Article du LUNDI, 10 SEPTEMBRE, 2012 :L'HUMANITÉ
Le dessinateur et le PDG de France Télévisions ont été mis en examen sur une plainte déposée par le parti des Le Pen. En cause : une caricature montrée chez Ruquier sur France 2.
Le dessinateur Charb et le président de France Télévisions, Rémy Pflimlin (considéré comme le directeur de la publication), ont été mis en examen par le tribunal de grande instance de Paris pour « complicité d’injure publique envers un particulier ». Leur faute : avoir respectivement dessiné et montré, dans l’émission de France 2 On n’est pas couché du 7 janvier, une affiche de Charlie Hebdo parodiant la candidate du FN, Marine Le Pen. Le présentateur de l’émission Laurent Ruquier pourrait lui aussi être mis en examen. L’affiche, signée du dessinateur et directeur de Charlie Hebdo, Charb, et mise en cause par le Front national, représente un « étron fumant », comme l’explique le site du journal satirique, sur fond de drapeau français avec le commentaire « Le Pen, la candidate qui vous ressemble. »
« Aucun des autres candidats n’a porté plaine ou manifesté une quelconque colère ou énervement. Tous les autres ont dû comprendre que c’était de l’humour, sauf Marine Le Pen », a déclaré Charb, jugeant la chose disproportionnée pour un dessin. « D’autres politiques n’aiment pas qu’on les caricature mais ils ont l’intelligence de ne pas nous attaquer parce qu’ils savent que Charlie Hebdo est un journal satirique », estime-t-il. « Je suis considéré comme complice pour avoir fait ce dessin, mais ce dessin a été publié quelques jours avant dans Charlie Hebdo, qui n’a pas été poursuivi. Logiquement, c’est le magazine qui aurait dû être poursuivi », s’est étonné le dessinateur dont le coup de crayon ravit aussi les lecteurs de l’Humanité. Laurent Ruquier a jugé qu’avec les dessins, « on est dans la tradition de Michel Polac que tout le monde regrette tant », confiait-il au Parisien, indiquant ne jamais réagir sur les attaques du FN : « Ça leur fait trop plaisir. C’est faire leur jeu. » De son côté, le bureau national du SNJ-CGT de France Télévisions, « attaché à la défense de la liberté d’expression et au droit à la caricature », a tenu « à affirmer son soutien aux personnes mises en examen. Notre organisation syndicale entend dénoncer les manœuvres d’un parti d’extrême droite qui ne supporte pas d’être pris pour ce qu’il est, c’est-à-dire une formation politique xénophobe qui peut et doit être combattue par tous les moyens, y compris et surtout l’humour ! ».
Le FN n’en finit plus de porter plainte. L’avocat Georges Kiejman, qui défendait en juillet Caroline Fourest et Fiammetta Venner, jugées pour diffamation et injures au tribunal correctionnel de Paris contre leur livre Marine Le Pen, paru en 2011, avait estimé que, cet ouvrage ne pouvant selon lui être attaqué « sur le fond », « la seule manière de le discréditer était de l’attaquer par le biais de la diffamation », et d’essayer de tirer de cette procédure « un profit financier et moral ». Son confrère Richard Malka avait également souligné qu’en engageant « une avalanche de procédures » en diffamation, les dirigeants du FN essaient d’« autocensurer la presse ». Le parquet a requis la relaxe « pour pratiquement tous les chefs de poursuite ». Décision le 4 octobre.
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