La France s'est engagée militairement lundi dans le conflit inter-ivoirien en menant des bombardements aux côtés de l'ONU, faisant fi des accusations du camp Gbagbo et ouvrant pour son armée un deuxième front en un peu plus de deux semaines, après l'intervention en Libye.
Les troupes françaises ont été autorisées à participer à des actions armées à Abidjan menées par les troupes de l'Onu en Côte d'Ivoire afin de neutraliser les armes lourdes utilisées par le camp Gbagbo contre les populations civiles, a annoncé dans la soirée l'Elysée.
"Le secrétaire général des Nations unies (Ban Ki-moon) a demandé le soutien des forces françaises à ces opérations", a poursuivi la présidence française dans un communiqué.
"Le président de la République (Nicolas Sarkozy) a répondu positivement à cette demande et autorisé les forces françaises" de l'opération Licorne "à participer aux opérations conduites par l'Onuci en vue de la protection des civils", a-t-elle ajouté.
Depuis plusieurs jours, les autorités françaises n'ont eu de cesse d'affirmer que "les forces françaises n'agissent qu'en soutien de la Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire".
Dans le même temps, le déploiement militaire français en Côte d'Ivoire a presque doublé. De 900 hommes, il est passé en début de semaine à environ 1.650 hommes, alors que la France est engagée depuis le 19 mars dans un autre conflit sous le drapeau de l'ONU, contre le régime libyen de Mouammar Kadhafi.
En Côte d'Ivoire, la force française Licorne avait pris dimanche le contrôle de l'aéroport d'Abidjan, suppléant la Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) que Paris appelait depuis plusieurs semaines à jouer un rôle plus efficace. Cette dernière est composée de quelque 10.000 membres, policiers et militaires.
Lundi, les combattants d'Alassane Ouattara, reconnu internationalement comme le nouveau président de Côte d'Ivoire, sont passés à nouveau à l'offensive pour réduire les derniers bastions des troupes de Laurent Gbagbo, chef d'Etat sortant refusant de quitter ses fonctions.
Le camp d'Alassane Ouattara avait réclamé durant le week-end une "forte implication de la France" et de l'ONU. "Il y a des accords de défense entre la Côte d'Ivoire et la France, nous pouvons invoquer ces accords. Alassane Ouattara pourrait demander que la France intervienne plus massivement", a ainsi déclaré Ally Coulibaly, son ambassadeur à Paris.
Dans le même temps, toujours à Paris, Toussaint Alain, un conseiller de Laurent Gbagbo, accusait Licorne d'agir en Côte d'Ivoire "comme une armée d'occupation en dehors de tout mandat" de l'ONU. Il a dénoncé lundi soir les bombardements à Abidjan comme des "actes illégaux" et une "tentative d'assassinat" du président sortant.
L'ex-puissance coloniale, qui avait réduit ces dernières années sa présence militaire en Côte d'Ivoire tout en tentant d'y préserver ses intérêts économiques, avait cherché jusqu'à présent à rester à l'écart des combats.
Pour justifier sa posture militaire, elle a brandi la nécessité de protéger les ressortissants français et étrangers ainsi que les populations civiles. Selon le Quai d'Orsay, plusieurs personnes, dont deux Français, ont été enlevées lundi par des "hommes en armes" à l'hôtel Novotel d'Abidjan.
Le dernier affrontement armé entre la France et les forces de Laurent Gbagbo remonte à novembre 2004, avec un bombardement de l'aviation ivoirienne causant la mort de 9 soldats français à Bouaké (centre).
Des heurts entre l'armée française et des manifestants ivoiriens à Abidjan avaient ensuite fait 57 victimes ivoiriennes, précipitant un départ du pays de près de 8.000 ressortissants français.
(le nouvel obs)
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