Trente six ans après le coup d'état d'Augusto Pinochet, la droite
ultralibérale est en mesure de revenir au pouvoir au Chili, par les
urnes cette fois-ci. Alexis Corbière nous explique comment les
politiques menées par la social-démocratie depuis le retour à la
démocratie ont rendu possible une telle situation.
Dans moins de deux mois, le 13 décembre 2009, le premier tour de l’élection
présidentielle aura lieu au Chili. Pour l’heure, la presse française n’en parle
quasiment pas. C’est surprenant car il y a quatre ans, la même échéance avait
suscité beaucoup d’intérêt, dont le point d’orgue fut le voyage très médiatisé de
Ségolène Royal en soutien à la socialiste Michelle Bachelet qui sera élue Présidente.
S’il existe une « passion française » pour le Chili, elle n’est pas née cette fois
là. Depuis près de 40 ans, ce pays occupe une place à part dans le coeur de tous les
militants de gauche. Et, la fin de la dictature en 1989, puis la victoire d’une socialiste
en 2006, sont apparues pour beaucoup de nos compatriotes comme la revanche
posthume de ceux qui soutenaient Salvador Allende. La boucle semblait bouclée…
mais la réalité est plus complexe.
Pourquoi aucun responsable national du PS ne se rend sur place cette fois-ci ?
C’est que la situation locale est révélatrice de l’état de la social-démocratie mondiale.
Ce qui s’y déroule actuellement mérite d’être connu. Avec Pinochet, ce ne fut pas
seulement un régime militaire qui dirigea le pays pendant près de 17 ans. Ce fut
aussi le laboratoire d’expérimentation pour des économistes ultra libéraux formés à «
l’école de Chicago » sous la houlette du prix Nobel Milton Friedman.
Une véritable « contre révolution » s’est alors engagée, appliquant avec brutalité
les dogmes de M. Friedman que l’on peut résumer ainsi : privatisation,
dérèglementation, politiques monétaristes et réduction des dépenses sociales. Avec
l’accord des militaires, les « Chicago boys » prirent les rênes de l’économie.
En 1989, lors du retour de la « démocratie », leur bilan était sans appel : 45 %
des Chiliens vivaient sous le seuil de pauvreté et les 10 % les plus riches avaient vu
leur fortune augmenter de 83 %.
Le paradoxe terrible est que même 20 ans après le rétablissement des libertés
publiques et l’élection discontinue de quatre Présidents issue de la Concertacion -
alliance des Démocrates Chrétiens et des socialistes - la situation économique du
pays n’a guère changé.
Pire, à présent, les 20 % des Chiliens les plus aisés possèdent près de 70 % de la
richesse nationale, et les 20 % les plus pauvres n’en partagent que 3 %. L’ONU
estime ce pays à la 12e place des plus inégalitaires de la planète. Triste record.
D’autant qu’il a connu, durant les années 90, une croissance phénoménale de
plus de 8 % chaque année. Ainsi, des fortunes privées colossales se sont bâties.
C’est dans ce contexte que se déroule la prochaine élection présidentielle. Au
sein du PS chilien, beaucoup de voix ont réclamé une rupture avec ces politiques
libérales. Elles pensaient qu’il était temps de rompre avec la Concertacion et
d’engager une réelle politique de répartition des richesses accompagnée de la mise
en place d’une nouvelle Constitution. Cette dernière, totalement anti démocratique, a
été rédigée par Pinochet et bloque la possibilité de toute politique sociale d’Etat.
La démission de la sociale-démocratie
Ces voix n’ont pas été entendues. Le PS chilien a même décidé de ne pas
présenter un candidat socialiste à l’élection présidentielle et de soutenir dès le
premier tour le responsable de la Démocratie Chrétienne (DC) - le parti du
néolibéralisme -, Eduardo Frei, déjà Président de 1990 à 1994. Le secrétaire
général du PS a même déclaré récemment que la DC et le PS pourrait
prochainement devenir un « Parti unique »
.
Refusant cette dérive du PS vers le centre droit qui nous rappelle celle actuellement
à l’oeuvre en Europe et ce sabordage, de nombreux dirigeants historiques du PS
ont claqué la porte. C’est le cas de Jorge Arrate, ancien Président du PS, qui est
devenu le candidat d’un large « Front de gauche », Juntos Podemos. Celui-ci
regroupe une dizaine de formations dont le Parti communiste. Parmi ses
propositions, on trouvera une augmentation des salaires de 10 % par année, la mise
en place d’un authentique salaire minimum, un réel investissement pour l’école
publique, une réforme fiscale… et aussi, détail important, l’élection d’une
Assemblée constituante.
Dans le même temps, un jeune député socialiste, Marco Enriquez-Ominami
(MEO), se présentera également en dehors de l’accord PS/DC. Il est le fils de
Miguel Enriquez, dirigeant du MIR assassiné en 1974. A gauche sur des questions
sociétales, M. Enriquez-Ominami ne met pas au coeur de sa campagne les
profondes réformes nécessaires pour lutter contre les injustices et les inégalités
sociales qui minent le pays. Très soutenu par la grande majorité de la presse
pourtant très réactionnaire, il tranche avec les autres candidats par sa jeunesse
et sa campagne « marketing », inspiré de Jacques Séguéla dont il fut l’élève.
Mais, il regroupe autour de lui des gens de gauche et de droite. Exemple significatif,
le responsable de son projet économique est Paul Fontaine, un patron formé à
« l’école de Chicago » qui, à propos de la dictature, « reconnait l’oeuvre
économique des militaires mais condamne les violations des droits de l’homme ». Au
second tour, si MEO n’était pas présent, Fontaine votera pour le candidat de droite.
Ce personnage incarne assez clairement toutes les ambiguïtés des nombreux
soutiens de cette candidature « attrape-tout ».
Enfin, on trouve, comme quatrième candidat, Sebastian Pinera. Il est le candidat de
toute la droite, cette fois ci rassemblée. M. Pinera est un milliardaire qui s’est
enrichi sous la dictature, et dont le frère, José Pinera, était ministre de l’économie
d’Augusto Pinochet.
Les politiques menées par la Concertacion depuis 20 ans et la confusion idéologique
dans laquelle le PS a maintenu le pays ont créé les conditions propices à la
possibilité d’une victoire de la droite. Pour l’heure, tous les instituts de sondages
mettent M.Pinera nettement en tête au premier tour, et gagnant dans tous les
cas de figure au second.
Qui aurait pu croire qu’au pays de Salvador Allende, 36 ans après sa mort, un
héritier politique de Pinochet soit en situation d’être élu «démocratiquement» à
la présidence ? C’est pourtant une possibilité dont la responsabilité repose en
grande partie sur le PS chilien qui s’est totalement converti au néolibéralisme et a
favorisé en cela le développement d’une grande abstention populaire.
Dans ce désastre général, seule la candidature de Jorge Arrate fait entendre
des propositions pour une authentique politique de gauche. Elle remobilise un
électorat qui n’en pouvait plus. C’est pourquoi en France, plusieurs partis politiques
dont le Parti communiste et le Parti de Gauche la soutienne.
Ne laissons pas Allende
se faire assassiner une nouvelle foi
Au fait en 2002 Chirac n'est pas arrivé avec son petit Sarko dans le Lando?
Pourtant il me semblait que la gauche était au pouvoir Jean Ferrat chantait très bien cela :La porte du bonheur est une porte étroite et tout le monde me dit que c'est la porte à droite!
A oui on ne joue pas à tromper les gens éternellement mais après il nous faut subir des pantins comme Sarko
ultralibérale est en mesure de revenir au pouvoir au Chili, par les
urnes cette fois-ci. Alexis Corbière nous explique comment les
politiques menées par la social-démocratie depuis le retour à la
démocratie ont rendu possible une telle situation.
Dans moins de deux mois, le 13 décembre 2009, le premier tour de l’élection
présidentielle aura lieu au Chili. Pour l’heure, la presse française n’en parle
quasiment pas. C’est surprenant car il y a quatre ans, la même échéance avait
suscité beaucoup d’intérêt, dont le point d’orgue fut le voyage très médiatisé de
Ségolène Royal en soutien à la socialiste Michelle Bachelet qui sera élue Présidente.
S’il existe une « passion française » pour le Chili, elle n’est pas née cette fois
là. Depuis près de 40 ans, ce pays occupe une place à part dans le coeur de tous les
militants de gauche. Et, la fin de la dictature en 1989, puis la victoire d’une socialiste
en 2006, sont apparues pour beaucoup de nos compatriotes comme la revanche
posthume de ceux qui soutenaient Salvador Allende. La boucle semblait bouclée…
mais la réalité est plus complexe.
Pourquoi aucun responsable national du PS ne se rend sur place cette fois-ci ?
C’est que la situation locale est révélatrice de l’état de la social-démocratie mondiale.
Ce qui s’y déroule actuellement mérite d’être connu. Avec Pinochet, ce ne fut pas
seulement un régime militaire qui dirigea le pays pendant près de 17 ans. Ce fut
aussi le laboratoire d’expérimentation pour des économistes ultra libéraux formés à «
l’école de Chicago » sous la houlette du prix Nobel Milton Friedman.
Une véritable « contre révolution » s’est alors engagée, appliquant avec brutalité
les dogmes de M. Friedman que l’on peut résumer ainsi : privatisation,
dérèglementation, politiques monétaristes et réduction des dépenses sociales. Avec
l’accord des militaires, les « Chicago boys » prirent les rênes de l’économie.
En 1989, lors du retour de la « démocratie », leur bilan était sans appel : 45 %
des Chiliens vivaient sous le seuil de pauvreté et les 10 % les plus riches avaient vu
leur fortune augmenter de 83 %.
Le paradoxe terrible est que même 20 ans après le rétablissement des libertés
publiques et l’élection discontinue de quatre Présidents issue de la Concertacion -
alliance des Démocrates Chrétiens et des socialistes - la situation économique du
pays n’a guère changé.
Pire, à présent, les 20 % des Chiliens les plus aisés possèdent près de 70 % de la
richesse nationale, et les 20 % les plus pauvres n’en partagent que 3 %. L’ONU
estime ce pays à la 12e place des plus inégalitaires de la planète. Triste record.
D’autant qu’il a connu, durant les années 90, une croissance phénoménale de
plus de 8 % chaque année. Ainsi, des fortunes privées colossales se sont bâties.
C’est dans ce contexte que se déroule la prochaine élection présidentielle. Au
sein du PS chilien, beaucoup de voix ont réclamé une rupture avec ces politiques
libérales. Elles pensaient qu’il était temps de rompre avec la Concertacion et
d’engager une réelle politique de répartition des richesses accompagnée de la mise
en place d’une nouvelle Constitution. Cette dernière, totalement anti démocratique, a
été rédigée par Pinochet et bloque la possibilité de toute politique sociale d’Etat.
La démission de la sociale-démocratie
Ces voix n’ont pas été entendues. Le PS chilien a même décidé de ne pas
présenter un candidat socialiste à l’élection présidentielle et de soutenir dès le
premier tour le responsable de la Démocratie Chrétienne (DC) - le parti du
néolibéralisme -, Eduardo Frei, déjà Président de 1990 à 1994. Le secrétaire
général du PS a même déclaré récemment que la DC et le PS pourrait
prochainement devenir un « Parti unique »
.
Refusant cette dérive du PS vers le centre droit qui nous rappelle celle actuellement
à l’oeuvre en Europe et ce sabordage, de nombreux dirigeants historiques du PS
ont claqué la porte. C’est le cas de Jorge Arrate, ancien Président du PS, qui est
devenu le candidat d’un large « Front de gauche », Juntos Podemos. Celui-ci
regroupe une dizaine de formations dont le Parti communiste. Parmi ses
propositions, on trouvera une augmentation des salaires de 10 % par année, la mise
en place d’un authentique salaire minimum, un réel investissement pour l’école
publique, une réforme fiscale… et aussi, détail important, l’élection d’une
Assemblée constituante.
Dans le même temps, un jeune député socialiste, Marco Enriquez-Ominami
(MEO), se présentera également en dehors de l’accord PS/DC. Il est le fils de
Miguel Enriquez, dirigeant du MIR assassiné en 1974. A gauche sur des questions
sociétales, M. Enriquez-Ominami ne met pas au coeur de sa campagne les
profondes réformes nécessaires pour lutter contre les injustices et les inégalités
sociales qui minent le pays. Très soutenu par la grande majorité de la presse
pourtant très réactionnaire, il tranche avec les autres candidats par sa jeunesse
et sa campagne « marketing », inspiré de Jacques Séguéla dont il fut l’élève.
Mais, il regroupe autour de lui des gens de gauche et de droite. Exemple significatif,
le responsable de son projet économique est Paul Fontaine, un patron formé à
« l’école de Chicago » qui, à propos de la dictature, « reconnait l’oeuvre
économique des militaires mais condamne les violations des droits de l’homme ». Au
second tour, si MEO n’était pas présent, Fontaine votera pour le candidat de droite.
Ce personnage incarne assez clairement toutes les ambiguïtés des nombreux
soutiens de cette candidature « attrape-tout ».
Enfin, on trouve, comme quatrième candidat, Sebastian Pinera. Il est le candidat de
toute la droite, cette fois ci rassemblée. M. Pinera est un milliardaire qui s’est
enrichi sous la dictature, et dont le frère, José Pinera, était ministre de l’économie
d’Augusto Pinochet.
Les politiques menées par la Concertacion depuis 20 ans et la confusion idéologique
dans laquelle le PS a maintenu le pays ont créé les conditions propices à la
possibilité d’une victoire de la droite. Pour l’heure, tous les instituts de sondages
mettent M.Pinera nettement en tête au premier tour, et gagnant dans tous les
cas de figure au second.
Qui aurait pu croire qu’au pays de Salvador Allende, 36 ans après sa mort, un
héritier politique de Pinochet soit en situation d’être élu «démocratiquement» à
la présidence ? C’est pourtant une possibilité dont la responsabilité repose en
grande partie sur le PS chilien qui s’est totalement converti au néolibéralisme et a
favorisé en cela le développement d’une grande abstention populaire.
Dans ce désastre général, seule la candidature de Jorge Arrate fait entendre
des propositions pour une authentique politique de gauche. Elle remobilise un
électorat qui n’en pouvait plus. C’est pourquoi en France, plusieurs partis politiques
dont le Parti communiste et le Parti de Gauche la soutienne.
Ne laissons pas Allende
se faire assassiner une nouvelle foi
Au fait en 2002 Chirac n'est pas arrivé avec son petit Sarko dans le Lando?
Pourtant il me semblait que la gauche était au pouvoir Jean Ferrat chantait très bien cela :La porte du bonheur est une porte étroite et tout le monde me dit que c'est la porte à droite!
A oui on ne joue pas à tromper les gens éternellement mais après il nous faut subir des pantins comme Sarko
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