Les premiers pas de François Hollande et du nouveau gouvernement ont ouvert l’espace pour une réorientation des politiques publiques. Seul un groupe parlementaire solide du Front de gauche peut garantir les changements attendus.
Les urgences sociales frappent à la porte de l’Élysée. Hier encore, plusieurs centaines de militants CGT de Midi-Pyrénées se sont rassemblées devant la préfecture à Toulouse « pour exiger une vraie politique industrielle ». La semaine dernière, le syndicat avait déjà remis au premier ministre une liste de 46 entreprises en redressement ou en liquidation, soit près de 45 000 emplois menacés. L’addition salée laissée par le pouvoir sarkozyste exige donc du nouveau gouvernement des réponses rapides. Les premiers pas du nouveau chef de l’État ont symboliquement ouvert un nouveau paysage politique en France et en Europe. À partir du 17 juin, la nouvelle majorité parlementaire qu’auront choisie les Français devra répondre aux exigences sociales. Les futurs députés seront notamment au cœur du bras de fer entre salariés et patronat, entre l’exercice de la souveraineté nationale et la pression des marchés financiers. À cet égard, les menaces récurrentes de plans sociaux, cachés sous le tapis par la droite avant la présidentielle, constitueront l’épreuve du feu pour la nouvelle majorité. Et en premier chef, le ministre socialiste du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui promet d’« ouvrir des discussions fermes » avec les dirigeants des entreprises qui menacent de
licencier, tout en prophétisant d’« encaisser des échecs ».
Travail législatif et luttes sociales
Hier, Pierre Laurent, président du conseil de campagne du Front de gauche, a évoqué la nature du « coup de pouce » au Smic envisagé par le gouvernement socialiste. « Il semble qu’on parle de 46 centimes l’heure d’augmentation », a-
t-il affirmé. « Nous, on est plutôt à 2 euros de l’heure en plus. On est loin du compte dans les propositions gouvernementales », a ajouté le secrétaire national du PCF. Autre ambiguïté du nouveau pouvoir socialiste sur un sujet décisif : ses velléités de ramener le déficit public à 3 % du PIB en 2013, tout en refusant l’austérité. « La contradiction va grandissant entre la prétention à mener des politiques de croissance et le maintien de politiques d’austérité », a commenté, lundi, Pierre Laurent à l’issue de sa rencontre avec François Hollande. La « fermeté sur la renégociation » de ce pacte de rigueur budgétaire est, selon lui, « l’une des questions clés de l’attitude de la France dans le G20, sans laquelle le discours sur les nécessaires politiques de croissance serait vidé de son sens ».
Dans ce contexte, le poids électoral du Front de gauche à l’Assemblée nationale sera déterminant pour orienter le travail législatif dans le prolongement des luttes sociales. Ce sera le cas sur la question des retraites, pour lesquelles il sera la seule force politique à l’Assemblée nationale à exiger son retour à soixante ans pour tous et à taux plein. Enfin, le Parlement sera le lieu du débat politique indispensable sur les solutions pour sortir de la crise. Là encore, le Front de gauche est porteur de nombreuses propositions comme la réorientation de la politique du crédit en faveur de l’emploi avec la création d’un pôle financier public, ou encore la refonte des statuts et missions de la Banque centrale européenne.
Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, la gauche pourrait, le 10 juin, disposer de tous les pouvoirs. Elle n’aura donc aucune excuse si elle échoue. Auquel cas, elle porterait notamment la responsabilité d’une nouvelle progression de l’extrême droite. Le Front de gauche, s’il obtient un groupe parlementaire significatif, peut se porter garant des changements attendus.
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