La semence fermière , une pratique encore bien vivante |
La prochaine réunion préparatoire du G20 se tient à Paris les 22 et 23 juin. A l’instigation de la présidence française, les questions agricoles sont à l’ordre du jour car, comme en 2008, le cours des céréales recommence à flamber. L’occasion de faire un point sur l’état des semences et de la guerre invisible qui se joue autour de ces petites graines qui sont la source de notre alimentation.
Depuis que les ingénieurs agronomes ont démarré la Révolution verte au Mexique dans les années 1940 avec le soutien de la fondation Rockfeller, la faim dans le monde ne devrait être qu’un vieux souvenir. Hélas ! Malgré lestonnes d’engrais, pesticides et fertilisants, malgré la culture hors-sol et les méga-machines qui font l’agriculture intensive, on n’en sort pas. Le nombre d’affamés ne cesse d’augmenter (1), les prix des denrées de base (riz, blé...) s’envolent et la pénurie menace régulièrement (2) alors que tous les pays sont liés les uns aux autres par le jeu des importations/exportations sans qu’aucun ne soit plus capable d’assurer une réelle auto-suffisance alimentaire aux populations.
Pour résoudre le problème, les OGM sont présentés comme la solution miracle. Ce serait la graine elle-même, génétiquement modifiée, qui permettrait enfin la récolte parfaite. Plus de parasite, plus de famine, résistance à la sécheresse... le rêve. Vraiment ?
Autrefois, chaque région du monde disposait de ses semences spécifiques, soigneusement sélectionnées par le savoir-faire des agriculteurs pour leur résistance aux diverses contraintes du lieu (sol, climat...). La conservation était généralement réservée aux femmes puis, progressivement, de petits semenciers s’occupèrent plus particulièrement de produire et conserver les graines de vie. Mais en accompagnement de la Révolution verte, des méga-organisations comme l’OMC ont pensé pouvoir gérer mondialement ce qui se décidait jadis localement. Des lois et des traités régulent ainsi l’agriculture, des bataillons d’ingénieurs cherchent à améliorer les rendements et des catalogues officiels établis par les ministères listent les variétés de semences autorisées (et payantes). Parallèlement, partout dans le monde de gros semenciers (Monsanto, Syngenta, Limagrain) rachètent les petits. Et les éléments du cercle infernal sont en place.
Jugez plutôt : faire ses semences soi-même en quantité prend du temps. Les paysans sont donc "obligés" d’acheter leurs semences. Avant les OGM, toutes les semences officielles étaient hybrides (issues de croisement) et pouvaient se reproduire d’une année sur l’autre. Les OGM ne le permettent plus car ces graines donnent un an puis deviennent stériles... obligeant ainsi à en racheter l’année suivante, ce que la grande majorité des petits agriculteurs ne peut se permettre. Mais comment faire autrement puisque les petits semenciers locaux ont disparu et que la biodiversité naturelle s’épuise (notamment en raison des pollutions générées par l’agriculture intensive) ?
Quoi de plus banal et passe-partout qu’une minuscule petite graine ? Pépites de vie, elles sont en réalité à la fois le patrimoine et l’avenir de l’humanité. Et l’enjeu de toutes ces discussions officielles est là, dans les semences du futur et la façon dont les états gèrent l’essence même de la vie. De nos vies. Car on l’aura compris, ceux qui contrôlent la production des semences et empêchent leur libre circulation tiennent l’humanité par le ventre.
Depuis 2005, sous couvert d’aide au développement, la FAO tente de réguler les choses avec un Traité international sur les semences. On a vu récemment à Bali que la France, le Canada et l’Australie s’acharnent à ne plus vouloir reconnaître aucun droit aux agriculteurs locaux sur les semences qu’ils utilisent traditionnellement (3). C’est grave car certaines sociétés commencent à déposer des brevets sur des variétés traditionnelles. En avril dernier, des manifestations ont eu lieu à Bruxelles pour protester contre ces législations pirates.
Mais tout n’est pas perdu. Mars 2011 c’était bien sûr Fukushima. Mais ce fut aussi le moment d’une autre nouvelle, bien plus réjouissante. L’énorme multinationale allemande Bayer a été condamnéepar la cour de l’état de l’Arkansas (USA) à verser 136,8 millions de dollars à Riceland Food. La raison ? Une récolte contaminée par un OGM du groupe il y a quatre ans de cela. Tout n’est pas perdu mais c’est une véritable guerre qui est engagée là – car ce ne sont ni un G8, ni un G20 qui doivent dicter au monde comment se nourrir.
Jardiniers de tous les pays, unissons-nous ! Plantez ! Replantez ! Conservez ! Multipliez ! Diffusez !
Eva Wissenz www.naturalwriters.org
Pour résoudre le problème, les OGM sont présentés comme la solution miracle. Ce serait la graine elle-même, génétiquement modifiée, qui permettrait enfin la récolte parfaite. Plus de parasite, plus de famine, résistance à la sécheresse... le rêve. Vraiment ?
Autrefois, chaque région du monde disposait de ses semences spécifiques, soigneusement sélectionnées par le savoir-faire des agriculteurs pour leur résistance aux diverses contraintes du lieu (sol, climat...). La conservation était généralement réservée aux femmes puis, progressivement, de petits semenciers s’occupèrent plus particulièrement de produire et conserver les graines de vie. Mais en accompagnement de la Révolution verte, des méga-organisations comme l’OMC ont pensé pouvoir gérer mondialement ce qui se décidait jadis localement. Des lois et des traités régulent ainsi l’agriculture, des bataillons d’ingénieurs cherchent à améliorer les rendements et des catalogues officiels établis par les ministères listent les variétés de semences autorisées (et payantes). Parallèlement, partout dans le monde de gros semenciers (Monsanto, Syngenta, Limagrain) rachètent les petits. Et les éléments du cercle infernal sont en place.
Jugez plutôt : faire ses semences soi-même en quantité prend du temps. Les paysans sont donc "obligés" d’acheter leurs semences. Avant les OGM, toutes les semences officielles étaient hybrides (issues de croisement) et pouvaient se reproduire d’une année sur l’autre. Les OGM ne le permettent plus car ces graines donnent un an puis deviennent stériles... obligeant ainsi à en racheter l’année suivante, ce que la grande majorité des petits agriculteurs ne peut se permettre. Mais comment faire autrement puisque les petits semenciers locaux ont disparu et que la biodiversité naturelle s’épuise (notamment en raison des pollutions générées par l’agriculture intensive) ?
Quoi de plus banal et passe-partout qu’une minuscule petite graine ? Pépites de vie, elles sont en réalité à la fois le patrimoine et l’avenir de l’humanité. Et l’enjeu de toutes ces discussions officielles est là, dans les semences du futur et la façon dont les états gèrent l’essence même de la vie. De nos vies. Car on l’aura compris, ceux qui contrôlent la production des semences et empêchent leur libre circulation tiennent l’humanité par le ventre.
Depuis 2005, sous couvert d’aide au développement, la FAO tente de réguler les choses avec un Traité international sur les semences. On a vu récemment à Bali que la France, le Canada et l’Australie s’acharnent à ne plus vouloir reconnaître aucun droit aux agriculteurs locaux sur les semences qu’ils utilisent traditionnellement (3). C’est grave car certaines sociétés commencent à déposer des brevets sur des variétés traditionnelles. En avril dernier, des manifestations ont eu lieu à Bruxelles pour protester contre ces législations pirates.
Mais tout n’est pas perdu. Mars 2011 c’était bien sûr Fukushima. Mais ce fut aussi le moment d’une autre nouvelle, bien plus réjouissante. L’énorme multinationale allemande Bayer a été condamnéepar la cour de l’état de l’Arkansas (USA) à verser 136,8 millions de dollars à Riceland Food. La raison ? Une récolte contaminée par un OGM du groupe il y a quatre ans de cela. Tout n’est pas perdu mais c’est une véritable guerre qui est engagée là – car ce ne sont ni un G8, ni un G20 qui doivent dicter au monde comment se nourrir.
Jardiniers de tous les pays, unissons-nous ! Plantez ! Replantez ! Conservez ! Multipliez ! Diffusez !
Eva Wissenz www.naturalwriters.org
J'ai planté des poireaux pendant 15 ans (1ha) avec des plans issus de la semence que j'ai selectionné chaque année. Au final, j'ai obtenu une variété rustique qui pousse sans trop irriguer, qui résiste au froid et qui ne craint pas trop les maladies. Mon gendre qui est en bio plantera cette variété cette année.
RépondreSupprimerVive les semences fermières !!
Fraternellement à toi.
GR