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dimanche 6 mars 2011

Emilio : ou ce que sont capables de faire les agents à la solde des USA (Granma)


Emilio
DEYSI FRANCIS MEXIDOR

« Bonjour aux auditeurs de Radio Republica. Carlos Serpa Maceira, le directeur de l’Union des journalistes libres de Cuba, vous parle de La Havane… »

La surprise a été grande : Carlos Serpa Maceira, le « journaliste indépendant » qui a fait le plus de reportages pour les médias anticubains en 2009, n’est autre que… Emilio, agent de la Sécurité de l’Etat.
Le ministère de l’Intérieur a décidé de révéler son identité pour illustrer de manière irréfutable le sale boulot des groupuscules de la contre-révolution dans le pays, en montrant qui sont ses principaux agents, au service des administrations successives des Etats-Unis dans leur volonté maladive de renverser la Révolution cubaine. A cette fin, elles dirigent, financent, soutiennent, protègent et encouragent une « dissidence » sans légitimité dans l’île.
Où es-tu né ?Je suis de Cardenas, de la province de Matanzas. Cardenas est le berceau du leader étudiant José Antonio Echeverria. Et je suis né un 10 octobre, le jour où, en 1868, Carlos Manuel de Céspedes, le Père de la Patrie, engagea depuis l’usine à sucre de La Demajagua la guerre des dix ans, au cri de « l’Indépendance ou la mort ! ». Voilà pourquoi je m’appelle Carlos Manuel.

Lorsqu’il a été informé que sa
véritable identité serait révélée publiquement, il a pensé que c’était là le meilleur cadeau pour sa fille Tita.

Mais tu as des affinités particulières avec l’île de la Jeunesse ?C’est là que je vis et qu’est née ma fille il y a 18 ans. L’île de la Jeunesse est au cœur de mon histoire personnelle.

Dans quel contexte surgit Emilio ?Emilio est mon pseudonyme pour la Sécurité de l’Etat. C’est le nom de mon oncle, qui m’a élevé. J’ai pensé que la meilleure manière d’honorer sa mémoire et la cause qu’il a défendue était de porter son nom. Mon oncle a combattu à Playa Giron.
« Emilio, l’agent, s’est mis aux ordres de la Sécurité en 2001. »
Avec qui es-tu alors entré en relation ?Avec le dénommé Comité local pro droits de l’homme, dont le président était Hubert Rodriguez Tudela, qui se trouve aujourd’hui aux Etats-Unis. Je passe ensuite à la Fondation de l’île des Pins des Droits de l’homme et du Développement territorial, un autre groupuscule contre-révolutionnaire qui s’était constitué sur place et dont je deviens une sorte de « porte-parole ». C’est dans cette étape que je commence à fournir mes premiers reportages à Radio Marti.

Carlos Manuel Serpa a réussi à avoir accès aux plus hauts responsables de la SINA, dont Michael Parmly.

« Après, je suis entré à l’Union des journalistes et des écrivains cubains indépendants, une prétendue agence de presse présentant le même profil que les groupes susmentionnés et dirigée par Fara Armenteros, qui elle aussi réside aujourd’hui aux Etats-Unis.
Comment entrez-vous en contact ?Je travaillais comme inspecteur d’Etat. Certains éléments contre-révolutionnaires m’ont contacté, et j’en ai immédiatement informé la Sécurité de l’Etat. C’est à partir de là qu’une mission m’a été confiée.
Comment arrives-tu à La Havane ?En raison des tâches de plus en plus complexes qui me sont confiées. Mes supérieurs me demandent de partir pour la capitale.
« Et c’est là que j’ai eu le plus de contact avec la contre-révolution. »
A partir de ton expérience, que penses-tu de ladite « opposition » ou de la « dissidence » intérieure ?La contre-révolution a vendu son âme au Diable. Ce sont des mercenaires dépourvus de tout patriotisme et de toute conviction. Ce qui les intéresse, ce sont les dollars : ils font leur petite campagne et ils y gagnent des dollars. Un des meilleurs exemples est celui de Jorge Luis Garcia Pérez (Antunez), autour de qui on a fait beaucoup de battage à l’étranger.
« Il prétend qu’il va convoquer une marche contre-révolutionnaire n’importe où à Cuba et, automatiquement, il reçoit de l’argent.
En fonction de reporter, sous les orientations d’un fonctionnaire de la SINA.
D’ici, ils informent que la « manifestation » a rassemblé 150 à 200 personnes – ce qui est absolument faux parce que, quand a fait quelque chose, il est sorti avec deux ou trois provocateurs –. Et que fait Antunez de cet argent ? Mener la grande vie.
« Il y a les cas de Martha Beatriz Roque Cabello, qui reçoit des sommes considérables – et on sait bien qui est Martha Beatriz –, d’Elizardo Sanchez, de Juan Carlos Gonzalez Leyva, ce dernier étant le secrétaire exécutif du prétendu « Conseil des rapporteurs sur les droits de l’homme à Cuba ».
« Gonzalez Leyva a fait du mercenariat le moyen d’obtenir des faveurs personnelles. Par exemple, il a aidé plusieurs femmes avec qui il a eu des relations à sortir de Cuba en les faisant entrer au Programme des réfugiés de la SINA. Il est allé raconter à des organisations contre-révolutionnaires de Miami qu’il lui fallait de l’argent pour alimenter les cartes téléphoniques des prisonniers, il en reçoit et le garde pour lui.
« Il est clair que ces prétendus dissidents ne sont animés par aucune éthique. Pour eux, ce qui compte, c’est l’argent. Bon nombre de ceux qui sont liés à ces groupes sont allés jusqu’à réclamer l’intensification du blocus contre notre patrie.
« Ils m’ont proposé un jour d’écrire sur un blog qu’ils allaient administrer et dont ils m’ont même révélé le nom : El Guayacan cubano. Ils m’ont précisé qu’il devait être semblable à celui de la contre-révolutionnaire Yoani Sanchez et m’ont fait valoir qu’en y participant, je pourrais bien gagner ma vie. »
Et comment ce blog était-il censé fonctionner ?Ils m’ont expliqué que le blog demanderait des dons à ses lecteurs, ils ont bien précisé : « Nous, on administre le blog El Guayacan cubano, et toi, tu demandes à tes lecteurs de t’envoyer de l’argent pour assurer ta subsistance. »
« L’administrateur du blog est Enrique Blanco, un contre-révolutionnaire résidant à Porto Rico. Il appartient à un projet dénommé Operation Liborio, et qui est censé financer ladite opposition depuis l’extérieur.
« Il a fait paraître des informations sur le blog sous ma signature. Par exemple, si je ne peux pas assister à telle ou telle activité, et il s’agit presque toujours des activités des Dames en blanc, il les appelle directement et rédige l’information. »
Puisque nous parlons d’information, est-il difficile d’organiser une campagne médiatique contre Cuba ?
« Je peux inventer ici même une nouvelle et elle est immédiatement diffusée, sans contrôle ni vérification. »
Pas du tout. Dans mon cas, il me suffit de joindre Radio Marti, et ils me rappellent immédiatement. Je peux inventer une nouvelle ici même, et ils la diffusent sans rien confirmer ni vérifier.
« Il n’y a pas longtemps, j’ai moi-même monté tout un cirque autour du procès d’une contre-révolutionnaire. J’ai dit qu’en sortant de chez moi, je passais devant le siège du Tribunal provincial révolutionnaire de La Havane et que j’avais vu un grand déploiement d’agents de la sécurité de l’Etat, que j’avais pu observer aussi la présence de représentants de la presse étrangère, qui ne m’avaient pas vu…
« J’ai ajouté quelques « ornements » à mon histoire : les agents de la Sécurité m’avaient reconnu et m’avaient forcé, sous la menace, à monter dans une voiture pour me conduire à un commissariat tout proche.
Lorsque j’ai appelé Radio Marti, la personne qui m’a répondu au téléphone m’a prévenu : « quand tu parles de menaces, il faut que tu précises lesquelles… » J’ai répondu que oui, tout à fait, qu’elle ne s’inquiète pas, et à partir de là j’ai écrit ma « nouvelle ».
« Radio Marti ne confirme rien. Pour ces gens-là, tout est bon pourvu que Cuba soit dénigrée. Dès que j’ai eu transmis mon rapport, ils m’ont dit que celui-ci serait diffusé dans les bulletins d’information.
« Dans les campagnes médiatiques contre Cuba, le scénario nous vient toujours de l’extérieur. Tout n’est que mensonge, de fausses histoires d’arrestation, des incidents montés de toutes pièces. »
Quelles sont les organisations qui se prêtent le mieux à l’orchestration de ces campagnes à l’étranger ?--En toute certitude, la Société interaméricaine de presse (SIP) et Reporters sans frontières (RSF). Ces deux organisations sont prêtes vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept à fomenter n’importe quelle campagne médiatique contre notre pays.
Comment fonctionne le Programme des réfugiés de la SINA ?Le Programme de réfugiés du Bureau des intérêts des Etats-Unis a pour objectif de démontrer qu’un certain nombre de personnes quittent Cuba pour cause de persécution politique, et c’est justement ce qui motive la plupart des agents de la contre-révolution à faire leur « boulot » à l’intérieur de l’île.
« Ils doivent fournir à la Section des réfugiés la preuve qu’ils sont harcelés par le gouvernement cubain, ils inventent des « arguments » pour décrocher un visa.
« La manipulation du terme de « réfugié » est manifeste, à en juger par la quantité de visas délivrés à ce titre chaque année. La plupart de ces individus obtiennent la résidence aux Etats-Unis et viennent ensuite à Cuba en visite, sans être importunés ni arrêtés, ni par la police ni par la Sécurité de l’Etat. Pour les réfugiés, les vrais, d’autres pays, la situation est tout à fait différente…
« En mars 2010, les Dames en blanc ont monté des provocations. L’une d’elles, appartenant au groupe de soutien, m’a dit dès le premier jour : « Serpa, j’ai besoin de ton aide ; il me faut des preuves car je vais avoir mon entretien au service des Réfugiés la semaine prochaine. Il lui fallait son « aval » politique. Il leur faut des photos, par exemple, où on les voit défiler dans les rues, parce que le programme a besoin, entre autres choses, de nouvelles qui sortent sur Internet. Laissez-moi vous dire que n’importe quelle femme se présente au fameux entretien avec des photos, et pour la SINA, c’est un argument de poids… »
Il n’y a pas que la SINA qui aide les groupuscules de la contre-révolution. Que pouvez-vous nous dire des autres ambassades ?Ici, à La Havane, un groupe sélect d’ambassades de l’Union européenne soutiennent ouvertement la subversion, et je peux citer quelques cas.
« A l’ambassade de Pologne, le diplomate Jacek Padee, en charge des affaires politiques, assistait fréquemment à des activités de ce type.
« Avant que ne s’achève sa mission ici, M. Padee est venu me trouver personnellement pour récupérer les vidéos que j’avais pu filmer en plusieurs points du territoire cubain pour la réalisation d’un documentaire sur le contre-révolutionnaire Orlando Zapata Tamayo. Ces vidéos, il les a envoyées de son ordinateur à Pedro Corso, le directeur de l’Institut de la mémoire historique contre le totalitarisme, un groupe qui a son siège à Miami.
« L’ambassade de Hollande fournit régulièrement des ressources à la contre-révolution, notamment en matériel de bureau, mais aussi pour l’accès à Internet.
« A l’ambassade de la République tchèque, les groupuscules se voient offrir des médicaments, et les « dissidents » sont invités à fournir des informations sur les « violations » des droits de l’homme. Le fonctionnaire de cette ambassade directement impliqué dans ces agissements est M. Pete Brandel. La représentation de la Suède fait à peu près la même chose.
« Le conseiller de l’ambassade d’Allemagne, Volker Pellet, est un complice notoire : il est sorti dans la rue pour soutenir les Dames en blanc dans leurs provocations.
« Autrement dit, plusieurs ambassades européennes à La Havane se sont prêtées au sale boulot requis par ces actes de mauvaise foi contre notre peuple et notre Révolution.
« En ce qui concerne le fonctionnement de la SINA, je peux vous parler des agissements de deux de ses fonctionnaires : Kathleen Duffy et Lowell Dale Lawton
« A un des thés littéraires organisés par les Dames en blanc, Laura Pollan, chef de file du groupe, m’a demandé de la filmer en vidéo pendant qu’elle remercierait la Fondation nationale cubano-américaine pour son soutien au groupe.
« J’ai donc pris les images et j’en ai parlé à Duffy, qui m’a dit : « J’en ai déjà parlé à mes chefs. » Elle a transféré sur son ordinateur personnel le film que j’avais sur ma clé USB, elle a ouvert un compte sur Youtube à mon nom, et elle y a mis le film. »
« Pendant les événements de mars, Laura Pollan m’a ordonné de faire passer des messages à cette fonctionnaire, parce que c’est elle qui est censée contrôler les prétendues violations des droits de l’homme.
« Quant à Lowell Dale Lawton, il m’a demandé d’évaluer les actions des Dames en blanc, spécialement après les critiques des médias que lui a values sa participation à ces actes de provocation.
« Lawton a reçu les photos et les rapports qu’il m’a demandés par courrier électronique. Le lendemain de la marche contre-révolutionnaire organisée à Miami par Gloria Estefan, je suis allé à la SINA et Lawton m’a envoyé chercher dans une de leurs salles d’accès à Internet. Il voulait me voir en tête à tête pour me demander des informations sur ce qui s’était passé dans le cadre de la provocation montée le 25 mars. Il ne fait aucun doute que la question des Dames en blanc a donné lieu à d’énormes manipulations. Elles ont tout l’accès qu’elles veulent à la SINA.
« Par ailleurs, elles se sont livrées, jusqu’à ce jour, à toutes ces provocations parce qu’elles se savaient protégées par les forces de police cubaines et les membres du ministère de l’Intérieur. Elles savent que ce qu’elles cherchent, à savoir un quelconque incident tragique, ne sera pas toléré.
« Et les fonctionnaires du Bureau des intérêts sont au courant. Ils soutiennent la subversion des Dames en blanc mais aussi de tous les groupuscules.
« Maintenant que le gouvernement cubain a pris la décision de libérer les prisonniers contre-révolutionnaires, je crois que leurs actes de provocation ont perdu toute base. Par conséquent, les fonctionnaires de la SINA s’occupent maintenant de faire pression sur quelques-unes des Dames en blanc, dont Laura, pour qu’elles refusent de quitter le pays, et ils montent une campagne de presse pour faire croire au monde que Cuba leur impose l’exil.
« Leur politique contre l’île est donc contradictoire : d’une part, ils persistent à répéter que les gens émigrent parce que la Révolution n’a plus de soutien, et de l’autre, ils ne veulent pas que les contre-révolutionnaires qu’ils ont créés et stimulés le fassent, parce qu’ils n’auraient plus d’acteurs à employer pour leurs plans subversifs. »
Qui est réellement Laura Pollan ?Laura Pollan a été institutrice. Depuis qu’elle est entrée aux Dames en blanc, elle se donne des grands airs de protagoniste et gagne pas mal d’argent. Il y a même eu des conflits entre elle et les autres Dames en blanc pour ce motif.
« Elle est très amie avec Eulalia San Pedro, plus connue sous le nom de Laly, de la FNCA. Cette Eulalia est celle qui envoie les fonds, au nom de la Fondation, pour tous les actes de provocation.
« A propos, lorsque j’ai fait mes débuts de « journaliste » pour les Dames en blanc, je parlais beaucoup, dans mes rapports pour Radio Marti, dans d’autres médias et d’autres sites Internet, des appels téléphoniques qu’adressait Eulalia à Laura à tous les thés littéraires, jusqu’au moment où Pollan en personne et une autre femme du groupe, Miriam Leyva, m’ont demandé de ne plus parler ni d’Eulalia ni de la FNCA dans mes articles, parce qu’il s’agissait d’une organisation terroriste et qu’il risquait à tout moment d’en être question à l’émission de télévision « Table ronde »
Laura est manipulatrice, elle est très habile et a participé à des affaires illicites. Son nom figure sur la liste VIP de la SINA, ce qui lui donne le droit d’y être reçue à toute heure du jour et de la nuit. »
Quel est le canal utilisé pour les approvisionnements destinés à la contre-révolution ?Le principal canal est la Section des intérêts des Etats-Unis, qui viole sans ménagement la Convention de Vienne. Je dirais que 80% de ces approvisionnements passent par les mains des fonctionnaires diplomatiques de la SINA.
« Les Dames en blanc ont reçu des caisses et des caisses de matériel envoyé de Miami par le contre-révolutionnaire Frank Hernandez Trujillo, du groupe de soutien à la « dissidence ».
« La SINA a fourni des ordinateurs portables et d’autres matériels. Chose curieuse, quand ils vous donnent quelque chose il faut signer un reçu, un peu comme pour une livraison normale. Je crois avoir compris que c’est pour que les bénéficiaires remettent ce qui ne leur appartient pas au cas où ils quitteraient le pays. »
Quels sont les principaux terroristes associés à la « dissidence » ?En plus de la FNCA, il y a Horacio Salvador Garcia Cordero, du « Conseil pour la liberté de Cuba ». Il travaille avec Luis Zuñiga Rey.
« Je pense aussi à Angel Pablo Polanco Torrejon, qui s’occupe de promouvoir ici un projet contre-révolutionnaire intitulé Initiative Pro-Changement, sous l’orientation d’Horacio et de Zuñiga.
Pourrais-tu décrire un peu le matériel que reçoit l’« opposition » ayant accès à la SINA?Ce qui retient le plus mon attention est tout ce qu’ils font pour que la contre-révolution s’exprime sur Internet. Ils ont ouvert trois centres d’accès à Internet : un en haut, au Consulat, dénommé Eleanor Center, et, en plus, le Lincoln Center et le Benjamin Franklin Center. Les centres en question s’intitulent Centres de ressources informatives de la Section des intérêts, et ils sont dirigés par le bureau de presse et de culture de la SINA.
« Ils y distribuent de la littérature contre-révolutionnaire. Par exemple, ils reproduisent le Miami Herald à une centaine d’exemplaires et le distribue parmi les contre-révolutionnaires mais aussi parmi les gens qui se présentent pour des démarches migratoires.
« Pour moi, la SINA est une sorte d’état-major qui dirige la tactique et la stratégie de l’activité contre-révolutionnaire. C’est dans ces locaux que les contre-révolutionnaires sont préparés et instruits et qu’on leur permet d’imprimer des tracts, des déclarations sur tout et n’importe quoi, de photocopier des textes qui sont ensuite distribués sur place, y compris aux fonctionnaires. »
Et toi, comment accèdes tu à la SINA ?Comme d’autres, j’ai été autorisé à y aller tous les mercredis, mais quand je suis devenu le « journaliste » des Dames en blanc, j’ai aussi pu m’y rendre le lundi. Il est arrivé que la SINA m’autorise à entrer et à rédiger mes textes sur place.
Appartiens-tu à une catégorie spéciale pour la Section des intérêts ?J’ai un visa. Mon aval « contre-révolutionnaire » m’a valu de bénéficier du Programme des réfugiés. Je suis considéré comme « poursuivi » pour mon travail de « journaliste indépendant ».
Depuis quelle année ?Depuis le 16 novembre 2009. A propos, le visa a été demandé par plusieurs ambassades de l’Union européenne de La Havane, et en particulier par Ingemar Cederberg, ex-ministre conseiller de l’ambassade de Suède.
Comment fabrique-t-on un dissident ?Je suis moi-même un dissident fabriqué. Mon cas illustre la manière dont on peut faire croire à l’étranger qu’il existe ici une solide « opposition » et une prolifération de groupes anticastristes, comme ils se plaisent à le dire.
« Dans ce petit monde je suis à la fois membre, directeur, porte-parole… de groupes quasiment fantômes, qui existent sur le papier mais dont le peuple ne sait même pas qu’ils existent, parce qu’ils n’ont aucune popularité et encore moins de partisans.
« Pour plus de précision, je suis le coordinateur national du projet civique et culturel Julio Tang Texier, financé depuis Miami par le terroriste Angel de Fana Serrano, de « Plantados por la Democracia », qui a fait vingt ans de prison à Cuba pour terrorisme mais qui joue maintenant les pacifistes, les défenseurs des droits de l’homme…
« Je suis aussi directeur de la bibliothèque indépendante Ernest Hemingway ; directeur de l’Union des journalistes libres de Cuba, une organisation formée par cinq autres personnes qui, toutes, n’ont d’autre intérêt que de quitter le pays. Cette « Union des journalistes libres » est aussi payée par Miami, plus précisément par le Directoire démocratique cubain (DDC).
« J’ai été représentant de la brigade 2506. A ce titre j’ai reçu un téléphone portable et de l’argent pour monter des actes de provocation contre notre patrie. Je reste le correspondant de la revue Miscelaneas de Cuba, éditée en Suisse et dirigée par le contre-révolutionnaire Alexis Gainza.
« J’ai été désigné porte-parole et membre de la junte de direction du Front national de résistance et de désobéissance civique à Cuba, dont le support économique provient aussi du DDC, de Femmes anti-répression (MAR) pour Cuba, et d’autres groupes de Miami qui forment l’autoproclamée Assemblée de résistance.
« En plus, je suis l’agent de liaison national des présumés gouvernements d’opposition, que dirige depuis Porto Rico Enrique Blanco, celui-là même qui administre mon blog.
« Voilà comment on fabrique un « dissident » ou un soi-disant « opposant », qui se cache aujourd’hui derrière la façade du bibliothécaire indépendant, du journaliste indépendant, du défenseur des droits de l’homme, etc…
A quoi attribues-tu la solidité de la Révolution cubaine ?A cette unité qui existe entre le peuple et sa Révolution. A cette unité autour de notre commandant en chef invaincu, Fidel Castro, et de Raul. A la force des idées que nous avons toujours défendues.
« Il m’est arrivé de penser que si je n’ai pas pu combattre dans les rangs de l’Armée rebelle, ou dans la clandestinité contre Batista, ou encore empoigner une arme contre les mercenaires débarqués à Playa Giron, ou être un milicien posté dans sa tranchée pendant la crise d’Octobre, ou partir combattre en Angola ou en Ethiopie, la vie m’a tout de même donné l’occasion, avec cette mission, de prendre place en première ligne de défense de notre peuple.
« Sans aucun doute, il y en a qui continuent de nous sous-estimer, mais il y a aussi quelque chose d’évident : les organes de la Sécurité cubaine ont été, restent et resteront où ils doivent être, et au moment propice. Les ennemis de la Révolution, à l’étranger comme dans le pays, n’en finissent pas de tirer les leçons de l’histoire, parce qu’il y aura toujours sur leur chemin, et là où ils s’y attendront le moins, un Emilio. »

Un cadeau pour ma fille Tita• DES que je me suis mis à faire ce travail, elle a perdu beaucoup d’amis. Alors, quand j’ai été informé que mon identité réelle serait rendue publique, je m’en suis réjoui, parce que c’est un beau cadeau pour ma fille Tita. Elle saura que son père n’est pas un traître.
Un jour, elle était encore petite… un contre-révolutionnaire est venu me trouver chez moi, et ma fille s’est mise à écrire à la craie sur une pancarte : « Liberté pour les Cinq Héros ». Le type m’a lancé, éberlué : « Alors, c’est cela que tu enseignes à ta fille ? »
Mes amis sauront aussi que je n’ai jamais viré de bord.« D’un autre côté, je regrette qu’on révèle mon identité aujourd’hui, parce que je m’étais taillé une place de choix dans les rangs de la contre-révolution, et j’aurais pu continuer d’être utile. »

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