Jules Guesde lors d'une intervertion en 1911 au congrés de la SFIO , n'est t'il pas tant de revenir à nos fondamentaux , quand de requins entraînent notre société vers un abîme dont le capitalisme a le secret afin d'accroître encore la fortune de ceux qui ont déja tout :
GUESDE. – Je demande la parole pour traiter la question de la nationalisation des chemins de fer, qui vient d’être portée à l’ordre du jour par le citoyen Milhaud.
(…)
JULES GUESDE. – Si j’ai demandé la parole ce n’est pas pour intervertir l’ordre du jour du Congrès ou pour y introduire des questions qui n’y étaient pas portées. Mais étant donné qu’on soulève ici une question absolument imprévue, sur laquelle nos Fédérations n’ont pas eu à se prononcer, j’ai dit, et je répète, qu’avant même d’en saisir la Commission du Congrès, il faudrait au moins qu’une discussion générale s’engageât devant le Congrès lui-même. Que voulez-vous que fasse la Commission à laquelle vous renverrez la proposition Milhaud ? à quel titre, au nom de qui va-t-elle l’adopter ou va-t-elle la repousser ou l’amender ? Où sont ses pouvoirs ? Quelles sont les Fédérations qui en ont discuté ? Aucune. A moins que vous ne la renvoyiez à la Commission à fin d’enterrement. Alors j’en serais et je renoncerais à la parole; mais ce que j’affirme, c’est qu’aucune Commission ne peut se substituer aux Fédérations d’abord, au Congrès ensuite. (Applaudissements.)
Comment ! on soulève, par voie de motion, cette grande question de ce qu’on a appelé, les uns, les services publics, les autres (des partis socialistes considérables comme la démocratie socialiste allemande), tout simplement du capitalisme d’État; et on enlèverait ici le vote d’une pareille motion où l’on permettrait à une Commission sans mandat de trancher la question, c’est absolument impossible. Je demande que la question de la nationalisation ou de l’étatisation des chemins de fer soit renvoyée au prochain Congrès. Je demande que les Fédérations en soient régulièrement saisies et puissent en discuter à fond. On vient de nous dire que la manière de venir en aide aux cheminots, d’aider à leur libération, c’est de les mettre directement entre les mains de l’État, en rachetant les chemins de fer; si c’était vrai, demain ce sont les ouvriers textiles qui vont se lever et vouloir que l’État rachète les tissages et les filatures. (Applaudissements.) Ce sont les mineurs qui, à leur tour, vont exiger que les mines soient rachetées par l’État. (Applaudissements, interruptions.) … Avec quoi allez-vous faire tous ces rachats ? Où allez-vous trouver les 200 et quelques milliards nécessaires à une pareille opération… (Interruptions.) … Le Parti socialiste n’est pas le Parti du rachat, il est le parti de l’expropriation (Applaudissements.) Il n’a pas à racheter, il a à reprendre par et pour le prolétariat, ce qui a été volé au prolétariat; et pour un pareil but, il n’y a qu’un moyen qui s’impose: c’est la prise du pouvoir politique, condition de la reprise de la propriété capitaliste. Là est tout le socialisme et quand vous entrez dans la voie des rachats, si fructueux pour les capitalistes, vous faites purement et simplement les affaires de ces requins dont parlait tout à l’heure la proposition Milhaud (Applaudissements et protestations.)
Il y avait des requins derrière les chemins de fer des Charentes en déconfiture, qui rachetés au prix que vous savez, ont constitué le premier chemin de fer de l’État. Il y avait des requins derrière l’Ouest, non moins en déconfiture, qui s’est fait racheter dans des conditions telles que les actions ont monté de plus de cent francs (Applaudissements, protestations.) Ce n’est pas là du socialisme, encore une fois, c’est du contre-socialisme. Je comprends très bien que des capitalistes avisés cherchent à se faire racheter dans la société actuelle, ne serait-ce que pour ne pas être expropriés demain. (Applaudissements, interruptions.)
Je répète qu’une Commission nommée par le Congrès ne saurait trancher une question comme celle-là. Si on veut qu’elle soit abordée utilement, elle doit être d’abord discutée par les Fédérations et renvoyée par elles à un Congrès. Jusque-là, nous avons à rester le Parti socialiste, et à ne pas nous suicider; surtout dans des manifestations qui font, qu’on le veuille ou non, le jeu d’une fraction de la classe capitaliste, sinon de toute la classe capitaliste. (Applaudissements et protestations.)
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