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mercredi 9 mai 2012

François Hollande Président de la République : merci au Front de Gauche!



On peut dire merci à François Bayrou et à la plupart de ses électeurs, qui ont eu, peut-être un peu tard, un sursaut républicain. Il ne faut pas oublier de remercier ceux, parmi les électeurs de droite, qui ont refusé de donner caution, pour cinq ans de plus, à une politique ayant dépassé le simple flirt pour aboutir à de vraies épousailles avec les idées du Front National. Et il convient bien sûr de remercier les électeurs des autres partis, dont les écologistes, qui ont, eux aussi, voté pour François Hollande.
Mais, surtout, remercions les électeurs du Front de Gauche qui ont soutenu le vote pour le candidat du Parti Socialiste au second tour des présidentielles, alors que, s'ils étaient d'accord pour suivre celui-ci sur la nécessité d'expulser le candidat sortant de l'Elysée, ils étaient, et sont toujours, en désaccord de fond sur beaucoup de choses, et en particulier sur la conduite à tenir vis-à-vis de la finance internationale et de l'Europe économique (en ce qui concerne notamment le Traité de Stabilité Financière que les socialistes ont laissé voter par leur abstention au Sénat).
Sans les voix du Front de Gauche, nous serions encore sous la Présidence de Nicolas Sarkozy, et pour cinq ans. Car 11% d'électeurs, ce n'est pas rien, surtout si l'on rajoute à ce chiffre tous ceux qui ont « voté utile» au premier tour (30% des électeurs de François Hollande au premier tour, a-t-on dit)
Or, que lit-on dans les médias, à propos du Front de Gauche et de Jean-Luc Mélenchon ? Qu'entend-on ? Rien. Si ce n'est que la faible différence entre les scores des deux candidats aurait pour cause un faible report des voix au second tour (apparemment « seulement » 80%). Si le Président sortant n'a pas eu le score déshonorant que certains attendaient, en pensant qu'il le méritait, ce serait la faute du Front de Gauche !!! On nous refait le coup de Lionel Jospin en 2002 : ce n'était pas de sa faute à lui, ni celle de la politique du parti socialiste, mais celle des électeurs !
Or, qui est-ce qui a appelé, dès l'annonce des résultats du premier tour, à voter François Hollande pour battre Nicolas Sarkozy ? Qui a répété cette invitation, avec force, si ce n'est Jean-Luc Mélenchon ? Et qui sont les militants qui ont continué le combat, non seulement pour gagner de nouveaux électeurs, mais aussi pour convaincre ceux des leurs qui avaient dit que « Le PS, jamais ! » (et cela n'était pas toujours facile...) ?
Et, pendant cette campagne de deuxième tour, a-t-on entendu un mot adressé par les dirigeants du PS aux sympathisants du Front de Gauche ?
Le soir de l'élection, François Hollande, a-t-il évoqué les électeurs du FDG qui ont voté pour lui, afin d'éviter Marine Le Pen au premier tour, et tous ceux qui lui ont donné leur voix au second tour sans partager ses positions ni son projet économique ?
Pourquoi ce silence, silence qui répète celui de nombreux médias sur la formidable campagne de Jean-Luc Mélenchon ?
Ce silence essaie de nous convaincre que cette campagne est non advenue, et que la victoire de François Hollande est essentiellement celle d'un homme et celle du Parti Socialiste. Alors qu'en vérité ce résultat est celui de la convergence, chez la majorité des électeurs du second tour, de la conscience de l'urgence de se débarrasser d'un gouvernement, et d'un homme, qui œuvraient, depuis plusieurs années, au démantèlement de la France et de ses valeurs, au clivage des citoyens entre eux, à l'enrichissement des plus riches et à l'appauvrissement des plus faibles, à la subordination de notre pays à une direction européenne liée à la finance internationale etc.
Le principal artisan de la victoire de François Hollande, il faut bien l'admettre, c'est Nicolas Sarkozy. Un peu moins d'évidence dans le soutien aux riches, un peu moins de mépris pour le peuple et de volonté de clivage, et un peu moins d'affaires, et nous l'aurions toujours...
Aussi, toutes les voix ont compté pour la victoire de François Hollande, qui est une victoire de la gauche, dont le Front de Gauche représente la deuxième force, ce que je répète ici puisque ce n'est dit nulle part.

Aussi est-il intéressant de comprendre les raisons de ce silence médiatique et politique sur l'existence de cette force émergente, dont on voit se développer rapidement d'autres aspects dans les pays sacrifiés sur l'autel du remboursement de la dette.
Pourquoi les médias liés aux grands groupes, comme les médias publics, mais aussi les hommes et femmes politiques, minimisent-ils le Front de Gauche, ou ridiculisent-ils Jean-Luc Mélenchon ?

Selon moi, trois raisons peuvent être incriminées :

D'abord, le Front de Gauche est le parti qui porte dans son programme le fait de s'opposer aux traités européens qui diminuent notre souveraineté pour nous vendre à des instances européennes liées à la finance (le FN énonce le même projet et cela n'est sûrement pas pour rien dans son succès récent). De même, il veut revenir que le fait que la BCE ne peut prêter qu'aux banques (qui se servent de cet argent pour prêter, elles, avec intérêt aux États) et pas directement aux États. Le FdG veut donc redonner aux États le droit de battre monnaie, ce qui me semble le début indispensable du commencement d'une solution. Mais les banques ne veulent pas de cette solution, bien sûr, puisque le système actuel leur rapporte beaucoup d'argent sans rien faire. Donc leurs amis non plus, PS compris (on peut lire sur le blog de jolimai un texte de Geoffrey Geuens « François Hollande et le monde des affaires », cela se trouve facilement via un moteur de recherche ; ou sur Mediapart, Solal Chomi reprenant des informations de Fakir ici :http://blogs.mediapart.fr/blog/solal-chomi/121211/qui-conseille-francois-hollande ). Ces informations vont dans le sens d'un consensus poussant les citoyens dans un sens opposé à la remise en question de la néo-libéralisation du monde.
Deuxième raison
Si le Front de gauche est reconnu pour ce qu'il est, c'est-à-dire le seul parti de gauche qui s'oppose à la conception néolibérale d'une Europe qui écrase les peuples et étouffe la démocratie, le bipartisme où l'on veut nous enfermer( un bipartisme à l'américaine : droite extrême/ droite sociale) éclatera de lui-même, comme cela commence à se pressentir ailleurs, pour lui faire une place grandissante. Or, la pénurie programmée des énergies fossiles, et l'éclatement successifs des bulles spéculatives, ainsi que l''incurie d'une politique généralisée de bénéfices à court terme ruinant les soubassement d'une industrie viable à long terme, font que les élites savent bien que nous allons vers des temps peu cléments. Autant ces élites font tout pour que les éclaboussures ne les atteignent pas, autant elles savent bien que les peuples ont une sale manie, c'est celle de se révolter quand on les exploitent trop et qu'ils vont mal. Et ces « élites » préfèrent augmenter la visibilité du Front National, afin de permettre à ces opposants potentiels de se réfugier dans son sein, parce qu'il peut servir de repoussoir et qu'il sera facilement contré par l'"humanisme international"; tandis qu'un Front de Gauche, qui pourrait au contraire avoir le soutien des humanistes, pourrait fédérer une révolte qui pourrait peut-être ne plus s'arrêter, une fois commencée.
C'est de la politique-fiction ? Peut-être...
Troisième raison
Une autre raison à la volonté du PS de minimiser la part que le Front de gauche a pris dans le succès de Hollande, c'est le choix électoral qui approche à grands pas, et qui va donner la majorité, ou pas, au Parti Socialiste : l'es élections législatives. Il y a de fortes chances pour que la gauche ait la majorité au Parlement. Mais il y a fort à parier, aussi, que le Parti Socialiste ne goûterait pas le fait d'avoir à obtenir systématiquement l'accord du Front de Gauche pour faire passer ses lois. Or, si celui-ci a un nombre de députés suffisants, c'est ce qui peut se passer. Il convient donc, encore et toujours, de minimiser ce parti pour que le PS passe pour le seul parti crédible à gauche. Il y en a même qui parle encore de « vote utile » ! Comme si cela avait un sens quelconque de laisser un parti être majoritaire à lui seul au Parlement ! On a vu ce que cela a donné avec l'UMP pendant cinq ans !!! Non, le Parlement est le lieu où nos représentants nous défendent, et n'hésitent pas à aller au conflit pour cela. Sans souhaiter une atomisation des forces en présence, il est souhaitable que le Parlement ne parle pas que d'une seule voix, et que les contradictions puissent s'exprimer, voire, en s'unissant, puissent s'opposer efficacement.
S'il faut une gauche forte, qui pourra défaire les lois liberticides et néolibérales promues en nombre par le gouvernement précédent, il faut aussi que cette gauche présente en son sein une forte représentation du parti qui défend le peuple.
Ne lâchons rien !
Source : Médiapart

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