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L'éditorial de Maud Vergnol. "Cité dans une dizaine d’affaires et mis en examen pour corruption active et trafic d’influence, celui qui prétend vouloir « protéger » les Français pense surtout à lui-même, et à sa principale motivation, inavouable, d’échapper à la justice. Alors qu’est-il arrivé à la démocratie française pour que le récidiviste en chef et sa bande organisée puissent envisager à nouveau de diriger le pays ?"
L’épilogue de l’insupportable feuilleton du retour de Nicolas Sarkozy, concocté dès le lendemain de sa défaite en 2012, s’est finalement joué hier soir sur le plateau de la télévision publique. La mise en scène sacrificielle, calquée sur le mythe bonapartiste du retour de l’île d’Elbe, était parfaitement calibrée. Ainsi donc, le multimillionnaire, heureux en ménage et comblé par ses activités lucratives au Qatar, renoncerait à la belle vie par « sens du devoir ».
Mais le scénario s’avère vite indigent, tant la crédibilité de l’ancien locataire de l’Élysée est écornée. Son nouveau credo ? Imposer sa personne plutôt que ses idées. Car sa marge de manœuvre idéologique est mince, lui qui a tout essayé, de la révolution néoconservatrice au retour du discours gaulliste, qui osa invoquer Jaurès et Guy Môquet en 2007, avant de leur préférer Charles Maurras, et de dérouler le tapis rouge à l’extrême droite.
Cité dans une dizaine d’affaires et mis en examen pour corruption active et trafic d’influence, celui qui prétend vouloir « protéger » les Français pense surtout à lui-même, et à sa principale motivation, inavouable, d’échapper à la justice. Alors qu’est-il arrivé à la démocratie française pour que le récidiviste en chef et sa bande organisée puissent envisager à nouveau de diriger le pays ?
L’échec de la politique de Hollande et son entêtement à rester dans les clous austéritaires offrent une fenêtre de tir inespérée à l’ancien président des riches. De son côté, bien qu’il s’en défende comme un beau diable, le couple Hollande-Valls se frotte les mains du retour de son meilleur ennemi, apte à réanimer le clivage gauche-droite et à effacer son propre coup de force libéral. Alors on aurait tort de prendre ce remake indigeste à la légère. Car il signe aussi celui d’un bipartisme mortifère, qui enferme le débat politique dans le présidentialisme, relègue les grands choix de société derrière les tambouilles politiciennes, et tente de condamner le peuple de gauche à attendre gentiment 2017.
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