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samedi 2 juillet 2011

La flottille pour Gaza , une aventure de tous les non violents et les militants des droits de l'homme









Eric Ruder analyse l’effort des militants internationaux pour briser le siège de Gaza.

Des centaines de militants solidaires de la Palestine se livrent aux derniers préparatifs dans les ports de la Méditerranée avant de prendre la mer pour défier le siège de Gaza en dépit des pressions et des sabotages des forces israéliennes déterminées à les arrêter.
La flottille transportera de l’aide humanitaire dont Gaza a un urgent besoin et les organisateurs espèrent aussi attirer l’attention internationale sur le calvaire des Palestiniens qui vivent sous le siège israélien. Parmi les personnes qui embarquent sur le bateau étasunien pour Gaza se trouve l’auteure et poète Alice Walker qui a reçu le prix Pulitze, la survivante de l’holocauste de 87 ans, Hedy Epstein, l’ancien officier de la CIA, Ray McGovern, la militante des droits de l’homme Kathy Kelly et l’ancienne officielle du département d’état et colonelle à la retraite, Ann Wright.
Mais quand le 28 juin, le jour fixé pour le départ est arrivé et a passé, la lumière s’est faite sur les agissements d’Israël pour empêcher la flottille de prendre la mer.
D’abord, une plainte "anonyme" qui s’est révélée être l’oeuvre du groupe israélien Shurat HaDin, a été déposée contre le bateau étasunien de la flottille, "l’audace de l’espoir" auprès du gouvernement grec sous le prétexte que le bateau n’était pas "apte à prendre la mer". Le 27 juin des officiels grecs ont inspecté le navire et n’ont pas encore rendu leur décision.
La flottille pour Gaza numéro 2, doit comporter 10 vaisseaux qui transportent des centaines de volontaires de plus d’une douzaine de pays. Cela fait des mois que des gens du monde entier s’organisent pour envoyer de l’aide humanitaire, des lettres de soutien et des participants au voyage -dans le but de faire valoir le droit des Palestiniens de contrôler leurs propres frontières.
Lundi cependant, le porte parole de l’armée israélienne, le Lt. Col. Avital Leibovitz, s’est ridiculisé en disant qu’il y "avait des éléments radicaux à bord du bateau américain qui affirmaient vouloir tuer des soldats israéliens." En fait, une grande partie des Américains embarqués sont des militants juifs et des militants non-violents. Leibovitz assure aussi qu’un des bateaux "transporte des produits chimiques incendiaires dangereux" destinés à être utilisés contre les soldats.
Le 27 juin, un bateau qui se trouvait dans un port grec et qui devait transporter des Norvégiens, des Suédois et des Grecs, a été saboté et l’arbre de l’hélice a été sectionné et le 30 juin des militants qui envoient un bateau irlandais à Gaza ont annoncé que leur bateau le Saoirse qui était à quai dans un port turc a aussi été saboté.
Les officiels israéliens ont aussi reconnu qu’ils avaient posté sur Internet une vidéo qui accusait faussement les organisateurs de la flottille d’avoir refusé la participation d’un militant gay à cause de son orientation sexuelle. La calomnie a vite été démasquée mais elle a absorbé les efforts des militants pendant un certain temps.
Mais l’arme la plus importante d’Israël jusqu’à maintenant semble être la menace d’annuler un contrat économique avec la Grèce qui comprend la construction d’un pipeline de gaz dans l’est de la Méditerranée à un moment où le gouvernement grec menace d’être mis en faillite.
"Israël fait le maximum pour essayer d’arrêter la flottille avant qu’elle ait pu partir en menaçant l’économie grec," dit All Wright. "La Grèce est prise en tenaille. Il y a un soutien public énorme pour la flottille mais le gouvernement est violemment pressuré par les Israéliens.... Israël va tenter de détruire l’économie grec s’ils laissent la flottille sortir des ports grecs."
Les militants étasuniens qui participent à la flottille font preuve d’une grande détermination.
"J’ai grandi dans le sud au temps de la ségrégation sous le terrorisme d’état de l’apartheid" dit Alice Walker pour expliquer sa décision de se joindre à la flottille de la liberté. "Quand je suis allée dernièrement en Cisjordanie et à Gaza, c’est comme si je me retrouvais à cette époque-là.... L’humanité ne peut pas laisser faire cela."
Hedy Epstein a fait remarquer que c’était de l’hypocrisie de la part d’Israël de prétendre qu’il s’était retiré de Gaza, car le peuple de Gaza n’avait aucun pouvoir sur les flux de marchandises et de personnes qui entraient et sortaient du territoire.
"Je veux aborder les choses du point de vue de la compassion" a-t-elle confié à un reporter. "Je suis juive, je suis née en Allemagne, je l’ai quitté à 14 ans. Mes parents sont morts dans l’holocauste.... |[Gaza] est la plus grande prison à ciel ouvert du monde... Israël dit qu’il est sorti de Gaza mais il contrôle l’espace aérien, la mer et la terre."
Israël a lancé une campagne internationale pour faire pression sur les gouvernements de la Méditerranée pour qu’ils interdisent aux bateaux de prendre la mer pour Gaza. Il a aussi proféré des menaces précises, jurant de recourir à tous les moyens nécessaires, y compris des tireurs d’élite et des chiens d’attaque pour arrêter les bateaux avant qu’ils n’atteignent Gaza.
Sans surprise les politiciens étasuniens de tout le spectre politique se sont alignés sur Israël et le soutiennent. Par exemple, le sénateur Mark Kirk a demandé à l’administration Obama de "fournir tout le soutien naval et l’aide des opérations spéciales à la marine israélienne pour qu’elle parvienne à arrêter la flottille avant qu’elle ne menace la sécurité des côtes israéliennes et ne mette la vie des Israéliens en danger."
La secrétaire d’état, Hillary Clinton, a exprimé l’entier soutien du département d’état des USA en reprenant l’argument malhonnête d’Israël comme quoi la flottille était contreproductive au but qu’elle s’était fixée à savoir améliorer les conditions de vie du million et demi de Gazaouis.
"Nous en croyons pas que la flottille soit une manière utile et nécessaire d’aider le peuple de Gaza" a affirmé Clinton le 23 juin dans un briefing du département d’état. "Justement, cette semaine, le gouvernement israélien a approuvé un important plan de reconstruction de Gaza. Du matériel de construction va entrer à Gaza et nous pensons que cela ne les aide pas qu’il y ait des flottilles qui font de la provocation en entrant dans les eaux israéliennes et en créant une situation qui donne aux Israéliens le droit de se défendre."
Les arguments de Clinton sont ridicules à plus d’un titre. D’abord l’idée que Israël a tout à coup décidé d’aider à la reconstruction de Gaza au lieu de l’assiéger, de l’étrangler et de le bombarder. Puis la suggestion qu’en navigant vers Gaza, la flottille entrerait dans "les eaux israéliennes". Clinton sait parfaitement que les militants de la flottille sont des adeptes de la non-violence et que leurs bateaux ne transportent que de l’aide humanitaire et ne menacent en aucune façon l’état d’Israël.
La vraie provocation est l’occupation et le siège israéliens illégaux de Gaza -et s’il y a un des deux camps du conflit qui a montré une préférence pour la violence et le mépris des lois, c’est Israël. Il y a une an, il a attaqué une importante flottille internationale qui allait à Gaza et choqué le monde entier en tuant neuf militants humanitaires turcs et en en blessant des dizaines d’autres.
Comme l’a dit l’écrivain palestinien Ali Abunimah, "Quand Clinton invoque le "droit" supposé d’Israël à "se défendre" contre les civils qui cherchent à rejoindre Gaza, cela signifie en fait qu’elle donne le feu vert à Israël pour une nouvelle attaque militaire."
La déclaration de Clinton à propos de la flottille fait suite à deux autres avertissements officiels y compris une recommandation de ne pas y aller en voyage, la veille, qui parlait des violences commises par Israël contre la dernière flottille sans les condamner.
"Nous déconseillons absolument aux citoyens étasuniens de se rendre à Gaza y compris par la mer" stipulait l’avertissement. "De précédentes tentatives d’entrer à Gaza par la mer ont été contrecarrées par la marine israélienne et des citoyens étasuniens ont été blessés, tués, arrêtés et déportés par le gouvernement israélien."
Ray McGovern a trouvé l’avertissement inquiétant. "Nous assistons à un effort conjoint des USA et d’Israël pour faire pression sur tout le monde et surtout maintenant sur les Grecs pour nous arrêter, nous empêcher d’exercer nos droits -et c’est notre droit car nous avons l’autorisation du consul général d’Athènes de prendre la mer pour Gaza," a dit McGovern.
"C’est la première fois depuis 48 ans que je suis à Washington, que trois avertissements, trois avertissements officiels, sont diffusés trois jours de suite sur le même sujet : les Américains ne doivent pas aller par la mer à Gaza et s’ils le font, ce qui arrivera sera de leur faute."
Partout dans le monde, les militants sont prêts a descendre dans la rue en solidarité avec la flottille si elle est attaquée ou empêchée d’aller à Gaza -et j’espère que vous en ferez autant.
Eric Ruder
http://socialistworker.org/2011/06/30/voyage-of-solidarity

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