Rebelles Lybiens : Khadaffi pourrait bien être dans le vrai au sujet d’Al Quaïda
Deux documents suggèrent que le Nord Est lybien, centre de la rebellion, est aussi un sanctuaire d’Al Quaïda.
Par Alexander Cockburn
24 mars 2011 “First Post”. – La Guerre en Lybie actuellement dirigée par les USA, les Britanniques, et la France restera certainement comme la plus stupide des entreprises guerrières, bien sûr un peu plus restreinte que lorsque Napoléon s’était mis dans la tête d’envahir la Russie en 1812.
Commençant avec une âpre dispute entre membres de la Coalition se chamaillant sur les raisons fondamentales de l’Opération. Comment pourrait-on « prendre toutes les mesures nécessaires » en bannissant carrément « toute force d’occupation sous quelque forme que ça soit dans n’importe quelle partie de la Lybie » ? La Coalition peut elle tuer Khadaffi et reconnaître un Gouvernement provisoire à Benghazi ? Qui sont réellement ces révolutionnaires et libérateurs de la Nation de l’Est Lybien ?
Aux Etats-Unis, l’offensive a été instituée par la Interventionnistes libéraux. En particulier trois femmes, en commençant par Samantha Power, qui travaille pour l’ « Office des Affaires Multilatérales et des Droits de l’Homme » dans le « Conseil National de Sécurité » de Barack Obama. Il s’agit d’une Américano –Irlandaise, âgée de 41 ans, qui s’était fait un nom dans les années Bush avec son livre « A Problem from Hell », une étude sur la réponse politique US sur le Génocide du Ruanda., et le peu d’empresement de l’Administration Clinton à réagir en force aux massacres.
Elle a du démissionner de son poste de Conseillere de la Campagne d’Obama en avril 2008, après avoir traité Hillary Clinton de « monstre » dans une interview au « Scottsman », mais a été rétablie dans les bonnes grâces après l’élection d’Obama, et le « monstre » qu’elle a en vue actuellement se nomme « Khadaffi ».
L’ambassadeur actuel des Etats-Unis auprès de l’ONU est Susan Rice, la première femme afro-américaine à être nommée à ce poste. Elle est de longue date une fervente interventionniste. En 1996, en tant que membre de l’Administration Clinton, elle a soutenu la force multinationale qui a envahi le Zaïre à partir du Ruanda en 1996 et destitué le Dictateur Mobutu Sese Seiko, déclarant en privé que « n’importe quoi était préférable à Mobutu ».
Mais le 23 février ont commencé les attaques du “Huffington Post”, aux mains de Richard Grenell, qui servait dans la délégation US auprès de l’ONU dans les années Bush. Grenell déclarait rudement en l’occurrence qu’à son avis, Rice et son dernier boss en date, Obama, renvoyaient la balle en touche et abandonnaient le leadership au milieu du tumulte qui embrasait le Moyen-Orient et particulièrement renonçaient à fournir un soutien au soulèvement contre Khadaffi .
Chacune, Susan Rice et Hillary Clinton, se sont pris le coup de gueule de Grenell en pleine figure. Boostées par la mise en cause de leur pouvoir elles ont rectifié abruptement la posture et Clinton a envoyé des salves furieuses contre Khadaffi, le « Chien Fou ». Pour Clinton il faut préciser qu’elle avait déjà réactualisées ses positions sur Obama qu’elle décrivait au début, avant 2008, comme une « mauviette de pacifiste », capable de « piquer un roupillon tranquillement alors que le « téléphone rouge » sonne à 3 heures du matin ».
Pour sa part, Obama n’était pas très chaud pour intervenir, considérant qu’il s’agissait d’un piège coûteux, sinon d’une autre guerre ; et en plus une guerre à laquelle s’opposaient férocement le Secrétaire de la Défense Robert Gates, et les Chef d’Etat Major des Armées. Mais après ça les interventions des libéraux et les pleurs des néo-cons battaient leur plein, et Obama constamment harcelé, poursuivi, et submergé a succombé à la moins convaincante raison de guerre connue dans l’histoire de la Nation.
Il venait juste de se prendre une menace d’ « Impeachment » de la part du Congressman Dennis Kucinich pour s’être arrogé le pouvoir de déclarer la guerre. Pouvoir réservé constitutionnellement au Congrès, même si le Congrès avait déclaré que cette protestation de la part des gauchistes du Congrès était assez débile. Evidemment, comme toujours, la plupart des tenants de la gauche, [ Les Démocrates, NdT], étaient pour une intervention qu’ils ont finalement soutenue en murmurant avec extase ; « Ce sera la seule fois ». Mais par exemple la position sensible, (La mienne), témoigne simplement que rien de bon ne peut venir d’une intervention par les Puissances occidentales que ça soit à but humanitaire ou non.
Cela c’est pour les soutiens de l’intervention aux USA.
En France le responsable de l’intervention est le dandy intellectuel et « nouveau philosophe » Bernard Henry Levy, appelé familièrement BHL par ses admirateurs et ses détracteurs. Ainsi que le raconte Larry Portis dans « La Lettre de Counterpunch », BHL est arrivé à Benghazi le 3 mars. Deux jours après BHL était interviewé sur divers réseaux télés. Il est apparu devant la caméra dans son uniforme habituel, blanc avec une chemise à col, une vareuse noire et sa coiffure échevelée.
Son message était urgent mais rassurant. « Non » a t-il dit, « Khadaffi n’est pas capable de lancer une attaque contre l’Opposition ». « Il n’a pas les moyens de le faire ». Cependant « il doit avoir des avions. C’est là le vrai danger ».
BHL a demandé qu’on brouille les communications radiaos, qu’on détruise les terrains d’atterrissage dans chaque région de Libye et qu’on bombarde le bunker personnel de Khadaffi. En bref ce serait une intervention humanitaire dont les modalités n’étaient pas précisées.
Ensuite comme l’expliquait BHL : « J’ai appelé [Sarkozy] de Benghazi. Et quand je suis rentré, je suis allé au Palais de l’Elysée pour lui dire que les gens du « Conseil National de Transition » étaient de braves gens ».
Donc, le 6 mars BHL revient en France et rencontre Sarkozy . Quatre jours après, le 10 mars, il revoit Sarkozy encore une fois, cette fois en compagnie de trois Libyens, qu’il a encouragé à venir en France, aux côtés des conseillers de Sarkozy.
Le 11 mars, Sarkozy déclare que le « Conseil National de Transition » est le seul représentant légitime du Peuple Libyen. Retour à Benghazi les gens appelaient « au secours » et acclamaient le nom de Sarkozy. La popularité de Sarkozy, selon un sondage officiel en France, a progressé de 20% après ça. Voilà les circonstances dans lesquelles l’intervention a été pensée. Ca n’a pas grand-chose à voir avec le pétrole, mais beaucoup avec les égos et une politique coloniale. Il y a un grand vague ici, au-delà des références enthousiastes aux révolutionnaires romantiques de Benghazi, et à la ridiculisation de Kadhafi face à ses adversaires de l’Est lybien.
En fait deux documents ramènent fortement vers les assertions de Khadaffi sur le sujet.
Le premier est un câble secret du « State Department » de l’Ambassade US à Tripoli en 2008 , une partie des trésors de Wikileak, dénommé «Extremism in Eastern Libya », qui révèle que cette zone est hantée par un fort sentiment djihadiste anti-américain.
Selon le câble de 2008, l’aspect le plus troublant « c’est la fierté que de nombreux Libyens de l’Est, en particulier dans et autour de Dernah, semblent avoir pour le rôle que leurs fils indigènes ont joué dans l’insurrection en Irak ... [et] la capacité des imams radicaux pour propager des messages invitant au soutien et à la participation au djihad ».
Le second document, ou série de documents, est le document intitulé « Sinjad Records », un document d’Al Quaïda qui est parvenu aux mains des Américains en 2007. Ils ont été analysés par le « Combating Terrorism Center» de West-Point. Al Quaïda est un système bureaucratique et les documents précisent les détails sur le personnel, y compris ceux qui sont allés en Irak pour combattre les Américains et les Forces de la Coalition, et si nécessaire y ont commis des attentats-suicides.
Les statistiques analytiques de West-Point sur les personnels d’Al Quaïda concluent que la région qui a fourni le plus de combattants est « per capita » la Lybie.
Les documents montrent que la « vaste majorité ds combattants Lybiens qui ont leur lieu de résidence décrit dans les « Sinjad Records » vivent dans le Nord-Est du pays. Benghazi a fourni de nombreux volontaires. De même Dernah, une ville à 200 km à l’est de Benghazi, dans laquelle un Emirat Islamique a été instauré lorsque la rebellion contre Khadaffi a commencé.
Le reporter du « New York Times », Anthony Shadid a même pu parler avec Abdul-Hakim al-Hasadi qui a prumulgué l’Emirat. Al Hassadi « fait ressortir les bons côtés d’Osama Bin Laden mais dénie prudemment les attaques du 11 septembre sur les Etats-Unis ». Un autre source déclare que « cet admirateur d’Osama serait très influent lors dela formation d’un nouveau gouvernement ».
L’étude de West-Point des « Sinjad Records » démontre que 440 recrues d’Al Quaïda dont les domiciles sont connus viennent de Benghazi qui est la quatrième ville en importance sur la liste. 53 viennent de Darnah soit le plus gros total de toutes les villes enregistrées sur les documents. La deuxième plus importante quantité vient de Riyadh, en Arabie Saoudite. Mais Darnah, (80000 habitants), possède simplement 2% de la ppopulation de Riyadh. Ce qui fait de Darnah « la plus grande fournisseuse de combattants per capita ». Ainsi que l’écrit l’ancien Officier d’Opératons de la CIA Brian Faichild : « en "l’absence apparente de tout projet de gouvernance post-Kadhafi, une ignorance de la nature tribale de la Libye et nos mauvais résultats dans la façon de négocier avec les tribus, vu que les documents du gouvernement américain établissent de façon indiscutable que l’épicentre de la révolte est en proie à un sentiment anti-américain et pro-jihad, et a le soutien explicite d’al-Qaïda pour la révolte, il convient de demander à nos décideurs de quelle façon une intervention militaire américaine à l’appui de cette révolte, en aucune manière vitale par ailleurs, sert les intérêts stratégiques américains ».
Ainsi que je l’ai écrit quelques semaines avant « Il semblerait qu’Osama soit en train de gagner la Grande guerre contre le Terrorisme ».
Mais je n’aurais même jamais rêvé que ce serait la Coalition des Américains, de la France et de la Grande Bretagne qui le perfuseraient pour l’assister dans son travail.
Alexander Cockburn co-édite le bulletin d’information politique et sitewww.counterpunch.org et est un chroniqueur régulier pour « The Nation ».
Traduct Gilong.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les messages anonymes ne seront pas publier