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vendredi 16 mars 2012

L'extrême droite est déjà au pouvoir partout l'économie n'est elle pas un pouvoir inhumain , portant atteinte à la vie même des gens


Ce 14 mars, au journal de 7 h de France Inter, j’ai entendu deux informations que les journalistes, jusqu’à maintenant, n’ont pas cherché à rapprocher (en dépit de leurs évidentes ressemblances). Ces informations sont :


1. La critique de personnalités politiques et de médias étrangers (allemands, belges et américains) sur Nicolas Sarkozy, disant que celui-ci fait une campagne d’extrême droite, certains allant même jusqu’à l’appeler "Nicolas Le Pen".
2. L’annonce que, dans les élections primaires du Parti républicain aux États-Unis, le candidat "modéré" Mitt Romney n’était arrivé que troisième aux scrutins de l’Alabama et du Mississippi, derrière les deux candidats ultraconservateurs Rick Santorum et Newt Gingrich.
- Quel est le rapport entre les deux ? Celui-ci : dans les deux pays, le parti de droite dominant (UMP en France, Parti républicain aux États-Unis) est tiraillé entre une pulsion centriste et une pulsion extrémiste de droite. Certes, la situation n’est pas tout à fait la même : en France, le candidat de droite est au pouvoir, alors qu’aux États-Unis le Parti républicain est dans l’opposition et n’a pas encore choisi son candidat. Aux États-Unis, la modalité du tiraillement est que les élections donnent tantôt l’avantage au candidat "modéré", tantôt à l’un de ses rivaux ultraconservateurs. En France, la modalité du tiraillement est que le candidat Sarkozy tantôt durcit sa position en matière d’immigration, de "laïcité" ou de politique pénale, tantôt fait une annonce "sociale" en direction des plus pauvres ou à l’encontre des plus riches...
- Une autre ressemblance est celle-ci : aux États-Unis, les candidats républicains, outrageusement favorables aux riches, se lancent néanmoins à la tête des accusations d’enrichissement malhonnête, de spéculation, d’exploitation des plus pauvres. En France, le candidat Sarkozy, bien qu’également très ami des riches (et même des très riches) propose parfois des mesures fiscales (certes fort modestes) à l’encontre de ces très riches. Tout se passe donc, dans les deux pays, comme si les candidats de droite, en dépit de leurs tropismes ploutocratiques, se rendaient tout de même compte de l’aversion de la majorité de la population envers les grandes fortunes...
[Il me revient à l’esprit une image : lorsque j’étais plus jeune, un de mes proches m’amenait parfois faire un tour à moto. Et il me prévenait : "Dans les virages, je vais me pencher près de la chaussée. Même si cela te fait peur, penche-toi dans le même sens que moi. Ne cherche pas à te redresser, sinon on va dans le mur !". Je me demande si cette loi de physique élémentaire ne pourrait aussi s’appliquer en matière électorale : à vouloir attirer simultanément deux électorats dissemblables, voire opposés, ne risque-t-on pas aussi "d’aller dans le mur électoral" ?].
- Autre information, marginalement liée à la précédente. Il y a quelques jours, le magazine américain /Forbes /donnait, comme tous les ans, sa liste des personnalités les plus riches du monde. On avait donc, en 1re position, le Mexicain Carlos Slim, en 2e et 3e positions, les Étatsuniens Bill Gates et Warren Buffett, et, en 4e position... le Français Bernard Arnault !
- Mon observation à ce sujet est celle-ci : l’information a été donnée (en particulier sur France 2 et sur France 3) sans commentaires, mais avec des vues filmées de Bernard Arnault (alors que Bill Gates et Warren Buffett n’étaient figurés qu’en photo), et elle a été donnée comme si, sur ce point, elle représentait une fierté pour la France. Elle a été donnée comme si on annonçait que la France était le deuxième concepteur au monde de microprocesseurs ou le deuxième titulaire de médailles Fields (ce qui, en passant, est d’ailleurs la vérité). J’ai donc eu l’impression que les journalistes tiraient quelque fierté qu’un Français "batte un record" dans ce domaine, comme si ce "record" était censé témoigner, indirectement, de la bonne santé économique du pays, de son dynamisme, etc.
- Il est significatif, au demeurant, que l’on mette ainsi en avant, annuellement, ce classement, mais jamais celui du coefficient de Gini. [Le coefficient de Gini est un indice, étalonné de 0 à 1, qui donne la distribution des revenus à l’intérieur d’un pays. Le 0 représente l’égalité parfaite et le 1 l’inégalité totale. Dans ce classement, établi sur 124 pays, le pays le plus égalitaire figure en premier (et c’est le Danemark). La France figure au 16e rang, les États-Unis au 74e, et le Mexique... au 109e].
Philippe ARNAUD

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