Le Parti communiste chilien demande l'ouverture d'une enquête sur les conditions de la mort du poète Pablo Neruda après la découverte de preuves démentant une mort naturelle
Communiqué du Parti communiste du Chili (PCCh)
Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
« Par cette action – pour nous très solennelle – nous déposons une plainte pour que l'on poursuive tout personne qui pourrait être responsable à travers l'intervention présumée de personnes tierces dans la mort du poète et prix Nobel de littérature, Pablo Neruda », s'est exprimé le député et président du Parti communiste, Guillermo Tellier après avoir déposé une plainte devant la Cour d'Appel de la capitale.
Accompagné du secrétaire-général du Parti communiste, le député Lautaro Carmona et des avocats, Hugo Gutierrez (député), Julia Urquieta, Eduardo Contreras et Pedro Piña, conseiller municipal de San Antonio, en présentant leur texte, le parlementaire a déclaré : « Cette plainte a été déposée car sont apparues des versions qui démentent ce que nous considérions jusqu'à ce jour comme la version officielle sur la mort de Pablo Neruda. »
« Le Parti communiste du Chili prend l'entière responsabilité de cet acte. Nous pensons qu'il s'agit un devoir moral impérieux car, par ailleurs, il s'inscrit dans un cadre qui se dessine dans le pays ces derniers temps dans lequel on commence à faire la lumière sur des morts qui paraissaient s'être produites d'une façon et qui en réalité l'ont été tout autrement et avec la présence de personnes tierces et c'est pourquoi nous parlons de crimes contre l'Humanité. C'est le cas de l'ancien président Eduardo Frei Montalva et du ministre Tohá et tout dernièrement des doutes ont été soulevées également sur la mort du président Salvador Allende »
« Nous n'accusons personne a priori, ce que nous voulons c'est que toute la justice soit faite sur ces événements », a affirmé le député Teillier.
L'avocat Eduardo Contreras s'est expliqué : « Le Parti communiste dépose cette plainte car l'ensemble des preuves collectées dans les derniers mois soulèvent clairement un doute légitime sur cette présumée mort naturelle du poète Pablo Neruda. »
« Au témoignage de Manuel Araya s'ajoutent les déclarations de plusieurs personnes, parmi elles l'ancien ambassadeur du Mexique au Chili, Gonzalo Martinez Corbalá, qui se trouvaient avec Pablo le jour avant sa mort, et il pouvait dialoguer tranquillement, il marchait dans la pièce, ils ont échangé des opinions politiques et il a indiqué les objets qu'il désirait emporter dans son voyage au Mexique. Il a exprimé des doutes sur le fait de quitter son pays car il disait qu'il voulait partager le sort de son peuple. »
« Ce sont également les communiqués de presse de l'époque – indique le juriste – ceux de La Tercera et d'El Mercurio qui disent, curieusement, que le poète – dans l'après-midi du dimanche 23 – s'est inoculé une injection, une substance calmante pour ses douleurs. D'après la presse de l'époque – la seule autorisée par la dictature – cela a produit un choc qui a mené finalement à un arrêt cardiaque, ce qui dément le certificat de décès qui parle d'une cathexis, un état de coma qui avait été causé par un cancer en phase terminale. Cela ne s'est pas déroulé ainsi selon les informations mêmes de la presse de l'époque. »
« Ces hypothèses, ces argumentaires et témoignages nous poussent éthiquement, moralement et judiciairement à déposer cette plainte car il ne fait aucun doute qu'avoir Neruda en exil aurait été quelque chose de très difficile pour la dictature et que le Parti communiste avait le devoir de mettre sur pied cette plainte dont la valeur repose sur ceux qui furent les témoins, ceux qui étaient avec Neruda ces jours-là et plus particulièrement le travail réalisé à San Antonio par l'avocat Pedro Piña. Face à la force de l'argument pour que l'on enquête sur la mort de Neruda, personne, aucune fondation ni entité ne devrait faire des commentaires inappropriés », a déclaré Eduardo Contreras.
« Il m'apparaît pertinent d'enquêter sur les déclarations du chauffeur Manuel Araya Osorio qui était la personne responsable de sa sécurité, l'assistant de Pablo Neruda à partir de novembre 1972 jusqu'à sa mort. Il vivait au domicile de Neruda et se trouvait à la clinique Santa María à ses côtés », a expliqué l'avocat et conseiller de San Antonio Pedro Piña.
« Quand Manuel Araya a émis des déclarations qui furent publiées par la revue « Proceso » au Mexique, nous avons commencé à enquêter et nous sommes parvenus à la conclusion que son témoignage est absolument juste, corroborant ce que dit Matilde Urrutia dans son livre « Ma vie avec Pablo Neruda », et un grand doute s'est installé quand nous avons eu accès au certificat de décès de Neruda qui donne comme cause de la mort la cathexis cancéreuse, qui est un état de dénutrition extrême, un état de faiblesse typique des malades en phase terminale. »
« Nous avons les témoignages de 6 à 8 personnes qui étaient avec Neruda dans les 15 jours avant sa mort et qu'ils le décrivent comme une personne en bonne santé, qui mangeait, faisait toutes sortes d'activités, y compris une conversation de Neruda avec l'ambassadeur du Mexique le 22 septembre, pour préparer son voyage vers le Mexique, bénéficiant de l'asile du président Luis Echeverría. En conséquence, il est naturel que nous ayons été fortement surpris en apprenant la cause de la mort constatée dans le certificat de décès car si il souffrait bien d'un cancer, il n'était pas du tout dans une phase terminale ».
« L'autre raison fut qu'en analysant la presse de l'époque, El Mercurio dans son édition du 24 septembre 1972 raconte que Neruda s'est injecté un calmant et qu'il a subi un choc dû à une baisse de pression artérielle, était qui évidemment ne lui correspondait pas car Neruda ne souffrait pas du cœur, qu'il n'avait jamais eu d'antécédent de ce genre. »
« Nous nous sommes entretenus avec le chauffeur, avec les assistants, nous avons identifié une série de personnes qui ont servi, y compris à son domicile, Neruda et elles ont fait s'installer un doute très raisonnable que la mort aurait pu être donnée tandis qu'il se trouvait à la clinique Santa María », a conclu l'avocat Piña.
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