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jeudi 2 décembre 2010

L'état palestinien détruit en 60 ans et asservi , et le peuple doit il subir la comparaison avec des terroristes et les islamistes! non c'est un peuple sur une terre occupée

OÙ VA LA RÉSISTANCE PALESTINIENNE ?

Robert BIBEAU
"Le Viêt-Cong et le FLN algérien ont négocié avec les envahisseurs, mais seulement pour discuter des modalités du retrait de l’ennemi, et non pas pour convenir du pourcentage de leur terre qu’ils abandonneraient aux colonisateurs".
Le peuple palestinien apprécie que le Hamas ait grandi en son sein et qu’il dirige aujourd’hui la résistance nationale. Les sionistes israéliens sont très heureux eux aussi d’affronter cette organisation « islamique ». Cela leur permet d’exciter la fibre raciste d’une partie de leur population et de l’effrayer avec le spectre du « rejet à la mer » et des pogroms d’« extermination par les roquettes artisanales » de ces Arabes vindicatifs.
Une aubaine pour les chancelleries occidentales qui soutiennent les visées hégémoniques de l’État hébreu. Elles se croient justifiées de crier : « Sus aux islamistes sanguinaires ! ». Il n’y a que les peuples de la Terre qui ne gobent pas ce bobard lamentable et qui s’entêtent, comme le révèlent les sondages, à considérer l’« État juif » responsable des guerres dans cette zone de l’hémisphère. (1)
Mais les choses pourraient changer. À partir d’un examen minutieux des déclarations des porte-parole du Hamas il nous a été facile de percevoir la lutte interne qui déchire l’organisation entre l’option de résister à l’occupation sioniste, conforme aux désirs du Peuple Palestinien et le désir de participer aux « pourparlers directs » visant à l’associer au Fatah, histoire de partager les utopiques fruits malodorants de l’État-bantoustan (2).
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checkpoint
Voilà qu’un journaliste palestinien, Abdel Bari Atwan, nous rejoint et pose crûment la question : « Le Hamas serait-il en train de dévier ? ».
Nous reprenons ci-après l’essentiel de l’interrogation du journaliste :« Notre reproche va au mouvement « Hamas » plus qu’à tout autre. Nous le lui disons avec amertume, car, en tant que chef de file des mouvements constitutifs du camp de la résistance en Palestine, il aurait « facilité » ces concessions en fermant les yeux sur la pratique de certains de ses responsables (ou considérés comme tels), pratique exactement comparable à celle de M. Abed Rabbo : de leur propre initiative, et sans que cela leur ait été demandé, ils ont proposé des projets de règlement aussi proches de ceux de l’Autorité palestinienne que tout autre, comme l’acceptation d’un État en Cisjordanie et à Gaza en échange d’une trêve ou par la reprise de nouveaux pourparlers de réconciliation avec l’Autorité dont ils mettent, par ailleurs en cause la légitimité, la représentativité et la capacité de traiter au nom du peuple palestinien. Il en fut ainsi de la rencontre à Damas (…), tout cela en concomitance avec la poursuite des négociations directes, auxquelles le Hamas s’est pourtant déclaré farouchement opposé. » (3).
S’il ne s’agissait que de convenir d’une trêve en échange de la paix et de la possibilité pour la Résistance de refaire ses forces dans deux enclaves (Gaza et Cisjordanie) sans cession de territoires et sans renonciation aux droits légitimes du peuple palestinien, le « deal » serait acceptable pour la partie palestinienne, même si, comme chacun le conçoit, l’entité sioniste n’entérinera pas de sitôt une telle « offre généreuse ». Nous en voulons pour preuve que Mahmoud Abbas vient de se voir offrir par Netanyahu trois mois de moratoire partiel sur la construction de nouveaux logements en Cisjordanie (Jérusalem non compris), en contrepartie de sa renonciation au droit de retour et de l’abandon de 90 % des terres palestiniennes. Qui dit mieux ?
Il n’est plus possible, pour le mouvement mondial de soutien à la résistance palestinienne, de mettre en doute la représentativité de ces porte-parole du Hamas, quand le chef du bureau politique de cette organisation affirme, dans une déclaration récente, ce qui suit : « Parce que le Hamas est réaliste, nous sommes parvenus à un accord entre les factions palestiniennes et les pays arabes pour accepter un État en Palestine, établi sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem comme capitale, et l’application du droit au retour des réfugiés ». Le dirigeant du Hamas poursuit : « Le plus grand compromis a déjà été fait par les factions palestiniennes et les États arabes. Il a été d’accepter les frontières de 1967, nous laissant 20% de l’ensemble du territoire en litige. Il n’est plus admissible que certaines puissance continuent à faire pression sur le côté palestinien pour lui demander d’autres compromis, parce qu’elles le considèrent comme le côté le plus faible ».
En effet, une organisation patriotique qui, avant même de se joindre aux négociations, annonce qu’elle abandonne plus de 80% de sa terre n’a plus grand-chose à compromettre. Que ce soient les États arabes qui accordent 80% de la terre palestinienne n’est pas plus acceptable pour le Peuple Palestinien que si c’était l’ONU qui le donnait.
Le chef du Hamas endosse la mystification qui a cours en Occident à l’effet que ce seraient les sionistes israéliens qui décideraient du sort de ce monde et ce seraient eux qui donneraient des ordres à leurs maîtres américains. Mashal déclare ainsi : « Il est immoral de maintenir la pression sur les Palestiniens tout simplement parce que les Américains et la communauté internationale ne font pas le poids face à M. Netanyahu » (4). L’homme qui se rend au bureau Ovale pour commander ses F-35 tout neufs n’est pas le maître de celui qui lui accorde ou lui refuse.
La mascarade des réticences de Netanyahu pour prolonger de trois mois le pseudo-moratoire sur la construction de nouvelles habitations illégales sur une partie de la Palestine occupée est une farce orchestrée par la Secrétaire d’État en personne. Demain, quand Netanyahu mentira et fera mine de se rendre aux suppliques de Madame Hillary Clinton pour étendre et prolonger le moratoire d’une année…, que fera le chef du Hamas, qui sera peint dans le coin de la pièce avec sa mauvaise foi, alors que Mahmoud Abbas se déclarera satisfait de cette fourberie et se précipitera vers la table des pourparlers directs pour entériner la capitulation finale ?
Il est par ailleurs fallacieux de tenter de justifier cette remise en cause de la question palestinienne sous le couvert du « réalisme » et de la « complexité » de l’analyse concrète d’une situation concrète, comme le fait le Collectif Cheikh Yassine dans cet extrait : « Notre situation de militants de la cause palestinienne n’est en rien comparable à celle de tous les Palestiniens résistants vivant et agissant en Palestine occupée. (…) avoir plus d’empathie envers ceux qui sont en train de vivre la réalité de la résistance et qui en paient le prix fort face au collaborationnisme, au soutien et au silence complice de l’humanité entière ! La situation est sans aucun doute bien plus complexe que celle que nous arrivons à observer vue de l’extérieur ! » (…) « Dans ce contexte précis, (…) si le Hamas avait refusé la « trêve » et la possibilité d’établir une sorte de refuge (la Cisjordanie et Gaza) permettant à la Résistance de se renforcer et de se structurer pour pouvoir mener son combat de manière organisée et efficace, espérant par ailleurs, que les masses arabes et musulmanes allaient s’identifier à cette Résistance pour l’accompagner par un combat mené à l’extérieur, cela risquait bel et bien de signifier tout simplement l’éradication définitive de la Résistance et de la Cause palestinienne ! » (5).
On doit regretter amèrement la collusion des autorités arabes et la collaboration du gouvernement égyptien dans l’étranglement de la bande de Gaza ; on ne saurait pour autant rejeter le blâme de la désorientation du mouvement mondial de solidarité avec le peuple palestinien sur le dos des masses arabes, ces masses qui voient chaque jour Mahmoud Abbas, le président échu de l’Autorité sans autorité, se prosterner devant les États-Unis, qui ont fourni l’armement et les munitions pour détruire Gaza et qui ont empêché toute dénonciation onusienne contre la piraterie en haute-mer envers la Flottille de la Liberté. Ce sont ces mêmes masses arabes qui aujourd’hui entendent les responsables du Hamas exiger de pouvoir se concerter avec les harkis de l’Autorité palestinienne et accepter de céder 80 % de la terre palestinienne avant même de s’être assis à la table des négociations.
Le Viêt-Cong et le FLN algérien ont négocié avec les envahisseurs, mais seulement pour discuter des modalités du retrait de l’ennemi, et non pas pour convenir du pourcentage de leur terre qu’ils abandonneraient aux colonisateurs.
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Palestine
Nous convenons avec le Collectif Cheikh Yassine que la collaboration concrète avec l’occupant concret est plus facile à réaliser que la Résistance. Le fils de Mahmoud Abbas vous expliquera clairement qu’il ne pourrait diriger son entreprise de télécommunications en Cisjordanie occupée, ni obtenir de voiture de fonction, ni de sauf-conduits pour passer prestement les check-points, s’il s’aventurait à frayer avec la Résistance. Le discours « réaliste, complexe et concret » a déjà été servi au peuple palestinien au moment de la capitulation d’Oslo : il sait où cela la mené.
La lutte de libération nationale palestinienne ne peut être dirigée, ni par conséquent gagnée, de l’extérieur de la Palestine et la liberté ne sera jamais offerte aux Palestiniens par le geôlier américano-israélien. Le Jihad Islamique a bien raison de refuser toute concertation avec le pouvoir harki qui siège à Ramallah. Le Hamas devrait suivre cet exemple. Un proverbe afghan dit « Vous avez la montre, nous avons le temps », un proverbe canadien dit « Le bœuf est lent, mais la terre est patiente, elle se donne à qui la travaille. ».
Ces maximes devraient guider l’action de la Résistance palestinienne.

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