Rapport moral 2009 de la FDSEA DE L ALLIER
Un congrès de plus , pour quoi faire ?
Beaucoup d'exploitants se posent la question de l'utilité de se défendre tellement le fatalisme est profondément ancré dans les têtes .
Pourtant , jamais peut être la survie de notre métier n'a été à l'ordre du jour , et à travers lui la possibilité aux être humains de se nourrir ; car l'enjeu est bien là.
Selon certains il faudrait s'adapter , mais s'adapter à quoi ?
Avons nous pris le temps de se rendre compte de la gravité de la situation dramatique tant d'un point de vue économique , que d'un point de vue humain ;regardons dans les yeux cette situation.
Les aides publiques ,loin de soutenir le revenu des paysans , servent d'alibi pour baisser les prix à la production , et la récente publication de ces aides prouvent ce que nous dénonçons depuis longtemps , elles vont encore enrichirent les plus nantis y compris l'agro alimentaire qui pourtant bénéficie déjà de nos prix bas .
De plus ,elle permettent au pouvoir d'organiser des contrôles sur nos exploitations rajoutant encore au stress ambiant .
La politique agricole est libérale nous le savons , mais elle prend une tournure encore plus dangereuse en ces temps de crise , les paysans paient l'addition aux prix fort , dans les trois dernière semaines , trois paysans ont mis fin à leur jour ,combien en faudra t'il pour que chacun prennent conscience du drame qui se joue dans nos campagnes , certes si l'on s'arrête à la constatation du matériel que l'on dit rutilant , on aurait tendance à dire que les exploitants ne sont pas à se plaindre , pourtant l'image est faussée.
D'une part , les aides avant de conforter les trésoreries , participe à la baisse des prix et à une dépendance à l'administration- tout cela abouti à la paupérisation d'une large part de la population paysanne , au point que nombres d'entre nous n'ont pas un revenu effectif supérieur au RMI pour des semaines de 60 heures de travail effectif.
La politique agricole actuelle participe aussi à aggraver la crise alimentaire qui ne fait que s'accentuée au niveau mondiale mais aussi en France , il suffit pour cela de constater le nombre croissant de gens qui s'alimentent mal , et qui se réfugient chez les associations caritatives , l'état failli à sa mission .
Nous sommes dans une tourmente économique jamais connue , et , précisément , ceux qui l'ont initié se retournent contre nous , en serrant les boulons comme ils disent , et , deviennent complètement paranoïaques,, les découverts sur les compte professionnels deviennent peau de chagrin et gare à ceux qui dépassent - comme ils disent- la ligne d'écriture ,l'hypocrisie est à son comble . La paysannerie prisonnière d'une politique imbécile et dangereuse , devient esclave de banques en quête de leur argent dette ( je vous le rappelle ,que c'est vous en remboursant vos emprunts qui fournissez de vrais liquidité aux banques, ) permettant à leurs patrons de s'octroyer des salaires mirobolants .
Il en est de même des dirigeants de l'agro alimentaire qui fournissent à leurs grands patrons des sommes astronomiques , l'exemple de Danone est patent avec son principal responsable qui a réalisé en une seule journée en décembre un bénéfice ,sur ses stoks-options, de plus de 500 000 € ,c'est le même qui prône la fermeté quand il s'agit de négocié les prix du lait , nous touchons là au vrai scandale!
Quand nous regardons les vrais bénéficiaires de la PAC ,on se rend compte que ce ne sont pas les paysans qui se taillent la part du lion ,et en plus avec une affectation complètement injuste et scandaleuse puisque 9,8% ont reçu plus de 50 000€soit 36 % des aides tandis que 30% ont reçu moins de 5000 €soit 2,5% de mêmes aides !
Le plus scandaleux reste quand même le cadeau fait au groupe Doux qui soit dit en passant ,délocalise à tout va, et qui touche plus de 62 millions d'aides publiques ! Ce qui ne l'empêche pas de plumer consciencieusement les producteurs de volailles !
Ne parlons surtout plus de république et de ces trois qualitatifs : liberté ,égalité , fraternité , tout cela est à reconstruire ;
L'Europe n'a même pas eu le courage d'affecter un budget spécial aux associations caritatives et le prend sur le budget agricole pour plus de 51 millions d'€ pour les trois plus importantes : on cache la misère comme on peut!!
Les paysans dans tout cela ont de quoi être désorientés , et abattus.
La politique sanitaire ne vaut pas mieux et la crise de la FCO est là pour nous démontrer l'incompétence des dirigeants nationaux et européens ,nous en sommes arrivé à un point ou le remède est pire que le mal , l'état du cheptel bourbonnais -si l'analyse était honnête- est là pour le prouver , il est vrai que les affirmations des paysans ne sont que « bruits de chiottes »dixit le patron sanitaire du département ,en attendant les paysans souffrent et se tuent …..............Oui , la situation est grave et maintenant dramatique touchant au cœur de notre cœur , à la vie même .
Pourtant dans une lettre ouverte au ministère de la santé j'avais tiré la sonnette d'alarme et ce voilà plus d'un an , comme quoi nos vies ne comptent pas beaucoup.
Notre métier est pourtant essentiel à la société , et le traiter ainsi est proprement criminel car nous savons que la faim sévit et provoque des morts en quantité infiniment plus importante que la pandémie dont on nous gavent dans les médias .
La nourriture des gens est notre vrai métier et tout notre combat tant à cela: permettre à tous de trouver une nourriture en quantité et en qualité , c'est un combat de tous les instants .*
Cela passe par une rémunération de notre travail , avec des prix rémunérateurs , cela implique de revoir la distribution des denrées alimentaires et un contrôle de leur cheminement éminemment plus strict , cela ne peut se faire à OMC, depuis longtemps nous demandons le retrait du dossier agricole de cette instance purement commerciale ,il faut confié cela à l'ONU ,c'est une urgence .
La morale n'est plus bafouée ,elle est insultée .
Pour bien comprendre l'état de notre situation financière , il faut savoir que la viande se vend au prix de 1980(lors d'une campagne de vente sauvage que nous organisions en 1986 nous payons la viande au producteur 24 francs ! La même aujourd'hui se vend entre 19 et 20 francs !
Les céréales ,elles se vendent au même prix que dans les années 80 un de mes bons amis m'expliquait qu'il avait fallu pratiquement la récolte 2008 pour payer les intrants de ce printemps : cela ne peut plus durer .
Le lait perd près de 70 € tonnes et retombe au prix de 1988 pour exemple , je touche 27 000€ d'aides depuis 2 ou 3 ans et bien, la baisse représente elle 28 000€: cherchez à qui profite le crime .
Regardez les producteurs de porc qui ne vivaient pas dans l'euphorie loin s'en faut prennent la grippe porcine sur le coin du nez , si on voulaient tué les petits producteurs on ne s'y prendraient pas autrement .
Quand aux moutonniers ils sont toujours occupés à ramasser les dégât colossaux de la FCO , nombres d'entre eux savent qu'ils ne s'en relèveront pas , sans aides réelles et substantielles , nous en sommes encore pas là , et si l'on en jugent par l'actualité, pour beaucoup leurs jours sont comptés si nous ne nous battons pas !
Toutes les productions sont dans le même cas , aucunes ne sort du rang.
. La concentration des productions dans des unités de plus en plus importantes est un vrai danger ,seule l'économie d'échelle encouragée par la politique agricole , mais aussi par la majorité de la chambre d'agriculture est à l'ordre du jour , elle provoque une vraie hécatombe et des comportements complètement déments , on se croirait revenu aux heures les plus sombres de notre histoire .
Les plus gros agriculteurs se comportent comme de véritables chacals cela est proprement ecoeurant, mais c'est le résultat de cette politique complètement libérale au sens le plus hideux du terme.
Ce régime a réussi à instaurer entre nous un compétition pour la survie , et c'est bien sûr le meilleur moyen de supprimer et le plus surement , les paysans les plus fragiles .
Nos forces ,pour réagir ,semblent faibles pourtant elles ne sont pas négligeables , d'abord la propre force de la FDSEA -ce n'est déjà pas rien- et nous ne ménageons pas nos peines , pour alerter l'opinion et contrecarré certaines initiatives tant du pouvoir que de la chambre, pour autant nous ne devons pas nous passer du pouvoir du consommateur qui a tout intérêt à se battre pour conserver le maximum d'agriculteurs si il ne veut pas dans un proche avenir, voir son choix de nourriture se restreindre encore,comme nous avons tout intérêt à avoir des gens qui gagnent mieux leur vie , d'où l'intérêt de se battre pour le pouvoir d'achat des français et s'associer aux autres syndicats notamment ouvriers ;
Mais nous avons ,ce qui me semble être de notre devoir,à rassembler un front commun face à la politique gouvernementale soutenue dans l'Allier par la majorité de la chambre d'agriculture ,si nous voulons encore par exemple installer des jeunes , et vivre encore de notre métier , car la question est cruciale ;si rien ne change nous disparaitrons ,l'agriculture familiale et paysanne ne sera qu'un souvenir.
Mais il me semble que la question primordiale reste aussi la faculté de l'agriculture à nourrir la planète , aujourd'hui ce n'est pas le soucis des responsables politiques , pour le coup nous risquerions bien d'assister à une vraie hécatombe ,si les denrées alimentaires continuent d'être banalisée comme de vulgaires marchandises .
Comment admettre que des gens en villes ou même dans nos campagnes ne peuvent manger à leur faim quand dans nos exploitations nous nous arrassons à produire des produits les plus en plus sains avec un revenu de misère .
Tout le problème réside bien dans le circuit en aval de nos exploitations pourquoi tant de marges sont prélevées sur des produits aussi nobles que la nourriture , si ce n'est la religion du profit qui envahit tout et devient la loi supplantant le droit inaliénable de chaque être humain à se nourrir correctement : l'argent passe devant l'homme ou si vous aimez mieux , l'argent devient le but et l'homme l'accessoire .
Comment accepter que cette mission de nourrir les gens soit réservé a une infime minorité de gens exploitants des étendues de plus en plus importantes ou la seule priorité du profit deviendrait là aussi la règle absolue , on peut aisément deviner toutes les dérives .
C'est pourquoi , je pense qu'il faut non seulement consolider les exploitants en place mais il faut absolument installer des jeunes , afin d'avoir des paysans debout sur tout le territoire.
Ce n'est pas la logique actuelle ,et l'on peut craindre le pire si nous laissons aller ;d'où l'importance aussi de trouver le moyen de réunir le maximum de gens et d'organisations afin d'infléchir les choix actuels .
De bonnes volonté existent ,à nous aussi de créer les conditions de ce rassemblement ,peut être aussi au delà de notre métier , l'avenir j'en suis sûr, nous donnera raison .
Salut Jean-Claude.
RépondreSupprimerComme beaucoup ne connaissent pas les problèmes de l'agriculture je me suis permis de mettre ton rapport moral en entier sur mon blog avec une petite introduction et ce Titre:"L'Agriculture, cette malconnue".
Ce sera à la Une demain.
Michel
J'ai oublié,
RépondreSupprimerAs-tu-lu sur mon blog:"l'Agrobusiness, nouvel eldorado du capitalisme", tu verras cela va dans le sens de ton rapport moral. Et cela fait plus d'un an que j'ai écrit cet article...
Michel
Très bon rapport moral!
RépondreSupprimerJ'ai cédé mon exploitation à mon gendre, il veut se lancer dans l'agriculture bio et la vente directe afin de récupérer la marge que s'empoche les GMS. Mais c'est dur, il n'a pas droit aux aides à l'instalation, la surface est trop petite et le système capitaliste ne voit pas d'un très bon oeil ce type d'agriculture et surtout de commercialisation. quant à moi, après 40 ans d'activité je perçois une retraite de 620 € par mois : 200 € au dessous du seuil de pauvreté. Eh oui, pauvre Martin, pauvre misère...disait l'ami Georges.
Bien fraternellement à toi.
GR