnel – une croyance que ces transcriptions valident – alors que seulement 23 % croient qu’ils l’ont fait pour le bien du pays. Hier soir, à São Paulo, la police a été contrainte de barricader la rue où se situe la maison de Temer, en raison des milliers de manifestants s’y dirigeant;  elle a fini par utiliser les lances à eau et les gaz lacrymogènes. L’annonce de la dissolution du ministère de la Culture a poussé des artistes et d’autres personnes à occuper des bureaux [De ce ministère, NdT] à travers le pays en signe de protestation, ce qui a forcé Temer à revenir sur sa décision.
Jusqu’à présent, The Intercept, comme la plupart des médias internationaux, avait renoncé à utiliser le mot coup d’État, même s’il a été profondément critique envers la destitution de Dilma, considérant celle-ci comme anti-démocratique. Ces transcriptions obligent à un réexamen de cette décision éditoriale, en particulier si aucune preuve n’émerge, remettant en question soit le sens le plus raisonnable des déclarations de Juca, soit son niveau de connaissance. Ce complot nouvellement révélé est exactement ce à quoi ressemble un coup d’État, les même sons et les même odeurs : obtenir la coopération de l’armée et des institutions les plus puissantes, pour éliminer un dirigeant démocratiquement élu, pour des motifs égoïstes, corrompus et sans foi ni loi, pour ensuite imposer un agenda planifié par l’oligarchie, que la population rejette.
Si la destitution de Dilma reste inévitable, comme beaucoup le croient, ces transcriptions rendront beaucoup plus difficile à Temer de rester en place. Les données récentes du scrutin montrent que 62% des Brésiliens veulent de nouvelles élections présidentielles. Cette option – l’option démocratique – est celle que les élites brésiliennes craignent le plus, parce qu’ils sont pétrifiés (avec raison) par le fait que Lula ou un autre candidat qu’ils détestent (Marina Silva) va gagner. Mais c’est le sujet : si ce qui est renversé et brisé au Brésil est la démocratie, alors il est temps de commencer à utiliser le mot appropriée pour le décrire. Avec ces transcriptions, il sera de plus en plus difficile pour les médias d’éviter de le faire
Glenn Greenwald

lundi 6 juin 2016

"Il y a trente neuf ans dans la nuit du 4 au 5 juin 1977, l'ouvrier verrier Pierre Maître était assassiné à Reims par des nervis du patronat. Journées d'hommage et de débats organisées par la CGT.

On n'oublie pas ...
"Il y a trente neuf ans dans la nuit du 4 au 5 juin 1977, l'ouvrier verrier Pierre Maître était assassiné à Reims par des nervis du patronat. Journées d'hommage et de débats organisées par la CGT.

Une rue déserte longeant une voie ferrée et des usines qui se succèdent dans la banlieue nord de Reims. À l'entrée des Verreries mécaniques champenoises, les VMC, un groupe d'ouvriers tient le piquet de grève. Dimanche 5 juin 1977 vient à peine de poindre. Les épouses et les enfants des grévistes qui ont passé la soirée autour du brasero ont regagné depuis longtemps la maison. Puis il y eut vers minuit ce premier incident : cinq hommes, venus de l'usine Citröen qui jouxte les VMC, ont tenté en vain d'arracher la banderole de la CGT. Peu après 1 heure du matin, une voiture approche, ralentit devant l'usine. Les vitres sont abaissées. Deux occupants. Les coups de feu claquent. Trois hommes s'effondrent. Deux gravement blessés : Serge Vermeulen et Raymond Richard. Le troisième, Pierre Maître, trente-sept ans, reçoit une balle en pleine tête. Il décédera quelques heures plus tard. La volonté de tuer était manifeste. On retrouvera 17 impacts de balles...
un syndicat « jaune », cerbère du patronat
Les membres du commando, arrêtés peu après, sont tous des membres de l'encadrement de Citroën et de la CFT (Confédération française du travail), faux syndicat et vrai outil de répression antisyndicale, que le grand patronat et la droite ont tenté d'implanter dans les entreprises dans les années soixante et soixante-dix. L'industrie automobile - à l'exception de Renault, alors Régie nationale - a réussi à créer des réseaux CFT, se confondant souvent avec l'encadrement. Pressions, flicages, mouchardages, provocations, menaces, tabassages de militants syndicaux (en 1975 à Aulnay-sous-Bois, en 1976 à Levallois)... Les nervis sévissent chez Citröen, Peugeot, Simca-Chrystler, Berliet, Ford... Le pouvoir giscardien soutient l'organisation, au point de lui accorder une place au Conseil économique et social... Les hommes de la CFT sont en effet souvent les mêmes qui assurent les missions musclées pour le compte des partis de droite. Le chef du commando et auteur des coups de feu, Claude Leconte, est membre du SAC (Service d'action civique) fondé par Charles Pasqua. Leconte a été envoyé à Reims en 1973 pour briser une grève dans l'usine Citroën. Lui et ses sbires allaient chercher des travailleurs immigrés dans leurs foyers et les emmenaient au travail sous la menace. Depuis, il dirige un groupe d'hommes de main, opérant non seulement chez Citroën mais prêtant main-forte aux patrons d'autres entreprises rémoises. Le dirigeant de la CGT Marcel Caille, dans ses deux livres les Truands du patronat puis l'Assassin était chez Citröen (Éditions sociales), a décrypté le fonctionnement de ce syndicat « jaune », cerbère du patronat contre la CGT principalement. L'activité du groupe, avait démontré Marcel Caille, était directement pilotée depuis le quai de Javel, la direction parisienne de Citröen. La voiture, une GS verte métallisée, que conduisait Henri Mangematin, le principal complice de Leconte, était immatriculée à Paris. Le tueur avait une voiture de fonction.
le maire solidaire des grévistes
Quant aux revendications des salariés des VMC, celles-ci portaient sur les salaires et le treizième mois. La direction de la société, dont le membre du conseil d'administration le plus influent était un certain... Maurice Papon, fait preuve d'une brutalité inouïe, clairement provocatrice et appuyée par le préfet. Elle annonce le licenciement de deux délégués syndicaux CGT pour avoir provoqué « des cessations de travail inopportunes ». Les gardes mobiles sont envoyés contre les grévistes. La police charge un meeting au cours duquel le nouveau maire de Reims, Claude Lamblin, vient d'exprimer la solidarité de la municipalité avec les salariés. Deux mois plus tôt en effet, aux élections municipales, la cité des sacres avait choisi la gauche et un maire communiste. La pilule était dure à avaler pour la bourgeoisie rémoise, au terme de près de deux décennies de règne de Jean Taittinger. Alors, beaucoup sont tentés de faire croire qu'un communiste à l'hôtel de ville serait source de désordre. L'Union patronale rémoise s'en prend aux « méthodes contraignantes de certains syndicats » et accuse « les municipalités à dominante communiste d'avoir entretenu un climat d'agressivité dans la région ». C'est un total renversement des rôles, auquel réplique René Andrieu dans l'Humanité : « Autrement dit, si un jeune ouvrier est mort abattu de sang-froid par une équipe d'hommes de main, c'est moins la faute des tueurs que la sienne propre d'avoir commis le crime d'adhérer au syndicat CGT. C'est aussi - il suffisait d'y penser - la faute du suffrage universel, coupable d'avoir élu une majorité de gauche dirigée par notre camarade Claude Lamblin. (...) La vérité, c'est que les coups viennent toujours du même côté. (...) Les tueurs se situent à l'autre bord. »
fin de la violence patronale
La riposte la plus cinglante vint de la population elle-même, défilant par dizaines de milliers au lendemain de la mort de Pierre Maître et lors de ses obsèques, en présence d'Henri Krasucki, secrétaire général de la CGT. Des arrêts de travail ont lieu dans toute la France. La direction des VMC s'est vue contrainte d'accepter les revendications et de réintégrer les deux délégués. Le crime de Reims entraîna la fin de la CFT, qui pour se faire oublier se mua en CSL (Confédération des syndicats libres), elle-même dissoute en 2001. Leconte fut condamné à vingt ans de réclusion criminelle, Mangematin à sept ans. Aujourd'hui, l'adresse des VMC, c'est rue Pierre-Maître, la municipalité de gauche de l'époque ayant décidé que la rue porterait désormais le nom de l'ouvrier assassiné. Une époque prenait fin, celle de la violence patronale assumée par des milices déguisées en syndicats. Trente ans après, les pressions « managériales », selon la novlangue patronale, et les exigences des actionnaires ont pris d'autres formes. Les dangers qui menacent le droit de grève et le droit syndical prennent avec l'actualité politique une nouvelle acuité."
Jean-Paul Piérot - l'Humanité

samedi 4 juin 2016

Jean-Pierre Mercier,"En fait, vous n'avez pas peur de la CGT, vous avez peur quand les salariés relèvent la tête et qu'ils commencent à se mobiliser et à prendre conscience de leurs intérêts"



Franz-Olivier Giesbert et le délégué syndical CGT PSA Peugeot-Citroën, Jean-Pierre Mercier, étaient réunis jeudi sur le plateau de News et compagnie sur BFMTV pour évoquer la loi Travail. Le syndicaliste n'a pas du tout apprécié l'éditorial du journaliste du Point du 1er juin qui commençait par "La France est soumise aujourd'hui à deux menaces qui, pour être différentes, n'en mettent pas moins en péril son intégrité: Daech et la CGT". Franz-Olivier Giesbert a tenu à insister sur le fait qu'il avait écrit ensuite "Il va sans dire que ces deux organisations minoritaires ne sont pas de même nature, rassurons tout de suite la police de la bien-pensance".