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vendredi 11 décembre 2009

Au moment du vote de la loi d'orientation sur l'agriculture de 1961 les paysans étaient déja inspirés!




Un ami ( j'en ai encore pas mal , heureusement!)m'a fait parvenir un poème de l'un des membres de sa famille aujourd'hui disparut ,paysan et syndicaliste de son état et pour faire  bonne mesure administrateur du crédit agricole et Maire de Domérat (les anciens en avaient dans le ventre et pas la langue de bois .
   Ce texte  colle assez à la réalité que nous vivons et à la démagogie ambiante , qu'il en soit sincèrement remercié.
En espérant que nos concitoyens se réveillent et vite!



Un jour , maître JACQUOT




JACQUOT, c'est vous ,c'est nous les paysans ,
Ceux que l'on nomme les culs terreux ou les croquants,
Et, donc Maitre JACQUOT travaillait dans son champ
A mettre en tas son blé, bien vite avant l'orage .
Il piquait* les bottes avec rage,
Car le temps était menaçant
Et JACQUOT n'était pas content;
Tout allait donc très mal en cette dure année !!
Le mauvais temps gâtait les foins , gâtait les blé,
Gâtait la vigne........Et puis , tout se vendait si mal!
Des œufs et des poulets , on ne savait que faire
Pas plus que les choux-fleurs ou les pommes de terres
Et le lait valait moins que de l'eau minérale!
Pourtant tout augmentait: les engrais, les tracteurs
Et les impôts bien sûr........ et le reste – Ah ! Malheur!
Ah!c'en était fini des années bienheureuses !
Adieu les bas de laines ! Adieu les lessiveuses!
On avait quelques sous au Crédit Agricole
Mais aussi des emprunts , bien lourd à rembourser !
C'est pourquoi les JACQUOTS avaient tous décidé
De descendre à la Ville et de manifester
dans la rue , tous ensemble, et la fourche à l'épaule
Afin de bien montrer au Général de Gaulle
Qu'ils en avaient assez , et qu'a tant travailler
Ils voulaient vivre et non plus vivoter!


Dans le lointain déjà grondait l'orage
Et JACQUOT piquait(*) toujours avec rage............




Lorsque, soudain , parut à l'autre bout du champ
Un grand gaillard,monté sur un grand cheval blanc .
Dès qu'il aperçu mon JACQUOT
Il lève ses grand bras bien haut
En criant: " Je vous ai compris 
Les Paysans sont mes amis
Honneur et Gloire à la race féconde
De ceux qui nourrissent le monde!"
A ces mots le JACQUOT se sent rempli de joie
Et pour montrer sa bonne foi
Il lève aussi les bras bien haut
Laisse tomber sa fourche et crie : Bravo, Bravo!
Mais pendant qu'il applaudissait
Le ventre du cheval s'ouvrait
Car c'était un Cheval de Troie!
Vous connaissez bien tous l'histoire
De ce cheval en bois , elle est assez notoire
Et je n'ai pas besoin de vous la raconter.
Et donc, le ventre du cheval s'ouvrit
Il en sorti,devinez qui ? Un PISANI* !
Tout barbu comme un ouistiti.
Il avait avec lui son valet DEBATISSE*
Qui se croit un Grand Homme et qui n'est qu'un JOCRISSE
Il ramasse la fourche et menaçant JACQUOT
Lui dit en ricanant:et bien mon pauvre idiot
tu t'es encore laissé rouler par le CHARLOT!
Des croquants comme toi , nous en avons trop!
Va donc faire la queue aux portes des usines
Tu pourras bien faire un chômeur , car il en faut .


Et JACQUOT , honteux et confus,
Comme le corbeau de la Fable,
Jura mais un peu tard , qu'on ne l'y prendrait plus
Ah! disait t'il, je suis impardonnable
Mais c'est fini , je ne crois plus au Général
Et comme au tiercé, je change de cheval!
Mais pour être bien sûr qu'il ne vient pas de Troie


Je le prendrai DEFERRE (*2)…..........et non de bois


Pierre AUMOINE
( 1892 – 1973 )
(*)piquait : se disait de l'acte de planter les javelles de blé debout par paquets de 9 ou 11, afin qu'elles ne s'abiment pas sous la pluie ,elles  finissaient de mûrir ainsi avant de rejoindre la meule ou elles seraient  ensuite battues, le jour de battoir était un rassemblement de tous les voisins pour cette corvée difficile mais aussi festive  (JCD)

(*2)DEFERRE: clin d'œil à celui qui s'opposait alors aux  présidentielles à de Gaulles (JCD)

 Pisani* : ministre de l'agriculture de l'époque qui fit voter la loi d'orientation de 1961 en collaboration avec Debatisse* alors président des jeunes agriculteurs (syndicat très libéral) cette loi entamait le processus productiviste de l'agriculture : on  connait la suite................(JCD)

















2 commentaires:

  1. Gaston Defferre fut le candidat socialiste en 1969, il obtint 5 % des voix et 21 % pour Jacques Duclos (PCF).
    Le 2ème tour opposait Poher à Pompidou : "Bonnet blanc et blanc bonnet" comme le disait Jacques Duclos.
    1969 c'était aussi l'année des grandes manifs paysannes contre les plans Manshold et Vedel qui prévoyaient 150 à 200 000 agriculteurs en France pour les années 80. J'avais 21 ans et c'était mes premières manifs, il y en a eu pas mal après et il y en aura encore.
    Fraternellement.

    GR

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  2. CQFD et c'est justement ces plans qui se mettent en place au sud de la Loire : plus de paysans
    en tous les cas cas je reconnais bien toi cher Georges un vrai camarade , un vrai militant ,de ceux que l'on appelle les purs ceux qui nous manquent le plus dans la vie active ,puisse tu continuer longtemps encore .Tu est comme nos retraités FDSEA quand ils parlent :de vrai bouffées d'oxygène
    A bientôt
    amitiés et fraternité

    JC Depoil

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