La mauvaise saison aidant , le moral des paysans est au plus bas , l'effondrement des cours de nos produits , l'explosion des charges font qu'aujourd'hui , et ce n'est pas moi qui donne ce chiffre , mais plus de 50 pour cent des exploitations seraient condamnées d'ici à trois ans , un chiffre qui prend aux tripes qui donne envie de crier sa révolte , mais la société est elle devenue à ce point aveugle , pour laisser mourir le socle de sa vie?
Combien de paysans me confient leur détresse , leur peur du lendemain , leur appréhension de l'avenir – il y a 10 ans ,jamais nous entendions un paysan réclamer la retraite , aujourd'hui tous les paysans qui passent la cinquantaine ,la réclament , et tous, savent que l'échéance s'éloignent , tous savent qu'ils recevront une misère ,pourtant ,ils la demandent , preuve de leur mal vivre récurant .
La paysannerie commence à vivre une crise historique , du jamais vus encore , une crise ou l'individualisme prend le dessus , peut être est ce un instinct animal de survie, en tous les cas ,il fait
des ravages et sert toujours plus, l'intérêt des possédants et des décideurs économiques .Des familles sont ou seront broyées , les échéances bancaires étant devenues plus importantes que la vie même .
Je ne cite plus le nombre de suicides et le nombre encore plus important de tentatives de suicide ,y compris par l'arrêt ou la négligence des soins primordiaux ,dégoutés qu'ils sont de cette vie qu'on leur impose , et que l'on feint d'ignorer , voir de nier.
Dans ces confidences, autour d'un café ou au téléphone, combien m'avouent leur incapacité à honorer tel ou tel échéance ; la famille ,même un peu éloignée prête souvent à la place de la banque absente ou menaçante , cette appréhension aussi du facteur que je devine derrières des phrases anodines comme : « à part des factures » , ou encore « à part des mauvaises nouvelles ».
Nous arrivons à un point de non retour , tôt ou tard la colère explosera : sans repères, cela risque d'être terrible pourtant depuis longtemps nous avertissons , sans résultat .
Comment aussi , ne pas entendre nombres de nos élus locaux , je pense aux Maires de nos petites communes , à ceux qui sont les plus conscients ou peut être simplement les plus francs qui crient leur doutes , leur peurs et leurs légitimes craintes de toutes ces dérives administratives et politiques qui vont détruire ce dernier lieu de démocratie locale , et qui sont pour nous, tout simplement nos territoires , notre histoire , nos racines , notre vie.
Nous vivons en ce moment , une campagne électorale , c'est le seul moment ou les partis politiques se rappellent de notre existence et se déchirent à coup de millions d'aides régionales ,dont d'ailleurs nous ne vairons pratiquement rien ou si peu , une fois encore , même si nous n'en avons pas envie cela va nous faire sourire!
Aides, avons- nous dit , oui aides publiques ,dites d'urgence ou Sarkozy , aussi ridicules qu'inutiles,car largement insuffisantes (malgré les annonces mirobolantes ) au point qu'elle apparaissent insultantes au regard de nos pertes annuelles (plus de trente pour cent pour les producteurs de l'Allier ), il est vrai que nous ne sommes pas des banques car il y a longtemps que nous serions remis à niveau : 10 milliards d'€ de débloqué en une semaine cela ne vous paraît pas surdimensionné? De même ,un bouclier fiscal qui épargne 15 milliards d'€ aux plus riches , c'est étonnant ce que l'on peut faire comme cadeaux à ceux qui n'en on pas besoin !
Certes ,il y a ces aides européennes mais qui participent par leur modes d'attribution , à la concentration des moyens de production dans des unités de plus en plus importantes ; politique de subvention qui , sans dire son nom met en place un immense plan de destruction de notre espace rural, ainsi se construit des usines à produire , à des années lumière de la paysannerie , en un mots
plus néfastes qu'utiles
Triste tableau me direz vous , exagéré répondront d'autres , avec des vues politiques concluront d'autres encore , et bien non , c'est simplement notre vie , notre vécu , ce secteur qui donne à manger à tous, est entrain de péricliter , des drames humains s'y déroulent en silence , loin de l'agitation médiatique , et pourtant lourds de conséquence sur la société toute entière .
Mais comme le chante si bien Jean Ferrat : « Je ne suis qu'un cri »,encore que.......
ps: rien à voir bien sûr avec ces agri managers du crédit agricole ou ces agriculteurs entrepreneurs de Sarko et leur pub aux slogans racoleurs pour venter leur métier « d'agriculteur ».
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