La France et l’Allemagne adoptent aujourd’hui une position commune sur la taxe sur les transactions financières. Plusieurs ONG appellent à la vigilance et prêtent au gouvernement Ayrault la volonté de réduire la portée de la taxe.
Le sommet franco-allemand se tient ce mercredi à Paris. «Priorité aux banques ou à la solidarité internationale?» interrogent l’association de lutte contre le sida Aides, Coalition Plus, les associations pour le développement Oxfam France et One dans un communiqué. Ce qui les chiffonne est la taxe sur les transactions financières (TTF), encore en discussion entre onze États de l’Union européenne qui se sont engagés à la mettre en œuvre en 2013, selon la procédure de la coopération renforcée.
«L’impulsion que donneront Paris et Berlin sur l’assiette et surtout sur l’affectation de la taxe européenne sera cruciale afin de faire face à l’immense lobby des banques et de mobiliser les autres pays membres en faveur d’une taxe solidaire», préviennent les différentes associations. En effet, la France et l’Allemagne vont présenter ce mercredi une résolution commune sur deux aspects : la destination de la TTF, plus connue sous le nom de taxe Tobin, et son assiette. La position commune du célèbre «moteur franco-allemand» influera sur les discussions à onze.
Lutte contre le réchauffement et le Sida
Les quatre ONG réclament que la recette de la taxe soit dirigée vers les luttes contre le réchauffement climatique et contre le sida. Elles souhaitent qu’un quart des recettes de la TTF soit attribué au Fonds vert de l’ONU, pour lui garantir «un financement annuel de 10 milliards d’euros». En outre, une partie des gains devrait être versée au Fonds mondial de lutte contre le sida. Dans ces requêtes, c’est Berlin qui est visé. Car l’Allemagne souhaitait, à l’origine, voir la taxe abonder le budget européen. Elle semble plus ouverte, ces derniers temps, à voir la TTF financer l’aide publique au développement. Paris est d’ores et déjà sur cette position. Dans une tribune parue dans les Échos le 30 janvier, les ministres des Finances et de la Coopération, Pierre Moscovici (PS) et Pascal Canfin (Verts), font valoir que «la France a d’ailleurs été le premier pays au monde à affecter au développement une partie des recettes de sa TTF. Ainsi ce sont 10% en 2013, puis 15% en 2014 des recettes de la TTF qui permettront de financer des projets au Sud en matière de santé et de préservation de l’environnement et du climat».
Des chiffres contestés par les associations. La TTF française, adoptée sous Nicolas Sarkozy en mars 2012, ne rapporte que 600 millions d’euros par an, contre 1,6 milliard escompté. Et «seuls 160 millions d’euros ont été affectés à l’aide publique au développement (APD)», relève pour l’Humanité Alexandre Naulot, responsable d’Oxfam France. De plus, cette TTF à la française «est un cache-misère de la baisse de l’APD», qui a chuté entre 2011 et 2012 de 200 millions d’euros.
Sabotage français?
Les ONG relèvent un second louvoiement de Paris: celui de l’assiette de la TTF. La proposition de la Commission est la suivante: prélever 0,1% du montant des transactions d’actions et obligations, et 0,01% du montant des autres produits financiers, tels que les produits dérivés. «Depuis juin 2013, le gouvernement français (…) s’emploie à vider le projet de la Commission de son contenu», accuse l’association altermondialiste Attac dans sa note «Taxe Tobin européenne : pourquoi veulent-ils la saboter?». Pour l’ONG, Paris souhaite obtenir une copie européenne de la TTF française, qui a introduit «de nombreuses exemptions, notamment sur les produits dérivés». «Cela signifierait une taxe dix-huit fois moins ambitieuse que le projet de la Commission!» calcule Attac. Une note rédigée par Coalition plus et les autres ONG précitées relève une étude allemande selon laquelle la taxe, dans sa version de la Commission, «rapporterait 11 milliards d’euros» par an, dont 7 issus de la taxation des produits dérivés. Si les efforts des négociateurs français aboutissent, ces 7 milliards pourraient être réduits à peau de chagrin.
Comment expliquer une telle position? Une partie de la réponse pourrait se trouver du côté des pressions du lobby bancaire. En décembre, le Monde révélait une étude d’AlphaValue, selon laquelle BNP Paribas figure en deuxième position derrière la Deutsche Bank dans le classement des plus gros détenteurs européens de produits dérivés. L’établissement français en a accumulé pour 48 300 milliards d’euros, soit vingt-trois fois le PIB français. En huitième et neuvième positions, on trouve la Société générale, avec 19 200 milliards d’euros, et le Crédit agricole, avec 16 800 milliards d’euros.
Gaël De Santis
source :l'humanité.fr
Moi président...
RépondreSupprimerLe temps du Bourget est bien loin, dépassé !
Et certains pensent avoir été un peu trahis... d'autres se pincent encore, feignant d'y croire... Si tous les cocus de Mitterrand avaient des clochettes... ça ferait un sacré vacarme, un vacarme qui aurait pu être salutaire pour éclairer les choix du digne successeur de Sarkozy à la tête du monde de la finance.
Des intérêts financiers à préserver en Afrique, on y va faire la guerre sans jamais régler les problèmes tout droit sortis d'une approche néo colonialiste de "l'aide" à l'Afrique des meurt-la-faim...
Qu'on s'étripe en Syrie depuis des années... Qu'on laisse l'Afghanistan dans la misère de ses ruines... Qu'on flatte les dérives religieuses de toutes obédiences au prétexte de combattre les intégrismes... etc.
Malheureusement le printemps électoral qui s'annonce ne risque pas d'éveiller les consciences citoyennes quand on voit par exemple une liste présentées dans une commune jadis communiste s'intituler "d'union pour l'avenir" !!! ça laisse tout le monde d'accord accoudé au bar.
Et pendant ce temps là François peut continuer de servir banquiers et patrons sur notre ardoise !