Je reviens tout juste d’un séjour à Cuba où j’ai suivi de près sur la chaine de télévision vénézuélienne (VTV) les interventions du président Hugo Chavez en relation aux évènements se succédant en Libye. C’est à l’occasion de la graduation de 3 000 étudiants et étudiantes qu’il a expliqué les difficultés de savoir exactement ce qui se passait en Libye. Les informations, dit-il, sont souvent confuses, dans certains cas contradictoires et leur fiabilité toujours douteuse jusqu’à preuve du contraire.
Il a rappelé qu’en 2002, lors du coup d’État militaire dont il a été victime, des communiqués de presse et même des vidéos, montés de toute pièce, disaient que Chavez tuaient par milliers des civils sans défense. Il a rappelé qu’en Irak le montage médiatique de l’existence des armes de destruction massive n’a été qu’un faux prétexte pour l’invasion du pays. Cette guerre en Irak a fait plus d’un million de morts, le plus souvent d’innocentes victimes d’une guerre fondée sur le mensonge. On peut en dire autant avec cette guerre qui s’éternise en Afghanistan qui a fait, à ce jour, plus de 75 mille morts dont un bon nombre de civils. Il est curieux, dit-il, qu’on ne parle pas du respect des droits humains dans ces conflits qui baignent dans le sang d’hommes, de femmes et d’enfants qui n’ont rien à voir avec les ambitions qui justifient ces guerres.
Il a indiqué que dans un contexte d’informations confuses et non vérifiées il n’était pas juste de condamner ou d’appuyer sans preuves objectives et fondées les divers acteurs du conflit libyen. Il a rappelé que le Venezuela appuyait pleinement le peuple libyen dans son autonomie et dans sa capacité de résoudre par lui-même ses différents. Il a condamné toute intervention extérieure visant à amplifier les différents et à convertir les soulèvements pacifiques du peuple en guerre civile. Il a été bien clair pour dire que toute intervention à l’encontre des droits humains doivent être condamnées et que leurs auteurs, qui qu’ils soient, jugés. Ce principe s’applique à la Libye, à Israël et à tous les pays du monde. On ne peut crier au respect des droits humains quand ça fait notre affaire et se taire quand ça nous convient. Le double-discours, la double-morale ne font pas parties de la conscience révolutionnaire vénézuélienne.
C’est dans ce contexte qu’il a annoncé sa proposition de la mise sur pied d’une délégation de représentants de pays (Europe, Afrique, Moyen Orient et Amérique latine) pour aller sur le terrain y rencontrer les représentants des différentes fractions en conflit et voir de plus près et en direct la réalité des faits. Pour lui, il est important que la communauté internationale ait une vision directe sur ce qui se passe dans ce pays. Déjà la Ligue arabe, les pays Latino-américains de l’ALBA, certains pays d’Afrique et Kadhafi lui-même ont donné leur accord pour cette approche pacifique et conciliante du conflit.
Il y a actuellement une course contre la montre de la part des artisans de la paix et ceux de la guerre. Dans les deux cas c’est la course pour gagner l’appui de l’opinion publique internationale. Ainsi, la machine de la propagande et du lavage de cerveau bat son plein de la part des pays membres de l’OTAN. Nos journaux occidentaux ne parlent pratiquement pas de la solution pacifique dans son contenu. Ils préfèrent s’attarder sur Chavez et Castro, ces deux « diables » de l’Amérique latine et ennemis jurés de l’impérialisme.
J’attends toujours que Benoît XVI prenne la parole en ces temps ou la guerre poursuit sa mission destructrice des peuples et des nations. Déjà Jean-Paul II s’était prononcé contre la guerre en Irak. Qu’en sera-t-il de Benoît XVI ? Sera-t-il capable de reprendre les paroles de Paul VI devant l’Assemblée générale des Nations Unies, le 4 octobre 1965 « L’Humanité devra mettre fin à la guerre ou c’est la guerre qui mettra fin à l’Humanité (...) jamais plus la guerre, jamais plus la guerre ! ».
Il est exactement minuit moins cinq. L’artillerie militaire est en position de tir. Les bombes sont accrochées aux ailes des bombardiers et les peuples retiennent leur souffle.
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