Communiqué
Madame Denise Hamouri, la mère de Salah, accompagnée de Jean-Claude Lefort, a rencontré
hier lundi, rue de l’Elysée, Jean-David Levitte, Conseiller diplomatique du Président de la
République, en présence de Nicolas Galey, Conseiller technique sur le Proche et le Moyen-
Orient.
Le Conseiller diplomatique a indiqué d’emblée que le Président Nicolas Sarkozy aurait une
égale attention et une même détermination pour obtenir la libération de Gilad Shalit et de
Salah Hamouri. Pour le Président, les deux jeunes sont des Français et il les défendrait
également.
S’agissant de Salah Hamouri il a été noté par le Conseiller que l’acte d’accusation du tribunal
militaire israélien ne mentionne aucun fait ni acte répréhensibles mais une simple
« intention », notion qui relève d’un pur arbitraire.
C’est pourquoi, selon le Conseiller, parmi les 2.000 Français détenus à l’étranger, le Président
concentre son attention sur les cas les plus patents d’iniquité et donc qu’il serait mobilisé en
cela pour obtenir la libération de Salah Hamouri qu’il a déjà, selon le Conseiller, demandé à
plusieurs reprises auprès des actuelles autorités israéliennes.
Il a été fait observé au Conseiller que ses paroles dénotaient assez nettement de ce qui avait
été dit jusqu’ici sur Salah Hamouri et que si les deux cas signalés étaient traités sur un pied
d’égalité il était alors difficilement compréhensible que, par exemple, le Président n’ait
toujours pas encore reçu la famille de Salah Hamouri à la différence notoire de la famille
Shalit.
Il a également été relevé que Salah Hamouri n’a pas été jugé par un « Etat de droit » mais par
un Etat en guerre qui condamne par ses tribunaux militaires ceux-là mêmes qu’il occupe
quand bien même ils étaient innocents des charges accusatrices qui pesaient sur eux ou bien
qui procédaient de l’arbitraire pur et simple. Il a été redit que de ne pas avoir pris en compte et
d’emblée ce fait majeur constituait une faute grave.
De même il a été signalé que ce même Etat ne libère jamais, quand il y a échange de
prisonniers, de Palestiniens originaires de Jérusalem.
Il a été rappelé la demande de remise de peine déposée par Salah, au 2/3 tiers de sa peine
accomplie, s’est soldée par un net refus de la Commission ad hoc et par une aggravation des
charges portées contre lui.
L’idée israélienne selon laquelle Salah, qui est innocent, devrait en plus présenter des
« excuses » étant une humiliation inacceptable ajoutée à l’injustice lourde qui le frappe depuis
plus de 5 ans.
De même il a été redit hautement que l’expulsion de Salah ou son extradition en France était
clairement refusée. Salah a le droit comme tout être humain de vivre là où il le souhaite.
Le Conseiller a insisté sur le fait que rien ne sera de nature à faire cesser la demande de
libération de Salah alors qu’il a déjà passé plus de 5 ans en prison pour une « intention »
supposée. Il a indiqué aussi que de nouvelles initiatives seront prises auprès des autorités
israéliennes. L’entretien a duré ¾ d’heure.
Commentaires
Le changement de ton et d’approche énoncés verbalement au cours de cet entretien sont, sans
aucun doute possible, à mettre au compte des multiples initiatives prises dans un esprit de
large rassemblement pour demander la libération de Salah. Malgré les affirmations du
Conseiller, on peine à voir une même volonté pour libérer Salah Hamouri et Gilad Shalit.
Le Président de la république vient d’écrire aux parents de Gilad à l’occasion du 4ème
« anniversaire » de sa capture. On attend encore qu’il les reçoive.
Et quand donc écrira-t-il à Monsieur et Madame Hamouri une lettre se terminant, ainsi que
celle envoyée aux parents de Gilad le 25 juin dernier, par ces mots : « Je mesure la lassitude,
la colère ou l'incompréhension que, jour à après jour, depuis le 25 juin 2006, vous ressentez.
La dignité dont vous avez fait preuve, votre courage et votre action de tous les instants ont été
exemplaires. Vous pouvez être fiers de vous et de votre fils, comme nous le sommes de Gilad
et de ses parents. »
Pour l’heure pas une seule lettre n’a été envoyée à la famille Hamouri et jamais le nom de
Salah n’a été cité publiquement par le Président. Et si les demandes de libération ont été faite
de manière répétée il est difficile de dire qu’elles aient été efficaces.
Il peut être tiré clairement une conclusion de cette rencontre : l’écho grandissant de l’exigence
de la libération de Salah ne peut plus être ignoré en haut-lieu. C’est dire si notre mobilisation
rassembleuse, jour après jour, a été utile. Elle doit être poursuivie. Salah est victime et non
coupable.
Aucun fait ne lui est reproché – une intention supposée n’étant pas un fait – et donc
certainement pas d’avoir voulu faire exploser la voiture du rabbin Yossef Ovadia et d’avoir
lancé un cocktail Molotov contre un véhicule de l’armée israélienne comme on a pu le lire
mensongèrement dans une dépêche de « Associated Press » publiée hier soir à 21 h 17 par
« Yahoo ».
Salah a déjà passé plus de 5 ans en prison pour rien. Sa libération ne dépend pas de lui mais
de ses geôliers. Pour Gilad Shalit, le Président a demandé à de multiples occasions sa
libération sans condition. Pourquoi devrait-il en aller autrement pour Salah ?
Salah a encore 16 mois de prison à faire. Nous ne nous résignons pas à l’idée qu’il ne soit pas
libéré bien avant. Chaque jour qui passe, après ces plus de 5 ans en prison, est donc un jour de
trop qui voit Salah embastillé. A la différence notable de Gilad Shalit, et ce n’est pas de notre
fait, le sort de Salah n’est pas lié à des négociations obscures.
Sa libération dépend uniquement des autorités israéliennes.
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C’est la seule certitude que nous ayons – nous, mais aussi les autorités françaises.
Nous n’avons pas à nous substituer à ces dernières ni à leur manière de faire mais il nous
revient de l’exiger auprès d’elles comme nous n’avons cessé de le faire. Nous avons quelques
raisons de continuer et de ne pas relâcher la pression.
Les propos nouveaux tenus par le Conseiller du Président, le fait que pour la première fois le
site Internet de la Présidence évoque publiquement, à sa façon, le cas de Salah montrent que
notre mobilisation ne laisse plus indifférent et qu’elle n’est pas vaine.
Salah a déjà bien lourdement et très injustement « payé » l’occupation de Jérusalem et de son
pays natal. Il est plus que temps que Salah rentre à la maison.
Les nouveaux mots entendus n’endormiront pas notre volonté et notre action. Tout au
contraire puisqu’ils témoignent que nos efforts ne sont pas vains.
C’est pourquoi notre exigence – qui est la seule garantie tangible qui existe de manière
certaine pour obtenir sa libération – demeure plus forte que jamais :
Libération de Salah Hamouri ! Et vite !
Paris, le 29 juin 2010