Les communistes tchèques (KSCM) s'installent comme deuxième force du pays avec 20% des voix aux régionales
Le scrutin régional et sénatorial de dimanche a sanctionné la politique d'austérité du gouvernement de coalition de droite. Mais en dépit de la première place du Parti social-démocrate, ce sont les communistes du KSCM qui sont les grands gagnants du scrutin, obtenant leur meilleur score depuis la contre-révolution de 1989.
Le résultat obtenu par les communistes est tout sauf une surprise. Depuis un an, la colère sociale monte en République tchèque, dans des proportions inédites: 150 000 manifestants dans les rues de Prague en avril dernier, 20 000 étudiantsparticipant à la « Semaine de l'agitation » en mars.
Le temps des illusions sur le « capitalisme à visage humain » a vécu. Le plan d'austérité adopté en avril dernier prévoit la privatisation rampante de la sécurité sociale ou de l'université, la hausse de la TVA, le gel des retraites ou encore de nouveaux déremboursements.
Dans un tel contexte, jamais les communistes n'ont été aussi populaires. Les sondages donnaient autour de 20% aux communistes en cas de scrutin national anticipé. Le résultat de ces élections régionales et sénatoriales vient le confirmer.
Si les sociaux-démocrates (CSSD) arrivent en tête avec 23% des voix, ils perdent 68 mandats et 400 000 voix.
Ils sont surtout talonnés par les communistes (KSCM) qui obtiennent 20,5% des voix et gagnent 75 sièges, avec 182 élus au total.
La droite ressort laminée. Le principal parti de droite, l'ODS – le parti de Vaclav Havel et de l'actuel président Vaclav Klaus – ne recueille que 12,2% des voix, loin derrière les communistes.
L'analyse des résultats au niveau régional confirme l'ancrage du vote communiste
Dans les treize régions mises en jeu ce week-end, les communistes arrivent à la seconde place dans neuf régions et en première place dans deux régions.
La carte électorale du Parti communiste reflète l'ancrage du vote communiste traditionnel dans les régions industrielles frontalières des Sudètes au Nord-ouest, et de la Moravie ainsi que de la Silésie à l'Est.
Ce sont dans les deux régions des Sudètes que le KSCM est arrivé en tête, devant les sociaux-démocrates : à Karoly Vary (23% et 14 élus) et surtout à Usti und Labem (25,2% et 20 élus).
A l'Est, les communistes réalisent d'excellents scores en Moravie-Silésie (22,8% et 20 élus) ainsi que dans la région d'Olomouc (22,8% et 16 élus).
Vers un gouvernement de coalition avec les socialistes : la question reste ouverte
Après le scrutin, le président du KSCM Vojtech Filip s'est tout d'abord félicité du succès historique du parti : « Je suis content que le KSCM ait confirmé sa progression dans les urnes ».
Un succès qu'il explique par le message cohérent et intègre porté par le KSCM lors de ces élections : « En remportant un tel succès, le KSCM a su porter l'image d'un parti de gauche moderne, avec les bonnes personnes aux bonnes places, un parti capable d'affronter le mal de la corruption en République tchèque et de résoudre les problèmes qui se posent dans le pays ».
Sur la question d'éventuelles alliances post-électorales avec le Parti social-démocrate, le président du KSCM a répondu :« Notre stratégie est claire : coalitions sur une base programmatique, et fidélité aux principes de la représentation proportionnelle ».
Pour la première fois, le président du Parti social-démocrate a avancé sur les plateaux de télévision l'idée de coalitions gouvernementales avec les communistes: « Je peux imaginer l'idée de coopérations avec le KSCM ».
Dans quasiment toutes les régions, y compris à Plzen où la droite est arrivée en tête, des négociations sont en cours pour former des majorités régionales de « gauche ».
La perspective de coalitions gouvernementales à l'échelle nationale entre socialistes et communistes ne s'est pourtant jamais véritablement posée depuis le renversement du communisme
Le Parti social-démocrate a systématiquement recherché les alliances avec les partis de centre-droit, dont il partage tant le programme économique libéral que l'anti-communisme viscéral.
Les récentes évolutions du KSCM, autant que la montée en puissance du parti, ont conduit à une ré-évalution de la politique d'alliances du CSSD dont les effets ne sont pas encore totalement perceptibles.
Le VIII ème congrès du KSCM en mai 2012 a laissé ouverte la question d'alliances de gouvernement avec les sociaux-démocrates, sans la trancher.
En effet, si officiellement le Parti ne reconnaît pas de courants organisés, le congrès a vu l'affrontement d'une aile « modérée », représentée par Jiri Dolejs, favorable à l'alliance avec la social-démocratie et une aile « radicale », avec à sa tête Stanislav Grospic, excluant cette perspective.
La ré-élection difficile de Vojtech Filip lors du Congrès, au deuxième tour avec seulement 60% des voix, révèle égalementl'ampleur des contradictions internes au sein du KSCM et permet de comprendre les hésitations et la prudence de sa direction quant à la politique d'alliances.
Si le choix de rester un Parti communiste en 1989 se révèle aujourd'hui politiquement payant, la rançon des succès électoraux présents et futurs pour le parti, ce sera de rester communiste, ne pas céder aux tentations social-démocrates et liquidatrices, au moment même où le peuple tchèque a plus que jamais besoin d'un vrai Parti communiste.
http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net
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