FUKUSHIMA Les réacteurs ne seront pas stabilisés cette année !
Stabiliser les réacteurs de Fukushima sera « impossible avant la fin de l’année » (1), estime désormais TEPCO, l’opérateur de la centrale sinistrée. Une annonce faite ce dimanche 29 mai, mais qui n’a pas été, semble-t-il, très médiatisée. De fait, toute la subtilité de l’annonce vient du mot « stabiliser »… Qu’est-ce que cela peut bien signifier à ce stade ? On sait désormais que les trois cœurs de réacteurs ont fondu, que le combustible mélangé à des morceaux de métal (provenant par exemple des tuyaux divers arrivant sur les cuves) –ce qu’on appelle « corium » - se retrouve au fond des cuves de réacteurs, que ces cuves sont elles-mêmes fissurées et laissent passer ce corium extrêmement chaud (jusqu’à 2800°C), que ce corium s’attaque au béton des enceintes de confinement sous le réacteur… Alors, comment « stabiliser » ? Comment envisager un « circuit » de refroidissement alors que tout liquide finira par s’écouler par des fissures – que l’on serait bien en peine de reboucher actuellement, vu la radioactivité ambiante. Comment envisager un véritable « arrêt à froid » - réalisé normalement par la présence de barres de contrôle – qui n’existent plus ici - et un refroidissement petit à petit moins nécessaire – parce que l’ensemble est contenu et fermé, ce qui n’est plus le cas ici ? (2) En clair, on peut douter - parce que la puissance demeure forte (elle n’est en aucun cas « résiduelle » et allant en diminuant comme dans un véritable arrêt) - qu’une date précise de stabilisation puisse être sérieusement énoncée ! Pendant ce temps, des personnels encaissent de la radioactivité.
L’opérateur lui-même commence à reconnaître que certains travailleurs sont soumis à des expositions très dangereuses. Ainsi, il a été annoncé hier que deux d’entre eux qui sont intervenus sur les unités 3 et 4, ont vu (et cela perdure) leur thyroïde gravement atteinte. Une mesure effectuée le 23 mai (3) a permis de constater que la thyroïde de l’un avait absorbé 7690 becquerels d’iode 131 et celle de l’autre 9760 bq, ce qui correspond à un niveau 10 fois plus élevé que chez les autres intervenants. Pourtant, ils ne se sont pas rendus – sauf si les informations se révèlent tronquées - dans des endroits particulièrement dangereux, tels les intervenants qui ont été obligés d’aller ouvrir ou fermer des vannes ou valves récalcitrantes à la main ! Ils seraient restés dans les salles de contrôle des réacteurs, selon Tepco qui a annoncé par ailleurs que 150 personnes allaient être plus soigneusement examinées.
On finit par se demander combien de personnes vont être soumises à pareil régime ! Et comme le font remarquer certains spécialistes, sauf à en sacrifier délibérément certaines, avec qui continuer à travailler si elles ont atteint les doses maximales autorisées (même si les seuils ont été relevés, comme 250 millisieverts au lieu de 100, pour les travailleurs dans la centrale) ? Et où travailleront-elles ensuite, une fois cette dose atteinte ?
Ce n’est peut-être pas tout à fait un hasard si le ministre de la défense japonais Toshimi Kitazawa, a insisté aujourd’hui lors d’une conférence de presse (4) sur la nécessité pour le Japon de disposer de robots capables d’intervenir en milieu dangereusement irradié. « On a dit que le Japon était une superpuissance robotique » a-t-il déclaré « mais il nous a fallu compter sur les robots venus des Etats-Unis » pour prendre des vidéos ou vérifier certains niveaux de radioactivité. On se souvient aussi que les images (films et photos) des unités dévastées ont été prises depuis des drones (américains mais aussi français), équipement manifestement en défaut au Japon.
Cette nécessité robotique devient cruciale dans des situations aussi dramatiques que celle que connaît actuellement la centrale. Comment agir en milieu aussi contaminé ?
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