En une journée, les forces armées chiliennes balaient l'Unité populaire et s'emparent du pouvoir. Le "golpe" (coup d'État) est lancé dans le port de Valparaiso par le soulèvement de la marine ; il aboutit, à Santiago, au bombardement du palais présidentiel de La Modena et à la mort d'Allende. Extrait du hors-série de l'Humanité : Chili, l'espoir assassiné.
Il est 6 heures à Valparaiso, ce 11 septembre 1973. Les forces navales chiliennes parties la veille rejoindre au large les navires des États-Unis dans le cadre des manoeuvres annuelles reviennent dans la nuit. Le soulèvement a démarré avec l’aide logistique des bâtiments américains assurant la couverture radar et la surveillance des communications.
6 h 40. Santiago. Le président Allende est informé des événements. Il quitte sa résidence et file à vive allure vers La Moneda entouré de sa garde rapprochée.
7 h 40. La hiérarchie militaire ne répond pas aux appels de la présidence de la République. Salvador Allende nprononce sa première allocution radiophonique.
8 h 30. Pinochet, nommé un mois auparavant chef nde l’armée de terre, a trahi. Dans la nuit, une dernière réunion de « coordination » a eu lieu à l’ambassade des États-Unis, à Santiago, en liaison radio avec le bureau du secrétaire d’État Henry Kissinger. C’est lui, après un échange avec Richard Nixon, qui donne le feu vert.
9 heures. Des avions de chasse passent au-dessus de La nMoneda. Distribution d’armes légères aux collaborateurs de Salvador Allende. Il prononce plusieurs brèves allocutions sur les ondes de deux radios non occupées par les militaires. La troupe massée à proximité de La Moneda tire sur la présidence.
11 heures. Communiqué militaire demandant la reddition de Salvador Allende et de ses collaborateurs. Autour de La Moneda, la fusillade continue.
11 h 58. Bombardements aériens de La Moneda qui prend feu. Aussitôt après, la fusillade reprend.
13 h 50. Allende demande à ses gardes du corps et à sesncollaborateurs de quitter La Moneda. Quelques instants avant sa mort, il adresse un dernier message transmis par Radio Magallanes : « Ils vont sûrement faire taire Radio Magallanes et vous ne pourrez plus entendre le son de ma voix. Peu importe, vous continuerez à m’écouter, je serai toujours près de vous, vous aurez au moins le souvenir d’un homme digne qui fut loyal avec la patrie. Le peuple doit se défendre et non pas se sacrifier, il ne doit pas se laisser exterminer et humilier. Allez de l’avant, sachant que bientôt s’ouvriront de grandes avenues où passera l’homme libre pour construire une société meilleure. Vive le Chili ! Vive le peuple ! Vive les travailleurs ! Ce sont mes dernières paroles, j’ai la certitude que le sacrifice ne sera pas vain et qu’au moins ce sera une punition morale pour la lâcheté et la trahison. »
13 h 58. Allende refuse la proposition de partir en exil à bord d’un avion militaire. La présidence est en feu. Il refuse d’être pris vivant et se suicide dans son bureau d’une rafale de mitraillette. Plus tard, dans l’après-midi, les militaires investissent le palais présidentiel. Le général Palacios fait transporter le corps d’Allende à l’hôpital militaire. Le lendemain, le cercueil du président est transporté à Vina del Mar. L’enterrement au cimetière de Santa Inès quadrillé par la troupe est expéditif. Au moment de descendre le cercueil, Hortensia Bussi, la veuve d’Allende, s’empare de quelques fleurs des tombes voisines et, les jetant en offrande, prononce d’une voix forte : « Que l’on sache qu’ici repose le président constitutionnel du Chi
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