Le 30 janvier est l’anniversaire de la nomination de Hitler comme chancelier. 80 ans après, cette daet résonne encore comme l’avènement du régime le plus réactionnaire de l’histoire moderne
Contrairement aux affirmations souvent entendues, les nazis ne sont pas arrivés au pouvoir suite à à une victoire électorale mais par un coup de force présidentiel, dans un climat de violence et de division de la gauche. Ainsi lors des derniers scrutins de 1932, à la présidentielle du 13 Mars, Hitler a obtenu 30,1% et a été battu au deuxième tour par Hindenburg ; lors des législatives de Juillet 1932, au summum de sa poussée, le parti nazi a obtenu 37,4 % des voix mais lors des législatives de Novembre 1932 (les dernières élections libres), il retombe à 33,1 en perdant 2 millions de voix. La nomination de Hitler comme chancelier en Janvier 1933 ne doit donc rien à choix démocratique. C’est le début de la destruction des libertés, accélérée par l’incendie du Reichstag.
Le président de la République, le vieux maréchal Paul Von Hindenburg (86 ans), charge Hitler, chef du parti nazi, de former le nouveau gouvernement allemand.
Tractations indignes
Cette nomination fait suite à des tractations entre l’ancien chancelier conservateur Franz Von Papen et le financier Schacht, qui représente les nazis.
Von Papen et les conservateurs espèrent se servir du Führer nazi pour enrayer la menace communiste. Son parti est en effet selon eux en perte de vitesse. Le nouveau chancelierconstitue un gouvernement largement ouvert aux représentants de la droite. Il ne compte que trois nazis, Hitler compris. Von Papen est lui-même vice-chancelier. Faute de majorité absolue au Parlement, Hitler paraît loin de pouvoir gouverner à son aise.
Course à la dictature
Avec une rapidité foudroyante et par des moyens tout à fait illégaux, Hitler installe sa dictature. Dès le lendemain de son investiture, Hitler dissout le Parlement (Reichstag) et prépare de nouvelles élections pour le 5 mars 1933. Il trace tout de suite ce que son chef de la propagande, Josef Goebbels, appelle «les grandes lignes de la lutte armée contre la terreur rouge ».
Les miliciens de son parti, les Sections d’Assaut (SA), terrorisent l’opposition pendant la campagne électorale et commettent 51 assassinats.
Ils bénéficient de la position-clé de l’un des principaux lieutenants de Hitler, Goering.
Nommé ministre de l’Intérieur du principal État allemand, la Prusse, il en profite pour manipuler la police, révoquer les fonctionnaires hostiles, placer des nazis aux postes essentiels…
Hitler fait planer le spectre de la «révolution bolchevique» mais celle-ci tardant à éclater, il décide de l’inventer. Le 24 février, une descente de police au siège du Parti communiste allemand permet à Goering d’annoncer la saisie de documents annonçant ladite révolution… ces documents ne seront jamais publiés.
Comme toute cette agitation ne semble pas suffire à rallier une majorité de suffrages aux nazis, ces derniers décident en conséquence d’organiser une provocation.
Le 27 février 1933, à Berlin, le Reichstag prend feu. Dans l’immeuble du Parlement allemand, la police se saisit d’un Hollandais communiste et en apparence déséquilibré, Marinus van der Lubbe. Il sera considéré comme responsable de l’incendie et exécuté.
Il semble en fait que le soir du 27 février, un détachement de Sections d’Assaut (SA) nazies aurait emprunté un passage souterrain menant de la demeure de Göring au Reichstag et y aurait répandu des produits hautement inflammables.
La présence de Van der Lubbe sur place au même moment, allumant de son côté de petits foyers d’incendie, n’aurait été qu’une coïncidence, à moins que des agents nazis ne l’aient poussé à la faute.
Vers la dictature
Dès le lendemain, le 28 février, Goering attribue l’incendie à un prétendu complot communiste et fait arrêter 4000 responsables du Parti communiste allemand. Le même jour, il fait signer par Von Hindenburg un «décret pour la protection du peuple et de l’État» qui suspend les libertés fondamentales, donne des pouvoirs de police exceptionnels aux Régions (Länder) et met fin aux libertés démocratiques
Un communiste bulgare, Georgi Dimitrov, est présenté comme la tête du complot. Il est jugé mais échappe à la mort car le procès tourne au désavantage du régime.
Le 23 mars 1933 est ouvert près de Munich, à Dachau, le premier camp de concentration ; des opposants politiques y sont internés. Les nazis peuvent dès lors mener une campagne électorale qui mêle terreur et propagande sans qu’aucun opposant soit en mesure de se faire entendre.
Malgré cette pression, les élections du 5 mars ne donnent aux partis nationalistes regroupés autour des nazis qu’une courte majorité au Parlement. Les nazis eux-mêmes obtiennent 17 millions de voix (44%). C’est encore insuffisant à Hitler pour modifier la Constitution en sa faveur. Il lui manque la majorité des deux tiers.
Les sociaux-démocrates conservent 7,2 millions de voix et les communistes 4,8 millions de voix. Zentrum, le parti catholique du Centre, accroît pour sa part le nombre de ses électeurs et avec son allié, le Parti catholique du peuple bavarois, obtient un total de 5,5 millions de voix.
Le 23 mars, l’Assemblée se réunit à Berlin, à l’Opéra Kroll. Elle se voit soumettre par Hitler un «décret d’habilitation» qui prévoit de donner au chancelier un pouvoir législatif exclusif pendant quatre ans, autrement dit le droit de gouverner et de légiférer sans l’accord des députés
Les sociaux-démocrates refusent le vote du décret. Hitler, à la tribune, les couvre d’injures. Mais le chef du Zentrum, Monseigneur Ludwig Kaas, convainc son groupe parlementaire de voter pour Hitler, contre la vaine promesse que celui-ci respecterait le droit de veto du président Von Hindenburg. Fort de la majorité indispensable des deux tiers, Hitler dispose dès lors d’un pouvoir dictatorial sur la plus grande puissance d’Europe continentale.
Dès le 31 mars, faisant usage du décret d’habilitation, Hitler dissout les Diètes (ou assemblées législatives) des différents États qui composent la République allemande, à l’exception de la Prusse.
«Autodafé des livres»
La dictature hitlérienne organise, le 10 mai 1933, sur la place de l’Opéra, face à l’université de Berlin, d’un «autodafé rituel des écrits juifs nuisibles». 20.000 livres sont brûlés. Parmi les auteurs voués au feu figurent Heinrich Heine, Karl Marx, Sigmund Freud, Albert Einstein, Franz Kafka, Stefan Zweig, Félix Mendelssohn-Bartholdy. Les oeuvres des artistes «dégénérés», tels Van Gogh, Picasso, Matisse, Cézanne et Chagall, sont par ailleurs bannies des musées.
Avènement du IIIe Reich
L’année suivante, le 2 août 1934, le vieux président de la République allemande, le maréchal Paul Von Hindenburg décède.
Hitler profite de sa disparition pour réunir les fonctions de président et de chancelier. Il proclame l’avènement d’un IIIe Reich allemand dont il se présente comme le Führer (guide en allemand), avec un pouvoir dictatorial.
Adolf Hitler devient Chancelier du Reich – 30 janvier 1933 – Pathé-Journal
1933
30 janvier: Adolf Hitler est nommé chancelier par le Président Von Hindenburg.
22 mars: Le premier camp de concentration officiel ouvre à Dachau, un petit village situé près de Munich. Son commandant est l’officier SS Theodor Eicke.
1er avril: Boycott des magasins juifs et entreprises juives.
7 avril: Interdiction aux juifs d’enseigner dans les universités ou de travailler dans des services publics.
26 avril: Création de la Gestapo (“Geheime Stat Polizei” – Police secrète d’État) par Hermann Göring, ministre de l’intérieur de Prusse.
10 mai: Autodaffé de livres écrits par des juifs, des opposants politiques, ou tout auteur ne se situant pas dans la ligne du parti.
14 juillet: Loi enlevant la citoyenneté allemande aux réfugiés juifs d’Europe de l’est.
1934
2 août: Hitler se proclame “Führer und Reichskanzler ” (Chef et chancelier du Reich). Les forces armées allemandes doivent lui jurer obéissance.
1934
2 août: Hitler se proclame “Führer und Reichskanzler ” (Chef et chancelier du Reich). Les forces armées allemandes doivent lui jurer obéissance.
1935
31 mai: Les juifs sont exclus de l’armée allemande.
15 septembre: ”Lois de Nuremberg”: les premières lois raciales sont publiées; les juifs perdent leur citoyenneté allemande, ne peuvent se marier avec de aryens ou même porter le drapeau allemand.
15 novembre: Première définition officielle du juif: quiconque ayant trois grand-parents juifs; quiconque ayant deux grand-parents juifs et se déclarant membre de la communauté juives.
1936
3 mars: Les médecins juifs sont interdits de pratique.
7 mars: L’armée allemande occupe la Rhénanie démilitarisée par le Traité de Versailles.
17 juin: Le Reichführer SS Himmler (chef suprême de la SS) est nommé chef de la police allemande.
12 juillet: Ouverture du camp de concentration de Sachsenhausen.
25 octobre: Création de l’Axe Rome – Berlin par Hitler et Mussolini.
1937
15 juillet: Ouverture du camp de concentration de Buchenwald.
1938
13 mars: Anschluss (annexion de l’Autriche au Reich): toutes les lois raciales allemandes sont désormais d’application en Autriche
26 avril: Enregistrement obligatoire de tous les biens et propriétés juives en Allemagne.
Mai: Ouverture du camp de concentration de Flossenburg.
6 juillet: Conférence d’Evian à propos du problème des réfugiés juifs.
1 août: Adolf Eichmann crée le bureau d’émigration juif à Vienne afin d’accélérer l’émigration des juifs.
3 août: Lois antisémites en Italie.
8 août: Ouverture du camp de concentration de Mauthausen en Autriche.
30 septembre: Conférence de Munich: l’Angleterre et la France accepte l’occupation des Sudètes par l’Allemagne.
5 octobre: Suivant la requête des autorités suisses, l’Allemagne appose un “J” dans les passeports appartenant aux juifs, et ce afin de réduire l’émigration des juifs vers la Suisse.
28 octobre: 17.000 juifs polonais vivant en Allemagne sont expulsés. La Pologne refuse de les admettre et 8.000 d’entre eux sont bloqués dans le village frontière de Zbaszyn.
7 novembre: Assassinat à Paris du diplomate allemand Ernst vom Rath par Herschel Grynszpan.
9-10 novembre: Kristallnacht (Nuit de Cristal): pogrom anti-juif en Allemagne, Autriche, et dans les Sudètes; 200 synagogues détruites; 7.500 magasins juifs pillés; 30.000 hommes juifs emprisonnés dans les camps de concentration (Dachau, Buchenwald, Sachsenhausen).
12 novembre: Décret forçant tous les juifs à céder leurs entreprises à des aryens.
15 novembre: Les élèves juifs sont exclus de toutes les écoles allemandes.
12 décembre: Une amende de 1 milliard de Marks est imposée aux juifs pour les destructions occasionnées durant la Nuit de Cristal.
1939
30 janvier: Discours d’Hitler au Reichstag menaçant la race juive d’extermination (Vernichtung) au cas ou une guerreéclaterait en Europe.
15 mars: L’Allemagne occupe la Tchécoslovaquie.
18 mai: Ouverture du camp de concentration de Ravensbruck.
23 août: Le pacte Molotov-Ribbentrop est signé: pacte de non-agression entre l’Allemagne et l’Union Soviétique. 1 septembre: L’Allemagne envahit la Pologne. Début de la Seconde Guerre Mondiale. durant les six semaines qui suivent, 16.336 civils seront assassinés dans 714 localités par les nazis. Au moins 5.000 d’entre eux étaient juifs.
1 septembre: Invasion de la Pologne. Début de la Seconde Guerre Mondiale
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