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mercredi 22 octobre 2014

un milliardaire est mort ......



Ce matin, un milliardaire est mort

Tout milliardaire qu’il soit c’est un humain et sa mort, comme toutes les morts, mérite recueillement. Mais diable qu’en font-ils !Là, déjà tôt le matin, ça tartine sur nos radios et nos écrans. Les éplorés se succèdent pour partager plus que leur perte : leur perdition sans cet homme miraculeux.

Un nouveau prince est mort. Plus qu’un prince ! Les princes et princesses d’antan avaient une fonction anesthésiante : ils étaient beaux, ils étaient bons, ils étaient notre monde par procuration. Ce nouveau prince milliardaire est d’une autre étape, j’allais dire classe mais il relève de la même classe. Un prince guide du peuple, protecteur du peuple. De l’inévitable Parisot (vise-t-elle les Présidentielles ?) à l’obscure géologue du siège social de Total s’affiche la même image : l’homme extraordinairement simple, tutoyant tout le monde mais surtout les grands de ce monde, l’homme est un beau capitaine.

Ah, il est beau notre capitaine menant ses hommes (et ses femmes, faut vivre avec son temps) à la création, à l’innovation, à la grandeur. Capitaine de combat qui va tant nous manquer, manquer à la France.Sur sa dépouille encore bien chaude nous sommes appelés à pleurer, plus qu’à pleurer : à vénérer un système, à vénérer une classe.

L’homme à moustache avait de la classe. Normal il venait de la bonne classe, celle des fortunes des bulles de champagne. L’homme de classe avait un savoir-faire indéniable, au service de sa classe, c’est-à-dire ceux des Bourses et des Marchés. Qui osera prétendre qu’il fut un passionné de l’industrie française, lui qui ferma nos raffineries ? Qui osera prétendre qu’il fut un passionné de la planète, lui qui ne fit que vendre des énergies fossiles ?Qui osera prétendre qu’il mit un talent au service du bien commun ?

Nos radios ont donc trouvé un obscur employé Total du siège pour vénérer son patron. Ses mots ont résonné en moi comme un « merci mon bon maitre » et cela m’a fait me souvenir du temps où je bossais pour Total.Des temps en bleu de travail, fier de notre habit de manant et venant manifester ainsi devant ce siège du pouvoir (voyage le Havre – beaux quartiers de Paris). Des temps « d’externalisation » où la raffinerie passait de 2 400 « bonhommes » à 800 en laissant les boulots les plus ingrats à la piétaille du marché.


Le moustachu souriant n’avait rien à foutre des gens d’en bas, il était d’un autre monde. Son monde le pleure et veut nous entrainer dans son nombrilique dogme. 

Aller, Renaud avait raison. « Casse toi, tu pues. T’es pas de mon monde »In memoriam.


Le citoyen sans dents.Serge Grossvak
Dueil la Barre le 21/10/14

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