Gilles Jacquier, grand reporter pour France 2, a été tué ce mercredi 11 janvier en milieu d’après-midi alors qu’il effectuait un reportage avec un co-équipier à Homs. Le journaliste aurait été victime, selon le directeur de l’information deFrance Télévision, Thierry Tuillier, d’une « série de tirs, de mortiers ou de roquettes« . M. Thuillier indique que l’origine de ces tirs est inconnue. Il précise encore que Gilles Jacquier, premier reporter occidental à tomber en Syrie, était présent dans le pays avec l’accord des autorités. Le journaliste, entré à France 2 en 1999, avait déjà couvert les conflits irakien, afghan, palestinien, et avait même obtenu le prestigieux prix Albert-Londres en 2003 pour sa couverture de la deuxième itifada.
Selon un journaliste de l’AFP présent sur les lieux, un autre journaliste occidental aurait été blessé à l’oeil dans cette circonstance, et, selon Reuters une personne à l’identité et à la nationalité non précisées aurait elle aussi péri. L’association Reporters sans frontières, citant un témoin, parle d’un obus tombé sur un groupe de journalistes.
La télévision syrienne Addounia chiffre, elle a huit morts et 25 blessés le bilan de ces tirs d’obus ou de roquettes, l’OSDH parlant lui de cinq Syriens tués.
Un crime signé par les projectiles et la cible qu’ils visaient
Alain Juppé a demandé à ce toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce décès. Naturellement, des opposants de Homs ont immédiatement rejeté la responsabilité de la mort de Gilles Jacquier sur les autorités et les forces de l’ordre syriennes. L’ambassadeur de France à Damas, qui devait se rendre sur place à Homs, a demandé au gouvernement syrien sa coopération pour aider les survivants de l’équipe de France 2.
Alain Juppé demande toute la lumière… Nous avons pu avoir par des contacts à Damas une synthèse de sources concordantes : le groupe de journalistes auquel s’était agrégé Gilles Jacquier a été frappé par trois roquettes de RPG – lance-roquette anti-char – une arme prioritairement utilisée à Homs – contre les blindés de l’armée syrienne – par les rebelles, depuis des semaines.
Par ailleurs le site du Figaro cite le témoignage d’un collègue de Jacquier – Mohammed Ballout, correspondant de la BBC – présent au moment du drame qui ne laisse plus aucun doute sur les responsabilités : « Nous étions deux délégations de journalistes étrangers présents ce mercredi après-midi à Homs. La première, escortée par le ministère de l’information syrien, était composée, outre moi-même, de journalistes des chaînes américaines CNN et CBS et de l’AFP. La seconde délégation était escortée par une religieuse libanaise et comptait dans ses rangs Gilles Jacquier et un autre journaliste de France 2, cinq Belges, deux Suisses, deux Libanais et un journaliste syrien« .
« Nous avons fait le tour des hôpitaux, poursuit Ballout, dans les quartiers de Homs qui sont toujours sous le contrôle de l’armée et, vers 15 heures, mon groupe a quitté le secteur alaouite de Zahira. Quelques instants plus tard, devant l’hopital de Zahira, un attroupement s’est formé de militants pro-Assad qui ont commencé à scander des slogans favorables au régime. Soudain, une roquette RPG a frappé la foule. Huit activistes pro-Bachar ont été tués sur le coup, il y a eu des blessés également« . Bref le crime est signé, sans contestation possible.
Le ou les tireurs ont-il cru avoir affaire à des militaires – dans la mesure où ce déplacement était organisé par les autorités ? En tout cas, ils ont certainement identifié les supporters de Bachar, et ont réagi immédiatement. De toute façon, le tir ne pouvait émaner des militaires qui avaient, bien évidemment, des consignes très strictes quant à la sécurité des équipes de journalistes occidentaux agréés, et travaillant en marge de la mission arabe d’observation, laquelle a constaté, à Homs et ailleurs, un retrait de l’armée des quartiers affectés par les troubles.
Gilles Jacquier est tombé à l’évidence victime de ces snipers et guérilléros urbains dont trop de ses collègues français ont soit nié l’existence soit magnifié la « résistance ». Nous suivrons les développements de cette triste affaire, mais qui n’étonnera pas tous ceux qui, comme nous, n’ont jamais idéalisé ou schématisé la situation à Homs.
Info Syrie
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