C’est à un symbole mondialement connu de la Grande Guerre auquel on s’est attaqué dans la nuit de mercredi à jeudi. L’Ossuaire de Douaumont, qui abrite les restes d’environ 130.000 soldats majoritairement Français et Allemands, a été profané. En effet, quatre vitres carrées, situées au ras du sol à l’extérieur du bâtiment et permettant de voir les ossements des combattants, ont été forcées. Selon les premiers éléments, c’est avec un chalumeau que le ou les individus ont brûlé le joint de silicone de l’huisserie permettant ensuite, d’un coup de pied, de désolidariser le carreau du châssis.
C’est à l’abri des regards, derrière les palissades du chantier de rénovation de l’Ossuaire dans l’optique du Centenaire de la Grande Guerre, que les faits se sont déroulés. C’est d’ailleurs les ouvriers de l’entreprise, en arrivant sur les lieux, qui ont découvert les dégâts. Des repérages semblent aussi avoir été effectués : des traces de frottement ont été découvertes sur les vitres, histoire d’essuyer la condensation pour estimer laquelle des alvéoles étaient la plus intéressante pour eux.
Ces fenêtres donnent chacune dans un caveau recelant les ossements de combattants anonymes retrouvés dans des zones bien précises du champ de bataille. Les profanations concernent les secteurs de Froideterre, Fleury, Cote 304 et Samogneux. Même si la provenance des ossements ne semble pas avoir influencé le choix.
Sur place, Yves Le Clair, procureur de la République de Verdun a confirmé que le ou les individus ont « pénétré à l’intérieur et ont dérobé une quantité non déterminée d’ossements » et en particulier des crânes. Quelques boîtes crâniennes semblent même avoir été « mises de côté » dans une alvéole. Peut-être pour les trier. Les malfaiteurs, qui ont visiblement agi avec des gants, ne recherchaient apparemment que des crânes en très bon état. En outre, lors de l’intrusion dans un caveau, un individu a dû s’enfoncer dans la masse d’ossements, créant une excavation dans les restes humains.
Pour l’heure, aucune piste n’est écartée sur les motivations précises de cet acte : pari stupide, collectionneurs, satanistes, malveillance… L’enquête est confiée à la brigade des recherches de la gendarmerie de Verdun pour vols aggravés et profanation de sépulture. La cellule d’investigation criminelle de Bar-le-Duc a procédé à des prélèvements biologiques qui seront envoyés en urgence à Rosny-sous-Bois pour analyses ADN.
Ce genre de profanations ne s’était pas produit depuis les années 1960. Les autorités civiles et militaires sont arrivées en masse sur les lieux. Le personnel de l’Ossuaire a été auditionné et les bandes de la vidéosurveillance vont être passées au crible.
En fin d’après-midi, Gérard Longuet, ministre de la Défense et des Anciens Combattants s’est rendu sur place. Il a ressenti « une très vive émotion » avant d’ajouter : « Laissons les combattants en paix, respectons-les ». Avant de condamner un « acte inacceptable » et d’évoquer « le délire d’un fou ».
Frédéric PLANCARD
Un Numéro Vert est mis à disposition des éventuels témoins : .
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