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samedi 29 décembre 2012

voici un documentaire tourné en Grèce qui donne une toute autre vision ainsi qu'une autre explication à la "crise " réalisé grâce à des dons ce fut un immense succès en Grèce


“PIIGS”, tout comme tous les pays de l’UE. Nos ministres ont essayé de nous faire croire que nous avions tous une responsabilité dans ceci.”
Debtocraccy Dettocratie


Dettocratie (Debtocracy / Χρεοκρατία hreokratía) est un documentaire sorti en 2011 de deux journalistes grecs : Katerina Kitidi et Aris Hatzistefanou. Le film traite principalement de la crise de la dette grecque de 2010, et prend pour exemple le cas de l’Equateur, et montre comment ce pays a réussi à s’en sortir grâce à un audit de sa dette et en répudiant une partie de sa dette.
Les fondateurs du projet Debtocracy soutiennent que la Grèce doit suivre la même voie en commençant par créer une commission d’audit de la dette souveraine puis en sortant de l’euro.
Ce film a connu un vif succès en Grèce. Près de 500 000 personnes ont visionné le film une semaine après sa sortie sur internet, plus d’un million quelques semaines plus tard. Il faut également savoir que le projet a été intégralement financé par des donations.
Bon visionnage !


NB. : vous pouvez choisir une diffusion HD en cliquant en haut à droite de l’image

Interview des réalisateurs, publiée sur Owni.fr :

Né à Athènes, Aris Hatzistefanou, 34 ans, est un journaliste à toute épreuve depuis ses plus jeunes années. Journaliste en Palestine, puis à Londres pour la BBC, son émission de radio “infowar” sur la station grecqueSky Radio, très écoutée, fut arrêtée quelques jours seulement avant la publication du documentaireDebtocracy, dont le message est à contre-courant de la pensée dominante.
Ce projet a attiré l’attention de plus d’un million de personnes en Grèce, et a popularisé une campagne nationale demandant une commission d’audit de la dette publique du pays. OWNI s’est entretenu avec l’homme derrière ce subversif documentaire qui secoue l’opinion grecque, dans une période très difficile pour le pays.
Quelle est l’histoire de Debtocracy ?
L’idée nous est venue après une émission sur Sky Radio sur la manière dont le président équatorien avait géré la dette colossale du pays : il mis en place une commission chargée d’auditer la dette souveraine du pays, et arriva à la conclusion que d’autres pays étaient en train d’utiliser l’Équateur comme un “esclave”, tout comme l’Argentine et d’autres pays avant lui. Par conséquent, le gouvernement équatorien força les créanciers à subir un « haircut » [des pertes, ndlr] de 70%.
Dans le même temps, en Grèce, des gens étaient en train de lancer une initiative similaire, et recherchaient du soutien pour cela. Du coup, mon émission sur Sky Radio entrait en écho avec leur discours. Et beaucoup de gens semblaient se demander si nous pouvions faire la même chose en Grèce.
Katerina Kitidi (éditrice en chef de TV XS) et moi nous sommes alors décidés à produire ce documentaire. Mais nous n’avions pas d’argent, et ne voulions surtout pas demander des financements auprès d’un quelconque parti politique, syndicat, entreprise, ou pire, une banque. Nous avons alors eu l’idée de demander aux gens de nous aider en lançant une campagne de crowdfunding.
Et cela a très bien marché ! Nous avons récolté 8.000 euros en seulement dix jours, ce qui est pas mal du tout en Grèce, surtout dans le contexte actuel.
Au début, ce projet était censé n’être qu’une vidéo de plus sur YouTube ! Mais comme beaucoup de gens nous ont proposé leur aide (des professionnels de l’audiovisuel notamment), et que beaucoup de gens nous ont aidés financièrement, nous avons pu réaliser un véritable documentaire. À un moment, nous avions même tellement de dons que nous avons décidé d’investir dans la promotion du film, ce qui n’était pas prévu.
Alors que ce projet avait été initié par deux personnes, environ quarante personnes ont contribué au final.
Debtocraccy Dettocratie


Katerina Kitidi et Aris Hatzistefanou.

Comment le film a été reçu en Grèce ?
Nous avons eu plus d’un demi-million de vues en moins d’une semaine, et nous sommes aujourd’hui à plus d’un million. Mais en dépit de ce succès, les média grecs n’en touchèrent pas un mot au début. Puis, quand ils ont vu le succès du film, ils ne pouvaient plus faire comme si nous n’existions pas. Il sont alors commencé à nous critiquer et à tenter de nous décrédibiliser. Jusqu’à présent, aucune chaine de télévision n’a parlé de nous, même négativement.
En fait, le jour où ils le feront, c’est que nous aurons gagné.
Quel est le message que vous voulez faire passer avec ce documentaire ?
Nous défendons le point de vue que la situation actuelle n’est qu’une partie d’un problème bien plus global, notamment lié au problème de l’euro. Parce que l’euro est divisé entre son cœur et la périphérie, nous sommes condamnés à souffrir de pertes de compétitivité face à l’économie mondiale, car nous ne pouvons pas dévaluer notre monnaie.
Je ne nie pas que nous avons notre propre part de responsabilité. Le problème de la Grèce est que notre fiscalité ne s’est pas adapté au modèle d’État-providence que nous avons mis en place : les entreprises ne sont pas assez taxées, les déficits ne sont donc pas contrôlés. Nous avons aussi un grave problème de corruption, mais cela reste un détail : nous pourrions mettre tous les politiques en prison, mais qu’est-ce que cela changerait ?
Bref, ce qui se passe actuellement ne peut pas être totalement de la faute des “PIIGS”, comme ils nous appellent.
Nous disons aussi que le modèle allemand n’est pas un modèle à suivre. Ils ont simplement gelé les salaires depuis dix ans ! Ce n’est pas soutenable pour l’ensemble de l’Europe !
Certains disent que votre point de vue n’est pas impartial. Que leur répondez-vous ?
Tout d’abord, nous n’avons jamais prétendu être mesurés. C’est même plutôt l’inverse, puisque nous pensons que nos contradicteurs ont largement eu le temps et l’espace médiatique pour faire valoir leur position. D’ailleurs, leur position n’est pas vraiment équilibrée non plus…
Certains critiquent aussi le fait que l’Équateur n’est pas un bon exemple, car c’est un pays en voie de développement qui a du pétrole. Mais le pétrole ne représente que 25% du PIB de l’Équateur, et nous, nous avons nous aussi en Grèce notre propre pétrole : le tourisme.
Après, on aurait pu prendre n’importe quel autre pays comme exemple, il y aurait toujours des gens pour dire que « comparaison n’est pas raison », même si le contexte est tout de même similaire, avec une spirale d’endettement et l’intervention du FMI. Mais au final, ils essaient juste de faire dériver la conversation afin de ne pas répondre au principal sujet de ce film : la nécessité de créer une commission d’audit de la dette.
À votre avis, que devrait faire la Grèce aujourd’hui ?
C’est clair que la Grèce ne peut repayer sa dette, que celle-ci soit légale ou pas, et quel que soit son montant et son taux d’intérêt. Plus de 350 milliards de dettes, c’est déjà trop. Très ironiquement, les marchés semblent plus lucides que le gouvernement, qui continue de dire que l’on peut trouver l’argent. Mais les marchés ne sont pas stupides. Les plans de sauvetage n’ont en vérité qu’un seul objectif : sauver les banques françaises et allemandes, qui tomberaient si la Grèce faisait banqueroute.
Donc, de notre point de vue, nous ne devrions rien attendre des décideurs européens. Si nous attendons, il sera trop tard pour prendre les mesures nécessaires. Nous devons donc trouver nous même des solutions, et lancer des initiatives.
Une fois que cela est dit, la première chose que nous devons faire et de mener un audit de la dette grecque, de manière à discerner la dette légale de celle qui ne l’est pas. Un certain nombre d’indices tendent à montrer qu’une grande partie de la dette est odieuse, voire illégale. Mais seule une commission d’audit saurait le démontrer. C’est pourquoi nous soutenons complètement cette initiative, même si nous soulignons l’importance que cette commission soit menée de manière transparente et démocratique. Pas par les parlementaires.
Après, nous sommes plus radicaux que d’autres dans nos propositions car nous pensons que nous devrions stopper le remboursement de la dette, quitter l’euro, et nationaliser le secteur bancaire. Ce n’est pas quelque chose de facile à défendre, car cela parait très radical, mais même certains économistes et hommes politiques commencent aussi à étudier ces options.
Nationaliser les banques peut sembler être une proposition communiste, mais j’y vois plutôt du pragmatisme : il faut protéger le pays d’une éventuelle fuite des capitaux vers l’étranger, dans le cas où nous quittons l’euro.
Avez-vous des liens avec d’autres initiatives de ce type en Europe ?
Nous avons été contactés par de nombreux groupes, notamment pour que nous traduisions le documentaire. Ce qui est désormais chose faite. Mais nous ne collaborons pas vraiment avec eux en tant que tel, nous leur permettons simplement de réutiliser notre travail, qui est sous licence Creative Commons.
Comment voyez-vous l’avenir de la Grèce ?
L’année dernière, il y a eu plusieurs soulèvements contre le plan de sauvetage du pays, mais les citoyens sont très découragés depuis. Pendant les dix dernières années, l’opposition n’a jamais rien proposé qui puisse rassembler l’opinion publique. Certains pensent que les grecs se font une raison, mais je sens que l’indignation est toujours bien là, sous nos pieds. Elle n’attend qu’un nouveau prétexte pour être ravivée.
Il est intéressant de noter qu’aucun parti politique n’a le contrôle des mouvements de protestation, et que personne ne guide ce mouvement. Je redoute donc que la situation ne s’enflamme de nouveau, d’une manière violente. Mais il est impossible de prévoir quand et pourquoi.1
Quelle est la suite pour Debtocracy ?</>
Grâce à toutes les personnes qui nous ont soutenus, nous avons collecté plus d’argent que nécessaire pour la production du film. Nous avons donc décidé de créer un compte spécial pour que les gens déposent leurs dons. Si nous n’utilisons finalement pas cet argent pour un nouveau projet dans les six mois, les donateurs seront remboursés.
Franchement, nous ne nous attendions pas à un tel succès avec si peu de moyens. Ce n’était pas facile, mais nous nous sommes prouvé que nous pouvions faire de grande choses avec peu de ressources, surtout quand vous êtes entourés de personnes talentueuses.
Internet nous a beaucoup aidés, mais nous voyons aussi les limites de l’outil. Nous devons aujourd’hui aller à la rencontre de ceux qui ne sont pas forcément sur Internet, notamment à l’extérieur d’Athènes. Si nous n’étions que sur Internet, notre approche resterait trop élitiste. C’est pourquoi nous envisageons de distribuer des DVD et d’organiser des projections dans des théâtres ou des cinémas.
Nous voulons vraiment aller plus loin, faire face aux tabous des médias mainstream grecs. Aujourd’hui, si les gens ne participent pas eux-mêmes à la production de l’information, il n’y aura jamais aucune entreprise de média prête à leur donner la parole.

Synopsis Presseurop :

Tout le monde sur le web parle de Debtocracy, un documentaire des journalistes Katerina Kitidi et Ari Hatzistefanou sur la crise grecque. Tourné avec leur argent personnel et les dons de quelques amis, il est diffusé gratuitement sur debtocracy.gr. En moins de dix jours, près de 600 000 visiteurs l’ont visionné. Chaque jour, partisans et adversaires du documentaire échangent leurs points de vue sur Facebook, Twitter ou sur les blogs.
Les principaux acteurs de ce documentaire (environ 200 personnalités) signent une demande de création d’un comité d’audit international, qui aurait pour but de préciser les raisons de la création d’une dette souveraine et la condamnation de ses responsables. En l’espèce, la Grèce a le droit de refuser le remboursement de sa « dette injustifiée« , c’est-à-dire de la dette constituée par des actes de corruption contre l’intérêt de la société.
Debtocracy est une action politique. Elle présente un point de vue sur l’examen des évènements qui ont conduit la Grèce au bord du gouffre. Les opinions vont toutes dans le même sens, sans contrepoint. C’est le choix des auteurs, qui livrent leur manière de voir les choses dès les premières minutes: « En près de 40 ans, deux partis, trois familles politiques et quelques grands patrons ont conduit la Grèce à la faillite. Ils ont cessé de payer les citoyens pour sauver leurs créanciers. »
Les « complices » de la faillite n’ont pas droit à la parole
Les auteurs du documentaire ne donnent pas la parole à ceux qu’ils considèrent comme les « complices » de cette faillite. Les Premiers ministres et ministres des Finances de ces dix dernières années en Grèce sont présentés comme les maillons d’une chaîne de complices qui ont poussé le pays dans le vide.
Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, qui s’est présenté aux Grecs comme le médecin du pays, est comparé au dictateur Georges Papadopoulos, Premier ministre sous le régime des colonels, de 1967 à 1974. Le parallèle est établi avec une facilité remarquable dès le début du documentaire, mais le personnage concerné (DSK) n’a pas le droit à la parole.
A la question « Pourquoi ne pas faire intervenir les personnes pointées du doigt ?« , Kateina Kitidi, l’une des auteurs répond que « c’est une question qu’il faut poser à de nombreux médias qui, ces derniers temps, diffusent en permanence un seul point de vue sur la situation. Nous considérons que nous offrons une autre approche, qui manquait depuis longtemps. »
Le public, garant de l’indépendance du film
Pour son collègue Aris Hatzistefanou, c’est l’indépendance du documentaire qui compte: « Nous n’avions pas le choix », précise t-il. « Pour éviter les contraintes sur le contenu du film, qu’auraient exigé les sociétés de production, institutions ou partis auraient certainement exigé, on s’est adressé au public pour assurer les frais de production. Le documentaire appartient donc à nos ‘coproducteurs’ qui ont fait des dons sur internet, et c’est la raison pour laquelle il n’y a pas de problèmes de droits. Notre but est, de toutes façons, de le diffuser le plus largement possible« , explique-t-il.
Le documentaire se sert du problème de l’Equateur et de l’Argentine pour soutenir l’argument selon lequel le rapport d’un comité d’audit peut servir d’outil de négociation pour effacer une partie de la dette, du gel des salaires et des retraites.
« Nous essayons de prendre les exemples de pays comme l’Argentine et l’Equateur, qui ont dit non au FMI et aux créanciers étrangers qui ont mis à genoux, même partiellement, les citoyens. Pour cela, nous avons parlé aux personnes qui ont mené un audit en Equateur et prouvé qu’une grande partie de la dette est illégale« , reprend Katerina Kitidi. Debtocracy évite toutefois de souligner des différences majeures et évidentes entre l’Equateur et la Grèce. Entre autres, le fait que l’Equateur possède du pétrole.

Source: http://www.les-crises.fr/

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