Explications de vote de Luc BOURDUGE, Groupe Front de Gauche, concernant un vœu sur l’énergie nucléaire :
Depuis la catastrophe de Japon et la situation grave de la centrale nucléaire de Fukushima, des associations, élus, citoyens, appellent à sortir du nucléaire dans notre pays.
C’est en ce sens que les élus Europe-Ecologie Les Verts, soutenus par les élus socialistes, ainsi que les 2 élus du Parti de gauche, ont adopté un vœu proposant la fermeture des centrales les plus âgées et la sortie de la dépendance nucléaire au plus vite (ci-joint). La droite UPA s’est abstenue.
Pour notre part, nous avons refusé de participer au vote. En voici les raisons :
Si nous ne pouvons que partager cette proposition et aspirer, en effet, à proposer aux générations futures une alternative au nucléaire, ainsi qu’ au développement des énergies émettrices de CO2, force est de constater qu’en refusant un débat global sur la question de l’énergie, de son coût, de l’accès à tous et du rôle du service public, il n’y a pas une volonté manifeste de poser l’ensemble du problème.
Or, la demande d’énergie croît dans le monde (deux milliards de personnes sur la planète en sont privées) et on y répond aujourd’hui majoritairement avec des énergies fossiles, ce qui est contradictoire avec la volonté de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Globalement, si on veut satisfaire les besoins, on va en quelques décennies vers le doublement de la production d’énergie, avec la fin du pétrole dans quelques années.
Face à ces exigences, il n’existe aucun mode de production alternatif permettant de stopper le nucléaire, car il est impossible de se passer du nucléaire uniquement avec du renouvelable et des économies d’énergie, cela impliquerait de réduire de 50 % notre consommation. C’est pourquoi il faut travailler sur l’ensemble des filières de production.
Tous les pays qui ont développé les énergies renouvelables, à l’exemple de l’Allemagne, ont été dans l’obligation de développer ensuite les centrales thermiques pour compenser les périodes où le photovoltaïque et l’éolien ne produisent pas. Aujourd’hui dans ce pays, 47% de la production électrique provient du charbon ou du lignite qui est encore plus « sale » que le charbon !
Cessons de faire croire qu’il y a une alternative au nucléaire à partir des énergies renouvelables. En France, 58 réacteurs nucléaires alimentent notre territoire, nos foyers, nos usines. Un seul réacteur c’est 2300 éoliennes, c’est aussi l’équivalent de la région Languedoc-Rousillon recouverte de panneaux photovoltaïques !
Il est irresponsable de développer cette idée, au risque de n’offrir aucune perspective économique aux générations à venir.
Oui il faut travailler à la sortie de la dépendance au nucléaire, comme il faut travailler à sortir de la dépendance du pétrole. Pour cela, développer la recherche est primordiale, ce qui malheureusement n’est plus vrai aujourd’hui. Il faut travailler sur la complémentarité de l’ensemble des modes de production.
Comme il faut aujourd’hui développer la recherche sur le retraitement des déchets nucléaires, sur la sûreté des installations. En ce sens, seul un pôle public est à même de répondre à cette attente, loin des objectifs capitalistes des grands groupes privés dont le seul intérêt est le retour de dividendes au détriment de la sécurité.
Concernant la gestion des déchets, je tiens à rappeler ici la décision très grave prise en 1997 de fermer la centrale de Superphénix. Comment dénoncer la question des déchets lorsque dans un même temps on décide de fermer la seule installation à même d’appauvrir l’uranium issue des centrales excitantes ?
Comment se porter les défenseurs des énergies propres, alors que la majorité de la Région (sans le groupe communiste) a validé la fermeture du barrage hydraulique de Poutés, en Haute-Loire, en 2006 ?
Comment être si attaché à la baisse des dégagements de CO2, alors que sur l’ensemble du territoire, y compris Auvergnat, se développent des turbines à gaz privées produisant de l’électricité, sans qu’il n’y ait la moindre réaction politique ?
De plus, dans ce vœu proposé, à aucun moment n’est posée la question du coût pour les usagers. L’explosion des projets photovoltaïques, avec une obligation de rachat par EDF de l’électricité produite à des coûts élevés, et les investissements nécessaires sur le réseau (4 Milliards d’€ sur 10 ans) sont et seront répercutés sur la facture des citoyens.
Nous avons fortement insisté pour qu’apparaisse notre opposition à la loi NOME, en vain. Cette loi qui devrait voir le jour à l’été prochain, acte une hausse de 30% de l’énergie sur 4 ans, une obligation de vente de 25% de l’énergie nucléaire au secteur privé, remettant ainsi en cause la maîtrise publique et donc la sûreté tant décriée ! Ce refus démontre le peu d’attachement au service public de l’énergie, alors que l’ouverture à la concurrence et la privatisation de GDF a déjà des répercutions sur les usagers les plus en difficulté. En 1 an les coupures pour factures impayées ont été multipliées par 30, passant de 10 000 à 300 000 !
La privatisation d’EDF et d’un mode de gestion qui privilégie la rentabilité est effectivement dangereux. Il faut donc :
une maîtrise à 100 % publique de la filière énergétique avec des droits nouveaux pour les salariés de cette filière, en matière de sécurité, d’information, de transparence ainsi qu’un véritable contrôle des élus et citoyens.
Pour cela, avant de décider quoique ce soit, le PCF demande la tenue d’un vaste débat public et citoyen à tous les niveaux du pays, posant l’ensemble des problèmes à venir sur la question de l’énergie, dans la transparence et la responsabilité, qui ne se résume pas à la formule « pour ou contre le nucléaire ».
Oui nous sommes face à un véritable défi ! Comment ne pas condamner les générations futures tout en continuant à leur assurer un bien être ? Le bien être c’est assurer des perspectives environnementales, mais aussi économiques. Cela passe par une réflexion globale sur nos modes de vie, sur le rôle de l’énergie dans notre quotidien.
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