Monde gronde. Un peu partout des peuples se lèvent que l’on opprime. Le Nucléaire explose. Partout, les peuples se demandent si leurs dirigeants vont avoir le courage politique d’en sortir ou de ne pas y entrer. Le Climat s’emballe. Les peuples savent qu’ils en pâtiront et n’en peuvent mais. Le Marché tue. Et les peuples de trinquer pour le maintien d’un système moribond aux mains d’oligarchies aveugles. Ces quatre maîtres mots et la cohorte des maux qui les accompagnent emplissent les colonnes de nos journaux et saturent les canaux de l’information audiovisuelle. C’est dans ce terrible paysage que de timides voix isolées tentent de se faire entendre en France pour soulever un problème minuscule : la défaillance crasse de l’État quant à l’intégration des professeurs et élèves handicapés dans l’École de la République.é , mais ou ira t'on sans remetre en caus eles fondements des régimes capitalistes Crasse ? Oui ! Et le mot est faible.
Il nous faut bien nous excuser de vouloir, avec des moyens dérisoires, construire une revendication sur un thème si fastidieux quand tant de choses plus importantes sont ignorées de la puissance publique. Défendre les retraites est plus important. S’attaquer aux règles mortifères de la finance internationale est plus important. Réclamer la fermeture des paradis fiscaux est plus important. Lutter contre le réchauffement climatique est plus important. Colmater les brèches que les politiques néolibérales creusent dans notre société déjà si fragmentée est plus important. Endiguer la vague xénophobe et raciste qui submerge progressivement notre pays est plus important. Tout est donc plus important que le confort des professeurs et élèves handicapés. Ils sont pourtant tous capables de dispenser leur enseignement pour les premiers, de suivre une scolarité heureuse pour les seconds, pourvu que l’on consente à leur attribuer les moyens techniques et humains nécessaires à une intégration réussie dans les établissement scolaires qui les accueillent. Cependant, à l’heure où les progrès de la Technique sont si formidables et les déclarations gouvernementales sur le handicap si tonitruantes, l’incurie règne encore pour l’essentiel de ce problème comme dans la plupart des domaines où des luttes citoyennes portent aujourd’hui des revendications légitimes au nom du bien commun.
Citoyens, engagés à fond dans de grands combats ou simplement attentifs à la marche du monde, vous devez bousculer, si ce n’est déjà fait, la table de vos diverses négociations et la perception de votre environnement immédiat. C’est à sa capacité à porter vraiment attention aux plus fragiles des siens que l’on juge une société. Il ne vous servira de rien que tous vos combats soient victorieux si la victoire est au prix du mépris de la richesse en humanité de tous ceux que la vie en société ou l’inégale distribution de la bonne santé a fragilisés. Un autre monde est possible mais n’est pas souhaitable sans eux. Osons un lien que vous ne ferez pas tant que vous ne changerez pas de lunettes : combien d’assistants de professeurs ou d’élèves handicapés pourrait-on recruter et rémunérer décemment avec le salaire que M. Luc Ferry a abusivement perçu pour un emploi imaginaire de professeur d’université ? Il paraît qu’ils sont des milliers dans son cas. Ça fait des sous ! Où sont les profiteurs dénoncés récemment par un éminent représentant de l’UMP ? Du côté de ceux qui n’ont que le RSA pour survivre ? Du côté des professeurs handicapés qui souhaitent poursuivre honnêtement leur mission éducative et à qui on reproche leur ténacité à réclamer ce qui leur est légitimement dû ? Non, les profiteurs sont ceux qui piquent allègrement dans la caisse commune à la première occasion. Non, la notoriété n’autorise pas tout, surtout quand il s’agit par contrecoup de causer préjudice à d’autres qui travaillent discrètement dans l’ombre, à l’abri des feux de l’actualité. M. Ferry est philosophe et ancien ministre de l’Éducation nationale. À ce double titre il pourrait s’autoriser à prendre la parole pour défendre notre juste cause. Il semble affectionner les plateaux de télévision : que ne s’en sert-il pas à meilleur escient ? À son corps défendant, soyons réaliste : notre cause, hélas, ne fait pas recette. Ceux qui devraient parler ne le faisant pas, nous continuerons sans eux. On ne nous fera pas taire car nous sommes dans notre bon droit. Et nous n’accepterons jamais que l’on nous dise, quand notre pays compte autant de chômeurs, que le ministère de l’Éducation nationale n’a pas le droit de créer des emplois stables d’assistants de professeurs. Cet argument est tout bonnement minable. Que penser alors de ceux qui le profèrent ?
Yann Fiévet
source via le Grand Soir
Yann Fiévet
source via le Grand Soir
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