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jeudi 31 mai 2012

Ce matin commence le congrés de la FDSEA de l'Allier

 Financiarisation de l'agriculture , quel avenir pour nous dans un régime ou tout ce décide au travers du prisme de la rentabilité financière .....

 L'après midi nous aurons un débat avec un paysan qui a claqué la porte  et livre une bataille sans relâche contre la grande distribution

 Le tout se déroulera à la salle polyvalente de Bourbon l'Archambault  , le berceau du syndicalisme paysan

mercredi 30 mai 2012

La Grèce dans l'enfer d'une crise sociale terrible : Alexix Tsipras De Syriza explique pourquoi , la crise grèque est une crise européenne capable de se propager en Europe si les banques continuent ainsi....


Helena Smith : Le président du Parlement européen, Martin Schulz, est sorti d’une discussions avec vous ici en Grèce en disant que vous n’êtes pas aussi dangereux que vous pouvez le paraître, M. Tsipras. Est-ce vrai ?
Alexis Tsipras : Nous avons eu un entretien portant sur le fond et il a été assez constructif, et je pense que la première chose qui est nécessaire est de commencer un véritable dialogue. Parce que, vous le savez, si on ne parle pas, on ne peut pas trouver de solution.
Helena Smith : Et cela n’est pas arrivé à ce jour ?
Alexis Tsipras : Jusqu’ici, je crois qu’il n’y a pas eu de véritable discussion, tout comme il n’y a pas eu de négociations politiques en Europe avant le mémorandum sur les conditions et les moyens de faire face aux problèmes budgétaires de la Grèce. Le mémorandum a été une décision politique qui a été prise sans consulter le peuple grec, et il s’est avéré catastrophique. La décision de placer le pays sous la supervision du FMI a été prise par M. Papandreou sans aucune consultation préalable et en l’absence complète de toute tentative politique réelle de faire des demandes auprès de l’Union européenne.
Et nous avons atteint un point où cela s’est révélé désastreux. Après deux montages de soutien financier qui ont été accompagnés par des mesures très dures, la récession reste à des niveaux monumentaux, le chômage a grimpé en flèche, la cohésion sociale s’est effondrée, et la Grèce est en danger d’une crise humanitaire. Et par dessus cela, nous ne voyons pas de résultats. Ni la dette n’a été réduite de manière effective, ni le déficit, et ni la récession ne se sont apaisés. Par conséquent, nous ne pouvons pas insister avec un programme qui s’est avéré catastrophique et inefficace.
Helena Smith : Vous avez parlé du mémorandum comme un chemin qui mènera à l’enfer. A quelle distance sommes-nous de l’enfer ?
Alexis Tsipras : Nous n’avons jamais été dans une si mauvaise situation. Après deux ans et demi de catastrophe, le peuple grec est sur les genoux ; la situation sociale s’est effondrée, un jeune sur deux est sans travail, il y a des gens qui émigrent en masse, le climat est psychologiquement celui du pessimisme, de la dépression, des suicides massifs. Nous ne pouvons pas accepter que ce soit l’avenir d’un pays européen. Et c’est précisément parce que nous reconnaissons que le problème est européen, et qu’il se propage au reste de l’Europe, que nous tirons la sonnette d’alarme et faisons appel aux peuples de l’Europe pour nous soutenir dans un effort pour arrêter cette descente dans ce qui ne peut être appelé qu’un enfer social.
Helena Smith : Il m’a été dit par un de vos assistants que vous êtes né le même jour qu’Hugo Chávez. Avez-vous une bonne relation avec lui ?
Alexis Tsipras : C’est vrai, mais il doit être né quelques années avant moi. Je ne l’ai jamais rencontré, mais j’ai communiqué avec lui, car j’ai été conseillé municipal d’Athènes dans le passé. Je me suis rendu au Venezuela dans le cadre d’une mission de surveillance grecque pour superviser des élections avant de devenir président de la coalition de gauche en 2008. Et depuis, j’ai rencontré son ministre des Affaires étrangères, et nous avons une bonne relation avec l’ambassadeur du Venezuela.
Helena Smith : Chavez est-il l’un de vos héros ?
Alexis Tsipras : Je ne crois pas qu’il existe des héros ou des sauveurs en politique. Je ne me vois pas comme un sauveur : le salut ne peut être trouvé que par le peuple en masse quand il comprend qu’il a le pouvoir entre ses mains. Je suis totalement en désaccord avec la notion d’une nation à la recherche de héros et de sauveurs, en particulier d’une nation qui aurait besoin d’un sauveur. Chaque fois que je suis en contact avec des gens qui me parlent de leurs malheurs et me disent "Sauvez-nous", je leur dis toujours que nous sommes les seules personnes qui pouvons nous sauver nous-mêmes, tous ensembles, quand nous nous rendons compte de la puissance que nous avons entre nos mains. Il s’agit d’une erreur de mettre le salut dans les mains d’individus.
À l’heure actuelle, je représente un parti politique qui fonctionne collectivement, et qui représente la lutte et l’angoisse d’une grande partie du peuple grec. Quelqu’un d’autre pourrait facilement les représenter. Depuis que je suis dans cette position, j’ai essayé de faire de mon mieux mais je sais que mon pouvoir ne dépend pas de mes propres capacités ou de mes points forts mais de la confiance et de la force que les gens vont nous donner par leur vote.
Helena Smith : Etes-vous inquiet ? Dans le cas où Syriza émergeait comme le premier parti et que vous étiez mis en position de gouverner le pays, auriez-vous peur ?
Alexis Tsipras : J’aurais peur, si ce n’était pas le cas et que la Grèce continue sur la voie de la catastrophe et du malheur, où nos enfants, et mes propres enfants, vivent dans un pays qui a été détruit, dans lequel ils ne peuvent plus basiquement vivre et sont obligés de le quitter pour l’étranger. C’est ce qui m’inquiète. Toutes ces années, nous avons permis aux gens qui nous gouvernaient de détruire ce pays. Et nous devons les arrêter.
Helena Smith : Vous êtes né le 28 Juillet 1974. Vous êtes d’une génération qui n’a jamais connu la dictature, mais la démocratie. Le pays dans lequel vous êtes né était-il pour vous et vos parents celui que vous espériez ?
Alexis Tsipras : Je suis né quatre jours après le retour de la démocratie. C’était un moment décisif pour la société grecque, un moment de progrès quand il a mis fin à un joug vieux de sept ans. J’ai grandi à une époque où il y avait des espoirs énormes dans la démocratie grecque et le système politique.
J’étais très jeune mais je me souviens de la période de "allagi" [du changement] après 1980, lorsque le Pasok a pris le pouvoir. Mes parents à cette époque ont voté Pasok, beaucoup de gens qui venaient de la gauche l’ont fait en 1981. Mais je me souviens aussi des attentes qui avaient été créés et de la contribution de la gauche et en particulier de Florakis Harilaos [le défunt leader du parti communiste KKE longtemps proscrit] et de Kyrkos Leonidas [le défunt leader du Parti Communiste de l’Intérieur] à la vie culturelle et la renaissance politique qui se passaient alors en Grèce.
Mais les choses ont changé dans les années 80 et très vite les visions de la démocratie et de l’égalité sociale ont été remplacées par les scandales, les intérêts, un secteur public misérable, et un Etat qui n’applique pas la méritocratie, où pour trouver du travail vous deviez faire le tour des bureaux de députés dans l’espoir de trouver un emploi. C’était un système qui ne donnait pas aux jeunes de possibilités.
Helena Smith : Avez-vous ressenti cela personnellement ?
Alexis Tsipras : J’ai vécu, et je vis, dans ce pays, et en ce sens, bien sûr j’ai ressenti toutes ces choses. Mais j’ai eu la chance de réussir à étudier dans une université très importante [L’École polytechnique d’Athènes] et d’y faire des études de troisième cycle. Et je crois que, malgré les difficultés dans la vie politique et sociale en Grèce, il y a certaines bonnes choses, comme nos universités. Mais ces dernières années, le système politique nous a conduits dans une impasse.
La Nouvelle Démocratie et le PASOK, les deux partis qui étaient en charge du sort du pays pendant toutes ces années, et l’ont fait entrer dans la zone euro, ont travaillé sur la base de profits faciles sur les marchés boursiers, les prêts faciles et les faux besoins de consommation du peuple grec. Ils n’ont rien laissé derrière eux, aucune infrastructure, lorsque pendant plus d’une décennie, entre 1996 et 2008, la Grèce a connu un record de croissance positive - des taux qui, avant les Jeux Olympiques d’Athènes [En 2004] étaient de 7% ou 8%. Où cela est-il passé ? C’est allé dans les poches de certains individus corrompus et fortunés et des banques, à ceux qui ont encaissé des dessous-de-table pour des marchés de la défense et de constructions pour les Jeux Olympiques. Cela n’a pas construit un meilleur état social. Nous n’avons pas construit de meilleures écoles ou de meilleurs hôpitaux, et maintenant le peuple grec est dans une situation bien pire pour affronter la crise que, disons, les Français, les espagnols et les autres Européens.
Helena Smith : Les Grecs en sont-ils au dernier point avant une explosion sociale ?
Alexis Tsipras : Le peuple grec a montré une grande maturité, une maturité énorme. Compte tenu de toutes les choses terribles qu’il a subies, je suis étonné qu’il n’y ait pas eu d’explosion sociale. Avec dignité le peuple grec a protesté, remplissant les rues et remplissant les squares. Avec dignité ils ont été gazés place Syntagma et d’autres places partout dans le pays. Avec dignité ils les ont quitté et ils ont voté, et avec beaucoup de dignité, ils ont résisté contre tout cet alarmisme et ne sont pas allés dans les banques pour retirer leurs petits dépôts, contrairement aux gros hommes d’affaires et aux lobbies de propriétaires de navires et aux industriels ici, qui y sont allés, et sont impliqués dans ce sale jeu de la spéculation.
Helena Smith : Êtes-vous contre l’euro ou êtes-vous contre les politiques menées au nom de l’euro ?
Alexis Tsipras : Bien sûr, que nous ne sommes pas contre l’euro ou l’idée d’une Europe unifiée ou de l’union monétaire. Nous pensons que la résolution du problème ne se trouve pas dans des frictions ou dans une lutte pour la compétitivité entre les différentes nations. Nous devons comprendre que lorsque nous avons une monnaie commune, nous le devons à chaque Etat membre et qu’il a le droit du dernier contributeur. Si la Californie avait un énorme problème avec ses dettes, le Congrès et la Fed n’iraient pas décider d’expulser la Californie du dollar ou des États-Unis. Au lieu de cela, la Fed en assumerait le coût afin qu’il soit en mesure d’emprunter à moindre coût jusqu’à ce que l’État lui-même puisse emprunter à nouveau sur les marchés. Si nous voulons une Europe forte et unie nous devons montrer les dents aux marchés. Lorsque vous créez un FESF qui ressemble à un yacht quand on essaie de le faire passer pour un navire de croisière, les marchés ne vont pas être apaisés.

Helena Smith : Les sondages montrent que Syriza devrait très probablement émerger avec le plus grand nombre de voix lors des prochaines élections. Avez-vous pensé à ce que vous pourriez faire au sein du gouvernement ?
Alexis Tsipras : J’ai pensé à tous les scénarios, et ce sera bien sûr sans précédent dans la politique contemporaine grecque pour un parti, dans l’espace d’un mois, de passer de moins de 5% de l’opposition à figurer au sein du gouvernement. Mais ce que nous avons connu en Grèce ces deux dernières années est aussi sans précédent. La chose serait absurde si le peuple grec n’avait pas réagi et avait permis au destin de suivre son cours. Personne n’a le droit de réduire un peuple fier à un tel état de misère et d’indignité. Ce qui se passe en Grèce avec le mémorandum est un suicide assisté.
Vous me demandez si j’ai peur ? J’aurais peur, si nous avions continué dans cette voie, un chemin vers l’enfer social. La défaite est une bataille qui n’a pas eu lieu, et quand quelqu’un se bat, il a de grandes chances de gagner, et nous nous battrons pour gagner. Les batailles perdues sont des batailles qui n’ont pas été combattues.
Helena Smith : L’Allemagne est-elle votre ennemi ?
Alexis Tsipras : Non, non, pas du tout. La guerre que nous vivons n’est pas entre les nations ni les peuples. D’un côté, il y a des travailleurs et la majorité du peuple, et de l’autre il y a les capitalistes mondiaux, les banquiers, les spéculateurs sur les marchés boursiers, les grands fonds de placement. C’est une guerre entre les peuples et le capitalisme, et la Grèce se trouve sur la ligne de front de cette guerre. Et, comme dans toute guerre, ce qui se passe sur la ligne de front définit la bataille. Ce sera décisif pour les guerres ailleurs. La Grèce est devenue un modèle pour le reste de l’Europe parce qu’elle a été choisie comme une expérience pour l’application du choc des politiques néolibérales, et le peuple grec en a été un cobaye. Si l’expérience se poursuivait, elle serait considérée comme étant un succès, et ces politiques seraient appliqués dans d’autres pays. C’est pourquoi il est si important d’arrêter l’expérience. Ce ne sera pas seulement une victoire pour la Grèce, mais pour toute l’Europe.
Helena Smith : Mais n’est-ce pas très risqué ? La Grèce perçoit des prêts dont sa survie économique dépend.
Alexis Tsipras : Mais qui survit ? Dites le moi. Les Grecs ne sont pas en vie. Les banques survivent, mais les Grecs ne survivent pas. En réalité, nous avons le sauvetage de la Grèce avec la destruction du peuple de la Grèce. Qu’est-ce que finalement la Grèce si ce ne sont pas les gens qui vivent dans ce pays ? Ce ne sont pas les montagnes et les plaines. Nous ne pouvons pas dire que nous sauvons un pays quand ses habitants sont détruits. Les prêts vont directement au paiement des intérêts et des banques. Nous ne voulons pas faire du chantage : nous voulons convaincre nos partenaires européens que la méthode qui a été choisie pour confronter la Grèce a été totalement contre-productive. C’est comme jeter de l’argent dans un puits sans fond.
Ils ont accordé un programme d’assistance la première fois en 2010, la seconde en 2012, et dans six mois, nous seront obligés de discuter d’un troisième montage, et après d’un quatrième. Ils doivent être conscients que ce qu’ils font n’est pas dans l’intérêt de leur propre peuple. Les contribuables européens devraient savoir que s’ils donnent de l’argent à la Grèce, il devrait avoir un effet ... il devrait aller vers des investissements et souscrire à la croissance de sorte que le problème de la dette grecque puisse être confronté. Parce que, avec cette recette, nous ne pouvons pas faire face au problème de la dette, le vrai problème.
Helena Smith : Vous êtes en visite à Paris et à Berlin à compter du lundi. Qui allez-vous rencontrer ?
Alexis Tsipras : Bien sûr, je ne vais pas rencontrer Angela Merkel. Nous aurons des réunions avec des français et des allemands de gauche et sociaux-démocrates et divers représentants des partis au pouvoir en France et en Allemagne.
Helena Smith : Quel message voulez-vous transmettre aux représentants des gouvernements de l’Allemagne et de la France ?
Alexis Tsipras : Qu’ils comprennent la responsabilité historique qui est la leur de ne pas poursuivre un crime contre le peuple grec, un crime qui est aussi un grand danger pour les peuples du reste de l’Europe. Mme Merkel a une énorme responsabilité historique, et elle doit être consciente que, comme chef de file de l’Europe, elle ne peut pas obstinément persister sur un choix qui met l’Europe en danger. Je tiens aussi à envoyer le message qu’ils ont à respecter la démocratie, qui est la base du droit européen. La Grèce a donné la démocratie au reste du monde. Avec le changement des équilibres politiques ici après le vote [du 6 mai] contre le mémorandum, nous assistons à nouveau à la démocratie. L’Europe doit comprendre que quand un peuple prend une décision démocratique, il doit être respecté. Nous sommes à la croisée des mêmes chemins que ceux sur lesquels nous étions dans les années 1930, après 1929. Aux États-Unis, nous avons eu la politique de Roosevelt et le New Deal, un développement complètement différent. En Europe, nous avons eu la montée du national-socialisme en raison de l’insistance dans des politiques budgétaires difficiles, et le résultat a été la seconde guerre mondiale.
Helena Smith : L’Europe a-t-elle besoin d’un Roosevelt ?
Alexis Tsipras : L’Europe a besoin d’un New Deal et d’un Plan Marshall et de politiques monétaires expansionnistes comme celles qui sont suivies par Obama. Elle n’a pas besoin de politiques financières désastreuses.
Helena Smith : Si vous devez négocier avec l’Europe, allez-vous commencer sur la base que vous n’acceptez plus le mémorandum ?
Alexis Tsipras : Ce n’est pas que nous, Syriza, n’en voulons pas : le peuple grec n’en veut pas. Si vous avez un malade, et que vous voyez que le médicament que vous lui donnez le fait empirer, alors la solution est de ne pas continuer le traitement, mais de changer de traitement. C’est simplement logique.
Helena Smith : Mais alors que va-t-il se passer après que vous ayez rejeté le mémorandum et que les créanciers vous diront : "OK, nous n’allons pas vous donner de prochain prêt" ?
Alexis Tsipras : Alors, ils agiraient unilatéralement parce que nous n’avons aucun désir de faire quelque démarche unilatérale que ce soit. Nous voulons les convaincre, en venir à une compréhension mutuelle. S’ils faisaient un geste unilatéral, ce qui serait l’équivalent de nous faire chanter, alors nous serions obligés de réagir.
Helena Smith : Peut-être considèreraient-ils le rejet du mémorandum, que la Grèce a préalablement signé, comme étant une action unilatérale ?
Alexis Tsipras : Le présent mémorandum est une loi de l’État grec, et l’État a le droit de modifier ses lois lorsque la distribution change au sein du parlement ... un plan différent pour un ajustement budgétaire ne peut pas être voté au parlement. Le mémorandum a été un choix politique, et ceux qui ont fait ce choix politique n’ont plus la majorité. Voter une loi différente au parlement n’est pas une décision unilatérale. Une décision unilatérale serait de renoncer à des engagements que nous avons signés à travers les traités et les conventions européennes, ou si nous nous étions arrêtés de payer nos créanciers.
Helena Smith : Mais comment allez-vous payer les créanciers, si vous n’avez pas l’argent ?
Alexis Tsipras : Les Européens doivent comprendre que nous n’avons pas l’intention de poursuivre une initiative unilatérale. Nous ne serons forcés d’agir que s’ils agissent de façon unilatérale et font le premier pas. S’ils ne nous paient pas, s’ils arrêtent le financement des prêts, alors nous ne serons pas en mesure de payer les créanciers. Ce que je dis est très simple.
Helena Smith : La Grèce est-elle dans une position plus forte que les gens ne le pensent ?
Alexis Tsipras : Oui, elle l’est. Keynes l’a dit il y a de nombreuses années de cela. Ce n’est pas seulement la personne qui emprunte, mais la personne qui prête qui peut se trouver dans une position difficile. Si vous devez 5 000 euros à la banque, c’est votre problème, mais si vous devez 500.000 euros, c’est le problème de la banque. Il s’agit d’un problème courant : C’est notre problème ; c’est le problème de Merkel, c’est un problème européen, c’est un problème mondial. L’euro est la monnaie la plus forte au deuxième rang mondial, et personne n’a le droit de jouer à des jeux avec celle-ci sur la base que ce sont eux qui sont forts et ont le pouvoir.
Helena Smith : Certains diraient que Syriza, et vous personnellement, jouez avec le feu. Qu’est-ce que vous avez à dire à cela ?
Alexis Tsipras : Ce ne sont pas nous qui sommes alarmistes. Le Pasok et la Nouvelle Démocratie sont alarmistes, et c’est très dangereux pour l’économie. Afin de survivre politiquement, ils sont tous deux alarmistes avec toutes ces histoires que nous quitterions la zone euro. En conséquence de cela, depuis le début de la crise 75 milliards d’euros ont été retirée des banques. C’est criminel, ce qu’ils font.
Helena Smith : Ces craintes sont-elles exagérées, alors que la Grèce pourrait quitter la zone euro ?
Alexis Tsipras : D’après ce que je sais, il n’y a pas de possibilité institutionnelle pour éjecter un pays de la zone euro, et ils le savent très bien. La Grèce ne pourrait quitter la zone euro que si les Grecs eux-mêmes choisissaient de quitter la zone euro. Et étant donné que notre but n’est pas la sortie de la Grèce de la zone euro, mais d’y rester comme un égal, le peuple grec n’a aucune raison de craindre d’être expulsé. La seule chose qu’il a à craindre, c’est la poursuite des politiques d’austérité.
Helena Smith : Etes-vous d’accord sur la nécessité de réformes structurelles ?
Alexis Tsipras : Bien sûr, absolument. Nous avons toujours dit qu’il y avait un besoin de réformes correctives, et nous avons toujours souligné que la base productive de la Grèce et la politique économique étaient dysfonctionnels. Tout d’abord, nous devons lutter contre l’évasion fiscale. Ce n’est pas dans nos gènes que nous ne puissions pas lutter contre ce phénomène alors que partout ailleurs en Europe, il est combattu avec succès. La vérité est, que personne dans ce pays n’a jamais voulu le combattre, et, par conséquent les riches ont pu impunément ne pas payer leurs impôts. Les réformes sont absolument nécessaires. Le système politique n’a jamais poussé de l’avant avec celles-ci toutes ces années parce que les deux principaux partis, le PASOK et la Nouvelle Démocratie, ont été gangrenés par la corruption.
Helena Smith : Quelles seront vos priorités si vous obtenez de figurer dans le gouvernement ?
Alexis Tsipras : Notre première priorité sera de mettre un frein à cette spirale à la baisse en arrêtant des mesures et le départ d’un véritable dialogue au niveau européen pour trouver une solution commune au problème de base qui devrait être discuté, et qui est la dette. Ce n’est pas seulement la Grèce : l’Italie, l’Espagne et la France ont tous des problèmes de dette.
Notre deuxième priorité sera de procéder à des changements qui contribueront à remédier au système telle la modification du régime fiscal pour changer la redistribution des richesses. Je ne vais pas dire, comme George Papandreou l’a déclaré, que "l’argent existe" : l’argent n’existe pas. Sans croissance, nous ne trouverons pas d’argent, et sans les réformes nécessaires correctives, nous ne pouvons pas augmenter la productivité.
Helena Smith : Syriza est une alliance de 12 groupes différents allant de communistes à des socialistes. Que diriez-vous que vous êtes ?
Alexis Tsipras : Dans cette phase la plus néolibérale du capitalisme, dans les profondeurs de cette crise, c’est un peu un oxymore que de parler d’étiquettes. Syriza croit en la justice, la démocratie sociale et l’égalité dans une société où il n’y a pas d’exploitation de l’homme par l’homme : les droits fondamentaux pour lesquels ont combattu la Révolution française et en Grèce à partir de la guerre de 1821 l’indépendance. Nous avons une vision du socialisme au 21e siècle, et nous ne croyons pas à l’investissement dans la misère. Une société juste ne peut être créée qu’en prenant des mesures positives. C’est pourquoi nous croyons que cette spirale à la baisse doit s’arrêter.
Lundi 21 mai 2012.
Source : ’Greece is in danger of a humanitarian crisis’
URL de cet article 16805
http://www.legrandsoir.info/la-grece-est-en-danger-d-une-crise-humanitaire-the-guardian.html

mardi 22 mai 2012

L'Agent Orange ,ces hormones de synthèse 2,4 D ou 2,4,5 T que nous paysans avons utiliser en grandes quantités dans les années 70 sur les recommandations des chambres d'agriculture et autres organismes de "développement" , ces agents oranges donc ont servit à exterminer les populations Du Viêt Nam par l'armée US ; Monsanto entreprenait sa longue mise sous tutelle de toute l'agriculture mondiale l'agro chimie détruira ce qui reste de paysans


De la vérité engloutie, des pièces manquantes au puzzle remontent en surface. Désormais, les volumes communément acceptés d’Agent Orange déversés sur le Viêt Nam semblent réellement obsolètes.

Depuis la fin de la Guerre américaine au Viêt Nam (Laos et Cambodge), selon différentes recherches scientifiques au fil du temps, les estimations portant sur le volume d’ « Agent Orange » utilisé lors de cette guerre chimique ne cessèrent d’aller crescendo. Ces études avancèrent 42 millions de litres, ensuite 54, ultérieurement 72, puis 84, avant d’évoquer plus ou moins 100…**
En mai 1990, le rapport déposé par l’amiral Zumwalt confirme que de nombreuses utilisations d’herbicides n’étaient pas enregistrées dans l’opération Ranch Hand. L’amiral Zumwalt écrit que des unités combattantes, telle Brown Water Navy, ont souvent procédé à des épandages de façon officieuse : « En tant que commandant des forces navales US au Vietnam, j’étais au courant que l’Agent Orange délivré aux forces alliées était fréquemment utilisé dans des missions non enregistrées ».
En 2003, à partir d’archives de l’armée étasunienne, le rapport Stellman situe le pic d’utilisation d’Agent Orange durant l’année 1967, tandis que le rapport Zumwalt (rédigé d’après la situation réelle par ce haut responsable intègre) l’établit en 1969.
Entre ces deux rapports, aux Philippines, la fermeture des bases militaires américaines ne releva pas de la volonté des États-Unis, mais d’un refus du Sénat philippin de reconduire le bail en 1992. La décision fut facilitée par l’éruption du Pinatubo qui, un an plus tôt, avait détruit à moitié la base aérienne de Clark et celle de la marine à Subic Bay situées de part et d’autre du volcan. De fait, sans être abandonnées, elles restèrent en l’état, contaminées. La base de Subic Bay comptait 6 000 marins et employait 27 000 Philippins. Les autorités philippines exigèrent des anciens occupants une enquête de qualité environnementale (EQE), pour ce qui allait devenir la zone franche du port de Subic Bay : un vaste projet à destination industrielle et commerciale, financière et touristique comprenant un parc à thèmes pour enfants et générant plus du double d’emplois que la base de l’US Navy. Les résultats de cette étude menée par Clearwater Revival Company furent complètement remis en cause par Subic Bay Metropolitan Authority, et Environment Baseline Study qui démontrèrent qu’elle n’avait pas été réalisée dans les normes. Elle n’avait pas respecté le quadrillage des aires ni même les profondeurs de prélèvements et les échantillons ne provenaient pas des endroits les plus susceptibles d’être pollués. Elle fournissait des déclarations inexactes et des omissions nuisibles à la crédibilité des résultats. Aucune information sur l’historique des activités menées sur les sites sensibles ne fut livrée. Malgré cela, dans les 47 sites examinés, on retrouva de nombreux poisons se distillant dans les sols, la rivière, le port, la nappe phréatique, et donc dans la chaîne alimentaire. Le site N°24 révélait, entre autres, des composés chimiques accompagnant habituellement les dioxines, ce fantôme de l’Agent Orange. L’Agent Orange était aussi là, nous allons le voir plus loin.
L’année suivante, en 2004, éclatait un scandale en Nouvelle Zélande. Dans la ville de New Plymouth, et son quartier de Paritutu très précisément. Le gouvernement états-unien fit pression sur l’usine Ivon Watkins Dow (IWD) pour obtenir rapidement de grandes quantités de 2,4-D et de 2,4,5-T afin de pourvoir aux gigantesques besoins d’Agent Orange que les grandes compagnies chimiques US ne parvenaient plus à satisfaire. Car à la guerre s’ajoutait la forte demande intérieure de l’agriculture industrielle qui, si elle n’était pas satisfaite, risquait de remettre en cause la production de denrées alimentaires, menaçant du même coup de stimuler l’inflation, donc d’augmenter le mécontentement et la contestation du peuple américain. Mue par la même avidité que ses consœurs états-uniennes, IWD obtint l’exclusivité de la licence en Nouvelle-Zélande et demanda à ses responsables d’observer un mutisme absolu sur cette fabrication aussi soudaine qu’effrénée. Par souci de discrétion, IWD expédiait sa production au Mexique. De là, elle était acheminée vers les Philippines et livrée à la base navale de Subic Bay, pour ensuite rejoindre le Viêt Nam. Quand la pression des scientifiques et de l’opinion publique internationale obligea les USA à stopper l’utilisation de l’Agent Orange au Viêt Nam, IWD se retrouva avec un stock considérable sur les bras : des dizaines de milliers de gallons. L’entreprise acheta alors une ferme de 100 ha jouxtant son usine (qui en faisait 29), et y enfouit clandestinement ces surplus, son personnel étant plus que jamais tenu au secret. Plus tard, les habitants trouvèrent régulièrement des poissons morts, (surtout l’anguille qui vit sur les fonds), jusqu’à ce qu’il soit nécessaire d’organiser leur ramassage en grande quantité. En septembre 2004, le ministère de la Santé révéla des taux élevés de dioxine dans le sang des habitants de Paritutu. Le 11 janvier 2005, le New Zealand Herald publia un communiqué du ministère de la Défense confirmant les craintes de la population, avant qu’un ancien haut responsable d’IWD ne confesse ces enfouissements massifs d’Agent Orange. L’étendue de la contamination souterraine de la ville par la dioxine s’avéra considérable. Ainsi, les vétérans néo-zélandais du Viêt Nam, eux aussi victimes, subiront une mystification supplémentaire de la part de leur gouvernement.
Puis, en 2011, c’est au tour de la Corée du Sud. Un ancien combattant US a déclaré avoir participé en 1963-64 à l’enfouissement de « produits chimiques » à Camp Mercer, situé à Bucheron, près de la capitale sud-coréenne. Au mois de mai, deux vétérans états-uniens révélèrent que l’US Army avait enterré, en 1978, un reliquat d’Agent Orange (environ 50 000 litres) dans la base militaire US de Camp Carroll, à Chilgok, situé à 300 km au sud-est de Séoul. Malade, le vétéran Phil Steward fait une demande auprès du département des Anciens Combattants (VA) en 2005. Puis il entre en contact avec d’autres soldats américains ayant servi en Corée au cours des années 1960 et 70, tous ayant une expérience de l’utilisation de l’Agent Orange. ’L’Agent Orange n’a pas seulement été utilisé sur la DMZ, il a été pulvérisé à travers un large éventail de zones de Corée du Sud. On nous a dit que c’était tout à fait sécuritaire et que cela était nullement nocif. Vous pouvez le boire, vous pouvez vous brosser les dents avec, vous pouvez vous baigner dedans qu’il ne se passera rien. C’étaient des mensonges’, dit Steward. Il était en Corée avec Steve House, un autre vétéran américain qui a été le premier à révéler que l’Agent Orange avait fait l’objet de stockage à Camp Carroll, puis d’enfouissement : « À compter de Février 1978, nous avons reçu l’ordre de creuser des tranchées dans la zone D du camp Carroll et d’enterrer des centaines de barils d’Agent Orange. Plus tard, tous les légumes cultivés le long des crêtes avoisinantes se consumaient, il y avait des dizaines de lapins et d’oiseaux morts… » House indique : « les barils portaient l’étiquette « composé Orange, Vietnam ». Rouillés, les barils fuyaient et me provoquèrent, comme et mes compagnons, des éruptions cutanées douloureuses et une grosse toux. » House, qui a servi comme opérateur d’engins de travaux à Camp Carroll pendant un an, a ajouté que s’il pouvait se rendre sur place : « probablement je localiserais les lieux exacts…’ Comme preuve, il a présenté une photo d’une des tranchées creusée à l’arrière de la base militaire américaine en 1978. House et Steward souffrent de diabète, de neuropathie périphérique, de glaucome, de chloracné et autres maladies connues pour être causées par l’Agent Orange : ’Je n’ai plus beaucoup de temps... C’est à vous de prendre la relève, afin que nous puissions obtenir des réponses pour les peuples coréen et américain qui ont été exposés à ce genre de chose  », dit House devant la Chambre en essuyant ses larmes. « Déni, déni… jusqu’à ce qu’on soit tous morts » est un slogan des vétérans. Au printemps 2011, une enquête épidémiologique menée auprès des habitants de Chilgok montre une mortalité due aux cancers et maladies neurologiques élevée.
Aujourd’hui, c’est l’île d’Okinawa, située au sud du Japon, qui est visée. En réalité, cette île sous contrôle US depuis le traité de San Francisco, en 1952, fut le refuge de bases militaires étasuniennes ayant servi au stockage d’armes non conventionnelles, avant que son contrôle revienne au japonais en 1972. Dix ans plus tôt, l’US Air Force y effectua des essais d’armes biologiques sur des cultures de riz. En 1963, les navires étasuniens livrèrent 12 000 tonnes d’armes biochimiques. Mais, 6 ans plus tard, sur la base de Kadena Air Force, une fuite de gaz neurotoxique oblige l’hospitalisation de 23 membres des forces armées étasuniennes. En 1971, l’opération Red Hat transfère ces stocks sur l’île Johnston, perdue au beau milieu de l’océan Pacifique. 1998, des vétérans étasuniens d’Okinawa souffrant de pathologies liées à l’exposition de l’Agent Orange demanderont la prise en charge de leurs soins et des compensations au département des Anciens combattants (VA). Demandes rejetées : le gouvernement des États-Unis disant qu’il n’y a jamais eu d’Agent Orange à Okinawa. En juillet 2004, le général Richard Myers, chef d’état-major, déclare qu’ « aucun dossier contient la moindre information reliant l’utilisation ou le stockage de l’Agent Orange ou autre herbicide à Okinawa  ». Cependant, en 2009, preuve est apportée à VA que l’opération Red Hat a bien transféré depuis Okinawa de l’Agent Orange vers l’île Johnston. The Japan Times révèlera les témoignages précis d’une trentaine de vétérans étasuniens ayant déchargé des containers cerclé d’une bande orange dans les années 60 jusqu’au début des années 70, comme de ceux qui ont assisté aux pulvérisations sur les côtes et le long des routes d’Okinawa. Récemment, un employé des services VA montre des documents prouvant que les États-Unis ont menés des tests ultrasecrets d’Agent Orange sur cette île en 1962, ceci dans le cadre du programme « Agile » développant des techniques de guerre non conventionnelles, faits confirmés plus tard par un ancien haut fonctionnaire étasunien. Une employée de VA, Michelle Gatz, est parvenue (dans le cadre du Freedom of Information Act, FOIA) à mettre la main sur des documents (comprenant entre autre le journal de bord d’un navire), ordres de déploiement de l’armée et dossiers gouvernementaux. Le journal de bord du navire révèle des bons de transports « classifiés ». Ce navire de la marine marchande est le « SS Schuyler Bland Otis ».

Navire marchand SS Schuyler Bland Otis
Le journal de bord stipule qu’il effectuait le transport de marchandises classifiées entre les USA et Okinawa, et qu’il y était déchargé sous le contrôle de gardes armés à White Beach (port de l’US Navy sur la côte Est de l’île), notamment le 25 avril 1962. Ce navire de propriété civile, régulièrement employé par l’US Navy pour le transport de défoliants incognito, était en mesure de contourner les contrôles douaniers des navires militaires dans les ports étrangers. Avant d’arriver à Okinawa, le cargo avait navigué au Viêt Nam du Sud pour une des premières livraisons de défoliants par le Pentagone. Gatz découvrira que le 267ème peloton de service chimique, jusque-là stationné en Alaska, à été réactivé en 1962 et transféré à Okinawa de façon inexpliquée. En septembre 2011, un haut responsable américain en retraite (souhaitant garder l’anonymat) brise l’omerta et affirme à The Times que le Pentagone avait testé des défoliants dans les jungles du Nord de l’île d’Okinawa, à proximité des villages de Kunigami et Higashi. Ce fonctionnaire déclare qu’Okinawa avait été choisi pour ces expériences en raison des similitudes de sa végétation avec celle du Viêt Nam et l’absence de règles de sécurité strictes qui avaient entravé ces essais potentiellement dangereux ailleurs. Maintenant il semble difficile à VA de repousser les 132 demandes récentes (qui ne sont que la pointe de l’iceberg) de vétérans d’Okinawa atteints de pathologies gravissimes, tout comme leur progéniture, en lien avec l’Agent Orange. L’utilisation expérimentale de l’Agent Orange à Okinawa et son stockage clandestin pour la guerre du Viêt Nam ne fait plus guère de doute. Okinawa viendra s’ajouter à la centaine de lieux répertoriés dans le monde où furent fabriqués, expérimentés, stockés, et utilisés les défoliants de la guerre du Viêt Nam.
Pour approvisionner la guerre chimique au Viêt Nam, une véritable ceinture d’entrepôts clandestins d’Agent Orange se dessine sur le Pacifique, du sud au nord, sites de production et de stockages n’apparaissant nulle part dans les archives.
André Bouny
*Livre : « The U.S. Forces in Okinawa as Grasped by FOIA » de Hiromichi UMEBAYASHI (membre japonais du CIS), février 1994.
**Dans mon ouvrage « Agent Orange – Apocalypse Viêt Nam », je l’estime à 350 millions de litres.
André Bouny, constitue et conduit le Comité International de Soutien aux victimes vietnamiennes de l’Agent Orange (CIS) ; fondateur de D.E.F.I. Viêt Nam  ; auteur de Agent Orange – Apocalypse Viêt Nam, Éditions Demi-Lune, Paris 2010.
http://www.editionsdemilune.com/agent-orange-apocalypse-viet-nam-p-33.html

Ces villes qui ont connu la gestion FN ... et si au lieu de ces élections locales le FN s'était imposer à la France ? soyons clair , le PS a une obligation de résultat , c'est tout le nécéssité d'avoir un gros groupe du Front de Gauche à l'assemblée nationale , si la gauche n'impose pas des choix politiques pour une société durable, juste, humaine ,en un mot fraternelle , la France connaitra le fascisme dans cinq ans , la droite s'y prépare déja, il suffit de les entendre , il suffit de constater leur pratiques envers les plus humbles ,il suffit écouter le MEDEF , tout se met en place pour cette échéance lointaine mais tellement proche , OUI, PLACE AU PEUPLE ,imposons la république sociale ; réveillons les consciences ! c'est urgent! Le monde serait tellement beau si il était juste......

 Vitrolles
Catherine Mégret est élue maire le 9 février 1997(1). La dette de la ville augmente. La Chambre Régionale des Comptes de Provence Alpes Côtes d’Azur s’inquiète du budget municipal.
Une prime de naissance de 5 000 francs est octroyée aux familles françaises. Catherine Mégret est condamnée pour discrimination à la prime de naissance.
En juin 1997, le Lycée Pierre Mendès-France refuse d’inscrire Sofia Touzaline, lycéenne née en France de parents Algériens. Une conseillère d’orientation du lycée rapporte avoir entendu le proviseur dire, à propos des élèves de l’internat : « Il faut faire le tri ; les gris d’un côté, les blancs de l’autre ». Le MRAP et SOS-Racisme se portent parties civiles. En 1998, la proviseur est suspendue de ses fonctions par le recteur d’académie d’Aix-Marseille.
La municipalité décrète la fin des repas de substitution sans porc dans les cantines scolaires. Alain Darmuzey, directeur d’école du Liourat et surveillant de cantine est relevé de ses secondes fonctions par Catherine Mégret, car il a refusé de lui serrer la main.
L’association pro-FN « Fraternité française » (2) reçoit de fortes subventions. La mairie ferme des centres aérés et la mission prospection de « Vitrolles Emploi Formation ». L’association Vitrolles-Kiffa est jetée hors de ses locaux. Des subventions aux syndicats et associations humanitaires sont supprimées. La municipalité tente de s’expliquer : « Les vraies associations (…) reçoivent une aide financière (…). Pour elles, les subventions ont augmenté de 40%... ».
La mairie limoge la directrice du cinéma Les Lumières pour avoir proposé des courts-métrages portant sur la prévention du sida. En contrepartie, l’équipe de Bruno Mégret « s’est efforcée d’obtenir la construction d’un vaste complexe cinématographique de type multiplexe dans la zone commerciale ». Le FN-MNR remplace les cinémas d’art et d’essais par de la malbouffe culturelle produite à la chaîne.
Catherine Mégret tient des discours racistes dans le journal Allemand Berliner Zeitung : « les immigrés l’esprit colonialiste ; les immigrés [... ], ils font je ne sais combien de gamins, qu’ils mettent dans la rue. Ils font des gamins pour toucher des allocations, ils ne les élèvent même pas. [...] Vous interrogez n’importe qui, à part une personne de mauvaise foi, on va vous répondre qu’effectivement il y a des différences entre les races, il y a des différences entre les gènes. C’est ce que disait M. Le Pen. ».
La mairie licencie des agents sociaux et certains contractuels municipaux (150 agents sur 1 000 en 4 mois). En Août 1997, la Justice annule 31 licenciements car « le motif d’économie avancé pour justifier la délibération du 30 août 1997 ne peut être regardé comme établi ». L’arrivée de la nouvelle équipe signe le départ de cadres municipaux consécutif aux méthodes FN.
En novembre 1997 « Dans la nuit du 4 au 5, vers 3 h 30, un commando d’une dizaine d’hommes vêtus de noir, cagoulés et armés de battes de base-ball attaque le piquet de routiers grévistes du carrefour de l’Anjoly. Le matraquage fait trois blessés et des dégâts matériels... ».
En décembre 1997, 5 conseillers de Vitrolles sont mis en examen pour « complicité de violence en réunion, avec arme et préméditation » et « complicité de destruction de biens » après l’agression des routiers grévistes.
« Il faut faire de la répression, c’est-à-dire il faut punir, poursuivre, attraper ceux qu’on connaît » affirme Catherine Mégret au Berliner Zeitung. Les éducateurs de rue et agents de prévention sont remplacés par des policiers. Bruno Mégret se vante d’avoir multiplié par deux les effectifs de la police, d’armer les policiers municipaux, de développer la vidéo-surveillance, le « patrouillage », les brigades d’interventions rapides… L’augmentation du nombre de policiers municipaux n’améliore pas les chiffres de l’insécurité. Ni la sérénité. Les policiers de Mme Mégret sont surnommés les « ninjas » à cause de leur tenue et de leurs gros bras.
Les animateurs du bar musical Le Sous-Marin sont accusés par la mairie de création de fausse monnaie et de trafic de drogue. Ils sont contraints de s’installer à Gardanne. Puis, Catherine Mégret est condamnée pour « effractions et voix de faits » (murage du bar musical) et pour diffamation à l’encontre de l’association culturelle Productions du Sous-Marin.
La mairie redéfinit « l’identité provençale » : la rue Nelson Mandela est rebaptisée Place Provence, un blason modifie du drapeau de la ville qui devient « Vitrolles-en-Provence ».
La municipalité rénove les églises et les lieux de cultes. Bruno Mégret affirme que la municipalité « a entrepris de valoriser nos racines (…). La chapelle de vie au sommet du Rocher a été rénovée ainsi que les cheminements qui y conduisent. Dans le Vieux Village, la réhabilitation intégrale de l’église Saint-Gérard a été lancée ». Le 15 février 1998, Bruno Mégret annonce sur France 2 qu’il n’y aura pas d’emploi-jeunes à Vitrolles.
L’équipe municipale pratique ouvertement la discrimination sociale. Bruno Mégret affirme sur son blog : « La municipalité a entrepris de donner systématiquement la priorité aux Français dans la limite des possibilités légales. (…). Les emplois au sein de la mairie sont accordés en priorité aux Vitrollais français. Les certificats d’hébergement et les mariages blancs supprimés. Quant aux aides sociales, elles s’efforcent, dans la limite des lois actuelles, de privilégier systématiquement nos compatriotes. Bien que la ville possède peu de logements HLM depuis que l’ancien maire PS a bradé le parc immobilier de la SAVEM, l’équipe Mégret a cherché à favoriser systématiquement les Français dans l’octroi des logements ».
L’élection du 24 juin 2002 est annulée par décision du Conseil d’Etat suite à un tract diffamatoire reprochant à un candidat d’avoir « abusé sexuellement d’une personne en position de faiblesse psychologique ».
Un conseiller municipal FN est rayé des listes électorales par le tribunal d’instance de Martigues car il ne réside pas à Vitrolles.
Catherine Mégret est accusée de détournement de fond public : elle a fait envoyer aux frais de la commune des lettres aux maires de France pour appuyer la candidature de son mari Bruno Megret. Ce non-respect des règles de financement de campagne électorale à un coût : plus de 74 000 €. En 2006, elle est condamnée à cinquante milles euros d’amende, à un an d’inéligibilité et de frais divers ainsi qu’à huit mois de prison avec sursis. Quatre anciens cadres de la municipalité ont également été condamnés à des peines allant de trois à quatre mois de prison avec sursis et à une amende de 1.500 euros
En mars 2009, le communiste Richard Dubré, secrétaire de la section de Vitrolles et membre du secrétariat fédéral du PCF est agressé au poignard. « Attendant la proclamation des résultats de l’élection législative de la 9e circonscription des Bouches-du-Rhône, il se trouvait sur le parvis de l’hôtel de ville, lorsqu’une quinzaine de gros bras du FN du Var lancent des grenades lacrymogènes avant de se lancer contre le militant communiste qu’ils montraient du doigt. (…). Un des agresseurs s’approche et le poignarde. La lame est passée à deux centimètres du foie. Le militant, hospitalisé, a deux côtes cassées. Un véritable miracle. Le criminel a été reconnu sur les photos prises pendant l’agression. Il devait être interpellé mardi dans la journée ». (L’Humanité, 31 mars 1999).
Bruno Mégret est satisfait de la gestion de la ville et de l’ambiance démocratique qui y règne. Sur son site, on peut lire : « Aucun bouleversement, aucune violence, aucune atteinte aux libertés, aucune mise en cause des droits des Vitrollais ».
A Marignane
Le maire Daniel Simonpieri (3), augmente les impôts locaux. La Chambre Régionale des Comptes de Provence-Alpes Côte-d’Azur s’inquiète du budget de la ville.
Le Conseil municipal décide, le 24 juin 1996, de réserver les cantines scolaires aux seuls enfants dont les deux parents peuvent prouver qu’ils travaillent. Le 27 novembre, le tribunal administratif ordonne « le sursis à exécution », c’est à dire « la suspension de l’exécution » de cette délibération.
Le complexe de loisir prévu est remplacé par un supermarché.
Le 4 septembre 1996, Jean-Christian Tarelli, premier adjoint au maire demande à la directrice de la bibliothèque municipale d’interrompre les abonnements aux quotidiens Libération et La Marseillaise et à l’hebdomadaire L’Evénement du jeudi, pour les remplacer par trois publications proches de l’extrême-droite : Présent, Rivarol, National-Hebdo. L’achat de certains ouvrages par la bibliothèque municipale sera refusé « pour des raisons économiques ». En revanche, début 1997, soixante-quinze livres rédigés par des auteurs du Front national ou d’extrême-droite sont commandés sans que les bibliothécaires en aient été avertis. Notons aussi la suspension des abonnements aux « journaux de gauche » dans la bibliothèque pour les remplacer par des « journaux d’extrême-droite ».
Raymond Lecler, ancien directeur de cabinet de la mairie fait un constat des dérives du maire : « remboursements illégaux » ; « 5510 francs pour un repas de Jumelage » et « 4608 francs en frais de séjour pour déplacement au congrès du FN à Strasbourg »… Daniel Simonpieri affirme avoir payé de ses deniers la facture de l’hôtel Hilton et porte plainte pour diffamation.
Daniel Simonpieri supprime « l’avant-veille de Noël, les subsides accordés aux Restos du cœur pour les hivers de 1993 et de 1994, par le précédent maire Laurens Delieul (divers droite) » et « Un local et un camion avec chauffeur prêté pour aller chercher à Aubagne les quelque 1.200 repas que les volontaires de l’association distribuaient à 400 familles en difficulté ». En revanche, selon l’association marignanaise « Alarme citoyens ! », la municipalité a porté la subvention du club de football local de 600.000 à 700.000 francs.
En 2009, Daniel Simonpiéri justifie son refus de voter des subventions au Mrap, par l’argument suivant : « vote politique ».
Le 9 novembre 2011, il est condamné pour fausses factures et emplois fictifs à 12 mois de prison avec sursis, 10 000 € d’amendes et 5 ans d’inéligibilité.
A Toulon
Le 22 mars 1996, la municipalité de Toulon vote son premier budget (4). Contrairement aux engagements du maire, Jean-Marie Le Chevallier, de baisser les impôts, une augmentation de plus de 9 % est adoptée.
On constate une absence de politique cohérente et efficace en faveur des jeunes. La mairie se désinvestit des cités et coupe les subventions des associations qui agissent auprès des citoyens issues de l’immigration. La femme de Jean-Marie Le Chevallier est placée à la tête du Centre de loisirs et d’action sociale. Des associations pro-FN sont créées de toutes pièces telles que « Jeunesse toulonnaise » destinées à organiser les colonies de vacances à la place du centre de loisirs et d’action sociale. Mal gérée, la structure est placée en liquidation judiciaire en 1999.
Les subventions aux associations sont revues : celle du Centre communautaire israélite est supprimée, le Secours Populaire n’obtient que 8 000 francs tandis que la Société des amis des chats bénéficie d’une subvention de 40 000 francs. La mairie maintient un budget associatif en direction des associations d’anciens combattants et des associations de pieds-noirs. Marek Halter est interdit de Fête du Livre et le groupe NTM interdit de spectacle.
La dérive de la municipalité contraint les opposants à en appeler à la Justice pour contester les décisions.
En 1997, Jean-Marie Le Chevallier est élu député de la 1re circonscription du Var, mais en 1998 son élection est invalidée pour triple infractions au financement de campagne.
Toujours en 1997, la municipalité est accusée de pot-de-vin et de monnayage d’attribution de postes administratifs : « A Toulon (Var), c’est une histoire de pots-de-vin qui embarrasse la municipalité dirigée par Jean-Marie Le Chevallier. Son propre chef de cabinet, Philippe de Beauregard, par ailleurs conseiller municipal FN de Hyères, a en effet été mis en examen, mardi 6 janvier, pour « recel de preuve ». La justice lui reproche d’avoir, par son absence de réaction, en quelque sorte « couvert » un cas de corruption dans lequel une employée municipale, Dominique Notto, est compromise. Responsable des femmes de ménage à la municipalité, elle est accusée d’avoir monnayé, en juin 1997 - 30 000 francs en petites coupures - l’attribution de deux postes administratifs ». (L’Express, 15 janvier 1998).
En 1999, Jean-Marie Le Chevallier quitte le Front National. Il est condamné en 2003 pour subornation de témoins dans l’affaire du meurtre de son directeur de Cabinet, un ancien légionnaire. Ce dernier avait été tué par son amant et non par des opposants. Le maire avait fait pression sur des employés municipaux pour que la première piste n’apparaisse pas.
A Orange
Le 18 octobre 2011, la Chambre Régionale des Comptes de Provence-Alpes Côte-d’Azur pointe des irrégularités dans la gestion municipale à Orange. La mairie augmente « la surtaxe » de l’eau. On constate un isolement de la ville, lié à ses difficultés pour travailler avec les communes limitrophes. La mairie finance seule les grands travaux entrepris. Elle est contrainte de provisionner à hauteur de 11 millions de francs pour payer les amendes et les pénalités.
Dans la ville, il s’est installé un climat de délation, de peur et d’angoisse pour le personnel municipal. Les insultes et les vociférations fusent de la part de maires adjoints.
Les élus d’opposition déplorent l’attitude népotique du maire et l’absence de recherche de consensus. Le neveu de l’épouse de Jacques Bompard est placé à la tête de l’Office du tourisme...

Jacques Bompard (5), aussitôt élu, décide de supprimer la subvention municipale de 1 million de francs permettant l’organisation des Chorégies (le plus ancien festival français : première présentation en 1869). Après plusieurs semaines de polémique, le ministère de la culture se substituera à la ville. En matière de culture, la municipalité fait des choix : elle invite le groupe Fraction Hexagone qui chante « Une balle pour les sionistes, une balle pour le cosmopolitisme et une balle pour la police ».
Côté sécurité, on assiste à une augmentation de la petite délinquance.
Sous prétexte de maintenir la propreté de la voirie, le maire interdit la distribution de tracts anti-FN. L’hygiénisme sert de prétexte à l’absence de démocratie.
J.-Y. Le Gallou, secrétaire national du FN affirme sans vergogne « Dans ce pays assez totalitaire, les villes FN sont un espace de liberté locale, comme lnternet à l’échelle mondiale ».
L’aménagement urbain est à deux vitesses : embellissement du centre ville et absence de rénovation des quartiers populaires. On assiste à une ghettoïsation des quartiers. « En visite dans le quartier, il y a peu, pour « écouter » les doléances des habitants, le maire s’est ainsi contenté de les renvoyer vers leur logeur HLM, Mistral Habitat. « A vous de faire la police », leur a-t-il dit. Jacques Bompard a d’autres priorités : la rénovation, à grands frais, de l’avenue de l’Arc-de-Triomphe, censée assurer sa réélection en 2007. Et que nul ne vienne le contrarier dans ses projets ! ». (L’Express.fr, 25 juillet 2002).
La mairie limite le nombre d’enfants dans les cantines scolaires, mais le cours Aristide-Briand (entrée de la ville) avec son rond-point fleurit et ses jets d’eau fait le bonheur de certains électeurs. La mairie supprime les cars de ramassage vers les Centre Aérés, elle coupe le budget d’associations à caractère social.
En 2010, Jacques Bompart, qui avait connu une garde à vue en 2009, est mis en examen pour prise illégale d’intérêts.
Selon Bruno Mégret : « Jacques Bompard est le seul nationaliste du département à faire du bon boulot. Orange, sa ville, est nickel. Il y opère une gestion exemplaire que je souhaite voir étendue aux autres villes. C’est pour ça que je lui apporte mon soutien... ».
Le Bilan  :
En matière de gestion  : hausse des impôts et endettement des villes, isolement financier et abandon de projets.
En matière d’emploi  : répression des travailleurs et discriminations à l’embauche, mises au placard et licenciement d’agents municipaux, gestion par le stress.
En matière de politique sociale : abandons des défavorisés et des exclus, destruction du terreau associatif, attribution de subventions à la tête du client, haro sur la cantine, absence de politique en faveur de la jeunesse, logique de répression et abandon des politiques de prévention, ghettoïsation des quartiers.
En matière de culture : promotion des auteurs FN, assèchement du pluralisme culturel et promotion du foklorisme, attribution de subventions à la tête du client.
En matière de justice et de sécurité : dérives légalistes et magouilles politico-judiciaires, fausses factures et prises illégales d’intérêts, agression d’élus, propos racistes et xénophobes, détournements de fonds public, effractions et voie de faits, condamnations par les tribunaux, inéligibilités.
En matière de démocratie : népotisme et copinage, discrimination, non respect des promesses électorales. 
Sources : Critique internationale n°4 - été 1999 ; Didier-hacquart.over-blog.com/30-categorie-1080919.html 17 février 2001 ; Ere marine.fr, le site qui ne donne pas envie de voter Marine Le Pen ; Ina, 18 septembre 1997 ; L’Express, 15 janvier 1998 ; L’Express, 25 juillet 2002 ; L’Humanité, 11 novembre 2000 ; L’Humanité, 27 avril 2002 ; L’Humanité, 6 mars 1999 ; L’humanité, 25 février 1999 ; L’Humanité, 24 mars 1999 ; L’Humanité, 31 mars 1999 ; L’Humanité, 27 octobre 1999 ; La Provence.Com, 10 novembre 2011 ; La Provence.Com, 20 février 2009 ; La Provence.Com, 19 mars 2008 ; Le Monde, 26 février 1997 ; Le Monde, 02 Juillet 2009 ; Le Nouvel Observateur, 18 novembre 199 ; Le Nouvel Observateur, 7 octobre 2002 ; Libération, 30 décembre 1995 ; Libération, 17 octobre 1997 ; Libération, 6 janvier 1998 ; Libération, 9 février 1998 ; Libération, 18 octobre 2006 ; Mrap.fr (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) ; SOS Racisme.org ; Voltairenet.org ; Wikipedia.org… A lire également : Roger Martin, Main basse sur Orange : une ville à l’heure lepéniste, Calmann-Lévy, 1998.

EN COMPLEMENT :
Le FN et les droits des travailleurs.

I- Le FN contre les organisations ouvrières.
Sous le titre : « Le Front national ou l’imposture sociale », la CGT a édité en avril 2011 un argumentaire sur le FN. On peut y lire :
« Quant à son empathie pour le sort des salariés, il suffit de rappeler les propos de Marine Le Pen contre le mouvement social opposé à la réforme des retraites en 2010 : « Ensemble, gouvernement et syndicats jettent la France dans le chaos … La tolérance zéro doit s’appliquer à tous les émeutiers. »
Et la CGT de citer ce cri du cœur du concurrent malheureux de Marine Le Pen à la présidence du FN, Bruno Gollnisch, le 4 novembre 2010 : « Le sabotage de l’économie française caractérise l’action des dirigeants de la CGT … Ces blocages frappent avant tout les salariés qui se rendent à leur travail, les entreprises et menacent l’emploi … La CGT doit être rendue pénalement responsable, ses dirigeants doivent en répondre ».
II- Le FN contre la retraite à 60 ans.
Le 16 janvier 2011, « Invité du dimanche » d’Aujourd’hui en France/Le Parisien, Jean-Marie Le Pen éclairait les naïfs en parlant de sa fille : « Politiquement, à quelques nuances près, elle a les mêmes opinions que moi. »
Un an plus tard, il feint un désaccord (un !) portant sur l’âge légal de départ à la retraite :
« Il faudrait peut-être que j’aie une discussion avec elle pour savoir quelle a été la motivation de sa décision. »
En vérité, entre le père qui se prononçait pour la retraite à 65 ans et sa fille, la différence est entre l’annonce d’une position claire par l’un et un enfumage par l’autre. En effet, dans son projet présidentiel pour 2012, Marine Le Pen écrit :
« L’objectif doit être fixé de revenir le plus rapidement possible au principe de 40 annuités de cotisation pour pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein. »
C’est la logique de la « retraite à la carte » : le salarié part à taux plein quand il a ses années de cotisation. Cela peut être à soixante-deux ans, soixante-cinq ans ou plus, selon l’âge auquel on a commencé à cotiser et le nombre d’années validées. Dans ce cas il n’y a pas d’âge légal de départ.
En janvier 2011, le site du FN indiquait :
« Le FN soutiendra le maintien à 40 annuités maximum de cotisation sans considération d’âge légal de la retraite ».
C’est cohérent et cela correspond à la définition de la « retraite à la carte ».
Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon précisait alors :

« Au total, la proposition de Le Pen est moins favorable aux salariés qui ont 40 années de cotisation, après 60 ans. Imaginons un salarié qui a 62 ans n’a pu valider que 35 années de cotisation. Avec Fillon il peut partir avec une décote. Avec le Front de Gauche, il peut partir sans décote. Avec Le Pen, il ne peut pas partir. Avis aux benêts qui la croient : Le Pen c’est pire qu’avec Fillon ».
III- Le vrai visage de Marine Le Pen.
Le FN relooké ne met plus en vente des chansons nazies, des livres négationnistes, des objets évocateurs du troisième Reich. Son égérie ne manque pas une occasion de clamer « Cachez ces bras tendus et ces croix gammées que je ne saurais voir »(6). Elle se découvre un amour subit pour les juifs et elle s’horrifie des chambres à gaz, elle qui fut muette au temps où son père y voyait obstinément un « détail » de l’Histoire. Et la voici patriote plus que Georges Séguy, Jean Moulin et Rol Tanguy réunis, après avoir été formatée par un père et un parti dont le chef historique déclarait :  « L’occupation allemande n’avait pas été particulièrement inhumaine, même s’il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550 000 kilomètres carrés ».
Pays à défendre, dit la fille contre « des milliers de clandestins tunisiens et demain libyens, algériens, égyptiens ou marocains, qui débarquent » et qui « ne sont que les éclaireurs d’une nouvelle vague migratoire gigantesque » qui « fera disparaître la population française ». Tremblez !
Pour un peu, on croirait que cette quadragénaire débute en politique, alors qu’elle a été candidate du FN à Paris à l’âge de 24 ans, conseillère régionale en 1998, année où elle a pris en charge le service juridique du FN avant de siéger à son Bureau politique. En dix ans, elle a été conseillère régionale du Nord-Pas-de Calais, conseillère régionale d’Île de France, conseillère municipale, députée européen et elle est à présent chef du parti. Et tout cela sous l’égide d’un FN façonné par Jean-Marie Le Pen qui le lui a offert en dot politique avec autorisation de repeindre les volets, mais à condition qu’il soit associé au choix de la couleur car, président d’honneur du FN, il participe à ce titre aux délibérations des instances dirigeantes du mouvement.
Conclusion :
Le FN, déguisé en berger électoral saura promptement reprendre sa peau de loup gestionnaire sous l’œil attendri de tout ce que l’Europe compte de partis fascistes. Naguère, ce parti s’est fait les crocs sur Vitrolles, Marignane, Toulon et Orange. N’est-ce pas plus que suffisant ?

Notes :
1) Avec 52,48 % des voix. Elle est réélue en 2001 avec près de 46 % des suffrages.
2) L’association a été « créée en 1988 à l’initiative de Pierre Vial et Jean-Pierre Stirbois, relancée un temps par Bruno Mégret ; elle doit sa survie à l’action de Mireille d’Ornano, vice-présidente du groupe FN de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur », in Virginie Martin, Gilles Ivaldi et Grégory Lespinasse, « Le Front national entre clientélisme et recherche d’un enracinement social », Critique internationale n°4 - été 1999. 
3) Daniel Simonpieri (FN) est élu maire de Marignane de 1995 à 2008. Il emporte les élections de 2001 avec 62.5 %. Il appelle à voter Le Pen en 2002. En 2004, il retourne sa veste au profit du camp UDF-PR (groupe UMP des Bouches-du-Rhône).
4) En 1995, Jean-Marie Le Chevallier est élu maire de Toulon à la faveur d’une triangulaire, in Wikipedia.
5) 1972 Jacques Bompard est un des fondateurs du Front National. En 1995, élu Maire d’Orange. 2001, réélection sous l’étiquette FN avec près de 61 % des suffrages exprimés. Dans les cages d’escalier, sur les marchés, il séduit son électorat en fustigeant les fonctionnaires, les gabegies et le laxisme de l’Etat. En 2005, il adhère au MPF de Philippe de Villiers. En 2008, il est réélu au 1er tour avec près de 61 % des suffrages exprimés. En 2010, il créé le parti la « Ligue du Sud ».
6) - Mais, chassez le naturel… Le 27 janvier 2012, jour de la commémoration de l’holocauste et du 67ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, Marine Le Pen était reçue au Parlement autrichien par Martin Graf, idéologue pangermaniste. Le soir, elle était l’invitée d’honneur d’un bal organisé à Vienne par le FPÖ, principale organisation d’extrême-droite. Plusieurs milliers de Viennois ont manifesté, tenus à distance par des centaines de policiers. Le 19 janvier, l’UNESCO, avait retiré l’ensemble des bals viennois de sa liste du patrimoine culturel de l’humanité, en raison de la présence de ce bal sur la liste proposée.

Source : Le Grand soir 

dimanche 13 mai 2012

La méthode Freinet , une école différente qui gagne être connue ,:" La compétition, presque toujours sournoise, est destructrice"


Les pédagogies alternatives ont du mal à se faire entendre en France. Pourtant, elles gagnent à être connues. Témoin, ce reportage dans une école primaire Freinet de Nantes, qui a fait ses preuves depuis bien longtemps
Avec cet article

Dossier Des écoles différentes

Liens complémentaires

Marie-Laure Viaud : « La France n'est pas prête pour l'école différente »

 

Une pédagogie innovante pour toutes les bourses

 

Des écoles différentes

Un joli ensemble de petits bâtiments blancs à une cinquantaine de mètres de la Loire qui paresse tranquillement au bout du quai Malakoff, un quartier populaire de Nantes. Bienvenue à l'école Ange-Guépin, qui nous ouvre ses portes ce matin et… ne les refermera pas de la journée. « Je sais, ça surprend au début, ici les enfants vont et viennent », sourit Patrice Jounot, le directeur, avant de tendre un dossier rose résumant l'essentiel de la pédagogie.
Cette « bible » d'une douzaine de pages est agrémentée de quelques citations qui annoncent la couleur : « Si je diffère de toi, loin de te léser, je t'augmente » (Saint-Exupéry) ; « La compétition, presque toujours sournoise, est destructrice » (Albert Jacquard).
Dans ce document, un autre auteur, moins célèbre, tient pourtant la vedette : un certain Célestin Freinet, le fondateur de la pédagogie du même nom régissant Ange-Guépin, comme une vingtaine d'établissements en France, tous niveaux confondus, de la maternelle au collège. Et que dit ce monsieur qui tenta de révolutionner l'instruction publique dans la première moitié du XXe siècle ? « On prépare la démocratie de demain par la démocratie à l'école » ; « L'enfant n'aime pas le travail de troupeau… il aime le travail individuel ou le travail d'équipe au sein d'une communauté coopérative. »
Démocratie, communauté, coopérative. Des mots bien lourds de sens pour de si petites épaules, qu'Agnès Jamet, professeur en CP-CE1, assume avec un sourire. « Ici les enfants sont vraiment pris en compte comme des individus, pas comme des sujets auxquels on doit simplement donner un apprentissage. » Certes, voilà de beaux principes, mais dans la pratique ?

« Quoi de neuf ? », pilier de la pédagogie Freinet

Pour le savoir, direction la classe de Patrice Jounot, qui enseigne sur les trois derniers niveaux de l'école primaire : CE2, CM1 et CM2. Nouvelle surprise du matin : pas de sonnerie, ni de cavalcade dans les couloirs, mais des élèves qui passent dans toute l'école en agitant joyeusement des maracas. Calmement, les derniers rejoignent leur place. Ensuite c'est l'heure du fameux « Quoi de neuf ? », pilier de la pédagogie Freinet : les élèves viennent raconter un fait marquant de leur vie, donnant la parole à ceux qui souhaitent poser des questions.
Puis vient le temps du travail… personnel, en classe. Pas de cours magistral mais des ateliers individuels adaptés à chaque élève. Le professeur va de l'un à l'autre, répond à une question ici, souligne une erreur là, ignore volontairement une petite incartade à gauche, remonte quelques bretelles à droite. Jonglant d'un niveau à l'autre, équipé d'une boussole invisible.
L'école est ouverte à tous les enfants dont les parents sont motivés par la démarche, c'est d'ailleurs la seule sélection prévue. Pour le reste, Ange-Guépin est une école publique et gratuite de cinq classes d'une vingtaine d'élèves, classée hors secteur. C'est-à-dire qu'elle n'est pas réservée aux seuls enfants du quartier, qui disposent par ailleurs d'une école primaire traditionnelle à quelques centaines de mètres.

Le conseil de fin de semaine, autre clé de voûte de cette pédagogie

Résultat, la population de la classe (comme de l'école) se décline en trois bataillons : les enfants de la cité voisine, les fils et filles de la bourgeoisie bohème de la région nantaise, et enfin les cas difficiles dont on ne sait pas quoi faire ailleurs. « Nous prenons l'enfant comme il est, et nous le mettons en situation de progresser, en saluant ce qu'il sait faire plutôt qu'en sanctionnant ce qu'il ne sait pas faire », complète Agnès Jamet.
Suite des opérations dans la classe de Patrice Jounot. Un mystérieux ballet s'engage, les enfants vont et viennent, certains partent travailler en bibliothèque sans le contrôle d'un adulte, d'autres s'installent carrément dans le couloir. Même chose à la récréation : les uns sortent jouer, tandis que les autres restent à leur table pour feuilleter un illustré.
« À première vue, on pourrait croire qu'ils font ce qu'ils veulent, s'amuse Patrice Jounot, en réalité c'est une libre circulation très organisée. » Ceux qui sortent sans surveillance ont fait la preuve de leur autonomie, qu'ils peuvent perdre à toute entorse au règlement, mais récupérer au conseil qui a lieu chaque vendredi.

"Plus de règles qu'ailleurs mais elles sont plus intelligentes"

Fameux rendez-vous que ce conseil de fin de semaine, autre clé de voûte de la pédagogie Freinet et véritable exercice de démocratie participative, selon une expression à la mode. Professeurs, élèves, intervenants sont réunis pour relire la semaine ; bons et mauvais points sont distribués aux uns et aux autres, les enseignants n'échappant pas toujours à cette règle.
« Nous nous appliquons les règles à nous-mêmes, poursuit Patrice Jounot, c'est parfois un peu déstabilisant, mais on joue le jeu. C'est d'ailleurs une des raisons qui éloigne beaucoup de professeurs de la pédagogie Freinet : ils n'aiment pas être remis en cause dans leurs pratiques ou leurs attitudes. Que ce soit vis-à-vis des élèves ou vis-à-vis des parents avec lesquels le dialogue est permanent. »
Et les parents justement ? Réponse en fin de journée avec un groupe de mamans bavardant dans la cour ou les classes, sans avoir attendu la sortie devant la porte fermée comme partout ailleurs. Propos saisis au vol : « Ici, il y a plus de règles qu'ailleurs mais elles sont plus intelligentes » ; « Je n'ai jamais regretté les kilomètres que je fais pour déposer mon fils à Ange-Guépin » ; « Ma fille entre en sixième l'année prochaine. Je ne sais pas si elle sera meilleure que les autres, mais je sais qu'elle a été mieux préparée à apprendre »… « Avec d'autres parents nous avons monté une association pour convaincre l'inspection d'académie d'ouvrir un collège Freinet à Nantes, explique encore Nuria Perez-Roblin. Si nous n'étions pas contents, croyez-vous que nous nous donnerions cette peine ? »
Jean-François FOURNEL


Retour sur l'election en Grèce ,ou la politique "de la toute finance" est rejetée : l'air libre en Grèce


« Respirez librement, respirez enfin librement, c'est la prise de la Bastille du bipartisme, l'effondrement du système collaborationniste du PASOK et de la Nouvelle Démocratie. Ce n'est qu'un début, les forces du Mémorandum, les forces de l'occupation ont été délégitimées par le vote du peuple...

... Nous avons résisté à la guerre économique et psychologique, nous n'avons plus peur du chantage, car le peuple grec sait désormais que les sommes prétendument prêtées à la Grèce dans le cadre des accords illégaux passés avec la Troïka, iront dans les poches de ces rapaces des marchés et aux banques. Nous pouvons désormais les menacer, et c'est aussi un message adressé à la chancellerie de Berlin. Le cobaye a bougé, il a crié, il a dit « Non ». Si finalement ils décident notre dynamitage, nous dynamiterons aussitôt toute la zone euro. Nos agents au Ministère de l'économie, vomissent chaque jour davantage la présence des contrôleurs Allemands au sein de leurs services. Les Allemands sont encore là, mais ils partiront par un vol direct Lufthansa, au départ de l'aéroport d'Athènes. Par la même occasion, tous les médias contrôlés par les armateurs ou par les promoteurs BTP, viennent de recevoir aussi une raclée historique, les peuple a préféré les ignorer. Il ont été délégitimés, ainsi que toute la politique du Mémorandum avec, bon débarras, la lutte continue. »
Voilà en résumé, la prose du journaliste Georges Trangas ce matin sur la radio Real-Fm. Trangas a bu du petit lait car l'histoire immédiate lui donne raison, sur la plus longue durée par contre, rien n'est encore certain.
Mais d'abord les résultats :

Sur 99,42 % des bureaux de vote (lundi midi) :

Inscrits : 9.901.323
Participation : 65,06 %
Bulletins blancs/nuls 2,36 %
Voix exprimées : formations qui n'entrent pas au Parlement : 19,03 %
(seuil : 3 %)
PartisSiègesPourcentage
 Nouvelle Démocratie (droite)10818,87 %
 SYRIZA* (Gauche radicale)5216,77 %
PASOK (P.S.)4113,19%
 Grecs Indépendants* (Droite)3310,60%
 KKE* (P.C.)268,48 %
Aube Dorée* (Extrême droite)216,97 %
 Gauche Démocratique*196,10 %
LAOS (Extrême droite)2,93 %
Mouvement Écologiste2,90 %
 Alliance Démocratique (droite)2,56 %

(*) Formations politiques exprimant clairement leur opposition au Mémorandum

Les journalistes mainstream avaient tous mauvaise mine dimanche soir derrière les écrans, dont le plasma se vidait au fil de la soirée. À minuit passé, des journalistes à la radio et à la télévision, évoquaient déjà «  cette nouvelle époque du méta-mémorandum  ». D'autres journalistes à la télévision encore, n'arrivaient plus à contenir, à dissimuler leur douleur. Leurs efforts dans la « systématisation intégrale », n'ont pas été couronnés de succès. S'exprimant en serrant leurs les dents, ils ont encore répété la même messe : « il faut honorer nos signatures, le FMI, la Troïka vont interrompre le financement  ». En effet, ces « perroquets du système » comme on les surnomme chez nous, ont tout juste précédé de quelques heures la menace du FMI, allant dans ce sens : « La Troïka, reviendra en Grèce lorsque le nouveau gouvernement sera formé. Ce nouveau gouvernement doit confirmer les engagements pris, par le précédent gouvernement  ». Peine perdue ?


Non, l'époque du méta-mémorandum n'est pas encore venue. Pourtant, l'air d'un autre temps, d'un autre calendrier politique, a soufflé très fort. Cet air du temps est d'abord celui de la dignité. Depuis, notre instantané historique se déchire enfin comme il se doit, en deux morceaux. L'ancien système politique du bipartisme a reçu un coup mortel, tandis que l'improbable (?) nouvelle coalition des anti-Mémorandum, ne se réalise pas encore. Même ce Vénizélos de l'ultime PASOK vient d'admettre que « l'ancien bipartisme n'a plus la légitimité nécessaire pour gouverner  ». Il propose donc l'idée d'un gouvernent « national de coalition non pas sur la ligne de fracture du Mémorandum, mais sur celle existante, entre forces favorables à l'Europe et les autres », d'autres « journalistes », lancent ainsi l'idée d'un gouvernement « technocrate, pour ainsi garder une certaine stabilité, indispensable aux reformes entreprises ». C'est une honte. Le grand journal du soir en France, a adopté (sur son site), le même syllogisme : « Percée des néonazis en Grèce, Vénizélos appelle à l'union nationale. L'effondrement des partis de gouvernement à l'élection législative pourrait empêcher la formation d'un gouvernement de coalition pour poursuivre la politique de rigueur dictée par l'UE et le FMI  ».

Athènes 7 mai 2012
"Recherchant un gouvernement - effondrement historique des partis de gouvernement"

Les masques tombent, sauf que les lecteurs du Monde ne le réalisent pas encore. La percée de l'extrême droite nazifiante en Grèce est aussi... un élément "rassurant" si on analyse la situation autrement. Car je peux supposer par exemple, qu'après une telle politique du choc, pareillement appliquée en si peu de temps à d'autres pays de l'Europe occidentale, l'extrême droite, serait en phase de devenir vraisemblablement la première formation politique dans ces pays. Je trouve donc, que pour l'instant en tout cas, la Grèce a plutôt bien résisté à cette percée de l'extrême droite. Ensuite, le syllogisme suggéré par les rédacteurs du grand quotidien français, contient involontairement et en filigrane, la seule analyse juste de la situation. Car le vrai problème n'est pas l'extrême droite, mais plutôt, la poursuite de la politique de rigueur dictée par l'UE et le FMI, et celle-ci, n'est plus une affaire grecque me semble-t-il. C'est ainsi que le fascisme bancocrate est plus dangereux à mes yeux que celui des « néo-nazifiants » de toute sorte, et pour une raison évidente : c'est précisément ce premier fascisme qui est à l'origine du second, ainsi les larmes de crocodile au journal du soir ou au sein des instances de l'U.E. sur la percée de l'extrême droite en Europe, ne peuvent émouvoir que les lobotomisés du raisonnement politique.
Il se trouve alors que de nombreux grecs prennent conscience de cette grande fraude à l'échelle du continent Européen, à savoir la grande razzia sur ses peuples. L'incontestable gagnant de ces élections en Grèce, est le parti de la gauche radicale SYRIZA (16%), (à part l'extrême droite de l'Aube Dorée).  SYRIZA arrive d'ailleurs en tête à Athènes, au Pirée et dans les grandes villes, ce qui peut annoncer le tempo de l'avenir sur le reste du pays. Et si la Grèce devient elle, presque ingouvernable c'est parce que la loi électorale attribue les premiers deux cent cinquante sièges du Parlement par la règle proportionnelle, puis, les cinquante qui restent, sont « offerts en cadeau » au premier parti. Seulement, même ainsi, le bipartisme de la Baronnie a reçu un coup mortel. Pour la même raison, le parti communiste a été presque sanctionné, car il a réussi à peine d'améliorer son score, dans un contexte où la gauche dans son ensemble a doublé le nombre de ses voix. Je précise pour éviter tout malentendu, que lorsqu'en Grèce on dit « la gauche », ce n'est pas au PASOK que nous pensons, ce dernier, « est considéré comme étant un parti anti-populaire et anti-national, car il appartient à la bancocratie », selon les représentations collectives, après deux ans de Mémorandum.
Ce matin, dans un café athénien on ne disait pas autre chose : « Je suis enseignant, j'ai toujours voté PASOK jusqu'en 2009, je me considère toujours comme socialiste, mais je ne voterai plus jamais PASOK dans ma vie, c'est terminé, ces gens veulent nous faire mourir pour arranger les banques. À nos écoles, nous n'appliquerons pas la reforme dictée par l'Europe, nous n'avons plus peur. Ils veulent augmenter notre temps de travail alors que nos salaires ont été diminués. J'ai perdu 470 euros par mois sur les 1.400 que je touchais, il y a un an environ. Je pense aussi que désormais, nous pouvons ne plus payer les taxes exceptionnelles, surtout en cas de chômage, c'est la fin de la terreur ».
Voilà ce qui est déjà acquis ce lundi : pouvoir rêver. Tous les autres leviers, restent aux mains des bancocrates, sauf l'air du temps. Nos visages sont plus joyeux, exceptés ceux des adeptes du Pasokisme, plongeant très profondément dans leurs journaux ce matin. Le quotidien « Ta Nea » par exemple, qui a bien choisi son titre : « Le cauchemar d'un pays ingouvernable », mais « cauchemar », pour qui d'abord ? L'horizon demeure brouillé. Rien n'est définitif, sauf la fin du PASOK et de la Nouvelle Démocratie du Mémorandum. Tôt ou tard, on comprendra peut-être que pour se délivrer du Mémorandum, il va falloir se défaire aussi de l'Union Européenne, ainsi que de nos propres errements. En même temps, il faut bâtir une autre politique étrangère, plus équilibrée et moins exclusive. Ce n'est guère évident. Patience, l'avenir devient enfin incertain et chaotique. Bienvenue au pays d'Hésiode.
Source : Greek crisis now