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lundi 6 mai 2013

L’affaire Guéant concentre tous les ingrédients d’une possible affaire d’état. Chaque justification de l’ancien ministre de l’intérieur débouche sur de nouvelles questions. Soit il ment, comme le dit crument son ancienne collègue Roselyne Bachelot et cela pose un problème pour lui, soit il dit la vérité et la circulation d’argent liquide au ministère de l’Intérieur, jusqu’en 2006, en pose un autre, encore plus politique…


L’affaire Guéant concentre tous les ingrédients d’une possible affaire d’état. Chaque justification de l’ancien ministre de l’intérieur débouche sur de nouvelles questions. Soit il ment, comme le dit crument son ancienne collègue Roselyne Bachelot et cela pose un problème pour lui, soit il dit la vérité et la circulation d’argent liquide au ministère de l’Intérieur, jusqu’en 2006, en pose un autre, encore plus politique…
       Dans le cadre de l’instruction par la justice sur une possible affaire de financement de la campagne de Nicolas Sarkozy par le Colonel Khadafi, révélée par Mediapart, la perquisition au domicile de Claude Guéant a donc ramené à la surface deux éléments rapportés mardi par le Canard enchaîné.
       Une somme de cinq cent mille euros virés sur un compte de M. Guéant, ainsi que des factures pour divers achats payés en liquide.
       On sait désormais que M. Guéant justifie le demi-million d’euros par la vente de deux tableaux. Explication pittoresque, mais la justice aura du mal à en tirer le fin mot. Certes les tableaux paraissent terriblement surestimés, mais l’acheteur étant officiellement avocat en Malaisie, et la Malaisie n’ayant pas de convention d’entraide judiciaire avec l’Europe, comme le pointe le journal Libération ce matin, il sera difficile de confirmer ou de démentir les affirmations de M. Guéant.
       C’est finalement la découverte la moins spectaculaire qui pose le problème le plus aigu. Elle concerne des factures pour des achats effectués en liquide. Dans un premier temps Claude Guéant a expliqué que cet argent, de 3000 à 5000 euros mensuels, venait du paiement de primes de cabinet en espèce. Or ce système a été aboli en 2002. Dans un second temps, M. Guéant a parlé d’une pratique de notoriété publique alimentant des milliers de fonctionnaires du Ministère de l’Intérieur, et a même soutenu qu’elles avaient donné lieu à des négociations avec les syndicats.
       Plusieurs voix l’ont démenti. Il y aurait alors mensonge. Mais si le système existait bel et bien, la vérité révélée par M. Guéant décrirait une pratique hors la loi, maintenue par le Ministre de l’Intérieur de l’époque, un certain Nicolas Sarkozy, jusqu’à la veille de son accession à l’Elysée.
       Mensonge potentiel, circuit d’argent d’origine indéterminée, distribution d’enveloppes, vente heureuse de tableaux sans grande valeur, les ingrédients de cette affaire sont sensibles au niveau de la morale, comme l’affaire Cahuzac, mais encore plus au niveau politique puisqu’elles évoquent la permanence d’une circulation d’argent occulte.
       En se défendant tous azimuts, et en s’abritant derrière une pratique générale au ministère de l’Intérieur, l’affable et mystérieux Claude Guéant mouille donc en fait tout un système. Sauf à mentir comme un arracheur de dent, il ne peut plus être un fusible. Un pour tous, tous pour un : s’il doit chuter, il ne tombera pas tout seul…       
        France Culture 7h36 ; France Musique 8h07 ; Twitter : @huberthuertas
        
   

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