FUKUSHIMA (suite) Le SOS du maire de MINAMI SOMA
Dimanche 3 avril. 17H30. Ceci est « un appel au monde », appel à l’aide du maire de Minamisoma (ville de 70 000 habitants en période normale) dans la préfecture de Fukushima, M. Katsunobu Sakurai, SOS qu’il a lancé le 24 mars (voir adresse Web ci-dessous). On ne peut, dix jours plus tard, que se poser une question : où en est-on dans cette ville de Minamisoma ? Après le désastre dû au séisme et au tsunami, on se rend compte que le problème d’une évacuation due a des rejets radioactifs pose des problèmes bien spécifiques (qui se rajoutent ici à toutes les autres difficultés), dont nous ne citerons que deux : peur de se rendre dans la zone par ceux venus de l’extérieur, pour le ravitaillement, notamment (nourriture, mais aussi fuel pour les transports etc.). Difficulté pour les individus sur place de prendre des décisions (partir ou rester ?), et tout particulièrement si le gouvernement et ses relais ne donnent pas d’informations claires, voire pas d'information du tout. Difficulté aussi, sauf à employer les nouveaux moyens de communication, à faire savoir ce qui se passe - surtout si les médias "classiques" ne viennent pas (ou plus) sur les lieux.
Cette ville de Minamisoma fait partie de « l’anneau » (entre 20 et 30 km) où les évacués de la « zone d’exclusion » (d’un rayon de 20 km) autour de la centrale ont dû se rendre, et pour laquelle le gouvernement a fini par suggérer la semaine dernière une « évacuation volontaire ». Dans cet « anneau », il a été demandé aux résidents de demeurer calfeutrés, et le ravitaillement est devenu problématique ces derniers jours. Dès le 17 mars, Monsieur le maire s’était déjà déclaré “furieux” contre le gouvernement et l’opérateur TEPCO dans les colonnes du grand journal japonais “The Mainichi daily news”, rappelant qu’à ce moment-là « la seule source d’information [dont il disposait] au sujet de l’accident dans la centrale nucléaire était les médias ».
Pour tous ceux qui ne comprennent ni le japonais, ni les sous-titres anglais, nous indiquerons ici les principaux messages, que nous avons retenus avec un confrère japonais, M. Kawakita Kiyomasa, qui a bien voulu visionner cette vidéo de 11 minutes pour nous (et que nous remercions pour cela).
ADRESSE de la vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=a78lgT6qavY
« L’infrastructure de notre ville est complètement détruite […] Les banques, les boutiques sont fermées. […] La nourriture, l’essence, tout nous manque. […] Les informations provenant du gouvernement et de TEPCO (l’opérateur de la centrale) sont insuffisantes. […]Même les gens qui veulent nous aider et les médias ont peur de venir dans notre ville qui se trouve à 25km de la centrale nucléaire de Fukushima. […] Nous sommes en train de survivre et de reconstruire nos vies tout en luttant contre l’angoisse de la radioactivité. […] Nous ne pouvons pas faire le suivi de ceux qui sont partis et nous ne savons pas où ils sont allés. Peut-être dans plus de cent endroits différents. […] Je voudrais que vous sachiez l’état actuel de notre ville. […] Je voudrais vous demander votre soutien. Merci beaucoup. »
Le décompte cité dans la vidéo, il y a une dizaine de jours, était de 253 morts, 1260 disparus, et 50 000 personnes parties de la ville. Le réalisateur de la vidéo Kenichiro Nakata, cité par l’agence Kyodo news dans une dépêche du 1er avril, a expliqué que « les résidents victimes du désastre ne savent même pas s’ils doivent rester ou évacuer ».
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