C’est en 1906, 12 ans après sa condamnation, qu’Alfred Dreyfus est officiellement réhabilité. Ce que beaucoup ignorent, c’est que quelques années plus tard, en 1910, un nouveau scandale judiciaire éclatait en France. Un ouvrier havrais, Jules Durand, était en effet condamné à mort sur de fausses preuves, en raison de son engagement syndical. Parfois nommée l’Affaire Dreyfus du monde ouvrier, l’Affaire Durand est aujourd’hui absente de notre mémoire collective. Il s’agit pourtant de l’une des plus grandes erreurs judiciaires du XXe siècle. A l’époque, elle fit la une de l’actualité pendant plusieurs mois et provoqua une importante campagne de protestation et de solidarité, dans laquelle des personnes comme Jean Jaurès s’engagèrent pleinement. Ce mouvement permettra notamment la grâce puis la remise en liberté de Durand. Cependant, l’ouvrier charbonnier ressortira de cette affaire brisé à jamais.
Carte postale envoyée par centaines au président Fallières pour réclamer la reconnaissance de l’innocence de Durand.
Ils ont dit « non » à l’injustice et à la persécution syndicale
En 1910, la vie sur les docks du Havre « c’est un peu Germinal sur mer » (1). La puissante Compagnie générale transatlantique, dont les navires relient quotidiennement l’Europe à l’Amérique, emploie des milliers d’ouvriers dans le port. Près de 650 d’entre eux s’occupent de la manutention. Ils effectuent le chargement et le déchargement du charbon dans les navires et le livrent au quatre coin de la ville.
Le 17 aout, dans un climat de forte tension sociale, une grève est déclenchée. Il s’agit d’une première pour le tout jeune syndicat des ouvriers charbonniers du Havre, créé un mois auparavant et dirigé par Jules Durand. Les revendications sont alors multiples. Les dockers réclament notamment une augmentation de leur salaire. En effet, la récente arrivée de la machine Clarke, effectuant à elle seule le travail de 150 ouvriers (2), a eu pour conséquence de pousser nombre d’entre eux au chômage. Inactifs une grande partie de la semaine, ceux-ci ont ainsi été contraints de sombrer un peu plus dans la misère.
A cela viennent s’ajouter des conditions de travail particulièrement harassantes et insalubres. Les dockers portent de lourdes charges de charbon et s’exposent quotidiennement à la poussière qui s’en dégage. Les maladies respiratoires sont ainsi fréquentes. En 1910, ils réclament donc des mesures d’hygiènes comme par exemple la mise en place de douches ou de lavabos.
Cette dureté du quotidien pousse une grande partie d’entre eux à se réfugier dans l’alcool. On estime qu’à l’époque, près de 90% des dockers sont alcooliques. La responsabilité de la compagnie dans ce fléau qui gangrène le port est particulièrement importante. En effet, celle-ci rémunère les ouvriers à l’aide de jetons. Pour retirer leur paie, les ouvriers doivent se rendre dans les bars du port, où les tenanciers leur remettent l’argent que la compagnie leur a au préalable versée. Ce système avait pour conséquence de pousser à l’alcoolisme car la plupart du temps les ouvriers étaient contraints de consommer. Un état des choses cependant jugé favorable par la compagnie car « pendant que les salariés boivent après leur travail, ils ne pensent pas à revendiquer, à se réunir »(3).
C’est justement l’alcool qui est à l’origine d’une dramatique bagarre qui éclate le 9 septembre 1910 sur les quais du port du Havre. Alors qu’il effectue la tournée des bars, Louis Dongé ouvrier non gréviste (4), se dispute avec trois collègues grévistes, eux aussi complètement ivres. Le ton monte. Une rixe éclate. Le briseur de grève meurt.
Les coupables sont arrêtés sur place. Cependant, ce qui n’était qu’une banale bagarre entre « ivrognes » va dramatiquement devenir l’une des plus grandes erreurs judiciaires du siècle. En effet, à la surprise générale, Jules Durand, Secrétaire général du syndicat des ouvriers charbonniers du Havre, ainsi que deux autres leaders syndicaux, sont arrêtés à leur domicile le 11 septembre. C’est le début de l’affaire Durand, qui va secouer la France pendant plusieurs mois.
La terrible machination de la Compagnie générale transatlantique
L’affaire Durand débute dès le lendemain de la mort de Louis Dongé. En effet, la compagnie souhaite utiliser la mort de cet ouvrier non gréviste pour mettre fin au mouvement des charbonniers et abattre par la même occasion le jeune syndicat. Ainsi, elle rémunère grassement plusieurs de ses employés afin qu’ils dénoncent Jules Durand comme le commanditaire du meurtre de Dongé.
Fort de ces (faux) témoignages, elle porte plainte pour assassinat. L’un des accusateurs avouera plus tard avoir accepté cet effroyable marché pour pouvoir faire vivre sa famille. « Voilà la troublante vérité ! En présence de la puissante compagnie l’angoissant problème de la vie se posait. Et pour conserver son pain, ce malheureux et ses tristes amis envoyaient un innocent à l’échafaud ou au bagne ! Quelle effroyable moralité ! » (5).
A l’annonce de l’arrestation de Durand la presse conservatrice se lâche. Elle dénonce ce qu’elle appelle le « syndicat du crime » et se lance dans une ardente campagne contre le leader syndical. Celle-ci influencera profondément l’opinion publique dans les premières semaines de l’affaire. De son coté, l’Humanité mène l’enquête.
Le 24 novembre le procès de Durand s’ouvre à Rouen. L’ouvrier est accusé par plusieurs témoins d’avoir appelé au meurtre de Dongé quelques semaines avant sa mort. Pire, certains rajoutent qu’il aurait fait voter cela lors d’un rassemblement de grévistes, avant de désigner les individus chargés d’exécuter cette tache. Il les aurait ensuite fait défiler devant l’ensemble des ouvriers réunis ce jour-là. Un autre témoin précisera qu’en réalité c’est la mort de tous les briseurs de grève que Durand aurait fait passer au vote.
Au-delà du fait que les accusateurs se contredisent sur la date, ou encore sur les propos réellement prononcés et présentent ainsi des versions sensiblement différentes de l’événement, Jaurès juge leur argumentation risible. « Comment cet homme aurait-il pu de sang-froid, en pleine possession de lui-même, proposer un meurtre à six cents hommes rassemblés et organiser publiquement ce meurtre ? »(6). En effet, pour le fondateur de l’Humanité, la description de Durand faite par les témoins, celle d’un homme violent et sans scrupule, est bien trop éloigné de celle faite par les proches du syndicaliste.
Au moment où l’affaire éclate, Durand a 30 ans. Il est le leader du tout jeune syndicat des ouvriers charbonniers du Havre. Son engagement dans le syndicalisme révolutionnaire n’est cependant pas nouveau. En 1908, il est d’ailleurs licencié d’une entreprise « pour propagande et action syndicale » (7). Membre de la Ligue des Droits de l’Homme, il est surtout connu pour sa lutte contre l’alcoolisme. Sur les docks, on le surnomme le « buveur d’eau ».
Cependant, cette vision du personnage est complètement troublée par les accusations faites à son encontre ainsi que par l’inique campagne de déstabilisation menée par la presse conservatrice. Des dizaines de personnes viendront pourtant témoigner en sa faveur. Le maire du Havre, qui l’a notamment côtoyé durant la grève, signalera par exemple à son avocat : « Il m’a toujours paru désireux que ses camarades restassent calmes et s’abstinssent de tout acte de violence » (8).
Le chef de la sureté de la ville, dont les agents assistaient en civil à la plupart des réunions du comité de grève, explique quant à lui ne jamais avoir entendu parler de cette affaire de vote concernant la mort de Dongé. En réalité, le cas de l’ouvrier non gréviste a bien été discuté lors d’une assemblée. Jules Durand aurait expliqué vouloir l’exclure du syndicat en raison de son soudain retournement contre la grève. La question de sa mise à mort ne fut cependant jamais discutée.
Ces différentes descriptions le concernant entre totalement en adéquation avec l’attitude de l’accusé durant sa détention. Jamais Durand ne tiendra de propos haineux ou violents envers quiconque. Dans une lettre à sa famille, il déclare par exemple le 20 octobre, « je suis un homme qui subit en ce moment une injustice car j’ose dire à haute voix que tout ce dont on m’accuse n’est que mensonge ; ma conscience est propre, elle le restera toute ma vie ».
Et pourtant, le 25 novembre, les jurés de la cours d’assise de Rouen le déclarent coupable des faits qui lui sont reprochés. Durand est jugé moralement responsable de la mort de Dongé et condamné à mort. Les deux autres membres du syndicat poursuivis, les frères Boyer, sont eux acquittés. Les « meurtriers » de Dongé sont quant à eux condamnés à 12 et 8 ans de bagne. Pour les défenseurs de Durand le verdict ne fait aucun doute, il s’agit d’un vote de classe. En effet, sur les 12 jurés, un seul est issu du monde ouvrier. « Comment osent-ils trainer Durand devant un jury choisi uniquement dans l’un des camps ? » (9).
Quatre jours plus tard, le syndicaliste se pourvoi en cassation. L’affaire Durand ne fait que débuter. Dès le lendemain du verdict, une importante campagne de solidarité se met en place. Pour ses défenseurs, le condamné doit être gracié et innocenté.
L’Humanité, 25/12/10.
Campagne de protestation et de solidarité internationale
« Indignation », « dégout », « colère », « abominable verdict », « inique condamnation », « crime inique », « criminelle condamnation », « assassinat légal » (10), au lendemain du verdict, les réactions des membres de la classe ouvrière sont unanimes. Durand est victime d’une machination organisée par la Compagnie générale transatlantique et derrière sa condamnation, c’est l’ensemble du monde ouvrier qui est visé.
Une importante campagne de protestation se met alors en branle. L’Humanité invite chaque jour les français à soutenir Durand: « Que tous les esprits libres se groupent pour sauver l’innocent » (11). De son coté, la CGT appelle le monde ouvrier « à se révolter ». Si beaucoup comparent l’affaire Durand à l’affaire Dreyfus, le syndicat révolutionnaire fait lui le parallèle avec la récente condamnation à mort du libre penseur espagnol Francisco Ferrer: « La France bourgeoise voudrait tuer en sa personne le syndicalisme, comme l’Espagne cléricale a voulu tuer la libre pensée en la personne de Ferrer » (12).
Les syndicats ouvriers sont en effet à la tête de la contestation. Dès le lendemain de la condamnation, un important mouvement de grève est annoncé au Havre. Pour les charbonniers, qui avaient repris le chemin du travail quelques jours après l’arrestation de Durand, l’inique verdict de Rouen est un véritable choc. Le 28 novembre, c’est près de 10 000 travailleurs qui cessent toute activité afin de se rendre aux différents meetings de soutien organisés dans la ville.
Partout en France, des grèves et manifestations auront lieu durant toute l’affaire. Le mouvement dépasse même l’hexagone. Dans une lettre destinée aux charbonniers havrais, un leader syndicale gallois annonce le soutien de 12 000 mineurs alors en grève. Le 1er janvier 1911, ce sont des syndicats ouvriers barcelonais qui déposent au consulat de France, une lettre réclamant la grâce présidentielle pour Durand. Des soutiens de ce type arriveront du monde entier (Londres, Chicago…).
En France, la SFIO est aussi particulièrement mobilisée. Dans ses éditoriaux, Jaurès défend Durand quotidiennement. « Ah oui il a fallu un parti-pris étrange, et le dessein bien arrêté d’impliquer Durand, secrétaire du syndicat, et le syndicat lui-même, pour qu’une accusation aussi inepte ait pu se produire. Et c’est cette accusation scélérate et imbécile qui a abouti à un verdict de mort. J’espère que les premiers sons de cloche qui ont été donnés déjà ont suffi à avertir l’opinion, à éveiller l’attention de tous les hommes soucieux de justice. Ce n’est pas seulement l’échafaud qui serait un crime contre Durand c’est le bagne. Il est innocent, pleinement innocent » (13).
Durant toute l’affaire des centaines de meetings sont organisés sur tout le territoire français. Leaders syndicaux (Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT, Camille Geeroms, secrétaire de l’Union des syndicats du Havre…), associatifs (Ligue des Droits de l’Homme…) et politiques (Jaurès, Vaillant, Sembat, Allard, Anatole France…) s’y retrouvent afin de prendre la défense de l’ouvrier innocent. Le 17 décembre, c’est près de 6 000 personnes qui assisteront à l’un de ces rassemblement à Paris.
Durand reçoit par ailleurs des soutiens plutôt surprenants. En effet dès le verdict, les jurés, qui n’avaient vraisemblablement pas conscience des conséquences de leur décision, s’opposent à la condamnation à mort et demandent un recours en grâce. Ils demandent alors que « la peine n’excédât pas une quinze d’années » (14). Quelques jours plus tard, c’est la femme de Louis Dongé qui s’offusque à son tour du jugement dans une lettre envoyée à son avocat : « S’il a certainement prononcé, comme d’autres qui n’ont pas été condamnées, des paroles imprudentes, lui, du moins, n’a nullement frappé. (..) Ouvrière moi-même, je suis prête à signer et demande à signer le recours en grâce en faveur de Durand » (15).
Cependant, le 22 décembre, le pourvoi en cassation du syndicaliste est rejeté. Une décision incompréhensible, qui pousse notamment 9 conseillers des prud’hommes du Havre à démissionner de leur fonction une semaine plus tard en signe de protestation. La pression mise sur le président de la République, seul à pouvoir dorénavant intervenir, est énorme. Ainsi, le 31 décembre 1910, face à la multiplication des appels à la grâce et à la formidable mobilisation des ouvriers, des syndicats et des socialistes, Armand Fallières, président abolitionniste, annule la condamnation à mort de Durand.
Cet acte est une première victoire pour les soutiens de l’ouvrier syndicaliste. Cependant, celui-ci n’est pas pour autant libéré et innocenté. En effet, sa peine est commuée en 7 ans de réclusion. Pour ses soutiens, il s’agit dorénavant d’arracher Durand au bagne.
Malgré la liberté et l’innocence, une fin tragique pour Durand
Avec la grâce présidentielle, l’espoir renait du coté de Durand et de sa famille. Dès le mois de janvier, son avocat, le futur président de la IV République René Coty, annonce la décision de son client de se pourvoir de nouveau en cassation. C’est à ce même moment qu’une partie des témoins à charge, mise sous pression, avoue avoir inventée de toute pièce cette absurde histoire de mise à mort des ouvriers non grévistes.
Les preuves de la culpabilité de Durand ne tiennent plus. Le 15 février 1911, il est remis en liberté. Des milliers de personnes l’accueillent au Havre lors de son retour. Cependant, les 5 mois passés en prison depuis son arrestation l’ont brisé. En effet, depuis l’annonce de sa condamnation à mort, celui-ci a subit un traitement particulièrement inhumain, ceci d’autant plus qu’il était innocent.
« À l’annonce du verdict, Jules Durand tombe en syncope et est pris de convulsions. L’innocent vient d’être condamné à avoir la tête tranchée sur l’une des places publique de Rouen. Le choc est tel qu’il ne reprend connaissance qu’au sein de sa cellule où on l’a revêtu d’une camisole de force. Libéré de ses liens seulement le lendemain, il intègre le quartier réservé aux condamnés à mort où une cellule austère, éclairée de jour comme de nuit, l’attend. Des chaînes lui sont tout de suite mises aux pieds et une cagoule noire lui est imposée à chacune de ses sorties de cellule » (16).
Le jour de sa libération, Durand refuse de sortir. Il craint que cette annonce soit un piège tendu par ses ennemis. De retour à son domicile son état psychologique ne s’arrange pas. « Jules Durand multiplie les crises d’angoisse notamment et devient dangereux pour ses proches. Éleveur de pigeons voyageurs, il les étrangle un à un. Aussi, il met le feu au plancher de l’appartement de ses parents et défenestre le Christ qui trône dans le salon en lui demandant des comptes. Mais ce qui impressionne le plus ses proches et voisins, ce sont ses crises de violence et d’angoisse. Jules Durand se sent persécuté. Une peur en particulier le paralyse : il craint que ses geôliers reviennent le trouver pour lui percer le dessous de la langue avec une épingle et ainsi l’empêcher de parler… » (17).
L’issue de l’affaire Durand est tragique. Face à son état psychologique sa famille est contrainte de le faire interner le 5 avril 1911, seulement deux mois après sa remise en liberté (18). Après un court passage à Sainte-Anne (Paris), il prend définitivement le chemin vers l’asile des Quatre-Mares à Rouen. Victime d’une immonde injustice, parce qu’il était syndicaliste, Jules Durand est finalement innocenté en 1918. Il est cependant trop tard. Il reste interné pendant quinze ans, jusqu’à sa mort en février 1926.
La formidable mobilisation des mouvements ouvriers, syndicalistes et socialistes aura permis l’annulation de sa condamnation à mort puis sa remise en liberté. Cependant, innocent, Durand ne supportera pas l’enfermement et les traitements qui lui seront réservés. Aujourd’hui totalement effacée de notre mémoire collective, cette affaire restera pourtant l’une des plus grandes erreurs judiciaires du XXe siècle.
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(1) Marc Hedrich, juge d’instruction au tribunal de grande instance du Havre et membre de l’association des amis de Jules Durand, La Fabrique de l’Histoire (2014).
(2) Parmi les près de 650 ouvriers charbonniers s’occupant de la manutention, certains ont pour fonction de charger et décharger le charbon des bateaux, d’autres de le livrer.
(3) Johan Porthier, Secrétaire général du syndicat des Dockers, La Fabrique de l’Histoire (2014).
(4) En effet, la compagnie recrute rapidement des briseurs de grève grassement payés afin de faire échouer le mouvement.
(5) L’Humanité 29/01/11.
(6) L’Humanité, 10/12/10.
(8) Lettre à René Coty publiée dans l’Humanité le 22/11/10.
(9) Marcel Sembat, l’Humanité, 07/12/10.
(10) Extraits d’articles parus dans l’Humanité.
(11) L’Humanité, 05/12/10
(12) L’Humanité, 18/12/10.
(13) Jean Jaurès, L’Humanité, 01/01/11.
(14) L’humanité 14/12/10.
(15) Cité dans l’Humanité, 28/11/10.
(16), (17) Hélène Rannou, Jules Durand : de la peine de mort à la folie, http://criminocorpus.hypotheses.org, 2010.
(18) Choc ultime pour Durand, le directeur de l’asile de Rouen n’est autre que le président du jury qui l’avait condamné à mort quelques mois auparavant.
Principales sources:
– Rannou Patrice, L’affaire Durand, Noir et Rouge, 2013
– Archives de l’Humanité.
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