Eclair. Scintillement.
Un sabre s’abat. Une tête roule…
Nous sommes au XXI° siècle. Riyadh, Arabie Saoudite, le 18 juin 2011.
Ruyati binti Sapubi, Indonésienne de 54 ans, vient d’être décapitée. En public. Pour rendre plus spectaculaire l’exécution, le corps sans tête a été suspendu à un hélicoptère qui, à basse altitude, a parcouru la ville. De longs moments…
Cette femme travaillait comme domestique dans une riche famille saoudienne. Elle aurait tué son employeur en réaction à de mauvais traitements infligés à répétition. Telle est la version officielle.
Un sabre s’abat. Une tête roule…
Nous sommes au XXI° siècle. Riyadh, Arabie Saoudite, le 18 juin 2011.
Ruyati binti Sapubi, Indonésienne de 54 ans, vient d’être décapitée. En public. Pour rendre plus spectaculaire l’exécution, le corps sans tête a été suspendu à un hélicoptère qui, à basse altitude, a parcouru la ville. De longs moments…
Cette femme travaillait comme domestique dans une riche famille saoudienne. Elle aurait tué son employeur en réaction à de mauvais traitements infligés à répétition. Telle est la version officielle.
Sous le manteau, d’autres versions circulent. La plus insistante : elle n’avait rien à voir avec un règlement de compte familial. Du fait de son statut d’immigrée sans protection ni droit, elle aurait été choisie comme bouc émissaire, avec des « aveux » extorqués sous la torture. Evidemment, aucun débat contradictoire, puisqu’il y avait « aveux ».
Car, dans ce pays on peut maltraiter, violenter et même tuer des domestiques sans problème si on est un riche saoudien. Mais, évidemment pas le contraire. Pour punition, quelques coups de fouets « théoriques », vite oubliés. Sans plus. L’oubli étant, en vitesse, proportionnel au nombre de billets proposés.
Bien sûr, nos médias en Occident et tout particulièrement en France, n’en n’ont pas parlé. Rayon d’action de leur capacité de « décryptage » : trop court. L’Arabie Saoudite ne figure pas sur leurs écrans des Droits de l’Homme et dela Démocratie… Cuba : Si ! Arabie Saoudite : No !
Aucun commentaire de nos spécialistes-protecteurs des droits de la femme. Encore moins, campagnes médiatiques avec T-shirts, gesticulations-résolutions au Parlement européen, vociférations-couinements de La Communauté Internationale et autres Bonnes Consciences. Même pas un air de pipeau de NPNS…
Normal. L’Empire et ses vassaux considèrent l’Arabie Saoudite comme un « Allié » de choix.
Touche pas à mon pote…
Cette exécution a provoqué une grande émotion en Indonésie. Mais, là encore, l’Indonésie ne figure pas sur l’écran de nos « décrypteurs » : ce fut le grand silence.
Plus d’un million de travailleurs émigrés Indonésiens sont employés en Arabie Saoudite. En tant que domestiques, « agents d’entretien », ou « techniciens-nettoyeurs de surface ». L’essentiel étant des femmes. (1) Ce pays, de plus de 230 millions d’habitants, immensément riche et immensément pillé, « exporte » de la main-d’œuvre pour se procurer des devises. Il est aussi le plus grand pays musulman dans le monde. Autant que l’ensemble des pays arabes, si ce n’est plus.
Devant la colère de son opinion publique, lui reprochant de ne pas protéger ses ressortissants, le gouvernement indonésien vient de rappeler son ambassadeur et de suspendre les autorisations d’émigration vers l’Arabie Saoudite. Découvrant, avec cette exécution, que 316 Indonésiens sont emprisonnés en Arabie Saoudite, dont 28 condamnés à mort en instance d’exécution.
Paradoxe plus que surprenant…
En Indonésie, le régime de l’Arabie Saoudite, comme dans l’ensemble de la communauté musulmane dans le monde, est méprisé, détesté. La décapitation de Ruyati binti Sapubi décuplant ce sentiment. En Occident, c’est tout le contraire : nos gouvernements et leurs médias adorent l’Arabie Saoudite. Ce ne sont que courbettes, génuflexions, courtisaneries, de nos nomenklaturas face à cette tyrannie abjecte.
Les Saoud sont un clan de chefs de guerre et de pillards qui se sont emparés de l’Arabie Saoudite avec l’aide des britanniques, à la suite de l’effondrement de l’Empire Ottoman. Adossés à une théocratie délirante, le wahhabisme, confortés par le soutien des USA en échange du pétrole après la deuxième guerre mondiale. Bradant les richesses pétrolières et gazières de leur pays, souscrivant à toutes les injonctions et conditions portant sur les quantités ou prix imposés par les lobbies pétroliers, afin de conserver leur pouvoir.
Avantages pour les colonisateurs du Moyen-Orient : l’Arabie Saoudite n’investit rien localement, ni dans la région. A part, dans un minimum d’infrastructures. Ne cherchant, ni souhaitant, une interaction positive, dynamisant, favorisant le décollage des économies régionales et leur avenir : industries créatrices d’emplois qualifiés à haute valeur ajoutée, etc. Plongés dans le pillage de leurs ressources, maintenus dans le sous-développement, les pays voisins à forte population, tel l’Egypte, voient passer sous leurs nez les immenses revenus du pétrole et du gaz, s’investir en Occident.
Le classique modèle colonial, modernisé dans une rhétorique, un design : « mondialisation »…
Car, les Saoud recyclent la quasi-totalité des revenus et avoirs de leur pays en Occident : banques centrales et privées, participations soigneusement canalisées dans des industries fortement consommatrices de capitaux mais à faible contenant technologique (parcs d’attraction, contrairement à l’aérospatial, par exemple), investissements spéculatifs dans les grands programmes immobiliers, ostentatoires (yachts de luxe, marinas pour jet-set, etc.).
Paradis des marchands de canon, avionneurs et engins de mort en tous genres. Aux colossaux marchés générant des cascades de commissions et rétrocommissions, aussi discrètes qu’éléphantesques dans les paradis fiscaux. Pour tous les intervenants et décideurs aux contrats. Rien que le dernier contrat signé avec les USA est évalué à 90 milliards de dollars… Imaginons les retombées en « arrosage » de telles transactions…
Nos traîneurs de sabre, services spéciaux, barbouzes de tous poils, apprécient tout autant cette caverne d’Ali Baba, au trésor inépuisable. Qui, prélevant par poignées dans son tas de pièces d’or, finance la majeure partie des opérations spéciales de l’Empire (lui, ne fournissant que « spécialistes » et support technique) dans le monde musulman. (2) Pour lutter contre le communisme, pendant la Guerre Froide. Actuellement, pour étouffer les révolutions démocratiques dans les pays arabes et musulmans. Comme on le voit à Bahreïn où l’Arabie saoudite a même envoyé des troupes, hélicoptères de combats et chars d’assaut.
Avantage ultime pour les services d’action psychologique, de propagande, “d’intox”, des occidentaux : la complicité tacite d’un régime servant d’instrument de diabolisation pour entretenir l’islamophobie. Justifiant, auprès des opinions publiques désinformées, fanatisées pour de larges segments, violences, guerres et spoliations à l’encontre des populations. Ce que ne supporte plus la communauté musulmane dans le monde, caricaturée et persécutée en permanence, avec pour prétexte le comportement de ces potentats moyenâgeux.
Evidemment, aucun média libre : audiovisuel, presse, édition. Mieux : l’Arabie Saoudite n’a jamais connu un bureau de vote. Même pas un parti unique ! Inexistant.
En fait, l’Arabie Saoudite ne représenterait-il pas le rêve ?... Le rêve de nos castes au pouvoir : l’édification d’uneploutocratie.
Que dire ?...
Ruyati binti Sapubi, Paix à ton Âme…
Et, que les tyrans, leurs sabreurs, qui ordonnent, exécutent, mettent en scène, pareilles ignominies, avec leurs complices de La Communauté Internationale, aillent en Enfer !
Georges STANECHY
Source : Le Grand Soir
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