"Aujourd'hui, il n'y a plus de communistes en France." C'est une petite phrase lâchéepar François Hollande et rapportée par le Guardian dans un article publié lundi, qui a déclenché les foudres de la gauche de la gauche. Préparant une visite en Grande-Bretagne, le candidat socialiste a en effet rencontré des médias anglosaxons, raconte la journaliste du Guardian, Angelique Chrisafis. Dans cet article, intitulé "François Hollande cherche à rassurer la Grande-Bretagne et la City de Londres", M. Hollande revient notamment sur les années Mitterrand.
"Les années 1980 étaient différentes d'aujourd'hui. Les gens disaient qu'il y auraient des chars soviétiques sur la place de la Concorde. Cette époque est terminée. Cela appartient désormais à l'histoire. C'est normal qu'il y ait eu des craintes à l'époque. La droite était au pouvoir depuis vingt-trois ans, c'était la Guerre froide et Mitterrand avait nommé des ministres communistes au gouvernement. Aujourd'hui, il n'y a plus de communistes en France... La gauche a été au gouvernement pendant quinze ans, nous avons libéralisé l'économie et ouvert les marchés à la finance et aux privatisations. Il n'y a donc pas de craintes à avoir", selon les propos de M. Hollande, rapportés dans le Guardian.
"Cette parole ne lui portera pas chance"
Ces paroles sont visiblement restées en travers de la gorge des communistes."C'est un propos tellement contraire à la réalité qu'il a lui-même été contraint de le démentir à Saint-Etienne", a réagi Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, au Monde.fr. Interpellé mardi par de jeunes militants communistes stéphanois, M. Hollande n'a pas démenti ces propos mais les a précisés : "Il y a des communistes et un Parti communiste en France, mais ils ne sont plus ce qu'ils étaient en 1981. A l'époque il faisait 20-22 %, aujourd'hui ils font 10 %." Si le numéro un des communistes ne conteste pas ces éléments, il met en garde le candidat socialiste :"La leçon qu'il devrait en tirer, c'est de se garder de toute attitude de mépris à l'égard d'une force sans laquelle il n'y aura pas d'histoire de la gauche dans quelques semaines."
"Les 132 000 adhérents du PCF et ses 10 000 élus seront contents de l'apprendre", a également réagi Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, qui estime que "les génuflexions de François Hollande devant la City font du mal à la gauche". Car l'ensemble des déclarations de M. Hollande, rapportées dans le Guardian, qui ont choqué les communistes. "En voulant rassurer la finance britannique, François Hollande ne nous rassure pas du tout", a regretté la député PCF de Seine-Saint-Denis, Marie-George Buffet, dans un communiqué. "Le peuple de gauche, lui, a de quoi s'inquiéter s'il doit passer sous les fourches caudines [des marchés financiers].(...) Ce n'est pas parce que Meryl Streep redore la beauté de Margaret Thatcher qu'il faut se laisser séduire par les sirènes du libéralisme", ajoute l'ancienne première secrétaire du PCF dans un communiqué.
Quant à Jean-Luc Mélenchon, le candidat commun choisi par les militants communistes, il a estimé, en marge d'une rencontre avec la presse étrangère à Paris, que "François Hollande est mal informé, ce qui lui promet quelques déboires"."Il est mauvais observateur et cette parole ne lui portera pas chance", a-t-il ajouté avant de dénoncer son "attitude hautaine insupportable" à l'égard de la gauche. Pour Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche, "on peut se demander s'il y a bien encore un candidat socialiste dans cette campagne". "On aura en tous cas compris qu'il n'est qu'une assurance pour une politique de gauche : le bulletin de vote Jean-Luc Mélenchon", écrit-il dans un communiqué.
RBD
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