Anticipant le démembrement de l’empire ottoman qui a suivi la Première guerre mondiale, dès mai 1916, la France et la Grande-Bretagne négocient en secret le partage du Moyen-Orient (accords Sykes-Picot). Sur une partie de cette région - qu’on appelait alors le Levant - la France se réserve la possession d’un territoire aux frontières arbitraires correspondant à la Syrie et au Liban d’aujourd’hui. [1]
En 1920, la Société des Nations consacre la remise de ce territoire à la France (mandat).
Commandé par le général Gouraud, le corps expéditionnaire français va rencontrer une résistance acharnée de la part des populations farouchement opposées à l’occupation étrangère.
Dès leur débarquement sur le sol syrien, en juillet 1920, les troupes coloniales se heurtent à une insurrection arabe conduite par l'émir Faysal qui dirige le royaume de Damas.
Il faudra l’envoi d’une colonne avec autocanons, automitrailleuses, deux formations de chars d’assaut et l’appui de l’aviation, pour que les troupes françaises parviennent à écraser les insurgés et faire leur entrée à Damas, le 25 juillet 1920.
Dès septembre 1920, la France démembre la Syrie en créant un Etat libanais confessionnel où dominent les chrétiens maronites. Elle joue aussi des oppositions entre populations : Alaouites, Druzes, Kurdes.
En juillet 1925, éclate la révolte druze (ou Grande Révolte syrienne) dirigée par Sultan Pacha al-Atrache. Dès les premiers combats, elle met en déroute les troupes françaises. L’insurrection s’étend et prend une dimension nationale.
En octobre 1925, Damas insurgée est bombardée par l’artillerie durant trois jours sur ordre du général Sarrail. On compte près de 1.500 morts. Des monuments historiques de la vieille ville sont réduits en poussière.
Ce n’est qu’en faisant venir des renforts de troupes du Maroc (30.000 soldats) en mars 1926 que la France parviendra à venir progressivement à bout du mouvement.
En mai 1926, la ville de Damas est de nouveau bombardée - cette fois-ci par l’aviation - provoquant de nouvelles pertes humaines (5.000 morts) et matérielles considérables.
1925 : Damas après les bombardements français
1925 : Troupes françaises combattant dans les rues de Damas
Au début de 1936, une insurrection urbaine embrase la Syrie. Le gouvernement de Front populaire négocie et signe des traités prévoyant l’indépendance de la Syrie et du Liban. Mais ces textes ne seront jamais ratifiés par le Parlement français.
Durant la Seconde guerre mondiale, en juin 1941, le général Catroux, au nom de la France libre, proclame l’indépendance de la Syrie et du Liban. Toutefois, celle-ci ne doit intervenir qu’après un traité qui reste à venir.
Des élections ont lieu en 1943 qui donnent la victoire aux nationalistes. Ceux-ci exigent leur souveraineté immédiate et refusent de la subordonner à un traité.
De Gaulle tergiverse, envoie des troupes et, le 30 mai 1945, donne l'ordre à l'aviation française de bombarder Damas pendant 36 heures d’affilée. On dénombre 500 morts dont 400 civils et des centaines de blessés. Une partie de la ville est détruite dont le parlement syrien.
Mais De Gaulle doit finalement accepter l’arrêt des combats et abandonner ses prétentions. En avril 1946, les derniers soldats français quittent le Levant.
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Durant un quart de siècle, la France a ainsi soumis la Syrie à une dictature féroce et sanguinaire, comme en témoigne le seul fait d’avoir procédé à trois reprises au bombardement de la ville historique de Damas, faisant des milliers de victimes.
Cette réalité rend d’autant plus odieuse l’ingérence de l’ancienne puissance coloniale dans les évènements qui, depuis un an, secouent la Syrie.
Dès le début, la France a cherché à imposer à ce pays un scénario « à la libyenne » en appuyant diplomatiquement et militairement les groupes violents de la contestation à Bachar al-Assad.
La France comme la Grande-Bretagne, avec une participation active de la Turquie, et des monarchies obscurantistes du Qatar et de l’Arabie saoudite, arment et entraînent les « rebelles », troupe composite de Syriens et de mercenaires extérieurs.
Comme en Libye, la France a dépêché des éléments de ses forces spéciales pour apporter un soutien logistique aux « rebelles ». [2]
Il semblerait même que certains d’entre eux aient été arrêtés alors qu’ils opéraient sur le territoire syrien. Cette information est rapportée par Médiapart qui accuse les médias français de le taire sous l’effet d’une véritable censure militaire. [3]
[1] Les Britanniques exercent leur tutelle sur la Palestine, la Transjordanie et l’Irak.
[2] Voir un article précédent :http://lepetitblanquiste.hautetfort.com/archive/2012/01/1...
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