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lundi 12 novembre 2018

Même si cela date un peu (1917) les propos de ce jeune italien devant ses juges en allemagne sont d'une extraordinaire justesse

Arrêté lors des journées d’émeutes qui ont secoué le G20 de Hambourg les 7 et 8 juillet 2017, Fabio est accusé de jet de projectile et de rébellion. Il est incarcéré depuis 4 mois à la prison de Billwerder et comparaissait le 7 novembre dernier devant le tribunal pour mineur d’Altona à Hambourg. Nous reproduisons ici la déclaration qu’il a faite ce jour-là devant ses juges et qui contient plus de vérité, de sincérité et de justesse que tous les solipsismes inconséquents de procureurs:


Madame la juge, messieurs les jurés, madame le procureur, monsieur l’assistant du tribunal pour mineurs.
Vous, aujourd’hui, vous êtes appelés à juger un homme. Vous l’avez appelé un « criminel agressif » et « irrespectueux de la dignité humaine ». Personnellement je ne prête aucune attention aux appellations que vous m’attribuez. Moi, je suis seulement un garçon de bonne volonté.
Avant tout je voudrais dire que probablement ces messieurs les politiciens, ces messieurs les commissaires de police et ces messieurs les magistrats pensent qu’en incarcérant et arrêtant quelques jeunes cela puisse arrêter la contestation dans les rues. Probablement ces messieurs pensent que les prisons suffisent à éteindre les voix rebelles qui s’élèvent de partout. Probablement ces messieurs pensent que la répression arrêtera notre soif de liberté, notre volonté de construire un monde meilleur.
Et bien ces messieurs se trompent. Et c’est l’Histoire qui leur donne tort.
Parce qu’un nombre incalculable de garçons et de filles sont passés, comme moi, devant un tribunal comme celui-ci.
En effet aujourd’hui c’est à Hambourg, hier à Gênes et encore avant à Seattle.
Vous, vous essayez d’empêcher la propagation des voix de la révolte qui s’élèvent partout par n’importe quel moyen « légal », par n’importe quel moyen « procédurier ».
Quoiqu’il arrive, peu importe la décision qui sera prise par ce tribunal, elle n’aura aucune influence sur notre protestation. Il y aura encore tout autant de garçons et de filles qui, portés par les mêmes idéaux descendront dans les rues d’Europe. Se préoccupant guère de ces prisons que dans un essoufflement, vous vous efforcez de remplir de prisonniers politiques.
Mais venons-en donc à l’essentiel, madame la juge, messieurs les jurés, madame le procureur, monsieur l’assistant du tribunal pour mineur.
Venons-en donc à l’essentiel.
Comme vous pouvez l’imaginer, je veux user de mon droit de ne pas faire de déclarations en rapport avec le fait spécifique pour lequel vous me poursuivez. Toutefois je voudrais porter l’attention sur les motivations qui poussent un jeune ouvrier d’une petite ville reculée des Pré-alpes orientales à venir à Hambourg.
Pour manifester son propre désaccord avec le sommet du G20.
G20. Rien que le nom a déjà en soi, quelque chose de pervers.
Vingt hommes et femmes représentants des vingt pays les plus riches et les plus industrialisés du globe, s’asseyent autour d’une table. Ils s’asseyent tous ensemble pour décider de notre futur. Oui, j’ai bien dit ceci : le notre. Le mien, ainsi que celui de toutes les personnes assises aujourd’hui dans cette salle, tout comme celui des sept milliards de personnes qui habitent cette belle planète Terre.
Vingt hommes décident de notre vie et de notre mort.
Évidemment, la population n’est pas invitée à ce joli banquet. Nous, nous ne sommes que le stupide troupeau des puissants de la Terre. Spectateurs totalement soumis de ce théâtre où une poignée de personnes tiennent entre leurs mains l’humanité toute entière.
Moi, madame la juge, j’ai beaucoup pensé avant de venir à Hambourg.
J’ai pensé à monsieur Trump et à ses États-Unis d’Amérique qui sous le drapeau de la démocratie et de la liberté s’érigent comme les gendarmes du monde entier. J’ai pensé aux nombreux conflits déclenchés par le géant américain aux quatre coins de la planète. Du Moyen-Orient à l’Afrique. Tout ceci pour s’accaparer du contrôle de telle ou telle ressource énergétique. Peu importe si ceux qui meurent, ce sont toujours les mêmes : civils, femmes et enfants.
J’ai pensé aussi à monsieur Poutine. Nouveau tsar de Russie, qui dans son pays viole systématiquement les droits de l’Homme et se moque de toute opposition.
J’ai pensé aux Saoudiens et à leurs régimes fondés sur la terreur avec qui nous, les occidentaux nous faisons des affaires en or.
J’ai pensé à Erdogan qui torture, tue et emprisonne ses opposants.
J’ai pensé aussi à mon pays, où à coup de lois-décret chaque gouvernement supprime sans trêve les droits des étudiants et des travailleurs.
En bref, les voici les protagonistes du somptueux banquet qui s’est tenu à Hambourg en juillet dernier. Les plus grands va-t’en-guerre et assassins que le monde contemporain connaisse.
Avant de venir à Hambourg j’ai pensé aussi à l’inégalité qui frappe, aujourd’hui, de plein fouet notre planète. Cela me semble presque évident de répéter qu’en effet 1% de la population la plus riche du monde possède la même richesse que les 99% le plus pauvre. Cela me semble presque évident de répéter que les quatre-vingt cinq hommes les plus riches du monde possède la même richesse que 50% de la population la plus pauvre. Quatre-vingt cinq hommes contre trois milliards et demi. Ces quelques chiffres suffisent à donner une idée.
Ensuite, madame la juge, messieurs les jurés, madame le procureur, monsieur l’assistant du tribunal pour mineurs, avant de venir à Hambourg j’ai pensé à ma terre : à Feltre. Le lieu où je suis né, où j’ai grandi et où je veux vivre. La citadelle médiévale qui est sertie comme une gemme dans les Pré-alpes orientales. J’ai pensé aux montagnes qui, au crépuscule, se teignent de rose. Aux magnifiques paysages que j’ai la chance de voir depuis ma fenêtre. A la beauté qui traverse ce lieu.
Puis, j’ai pensé aux fleuves de ma belle vallée, violés par les entrepreneurs qui veulent les concessions pour y construire des centrales électriques, sans se préoccuper des dommages pour la population et pour l’écosystème.
J’ai pensé aux montagnes, frappées par le tourisme de masse ou devenues lieu d’entraînements militaires.
J’ai pensé à ce magnifique endroit où je vis, qui est en passe d’être bradé à des hommes d’affaires sans scrupules, exactement comme d’autres vallées à chaque coin de la planète, où la beauté est détruite au nom du progrès.
Dans la lignée de toutes ces pensées, j’ai donc décidé de venir manifester à Hambourg. Pour moi, venir ici était un devoir avant d’être un droit.
J’ai trouvé cela juste de m’opposer à ces politiques scélérates qui sont en train de pousser le monde vers le gouffre.
J’ai trouvé cela juste de me battre pour que quelque chose soit au moins un peu plus humain, digne et équitable.
J’ai trouvé cela juste d’aller dans la rue pour répéter que la population n’est pas un troupeau et qu’elle doit être consultée dans les choix.
Le choix de venir à Hambourg a été celui d’une prise de parti. Le choix d’être du côté de ceux qui demandent des droits et contre ceux qui veulent leurs en enlever. Le choix d’être du côté de tous les oppressés du monde et contre les oppresseurs. Le choix de combattre les puissants, grands et petits, qui utilisent le monde comme si c’était leur jouet et qui ne se soucient pas du fait que c’est toujours la population qui en fait les frais.
J’ai fait mon choix et je n’ai pas peur s’il doit y avoir un prix à payer injustement.
Néanmoins il y a autre chose que je voudrais vous dire, que vous me croyiez ou non : je n’aime pas la violence. Mais j’ai des idéaux et pour ceux-ci j’ai décidé de me battre.
Je n’ai pas fini.
Dans une époque historique où partout dans le monde s’érigent de nouvelles frontières, se déroule du nouveau fil barbelé, se dressent de nouveaux murs des Alpes à la Méditerranée, je trouve cela merveilleux que des milliers de jeunes, de chaque coin de l’Europe, soient disposés à descendre ensemble dans les rues d’une seule et même ville pour leur propre futur. Contre chaque frontière. Avec comme seule intention commune, le fait de rendre le monde meilleur par rapport à comment nous l’avons trouvé.
Parce que madame la juge, messieurs les jurés, madame le procureur, monsieur l’assistant du tribunal pour mineurs, parce que nous ne sommes pas le troupeau de ces vingt seigneurs. Nous sommes des femmes et des hommes qui voulons avoir le droit de disposer de notre propre vie.
Et pour cela nous combattons et nous combattrons.
Fabio, tribunal pénal de Altona à Hambourg, le 7 novembre 2017.

jeudi 24 mai 2018

voici un texte lu par un artiste , trouvé sur le corp de Jérome Laronze abattu par les gendarmes en mai 2017 ; après la lecture de ce texte on mesure pourquoi il fallait l'abattre . Je connais ce qu'il a vécu , mais moi à l'époque j'étais épaulé par des paysans nombreux la FDSEA de l'Allier n'était pas à la botte de la FNSEA






l y a un an jour pour jour, Jérôme Laronze, agriculteur à Trivy, tué par un gendarme à Sailly. Ce dimanche, Sa famille, ses proches, mais aussi ceux qui soutiennent leur combat, se sont donnés rendez-vous à Trivy pour une journée d'hommage. Près de 200 personnes ont répondu à cet appel.
Menée par la famille de l'agriculteur une marche blanche silencieuse est partie de l'église pour rejoindre la ferme où vivait et travaillait Jérome Laronze.
Les murs étaient décorés d'extraits des " chroniques des états d'âme ruraux": le long texte retrouvé sur Jérome Laronze et à son domicile après sa mort. Un enregistrement de ce texte  poignant de 14 minutes lu par le comédien Jacques Gamblin a été diffusé.
Avant cela, Marie-Pierre Laronze, l'une des sœurs de Jérome, avocate de profession a pris la parole. Elle a fait le point sur la situation judiciaire. L'occasion de déplorer " une instruction à charge contre Jérôme alors qu'il est la victime". D'après elle tout est entrepris pour faire passer son frère pour quelqu'un de "violent" et " schizophrène ".
Elle demande que soit nommé un nouvel expert ( indépendant des gendarmes) pour faire toute la lumière sur les circonstances dans lesquelles a été tué Jérome. " Pour le moment, on à affaire à une inégalités des armes", indique Marie-Pierre Laronze qui assure " nous continuons à soutenir que le gendarme qui a tiré ne s'est jamais retrouvé en situation de danger"
Elle a également lancé : " le but de l'administration et des gendarmes c'était de faire taire Jérome et ils ne se sont rien interdits. Mais on ne fera pas taire Jérome !"
La journée se poursuit par un pique-nique
Vers 16 heures: Un arbre " résistant" à été planté en hommage de Jerome. Tous prennent maintenant la route de Sailly où à été abattu l'éleveur.
Sur le lieu du drame une minute de silence a été observée et de la ficelle rouge a été symboliquement accrochée à la végétation.
Vers 19 heures 30: Rafia rouge sur les grilles de la gendarmerie de Cluny, où le gendarme qui a tué l'agriculteur se trouvait en poste à l'époque. Une enquête est toujours en cours. Très vite des gendarmes ( en civil) sont venus à la rencontre des manifestants. Les échanges ont été tendus et le dialogue impossible, mais tout s'est déroulé sans débordement


Et oui la vidéo de cet enrégistrement a été effacé , comme pendant les années de censure je laisse la trace de cette vidéo.......sur le journal de Saone et Loire  JCD

mardi 22 mai 2018

Pas de pitié , la dictature financière macronnienne refuse l'augmentation des retraites paysannes

Photo : François Anascimbeni/AFP
Photo : François Anascimbeni/AFP
Pour la seconde fois en deux mois, au Sénat comme à l’Assemblée nationale, le gouvernement dirigé par Edouard Philippe a utilisé un artifice de procédure pour s’opposer au relèvement des retraites paysannes à hauteur de 85% du SMIC contenu dans une proposition de loi des parlementaires communistes. Pourtant, hier au Sénat, une majorité de parlementaires était disposée à voter le texte tout comme le 7 mars dernier à l’Assemblée nationale.
André Chassaigne avait, vers la fin de la précédente législature, fait adopter par l’Assemblée nationale unanime un texte de loi visant à porter la retraite minimum des paysans à 85% du SMIC alors que la pension moyenne tourne autour de 750€ par mois. Le texte n’ayant pu être adopté par le Sénat avant la fin du quinquennat de François Hollande, il a fallu que le groupe parlementaire présidé par André Chassaigne utilise la procédure dite de « niche  parlementaire » pour le faire revenir devant les députés le 7 mars 2018. Alors qu’une majorité de députés comptait voter ce texte en dépit du renouvellement intervenu en juin 2017, le gouvernement usa de la procédure du vote bloqué pour l’empêcher de passer.
Dans un communiqué publié le 14 mai, le député communiste du Puy-de-Dôme dénonçait le risque de voir remise en place la procédure quelque peu malhonnête du gouvernement en ces termes : «  Ce mercredi 16 mai au Sénat, après une première tentative avortée du coup de force le 7 mars dernier pour imposer le rejet de la proposition de loi des parlementaires communistes visant à assurer la revalorisation des retraites agricoles, le gouvernement  s’apprête à revenir à la charge avec la même procédure du vote bloqué ».
Pour des raisons financières, le gouvernement dit vouloir attendre sa prochaine réforme des systèmes de retraite prévue en 2020 pour refuser toute revalorisation des retraites paysannes. D’où ce commentaire d’André Chassaigne : « Alors que la France vient de se voir une nouvelle fois reconnaître le titre de « championne du monde du reversement des dividendes aux actionnaires» par l’ONG Oxfam, et que les « premiers de cordée français sont les champions toutes catégories de la spéculation financière », il ne serait donc pas possible de prélever le minimum indispensable à la vie digne de nos retraités de l’agriculture», dénonce André Chassaigne.

Une retraite paysanne à 750€ par mois en moyenne

La retraite mensuelle moyenne d’un paysan tourne autour de 750€ par mois en France. Mais celle des femmes qui eurent longtemps le statut de « ménagère » et celle des hommes qui furent longtemps « aide familial majeur » sont beaucoup plus faibles. Dans un communiqué en date du 15 mai, veille du débat au Sénat, la FNSEA écrivait dans un communiqué : « Les retraités agricoles sont parmi ceux qui touchent les pensions les plus faibles de notre pays. L’objectif de revalorisation des retraites à 85% du SMIC est donc une urgence pour l’ensemble des retraités actuels et à venir de la métropole et d’Outre-mer ».
Hier, une délégation composée de militants actifs et retraités du MODEF, un autre syndicat paysan, est venue porter des pétitions demandant aux sénateurs de voter cette proposition de loi. Elle a été reçue par Cécile Cukierman  sénatrice de la Loire et Dominique Watrin, sénateur du Pas-de-Calais, tous deux au groupe Communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE) que préside Eliane Assassi. Cécile Cukierman leur a expliqué qu’une très large majorité sénatoriale était disposée à voter ce texte que son groupe a présenté dans le cadre d’une « niche parlementaire , mais que le gouvernement allait probablement user de la procédure du vote bloqué pour l’empêcher de passer après y avoir introduit un amendement modifiant le contenu du texte.
Voici donc comment les choses se sont passées selon du groupe CRCE. Cécile Cukierman a défendu le projet de loi au nom de son groupe et obtenu le soutien des sénateurs socialistes comme ceux de la droite. Mais « en séance publique, le gouvernement a demandé un « vote bloqué» sur l’ensemble d’un texte modifié par son amendement numéro 3 en application de l’article 44 alinéa 3 de la Constitution en vertu duquel « si le gouvernement le demande , l’Assemblée saisie se prononce par un seul vote sur tout ou partie du texte en discussion en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le gouvernement ».

Et en même temps, on prend aux pauvres pour donner aux riches

Le groupe CRCE rappelle dans son communiqué que « le gouvernement avait déjà eu recours à cette procédure-très rarement utilisée pour une proposition de loi- en mars dernier sur ce même texte ». Face à ce sabotage délibéré du gouvernement le Sénat a décidé de ne pas adopter une proposition de loi vidée de son contenu par 252 vois contre et 22 voix pour, les pour étant les sénateurs inscrits au groupe LREM qui soutient la politique du gouvernement.
Concernant la délégation du MODEF, une partie a protesté publiquement devant le Sénat contre le coup de force du gouvernement tandis qu’une autre partie est entrée dans l’hémicycle pour suivre de près ce débat qui n’a pu déboucher sur une loi du fait de la procédure de sabotage choisie par le gouvernement. Voilà qui mérite d’être connu dans nos campagnes quelques mois après la baisse des pensions imposée à l’immense majorité des retraités  par ce gouvernement via la hausse du prélèvement de 1,7% de la CSG sur les pensions brutes. Avec cette hausse on leur fait financer l’UNEDIC alors que les retraités ne sont plus indemnisables au titre du chômage!

Gérard Le Puill

l'humanité .fr

mardi 24 avril 2018

Le fondateur de l'IRIS Pascal Boniface s'est rendu en Israël A l'aéroport, il a été victime d'une agression, passée relativement inaperçue dans le paysage médiatique.

Crachat, insultes : agressé à Tel-Aviv, Pascal Boniface dénonce le manque de réactions (VIDEO)
Le fondateur de l'IRIS Pascal Boniface s'est rendu en Israël à l'invitation du Consulat général et de l’Institut français de Jérusalem. A l'aéroport, il a été victime d'une agression, passée relativement inaperçue dans le paysage médiatique.
Pascal Boniface, essayiste et fondateur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), notamment connu pour ses positions critiques à l'égard du gouvernement israélien, a été insulté et bousculé alors qu'il venait d'atterrir à l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, le 16 avril.
Le chercheur se rendait en Israël à l'invitation du Consulat général de France et de l’institut français de Jérusalem pour participer à un cycle de trois conférences. Elles portaient sur la géopolitique du sport, les enjeux du conflit israélo-palestinien et les perspectives de paix.
Sur la vidéo, on peut voir Pascal Boniface se faire vilipender par plusieurs individus dans l'enceinte de l'aéroport de Tel Aviv. «Vas-y viens, viens, sors fils de p***», lui intiment plusieurs personnes près des portes de sortie de l'aéroport. Pascal Boniface demande alors où est la sécurité dans l'aéroport. «Y'a pas de sécurité pour ta gueule en**lé !», s'entend-il répondre.
Un homme le suit, continue à l'insulter violemment puis le bouscule pour le forcer à sortir de l'aérogare, avant de lui cracher dessus.

Pascal Boniface se désole de la faible ampleur des réactions politiques et médiatiques

Si la vidéo de l'incident a circulé sur les réseaux sociaux, l'incident est passé relativement inaperçu dans le paysage médiatique français. «J’imagine que si un intellectuel français venant dans un pays du Maghreb avait été agressé par des doubles nationaux parce que ses opinions sur le Proche-Orient déplaisent les réactions politiques et médiatiques auraient été d’une autre ampleur», a commenté Pascal Boniface le 23 avril sur Twitter.
Le Consul général de France à Jérusalem a pour sa part condamné l'incident par voie de communiqué. Pierre Cochard a ainsi dénoncé une agression «inadmissible [...] bien sûr indissociable des messages souvent haineux diffusés contre le directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques et contre le Consulat général après l’annonce de ces conférences».
Taxé à plusieurs reprises d'antisémitisme durant sa carrière, notamment après la diffusion d'une note interne du PS (dont il faisait alors partie) de 2001 dans laquelle il estimait que le parti devait se défaire de son tropisme pro-israélien, Pascal Boniface a récemment publié le livre Antisémite (Max Milo, 2017). Dans cet ouvrage, il se défend de tout antisémitisme et rappelle notamment que «critiquer l’exécutif israélien, ce n’est pas être antisémite».
Refusant l'amalgame entre la population juive et l'Etat d'Israël, il y souligne par ailleurs que ses positions critiques à l'égard de la politique menée par l'Etat hébreu ne sont pas en contradiction avec la lutte contre l'antisémitisme.

Syrie: R Fisk le reporter multi primé apporte une enquête et un témoignage de terrain contredisant la propagande de guerre occidentale


Le reportage exclusif de Robert Fisk, qui a enquêté à Douma. Robert Fisk est un  journaliste britannique, grand reporter et correspondant au Proche-Orient depuis plus de trente ans à Beyrouth du journal The Independent. Il a publié un nombre important de livres sur la révolution iranienne, des guerres du Liban, du Golfe, d’Afghanistan, de l’invasion de l’Irak en 2003, du Kosovo et d’Algérie. Fisk a reçu plus de récompenses pour son travail de journaliste que n’importe quel autre grand reporter britannique
Source : Robert Fisk, The Independent, 16/04/2018, traduction par nos confrères de les-crises.fr
Exclusif : Robert Fisk rend visite à la Clinique syrienne au cœur d’une crise globale.
C’est l’histoire d’une ville appelée Douma, un endroit putride, ravagé, plein d’immeubles résidentiels défoncés, et où se trouve une clinique souterraine dont les images de souffrance ont permis à 3 des plus grandes puissances du monde occidental de bombarder la Syrie la semaine dernière. Il y a même un docteur sympa en blouse verte qui, alors que je le localise justement dans cette même clinique, me dit avec entrain que la vidéo du « gaz » qui a horrifié la planète – malgré tous les sceptiques – est absolument authentique.
Les récits de guerre, cependant, ont pour habitude de tourner au cauchemar. Et ce même médecin-chef syrien de 58 ans ajoute ensuite une chose profondément dérangeante : les patients, dit-il, ont été exposés non pas à du gaz, mais à un manque d’oxygène (hypoxie) dans les tunnels jonchés de déchets, et dans les sous-sols où ils vivaient, au cours d’une nuit de grand vent et de bombardements intensifs qui ont déclenché une tempête de poussière.
Tandis que le docteur Assim Rahaibani énonce cette conclusion extraordinaire, il est important d’observer qu’il n’est pas, de son propre aveu, un témoin lui-même, et que bon angliciste, il se réfère 2 fois aux djihadistes armés de Jaish el-islam [l’armée de l’Islam] à Douma comme à des terroristes, l’expression du régime qui désigne ses ennemis, et un terme utilisé par beaucoup de gens partout en Syrie. Ai-je bien entendu ? Quelle version des événements sommes-nous supposés croire ?
Par malchance aussi, les médecins de garde lors de cette nuit du 7 avril sont tous les 2 à Damas, afin d’apporter leurs indices de preuve à une enquête sur les armes chimiques, qui devra tenter de fournir une réponse définitive à cette question dans les semaines à venir.
Entretemps, la France a dit qu’elle avait « la preuve » que des armes chimiques avaient été utilisées, et les médias US ont cité des sources qui attestaient aussi ce fait. L’Organisation des Casques Blancs a aussi déclaré que ses partenaires sur le terrain traitaient 500 patients « présentant des signes et des symptômes correspondants à une exposition à des substances chimiques toxiques. »
Au même moment, les inspecteurs de l’OPCW, [Organisation pour l’Interdiction des Armes chimiques OIAC], sont dans l’impossibilité de parvenir ici sur le site de l’attaque au gaz alléguée, apparemment parce qu’ils n’avaient pas les bonnes autorisations de l’ONU.
Avant d’aller plus loin, les lecteurs doivent savoir que ce n’est pas le seul récit qui a cours à Douma. Il y a beaucoup de gens avec qui j’ai discuté au milieu des ruines qui déclarent qu’ils n’ont jamais cru à ces histoires de gaz – qui ont été fabriquées, disent-ils, par les groupes islamistes armés. Ces djihadistes d’un genre particulier ont survécu sous un déluge d’obus, en vivant dans les logements d’autres gens, et dans de vastes et larges tunnels équipés de routes souterraines creusées dans la roche par des prisonniers à l’aide de pioches sur 3 niveaux sous la ville. Je me suis promené dans 3 d’entre eux hier, des couloirs immenses faits de roche naturelle qui contenaient encore des roquettes russes – oui, russes – et des voitures carbonisées.
Ainsi, l’histoire de Douma n’est donc pas qu’une histoire de gaz ou pas, comme l’affaire en a l’air. Il s’agit de celle de milliers de gens qui ont choisi de ne pas évacuer la zone dans des bus la semaine dernière, aux côtés des combattants avec lesquels ils étaient forcés de vivre comme des troglodytes pendant des mois afin de survivre. Je me suis promené dans cette ville assez librement hier, sans soldats, sans policiers ou garde du corps qui scrute mes pas, juste 2 amis syriens, un appareil photo et un carnet. Parfois je devais escalader des remparts de plus de 6 mètres, ou gravir comme des murs de terre. Heureux de trouver un étranger parmi eux, plus heureux encore que le siège de la ville soit enfin terminé, la plupart ont le sourire ; enfin ceux dont vous pouvez voir les visages bien sûr, parce qu’à Douma, un nombre surprenant de femmes portent le hijab noir qui couvre tout leur corps.
Je me suis d’abord rendu à Douma en tant que membre d’un convoi de journalistes sous escorte. Mais une fois qu’un général ennuyeux nous eût annoncé sur le parvis d’une mairie démolie « Je n’ai pas d’informations. » – ce foutu langage officiel arabe d’une utilité remarquable – je me suis éclipsé. Plusieurs autres reporters, la plupart syriens, en firent autant. Même un groupe de journalistes russes – tous en treillis militaire – s’écarta du groupe.
Je pus rejoindre au bout d’une courte marche le docteur Rahaibani. Depuis la porte de sa clinique souterraine – appelée « Point 200 », dans la géologie bizarre de cette ville partiellement enterrée – il y a un couloir qui descend. C’est là où il m’a montré son hôpital inférieur, et les quelques lits où une petite fille pleurait tandis que des infirmières s’occupaient d’une coupure au-dessus de son œil.
« J’étais avec ma famille dans le sous-sol de ma maison, à 300 mètres d’ici au cours de la nuit. Mais tous les docteurs ici savent ce qui s’est passé. Il y avait un bombardement intense [par les forces gouvernementales] et les avions survolaient toujours Douma la nuit – mais cette nuit-là, il y avait du vent et des nuages de poussière gigantesques se sont engouffrés dans les sous-sols et les caves où les gens vivent. Des personnes qui souffraient d’hypoxie, en manque d’oxygène, commencèrent à arriver ici. C’est alors que quelqu’un à la porte, un « Casque Blanc », cria « Gaz ! », et ce fut la panique. Les gens se mirent à s’asperger d’eau les uns les autres. Oui, la vidéo a été filmée ici, elle est authentique, mais ce que vous voyez, ce sont des gens qui souffrent d’hypoxie – et non d’empoisonnement au gaz. »
Le correspondant pour le Moyen Orient de l’INDEPENDENT Robert Fisk dans l’un des tronçons de tunnels déblayé sous Douma par des prisonniers des rebelles syriens (yara Ismail)
Bizarrement, après avoir bavardé avec plus de 20 personnes, je me suis retrouvé incapable d’en trouver une seule qui montre le moindre intérêt pour le rôle que Douma avait pu jouer dans le déclenchement des attaques occidentales. En fait, 2 m’ont même dit qu’elles ignoraient qu’il y avait un lien.
Mais c’est un monde étrange dans lequel je me suis aventuré. 2 hommes, Hussam et Nazir Abu Aishe, me confièrent qu’ils étaient incapables de me dire combien de personnes avaient été tuées à Douma, bien que le second eût admis qu’il avait un cousin qui avait été exécuté par Jaish el-Islam [l’armée de l’Islam], pour avoir été suspecté d’être « proche du régime ». Ils haussèrent les épaules lorsque je les interrogeai sur les 43 personnes censées avoir péri lors de l’infâme attaque de Douma.
Les Casques Blancs – les secouristes médicaux déjà célèbres en occident mais dont la propre histoire présente des recoins intéressants – ont joué un rôle désormais bien connu durant les combats. Ils sont en partie financés par le Foreign Office [Ministère des Affaires Etrangères britannique], et la plupart des bureaux locaux étaient administrés par des hommes de Douma. J’ai retrouvé leurs bureaux démolis pas très loin de la clinique du docteur Rahaibani. Un masque à gaz trainait sur un container de nourriture avec un œil percé, et une pièce était occupée par une pile d’uniformes camouflés très sales. Mise en scène ? Je me le suis demandé mais j’en doute. L’endroit était jonché de capsules, d’équipements médicaux hors d’usage, et de dossiers, de lits et de matelas.
Bien sûr que nous devons écouter leur version des faits, mais ce ne sera pas le cas ici : Une femme nous a dit que tous les membres des Casques Blancs à Douma avaient abandonné leur Quartier Général et choisi de prendre les bus affrétés par le Gouvernement et protégés par les Russes, pour rejoindre la province rebelle d’Idlib avec les groupes armés, lorsque la trêve fut négociée.
Les étalages étaient ouverts, il y avait une patrouille de la Police militaire russe – un ajout optionnel lors de tout cessez-le-feu en Syrie à présent – et personne ne s’était même donné la peine d’investir les sous-sols de la prison islamiste interdite près du Square des Martyrs où les victimes étaient supposées être décapitées. Le complément de Police civile est fourni par le Ministère de l’Intérieur – ils portent de façon étrange des vêtements militaires – et ils sont surveillés par les Russes qui eux-mêmes peuvent – ou pas- être sous surveillance des seconds. Là encore, mes questions sérieuses sur le gaz furent accueillies avec ce qui sembla être une authentique perplexité.
Comment se pourrait-il que des réfugiés en provenance de Douma arrivés jusque dans les camps de Turquie aient pu décrire une attaque au gaz dont personne aujourd’hui à Douma ne semble se souvenir ? Je me suis dit, alors que je marchais dans les tunnels entrecroisés de ces misérables prisonniers, que les citoyens de Douma vivaient si isolés les uns des autres depuis si longtemps que « l’information » au sens que nous lui prêtons, n’avait tout simplement aucune signification pour eux. « La Syrie n’en produit pas comme la démocratie à la Jefferson » – comme j’aime cyniquement à le dire à mes collègues arabes – et c’est effectivement une dictature impitoyable, mais pas au point d’intimider ces gens heureux de voir des étrangers parmi eux, et de les empêcher de réagir avec quelques paroles de vérité. Alors que m’ont-ils dit ?
Ils m’ont parlé des islamistes sous le pouvoir desquels ils ont été obligés de vivre. Ils m’ont parlé de la façon dont les groupes armés avaient volé des logements aux civils pour se prémunir du gouvernement syrien et des bombardements russes. Les [islamistes de] Jaish el-Islam avaient brûlé leurs bureaux avant de fuir, mais les constructions massives qu’ils avaient édifiées à l’intérieur des zones de sécurité avaient été presque toutes réduites en bouillie par les raids aériens. Un colonel syrien que j’ai rencontré derrière l’une de ces constructions m’a demandé si je voulais me rendre compte de la profondeur de ces tunnels. Je me suis arrêté au bout de 2 kilomètres, lorsqu’il me fit observer en langage codé que « ce tunnel pourrait aussi bien mener jusqu’à la Grande Bretagne. » Ah oui… Mme May, me dis-je, dont les frappes aériennes ont été si intimement liées à ce lieu de tunnels et de poussière… Et de gaz ?
Source : Robert Fisk, The Independent, 16/04/2018
Traduit par BR pour le site www.les-crises.fr.

lundi 23 avril 2018

Ahed Tamimi : une chanson est née (Counterpunch)

Ahed Tamimi : une chanson est née (Counterpunch)

Un ami d’outre-mer m’a envoyé l’enregistrement d’une chanson. Une chanson arabe, avec une douce mélodie arabe, chantée par un chœur féminin arabe, accompagné à la flûte.
Ça donne ça :
Ahed,
tu es la promesse et tu es la gloire
debout comme l’olivier de notre terre 
du berceau au sépulcre
ta dignité restera sans tache

Patrie, plantée en nous, 
ancrage pour chaque vaisseau
nous sommes la terre et tu es la marée

blonde, à la riche crinière
pure, de la pureté du sanctuaire
‎tu enseignes aux générations
comment se rebelle le peuple oublié

Patrie, plantée en nous, 
ancrage pour chaque vaisseau
nous sommes la terre et tu es la marée

tes yeux bleus sont le phare
d’une patrie qui étreint 
toutes les civilisations dans son sein
tu as uni le proche et le lointain 
incendié les cœurs d’une étincelle
ton front haut est un sommet
il aiguise en nous toutes les ardeurs
tu as illuminé les ténèbres
et de tes mains délicates
ébranlé le monde 
par trop de bravoure
Tu as rendu la gifle au profanateur 
Et le respect à la nation

La génération palestinienne actuelle a décidé de baisser la tête jusqu’à ce que la tempête passe. La génération palestinienne à venir pourra agir d’une façon complètement différente.
La veille de mes 15 ans, j’ai rejoint un groupe clandestin (ou « terroriste ») qui combattait le régime colonial britannique. Près de 80 ans plus tard, je me souviens de chaque chanson de cette époque, mot pour mot. Des chansons comme « nous sommes des soldats inconnus sans uniformes » et beaucoup d’autres. Après cela, j’ai écrit un hymne pour ma compagnie.
Je ne suis pas un poète. Loin de là. Mais j’ai écrit quelques chansons dans mon temps, y compris « les renards de Samson », un hymne à mon unité de commando dans l’armée israélienne. Alors je connais la puissance d’une chanson. En particulier, une chanson sur l’héroïsme d’une jeune fille de 16 ans.
Dès l’instant où j’ai vu la scène où Ahed Al-Tamimi boxait la face d’un capitaine de l’armée israélienne, j’ai compris que quelque chose d’important était arrivé.
Lord Acton, le politicien britannique a écrit : « le pouvoir tend à corrompre, et le pouvoir absolu corrompt absolument. » j’ajouterai : « Coloniser un autre peuple tend à vous rendre stupide, et une longue occupation vous rend totalement stupide. »
Dans ma jeunesse, alors que j’étais déjà membre de l’organisation clandestine anti-britannique, je travaillais dans le bureau d’un avocat britannique, dont beaucoup de clients étaient des représentants de l’administration britannique. Je me suis souvent demandé : « comment est-ce possible qu’un peuple aussi intelligent puisse se comporter aussi bêtement ? »
Ce sont des gens gentils, qui traitaient poliment même un petit employé comme moi. Mais ils n’avaient aucune alternative : l’occupation pousse l’occupant à se comporter stupidement.
Cela fonctionne ainsi : pour maintenir longtemps un régime d’occupation, l’occupant doit croire dans la supériorité de sa « race » et dans l’infériorité de ses sujets, qui sont vus comme des créatures primitives. Sinon, qu’est ce qui leur donnerait le droit d’assujettir un autre peuple ? C’est exactement ce qui nous est arrivé.
Au moment où j’ai vu la scène à la télévision, j’ai su que quelque chose de capital avait eu lieu. Le peuple palestinien a maintenant une héroïne nationale. La jeunesse palestinienne a maintenant un modèle à imiter.
Le public israélien s’est habitué à l’occupation. Il croit qu’il s’agit d’une situation normale, que l’occupation pourra durer toujours. Mais l’occupation n’est pas une situation normale, et un jour, elle arrivera à sa fin.
Dix mille britanniques ont gouverné des centaines de millions d’indiens, jusqu’à ce qu’un homme décharné appelé Gandhi soit allé récolter du sel sur la côte en s’opposant à la loi. La jeunesse indienne s’est levée et la domination britannique tomba comme une feuille d’un arbre en Automne.
La même stupidité s’empara de tous les agents de l’occupation qui ont eu affaire à Ahed Al-Tamimi. Les officiers de l’armée, les procureurs et les juges militaires. 
Si nous étions des occupants avisés – un oxymore – nous aurions laissé Ahed retourner chez elle depuis longtemps. Mais nous continuons à la garder enfermée. Elle et sa mère.
Certes, il y a quelques jours, l’armée a réalisé sa propre idiotie. Avec l’aide de l’avocate (juive) dévouée de Ahed, Gabi Lasky, un « compromis » a été obtenu. Plusieurs charges ont été abandonnées et Ahed n’a été condamnée qu’à « seulement » huit mois de prison.
Elle sera libérée dans trois mois. Mais c’est trop tard : la photo de Ahed est déjà gravée dans l’esprit de chaque palestinien garçon ou fille. Ahed, la jeune fille couverte de cheveux blonds, ses yeux bleus scintillant comme un phare, Ahed la sainte. Ahed la libératrice.
La Jeanne D’Arc palestinienne, le symbole national.
L’histoire de Ahed Al-Tamimi a eu lieu en Cisjordanie. Mais elle a résonné jusque dans la bande de Gaza.
Pour la plupart des israéliens, la bande de Gaza est quelque chose d’autre. Il ne s’agit pas de territoire occupé. Ça ne nous concerne pas.
Cependant, la situation de la bande de Gaza est encore pire qu’une occupation directe. La bande est complètement encerclée. Au Nord et à l’Est, il y a Israël, à l’Ouest la mer, où la marine israélienne tire sur tout sauf les bateaux de pêche près du rivage. Le sud appartient à l’Égypte, qui se comporte encore pire que les israéliens et qui est en étroite coopération avec eux.
La situation dans la bande de Gaza est aussi proche de l’enfer qu’il est possible. La nourriture est au niveau de la subsistance, l’électricité seulement 2 à 4 heures par jour, l’eau est polluée. Le travail est extrêmement rare. On n’autorise à sortir que ceux qui sont le plus gravement malade.
Pourquoi ? Ceci est dû au démon qui sévit dans le gouvernement israélien : le démon démographique.
En Palestine historique, sur la terre entre la Méditerranée et le Jourdain, vivent près de 13 millions de personnes, avec approximativement une moitié de juifs et une autre d’arabes, avec un léger avantage en faveur des arabes. Les chiffres sont incertains, mais il y a à peu près 3 millions d’arabes en Cisjordanie, 2 millions dans la bande de Gaza et 1,5 millions de citoyens arabes israéliens. Le taux de natalité arabe est supérieur à la moyenne juive.
Ces chiffres perturbent le sommeil de nombreux responsables israéliens, surtout les politiques. Ils cherchent les moyens de changer cet équilibre. Ils ont eu l’illusion, à un moment, que si la situation à Gaza devenait insupportable, les gens émigreraient. Mais cela ne se fit pas. Les palestiniens sont devenus très tenaces.
Alors une nouvelle mode a vu le jour : ignorons simplement ces salopards. Imaginons simplement que la bande de Gaza a sombré dans la mer, comme un politicien israélien l’a invoqué dans une prière. Pas de bande. Deux millions de palestiniens de moins.
Mais la bande est là. Certes, Gaza est gouverné par le parti islamique Hamas, alors que la Cisjordanie est gouvernée par l’OLP d’Abu Mazen, et l’hostilité entre les deux est féroce. Cela arrive dans presque tous les mouvements de libération de l’histoire. Dans notre cas, l’organisation s’est divisée pour former la Haganah (’’Défense’’) qui appartenait à la direction sioniste officielle, et l’Irgoun (’’Organisation’’, diminutif de l’Organisation militaire nationale). Ensuite, l’Irgoun s’est divisé, et le Lehi ("Combattants pour la Liberté d’Israël"), encore plus extrême, appelé le "Stern Gang" par les Britanniques, était né. Ils se détestaient tous les uns les autres.
Cependant, parmi les gens, il n’y a pas du tout de différences. Ce sont tous des palestiniens. Ahed est l’héroïne de chacun d’entre eux. Peut-être que son exemple a joué un rôle dans ce qui s’est passé la semaine dernière.
Pendant un certain temps, la bande de Gaza était restée calme. Il y eut même une sorte de modus vivendi entre le Hamas et Israël. Les israéliens se sont félicité de leur intelligence. Et puis c’est arrivé.
Soudain, comme venue de nulle part, la population de Gaza s’est levée. Hamas l’a rassemblée vendredi près de la frontière, sans armes. Une campagne prolongée de résistance passive devait commencer.
Quand on m’a demandé ce qui allait se passer, j’ai dit que l’armée israélienne allait tirer pour tuer. C’est simple : les israéliens ne savent pas gérer une résistance passive. Ils tirent pour la transformer en résistance violente. Ça, ils savent le gérer. Avec plus de violence.
Et c’est exactement ce qui s’est passé vendredi dernier, le premier jour de la campagne : des snipers étaient postés le long de la ligne, avec ordre de tirer sur les « meneurs » – quiconque qui se démarque. Dix-huit manifestants non-armés furent tués, près de mille ont été blessés par balles.
Si certains ont pu penser que le monde démocratique allait se lever pour condamner Israël, il se sont tristement trompés. Ce qui a été révélé est l’incroyable emprise du gouvernement israélien et son organisation sioniste sur les institutions et les organes de presse mondiaux.
A quelques petites exceptions près, les atroces nouvelles n’ont même pas été publiées, ou alors comme des faits mineurs.
Mais cela ne peut pas durer longtemps. Les manifestations de Gaza se poursuivront, surtout les vendredis (jour saint des musulmans), jusqu’au 15 Mai, le jour de la Nakba (catastrophe), qui commémore la fuite de masse / l’expulsion de la moitié du peuple palestinien de ses foyers. Les drapeaux palestiniens envahiront les écrans du monde.
Ahed sera encore en prison.
Uri Avnery
URI AVNERY est un écrivain israélien et militant pour la paix avec Gush Shalom. Il a contribué au livre de CounterPunch : The Politics of Anti-Semitism (La Politique de l’Antisémitisme)
Traduction Vagabond (chanson traduite de l’arabe)

Le palais présidentiel de Bachar el-Assad et le QG de la garde présidentielle auraient été visés par les tirs occidentaux


Publié par wikistrike.com sur 17 Avril 2018, 17:44pm
Le palais présidentiel de Bachar el-Assad et le QG de la garde présidentielle auraient été visés par les tirs occidentaux
Le palais présidentiel syrien et le quartier général de la Garde présidentielle ont été ciblés lors de l'agression tripartite de la Syrie mais tous les missiles hostiles furent interceptés et détruits à l'approche de ces deux objectifs. 

L'attaque dirigée principalement par les États-Unis et qui n'avait aucunement besoin de la France ou de la Grande-Bretagne (ces deux pays ont servi de décor à l'opération dixit Sayed Hassan Nasrallah du Hezbollah libanais) a visé principalement des aérodromes militaires et non pas trois cibles précises. 

Des informations font état de la participation de deux appareils de combat israéliens dans cette attaque sans toutefois préciser si les Israéliens participaient à la campagne et dans ce cas la coalition ne peut être qualifiée de tripartite ou agissaient en parallèle. 

Aucun radar ou site SAM syriens n'ont été touchés lors de cette attaque. Ce qui laisse à penser que soit il n'y a pas eu de suppression des défenses aériennes adverses (SEAD) ou que cette dernière fut impossible à réaliser en si peu de temps et vu les immenses restrictions visant à éviter toute friction avec les forces russes en Syrie. 

L'évaluation israélienne de cette attaque est sans équivoque : résultat nul et sans aucune portée tactique ou stratégique. 

Autre fait passé sous silence, mais par les Russes cette fois : si les missiles Tomahawk et Scalp (Storm Shadow) ont bien été détectés et traqués par les défenses aériennes obsolètes syriennes et celles, bien plus avancées, russes, ce n'est pas le cas pour le BGM-158 JASSM tiré par le B-1B et qui a été utilisé pour la première fois dans un conflit. 

Ce missile de croisière est passé inaperçu et les Russes n'ont pas réussi à le détecter à temps. 

19 missiles JASSM-ER ont été lancés sur la Syrie par des bombardiers stratégiques B-1B américains. 

Aucun ne fut détecté ou intercepté. 

Les forces aérospatiales russes en Syrie n'ont pas détecté les missiles JASSM-ER à temps. 

Malgré des dysfonctionnements persistants, le JASSM se révèle nettement bien meilleur que le Tomahawk ou le Scalp et ce, malgré sa portée relativement réduite par rapport à certaines versions du Tomahawk. 

Enfin, la montée en puissance du dispositif d'attaque US continue autour de la Syrie ne laisse aucun doute possible sur la préparation d'autres opérations visant la Syrie dans un avenir proche.

lundi 16 avril 2018

Le plan secret des USA visant Damas a été déjoué


16AVR
une analyse intéressante partiellement reprise par l’Humanité (note de danielle Bleitrach)
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15 avril, 2018
Note d’analyse
Donald Trump a dû redescendre du piédestal sur lequel il était monté il y a quelques jours en rassemblant une force militaire imposante et une puissance de feu rappelant « l’opération Tempête du désert », sans toutefois engager les forces terrestres. Le « plan A » prévoyait une attaque dévastatrice sur la Syrie afin de détruire son armée, le palais présidentiel, ses centres de commandement et de contrôle, ses troupes d’élite, ses entrepôts militaires et de munitions stratégiques, ses radars, ses systèmes de défense et les institutions de ses dirigeants politiques.
Le centre de recherche syrien de Barzé bombardé pendant la nuit du 14 avril 2018
 Le rôle de la Russie avant et après, l’attaque des USA, du Royaume-Uni et de la France, révélé
Avant la triple attaque contre la Syrie par les USA, la Grande-Bretagne et la France, la Russie et le président Vladimir Poutine, en personne, ont maintenu des contacts intensifs jusqu’à 4 heures du matin, afin de réduire la portée de l’attaque et passer à un « plan B » sans conséquence. Dans ses prises de contact avec plusieurs chefs d’État, la Russie a rejeté toute frappe susceptible de paralyser l’armée syrienne, et a informé les dirigeants de Damas que l’Occident allait dorénavant mûrement réfléchir avant de changer radicalement l’équilibre du pouvoir au Levant.
Mais quelle est la véritable raison de ces frappes ? Est-ce la prétendue « attaque chimique » à Douma ? L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques était déjà à Damas et ses membres sont allés à Douma samedi pour inspecter le lieu où l’attaque chimique en question aurait eu lieu. Pourquoi alors n’ont-ils pas attendu de connaître les résultats avant de frapper ?
Des sources à Damas expliquent qu’avant l’intervention militaire des USA, du Royaume-Uni et de la France, l’armée syrienne et ses alliés, avec l’appui de la Russie, étaient en train de mener une attaque d’envergure dans la région rurale d’Idlib et avaient atteint l’aéroport d’Abou al-Duhur lorsque subitement ils ont cessé leur opération pour ce diriger vers la Ghouta.
En effet, la Russie avait informé les dirigeants syriens d’un grand rassemblement de troupes sur la base militaire occupée par les USA à Al-Tanf, à la frontière syro-irakienne, où des dizaines de milliers de mandataires des USA suivent un entraînement militaire continu. Les Russes avaient décelé des mouvements inhabituels et compris que les USA se préparaient à dépêcher leurs mandataires vers la Ghouta orientale, afin d’établir un lien avec les quelque 30 000 djihadistes qui se trouvaient encore dans la Ghouta. Une attaque était planifiée en même temps qu’une diversion provenant de Daraa, au sud de la Syrie, de façon à attaquer le sud de Damas pour duper l’armée syrienne et ses alliés en les amenant à réduire le nombre de leurs combattants autour de la capitale.
Selon les sources, le plan consistait à soutenir leurs mandataires et les djihadistes de la Ghouta pour qu’ils atteignent Damas et en prennent le plein contrôle. Sauf que le déplacement de l’opération militaire de la région rurale d’Idlib à la Ghouta a contrecarré le plan américain qui consistait à imposer à la Russie un confinement forcé à Lattaquié et Tartous pour parvenir enfin à un changement de régime. Ce « plan de génie » aurait gâché tous les efforts déployés par la Russie après presque trois ans de participation soutenue à la guerre en Syrie, tout en permettant aux USA de prendre le dessus, au moment même où Moscou et l’armée syrienne étaient sur le point de mettre fin à la guerre en Syrie, il ne reste que quelques poches de résistance à libérer.
La riposte de la Russie dans la Ghouta a réduit le plan des USA en miettes, en imposant le retrait de dizaines de milliers de militants de la Ghouta avec leurs familles, vers le nord de la Syrie. La capitale est dorénavant beaucoup plus sûre et il ne reste plus qu’une zone au sud de Damas occupée par al-Qaeda et le groupe armé « État islamique » (Daech), au camp de Yarmouk et à al-Hajar al-Aswad.
Aujourd’hui, la Russie a vidé la frappe des USA, du Royaume-Uni et de la France de son contenu et de son objectif en imposant une « attaque restreinte » sans valeur, qui a très peu de chance de changer quoi que ce soit sur le terrain en Syrie.
Lorsque la Russie a promis d’abattre tout missile lancé contre la Syrie, Trump a répondu ceci : « Tiens-toi prête Russie, parce qu’ils arrivent, beaux, nouveaux et intelligents ». Après la frappe, la Russie a répliqué : « Nous avons utilisé de vieux systèmes de défense antiaérienne soviétique contre ces missiles intelligents, nouveaux et très coûteux lancés par les Américains ». Mais ce n’est pas tout. Les frappes des USA et du Royaume Uni.ontatteint des objectifs qu’Israël bombarde pratiquement à partir d’une base régulière. En ayant réussi à intercepter les deux tiers des missiles, comme l’a affirmé la Russie, la Syrie perçoit l’attaque comme une sorte « d’entraînement avec des munitions réelles, en préparation à une éventuelle attaque israélienne sur le territoire syrien ». Israël est très déçu et ne semble pas du tout apprécier le résultat final.
Faisant preuve de retenue et de maîtrise de soi, le secrétaire à la Défense James Mattis, qui avait dit « le Pentagone n’a toujours pas de preuves indépendantes pour confirmer qu’il y a eu une attaque chimique en Syrie la semaine dernière », a signalé que toute attaque de grande envergure en Syrie pouvait provoquer un engagement direct de la Russie et une riposte mortelle contre des objectifs des USA. Mattis a accepté une « frappe honorable » pour sauver la face de son patron inexpérimenté. La frappe du trio en Syrie semble avoir redoré le blason du président syrien Bachar al-Assad. Les gens sont sortis célébrer dans les rues de Damas, en se moquant de l’attaque de l’Occident contre leur pays !
Le trio a évité de provoquer directement la Russie, en contournant les bases et les théâtres opérationnels des Russes au lieu de les survoler. La Russie a imposé sa présence et a provoqué la marine américaine et la marine française en effectuant des simulations d’attaques aériennes, afin de montrer qu’elle était prête à rétorquer. La marine russe était positionnée à l’opposé de la côte libanaise afin de couvrir cette partie et d’éviter les angles morts.
Moscou est parvenu à éviter une confrontation directe avec Washington à l’extérieur de son territoire. La Syrie est entourée de bases militaires US (Israël, Jordanie, al-Tanf, Hassaké, Arabie saoudite, Koweït, Qatar, Bahreïn, Irak, Turquie). La Russie se souvient comment Leonid Brejnev est tombé dans le piège que lui avait tendu la CIA en 1979, en soutenant les moudjahidines six mois avant l’invasion soviétique de l’Afghanistan. Zbigniew Brzezinski a dit que l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques avait été délibérément provoquée par les USA : « C’était une excellente idée. Elle a entraîné les Soviétiques dans la guerre afghane et nous leur avons procuré une guerre du Vietnam. » Presque 40 ans plus tard, Poutine a évité de tomber dans le même piège. Quelle sera la prochaine étape ?
Maintenant que la sécurité de Damas est assurée, tous les yeux sont tournés vers la ville d’Idlib, au nord de la Syrie, qui est sous le contrôle d’Al-Qaeda. Pourquoi Idlib?
La situation dans le camp de Yarmouk, au sud de Damas, semble liée directement à celle qui prévaut à Foua et Kafraya. Lors des négociations de Zabadani, Al-Qaeda et les alliés de Damas se sont entendus pour qu’al-Yarmouk d’une part, et les deux villes assiégées au nord de la Syrie d’autre part, ne soient pas attaquées. Cependant, Damas fait pression pour nettoyer la capitale complètement, en tentant de persuader ses alliés de revenir sur leurs engagements précédents.
En ce qui concerne Daraa et Quneitra dans le sud, il semble que personne en Syrie n’est prêt à provoquer les USA et Israël en ce moment de tension. Il se pourrait qu’ils ne s’en occupent qu’à la toute fin. Dans la Badia (les steppes syriennes), Daech est complètement encerclé et n’a d’autre choix que d’attendre son extermination dans les prochains mois.
Idlib demeure un problème malgré l’entente économique et financière entre les Turcs, les Russes et les Iraniens. Il ne fait aucun doute que des différences marquées de nature économique existent entre ces partenaires à propos de la Syrie.
Le président turc Erdogan a exprimé son soutien, puis sa satisfaction, à l’égard des frappes américaines en Syrie. La Russie a répondu en lui demandant de remettre la ville d’Afrin au gouvernement syrien. L’envoyé spécial iranien pour les affaires syriennes, Ali Akbar Velayati, a dit ouvertement qu’Idlib est le prochain objectif. Il est donc possible que la Turquie se retire des dizaines de postes d’observation qu’elle possède autour d’Idlib, comme les Russes l’ont fait à Afrin avant l’attaque turque. La Russie s’attend aussi à ce qu’Erdogan annule d’un jour à l’autre la vente précédemment convenue de missiles S-400.
Ainsi, l’aiguille de la boussole pointe vers Idlib, Rastan et Jisr al-Shoughour et les forces armées syriennes se rassemblent dans la région rurale de Lattaquié, en étant prêtes à diviser Idlib après avoir libéré les nombreux villages qui l’entourent.
Ce qui nous amène à la prochaine représentation d’une « attaque chimique » sur le théâtre opérationnel de l’armée syrienne et de ses alliés. Les USA vont-ils défendre Al-Qaeda ? Pourquoi pas ? Il n’a jamais vraiment été question d’utilisation d’armes chimiques, puisque ce sont les USA, eux-mêmes, qui possèdent le plus gros arsenal d’armes chimiques au monde. Le véritable enjeu, c’est la défaite des USA et la domination du Levant par la Russie.