1- Du légume au mythe
2 - Naissance du syndrome du bernard l'hermite
3 - "Otez-vous de là que je m'y mette!"
4 - Les effets magiques de l'oignon sioniste
5 - L'aliénation de nos cervelles 6 - Ajout tardif de la volute victimaire
7 - Un sadisme institutionnalisé
8 - Résistance
1- Du légume au mythe
Tout le monde connaît la jolie boule charnue appelée oignon. Les tuniques - c'est ainsi qu'on appelle les feuilles épaissies s'enveloppant les unes dans les autres - sont harmonieusement disposées en couches concentriques. Une dernière couche de fines pelures allant du blanc au pourpre emprisonne les réserves de cet astucieux miracle de la nature. Mais si vous vous avisez de peler cette petite merveille de la botanique, une huile essentielle, particulièrement volatile et âcre, vous fera pleurer à chaudes larmes.
Tel est l'exact portrait du sionisme. Sous la fine pelure de la fameuse "démocratie" israélienne encore moins "démocratique" que l'Etat-apartheid d'Afrique du Sud, d'épaisses couches concentriques de mythes religieux, politiques, historiques révèlent leurs juteuses réserves d'arguments. Plus on pèle l'oignon sioniste, plus on découvre les réserves charnues de mythes s'empilant les uns sur les autres et plus l'odeur sulfureuse des allyles mensongers envahit la planète, pique les yeux, colle aux mains, brûle les cœurs et affole les cerveaux.
Dans les chapitres précédents je me suis attachée à la rude entreprise de retirer d'abord la fine pelure religieuse qui nimbe la totalité de l'idéologie sioniste. Sans cette aura religieuse qui donne son sens à l'entreprise, jamais le mouvement sioniste n'aurait pu prendre pied en Palestine. J'ai pris soin d'éviter toute utilisation de termes théologiques afin d'accéder, par delà l'idéologie biblique, à la réalité politique la plus nue possible et débarrassée des falbalas et des masques qui déguisent les actions politiques en innocentes constructions religieuses. J'étais persuadée que c'était la seule manière de comprendre et de faire comprendre toute l'étendue du drame politique que vivent aujourd'hui les Palestiniens, ces victimes innocentes de la répétition d'un scénario dont on connaît désormais la date de sa rédaction et même les principales modifications du texte au cours des siècles.
C'est pourquoi j'ai entrepris de débarrasser l'oignon sioniste, couche après couche, des moelleuses protections religieuses dont il s'enveloppe afin de parvenir au petit germe verdâtre qui se prélasse en son centre et qui figure la source de vie de ce juteux légume, à savoir une politique de conquête territoriale acharnée, grossière et brutale, déguisée en un messianisme gémissant de victime professionnelle, pourtant assise sur un arsenal de deux à trois cents missiles nucléaires et qui, néanmoins, continue de saturer l'atmosphère avec ses déplorations sur les menaces qui pèsent sur sa sécurité.
2 - Naissance du syndrome du bernard l'hermite J'ai donc commencé par montrer, grâce aux travaux des archéologues et des exégètes modernes, que les grands héros de la fiction biblique sont des créatures symboliques et mythologiques qu'on retrouve à peine modifiées dans d'autres récits théologiques communs à tous les peuples de la grande région du bassin oriental de la Méditerranée. On sait aujourd'hui à quel moment les scribes de la petite province judéenne ont nationalisé ces fictions et ont constitué les membres de ce groupe en chouchous d'une sorte de gardien intersidéral du cadastre terrestre, lequel aurait glissé à l'oreille d'ancêtres à l'ouïe particulièrement fine, le conseil, et même l'ordre, d'exterminer le peuple autochtone afin de s'approprier justement ce petit bout de terre-là, sur lequel il aurait pointé, volontairement ou non, nul ne sait, son auguste doigt et bien que ce lopin fût déjà habité depuis plusieurs siècles.
Bernard l'hermite, squattant un domicile , © Foto Natura
Les obéissants bernards-l'hermite de l'antiquité ont raconté en ces termes comment ils ont fait main basse sur le territoire et les maisons d'un autre peuple sur ordre du surnaturel: "Lors donc, Jahvé, ton Dieu te fera entrer dans le pays qu'il a juré à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob de te donner: villes grandes et belles que tu n'as pas bâties, maisons pleines de toutes sortes de biens que tu n'as pas remplies , citernes creusées que tu n'as pas creusées, vignes et oliviers que tu n'as pas plantés, et tu mangeras et te ressassieras. " [Deutéronome, 6,10, trad. Osty]
Nos lois et nos principes ont beau être déclarés universels, nous constatons jour après jour avec quelle légèreté il excluent dans la pratique quotidienne le groupe privilégié blotti à l'intérieur de son oignon divin et ne concernent donc que les peuples ordinaires - c'est-à-dire 99,999% de l'humanité - qui se nourrissent modestement de blé, de riz, de choux, de carottes ou de navets qu'ils se sont harassés à semer et à partager entre eux, alors que pour les dévoreurs d'oignons divins, tout est simple et clair, le surnaturel a pourvu à tout : territoire, lois, privilèges, tout chez eux est particulier, supérieur, exceptionnel, "supplémentaire" comme l'écrivait l'un de leur éminents rabbins.
Voir : VI - Le messianisme biblique à l'assaut de la Palestine
3 - "Otez-vous de là que je m'y mette!" Car c'est bien sur la juridiction surnaturelle de l'oignon mythique qui établit qu'un groupe humain qui se déclare "peuple élu" en vertu d'une adhésion à une fiction façonnée dans la lointaine province de Judée entre le Ve et le VIIIe siècle avant notre ère, que repose l'essence de l'idéologie sioniste. J'ai donc essayé de me projeter dans le passé et de remonter le temps.
Il n'est ni psychologiquement plaisant, ni politiquement productif de dire la vérité et de d'accepter de reconnaître que les ancêtres furent banalement semblables à tous les humains de l'époque, qu'ils ont trimé sur la terre, se sont battus férocement et se sont comportés en rusés voyous et en bretteurs, à l'égal de toutes les autres tribus de la région, qu'ils ont joué des coudes pour se tailler un lopin afin de poser quelque part leurs tentes et leur barda et qu'ils furent, à un certain moment de leur histoire, suffisamment forts et malins pour se choisir un territoire déjà habité, en application du célèbre syndrome du bernard-l'hermite, plutôt que de se donner la peine d'en construire un à partir de rien, mais qui leur fût propre, de préférence encore désertique, ce qui ne devait pas manquer à l'époque dans la région. Comme l'écrivait le juif converti Saül, devenu l'apôtre Paul, dans sa Lettre aux Galates , 4:16 "Suis-je devenu votre ennemi parce que je vous dis la vérité ? "
J'ai compris que la partie de la fiction nationale rédigée en premier et intitulée Deutéronome - la supposée "première loi" étant attribuée à un personnage mythique - est tout entière une entreprise d'innocentement du forfait spoliateur originel et de peinture d'un portrait glorieux et idéal d'ancêtres suffisamment forbans pour avoir réussi à mettre la main sur des villes déjà construites et des jardins parfaitement cultivés et soigneusement entretenus, comme leur épopée le révèle involontairement. C'est pourquoi on pourrait intituler cette reconstitution du passé Les aventures des Hébreux au pays des merveilles.
C'est à cette époque et dès l'origine de la sédentarisation qu'est née, dans cette population, la première manifestation du syndrome du bernard-l'hermite, qui consiste à affirmer que le pays et les maisons volés vous appartiennent en vertu d'un acte notarié chu de la galaxie. Une rechute, particulièrement nocive, s'est à nouveau traduite, à la fin du XIXe siècle, par une violente fièvre guerrière, une frénésie d'assassinats et une irrépressible expansion territoriale.
En termes de décryptage biblique, on peut donc dire que les directives romanesques données par un "dieu" à un prétendu "peuple choisi" ou "élu" sont une invention astucieuse du mécanisme de purification du groupe, symbolisée par la notion connue de nos jours sous le nom de "bouc émissaire". Cette notion est devenue une métaphore, mais à l'origine la dramaturgie de l'envoi d'un animal portant sur son dos tous les péchés des Judéens était parfaitement réelle et concrète. Mourant de faim et de soif dans le désert, ce pauvre quadrupède était censé enterrer avec sa carcasse la masse des forfaits privés et publics dont il charriait le fardeau sur son dos. "Aaron posera ses deux mains sur la tête du bouc vivant, et il confessera sur lui toutes les iniquités des enfants d’Israël et toutes les transgressions par lesquelles ils ont péché, il les mettra sur la tête du bouc; puis il le chassera dans le désert." (Lévitique, 16)
Pourquoi avoir choisi un bouc et non un bœuf, un taureau ou un bélier, tous mammifères mâles et à l'échine plus robuste? Tous ceux qui ont eu l'occasion d'approcher de cet animal ont expérimenté à la fois son agressivité et surtout l'odeur pestilentielle que dégagent ses hormones sexuelles. Ce caractère nauséabond aux narines humaines, mais délicieux et attirant à celles des femelles de la race, ne pouvait que refléter le MAL en soi dont il était l'incarnation démoniaque.
The Scapegoat (Bouc émissaire), tableau de William Holman Hunt (1827-1910)
Mais la notion de "bouc émissaire" a également fonctionné de manière bénéfique et transformé un forfait en bienfait. En effet, la fiction biblique n'a pas pointé du doigt les vrais responsables du péché originel de la tribu, au contraire, elle s'en est lavé les mains et, par un mécanisme de transfert positif et d'innocentement du groupe, elle a expédié le dispensateur des grâces dans la stratosphère, d'où il pouvait commodément continuer à servir d'alibi aux pulsions guerrières et conquérantes d'une population belliqueuse, qui disait hier agir au nom des commandements de l'au-delà et qui le répète aujourd'hui. Ainsi, deux mille sept cents ans après la création de ce généralissime en chef de l'origine de la politique de conquête de l'actuel Etat, les sionistes purs et durs, enfermés dès la plus tendre enfance dans la casemate de leur oignon doctrinal et drogués en permanence par les allyles sulfureux qu'il dégage, continuent de se demander ce que des "Arabes" font sur une terre qui leur a été "donnée" par leur dieu.
Voir: 1 - La Bible et l'invention de l'histoire d'Israël
Après avoir éliminé la fine, mais résistante, pelure qui protège l'oignon sioniste, j'ai pu, dans les chapitres suivants, démonter le fonctionnement de l'architecture concentrique des mythes politico-religieux qui nourrissent l'édifice sioniste.
4 - Les effets magiques de l'oignon sioniste sur le reste du monde Le quidam ordinaire ne peut qu'être stupéfait et même admiratif devant l'efficacité du gigantesque appareil de propagande qui a réussi à faire ingurgiter à la quasi-totalité de la planète la pertinence politique d'un oignon idéologique lequel, au gré des besoins du moment, a réussi à amalgamer à ses tuniques surnaturelles la grossière pâtée colonialiste dont se nourrissaient les peuples les plus puissants à la fin du XIXe siècle et à malaxer le tout en une bouillie théorique indigeste et aussi collante que le scotch du Capitaine Haddock. C'est ainsi qu'un ardent colonialisme de peuplement conjugué à un nationalisme messianique fanatique a déferlé sur la Palestine à partir du début du XXe siècle.
En effet, c'est ne rien connaître du contexte politique des évènements, de la psychologie des peuples et de la manière dont naissent et évoluent les grands mouvements de l'histoire, qui toujours serpentent longuement dans les souterrains des psychismes et du temps avant d'apparaître à la lumière, de croire que le sionisme est une idéologie coloniale exclusivement politique, surgie ex nihilo à partir de la "bible" fondatrice de Herzl - L'Etat juif - et de même nature que les épopées coloniales de la France, de l'Angleterre, de l'Allemagne ou de l'Italie à la fin du XIXe siècle.
Comme je l'ai déjà signalé:
Voir: V - La théocratie ethnique dans le chaudron de l'histoire
un puissant mouvement sioniste d'essence religieuse existait déjà depuis des décennies dans certaines couches de la société. Ses effluves s'étaient répandus dans de nombreux pays européens, ainsi que dans les marches des provinces asiatiques qui comptaient de puissantes communautés de fidèles du dieu biblique. Des contacts entre des groupes, pourtant ethniquement divers, avaient permis d'unifier les mentalités. Il faut dire que toutes ces populations se nourrissaient des mêmes commentaires de la fiction originelle dans lesquels leurs notables religieux avaient déversé toute la haine et tout le mépris qu'ils éprouvaient à l'encontre des tenants d'autres dieux - notamment des chrétiens et des musulmans. Ce concentré de détestation à l'égard du genre humain et appelé Talmud, imprégnait profondément les cervelles et créait une mentalité commune aux consommateurs gloutons et jamais rassasiés de ce brouet.
En effet, entre le sionisme messianique des prophètes et le sionisme politique tardif de Herzl, de grands laboureurs du jardin sioniste, comme le médecin polonais Léon Pinsker (1821-1891) auteur en 1882 de la brochure Auto-émancipation et président des "Amis de Sion" ou le fondateur du sionisme social, Moshe Hess (1812-1885) ainsi que des rabbins influents comme le Prussien Tsvi Hirsh Kalisher (1795-1874) qui prônait un retour à Sion dans une perspective messianique, ou le SerbeAlkalaï Yehouda (1795-1874) avaient rempli à ras bord les esprits d'une ferveur messianique.
Léon Pinsker |
Moses Hess |
Tsvi Hirsh Kalisher |
Alkalaï Yehouda |
Il a donc suffi qu'un journaliste aigri par ses échecs d'intégration en Europe - Theodor Herzl - qu'un très efficace homme d'influence auprès du gouvernement anglais -Chaim Weizmann - que de richissimes banquiers capables de corrompre le congrès et le gouvernement américain tout entier depuis le début du XXe siècle - notammentBernard Baruch - et celui de sa gracieuse majesté - Lionel Walter Rothschild et consorts - unissent leurs efforts avec une pluie de richissimes acolytes pour que l'oignon sioniste pût efficacement être planté en Palestine. Il y prospéra si magnifiquement qu'il prit rapidement la taille d'une citrouille, puis d'une montgolfière et se trouve en passe de se métamorphoser en un nuage radioactif pestilentiel qui menace la planète entière.
Theodor Herzl |
Chaim Weizmann |
Bernard Baruch |
Lionel Walter Rothschild |
5 - L'aliénation de nos cervelles Il fut un temps où cette arrogance nous indignait. Nous nous sommes même permis d'adresser des remontrances officielles aux contrevenants à nos idéaux sous la formes de plusieurs centaines de "résolutions", lesquelles n'ont rien "résolu" puisqu'elles n'ont même pas pu pénétrer dans des cervelles déjà remplies à ras bords de vapeurs alliacées. Autant en emporte le vent et nous nous sommes bien gardés d'insister.
Petit à petit, nous nous sommes platement résignés et l'accoutumance venant, c'est tout juste si nous avons osé exprimer à haute voix que nous étions vexés de ce mépris de nos institutions et de nous-mêmes. Mais sans que nous y prenions garde, les vapeurs de l'oignon sioniste ont fini par s'infiltrer insidieusement dans nos propres cervelles et lorsque le peuple divin a trop ouvertement piétiné nos principes et que le sang des enfants Palestiniens a éclaboussé nos écrans de manière récurrente, c'est tout juste si nous avons éprouvé un léger sentiment de gêne, que nous nous sommes empressés d'enfouir au plus profond de notre for intérieur, car nous n'osions plus exprimer ouvertement la moindre critique.
Exploit sioniste durant l'opération "Plomb durci"
Nous avons momentanément ouvert un œil réprobateur lorsque les missiles directement pilotés à partir de la galaxie ont transformé en bouillie sanguinolente une grosse masse de la population palestinienne et pulvérisé les coûteuses infrastructures que nous avions généreusement offertes aux habitants de Gaza. Comme dans un jeu vidéo, nous payons, nous construisons et le peuple élu tue et détruit. Nous n'osons même pas lui présenter la facture du montant de ses déprédations.
D'ailleurs, nous nous sommes bien gardés de nous indigner ouvertement de ce que tous nos éminents dirigeants européens se soient, comme un seul homme, précipités dans les bras des tueurs en chef et ont fêté leur exploit en banquetant avec eux dans une mise en scène parodiant la Cène de notre bien-aimé prophète. Nous avons regardé, sidérés, mais nous n'avons pas bronché. La vapeur sulfureuse de l'oignon sioniste nous avait anesthésiés, transformés en zombies décérébrés, domestiqués.
Banquet à Jérusalem des joyeux drilles Berlusconi, Merkel , Sarkozy, Olmert, le Tchèque Topolanek, Brown et Zapatero le 18 janvier 2009, au moment où les bombes au phosphore pleuvent sur Gaza
Lorsque notre consulat à Gaza a été bombardé et que toute la famille de notre représentant officiel a été si gravement blessée que la femme de notre consul a perdu son futur bébé, le magnifique silence de tout ce qui dans notre beau pays tient une plume ou un micro, ne nous a même pas surpris. Cette fois, nous avons compris que nous étions définitivement domptés. Notre gouvernement a d'ailleurs adressé une missive plaintive à notre dompteur dans laquelle il gémissait sur le "besoin de sécurité" de notre agresseur.
Un de nos représentants officiels a éprouvé un léger gratouillis quelque part, souvenir de notre défunte dignité, et a convoqué l'ambassadeur des bombineurs. Rien n'a filtré de cette réunion et personne n'a entendu parler de protestation officielle ou de demande de réparations.
6 - Ajout tardif de la volute victimaire D'aucuns insistent aujourd'hui uniquement sur la volute victimaire, ajoutée en 1945 à l'ensemble des mythes existants, voulant faire croire au monde que le l'Etat sioniste a été créé pour la seule et unique raison de servir de refuge aux victimes rescapées de la deuxième guerre mondiale et aux héroïques passagers de l'Exodus. Rien n'est plus faux. En effet les premières actions du mouvement sioniste datent de la fin du XIXe siècle.
Certes, le drame vécu par une population juive innocente répartie dans tous les Etats européens et qui, d'ailleurs, n'a pas trouvé auprès de ses dirigeants internationaux, chaudement à l'abri aux USA et en Angleterre, les secours qu'elle était en droit d'espérer, a accéléré la création officielle de l'Etat sioniste. Car les grands mamamouchis du sionisme se sont montrés d'un silence et d'une inertie remarquables durant le nazisme et certains ont même collaboré avec le racisme hitlérien.
Très influents auprès des gouvernements anglo-saxons depuis le début du XXe siècle,
Voir: Du Système de la Réserve fédérale au camp de concentration de Gaza- Le rôle d'une éminence grise: le Colonel House
l'intervention des grands notables sionistes auprès des alliés occidentaux aurait pu modifier le cours des évènements - je reviendrai ultérieurement sur ce point - mais ils s'en sont bien gardés. Leur objectif n'était pas de sauver des co-religionnaires déjà raflés ou âgés, mais d'assurer par n'importe quel moyen le peuplement de la Palestine avec des immigrants jeunes, vigoureux et en bonne santé, comme l'a explicitement reconnu leur "second Moïse", David Ben Gourion. La panique provoquée chez les survivants par les persécutions nazies a magnifiquement joué le rôle attendu: "Le peuplement du pays - tel est le seul sionisme véritable; tout le reste n'est qu'illusion, verbiage creux et simple passe-temps", clamait Ben Gourion.
Voir Chroniques de la Palestine occupée 19 - Le sionisme, une chutzpah cosmique
Le même Ben Gourion ajoutait: "Si je savais qu'il était possible de sauver tous les enfants d'Allemagne en les emmenant en Angleterre, et seulement la moitié en les transférant sur la terre d'Israel, je choisirais la dernière solution parce que, devant nous, il n'y a pas que le nombre de ces enfants mais le calcul historique du peuple d'Israel." (Cité pages 855-56 du Shabtai Teveth de Ben-Gurion dans une version légèrement différente).
Voir : VI - Le messianisme biblique à l'assaut de la Palestine
Ce drame a donc permis une installation foudroyante de la propagande sécuritaire et une manière d'officialisation politique - d'ailleurs acquise grâce à l'utilisation de moyens quasi frauduleux - par un organisme international. L'édredon de la déploration est simplement venu s'ajouter aux tuniques idéologiques déjà bien en place et ne constitue qu'une annexe mythique supplémentaire, insérée légèrement de biais, dans le grand ensemble de l'oignon sioniste.
Tranche d'oignon avec ses volutes annexes
Cette tragédie est surtout utilisée de nos jours comme ADM de premier rang (arme de destruction massive) contre tout opposant à l'Etat colonisateur et comme moyen de pression et de chantage contre les Etats européens auxquels il est reproché de n'avoir pas protégé leurs citoyens juifs. Les mêmes procureurs virulents passent naturellement comme chat sur braise sur les motivations intéressées de leurs propres meneurs. Ainsi, la population palestinienne, devenue "chair à brimades et à tortures" - au sens où on parlait, durant la première guerre mondiale de "chair à canons" - est la véritable victime de la deuxième guerre mondiale. Elle subit, en effet, depuis des dizaines d'années un tenace génocide quotidien, larvé et sournois, opéré avec constance à bas bruit par d'anciennes victimes que l'oignon sioniste a métamorphosées en impitoyables bourreaux.
7 - Un sadisme institutionnalisé La pelure religieuse qui enveloppe l'idéologie sioniste dans sa totalité a permis la création d'un univers clos sur lui-même, un ghetto psychologique, qui permet à un sadisme social institutionnalisé et à des formes de cruautés physiques et psychiques spécifiques de s'épanouir avec une bonne conscience inimaginable dans une société normale, laquelle conserve quelques inhibitions liées à des réflexes d'une morale naturelle qu'on trouve même chez les animaux et qui se trouve annihilée dans une société fondée sur un colonialisme messianique.
Voir :12 - Le territoire, les rats et les hommes
Comme l'écrivait Blaise Pascal dans ses Pensées, "Les hommes ne font jamais le mal si complètement et joyeusement que lorsqu'ils le font par conviction religieuse " (139, 1670).
Seul un gouvernement d'idéologues et de fanatiques gavés d'épaisses couches idéologico-religieuses peut légitimer que des tortures les plus sadiques soient exercées sur les innombrables citoyens palestiniens raflés à la pelle, y compris sur des enfants, et supervisées par les médecins traîtres à leur serment d'Hippocrate; seuls des citoyens à la tête en forme d'oignon, appelés "colons", et agissant impunément en hordes fanatisées, peuvent déraciner ou incendier, sous la protection de "forces de l'ordre" complices des milliers d'oliviers afin de priver des familles palestiniennes de leurs maigres ressources et d'effacer la trace de vies et d'activités antérieures à leur atterrissage sur la terre d'autrui; seuls des soldats à l'esprit embrumé par les vapeurs pestilentielles de la mythologie sioniste peuvent trouver du plaisir à lancer la nuit des grenades assourdissantes à travers des vitres fracassées, à tirer de leur lit de paisibles villageois palestiniens, puis de vandaliser les maisons les unes après les autres, pendant que d'autres lascars trompent leur ennui aux check points en enchaînant pendant des heures, en plein soleil, des hommes ou des adolescents qui leur auraient "manqué de respect", ou jouent à les étrangler en pariant sur celui qui résistera le plus longtemps, alors que d'autres compères encore volent tranquillement des commerçants, s'amusent à briser des vitrines et autres bagatelles distrayantes de même farine.
C'est pourquoi il faut admirer le courage d'une poignée de citoyens allergiques aux vapeurs alliacées et qui réussissent à émerger de la fange sioniste. Ils ont créé l'association "Rompre le silence" qui en recueillant une masse accablante de témoignages de soldats sur les horreurs auxquelles ils se sont livrés, ont enfin permis qu'un public, malheureusement encore insuffisant, découvre la face luciférienne de "l'armée la plus immorale du monde".
L'administration civile n'est en reste dans le concours du plus grand cynique et du pervers le plus tordu que se livrent les divers secteurs du gouvernement sioniste. Ne vient-elle pas de planifier le déplacement forcé des Palestiniens du Sinaï et, après avoir détruit leurs habitations, de leur proposer de s'installer sur une puante décharge d'ordures? Les nouveaux Job condamnés à vivre sur les ordures sionistes et qui, tel le Job biblique sont abandonnés de tous, n'ont plus qu'à prier pour que les foudres célestes frappent au coeur cette inhumaine Sodome.
a Bédoins palestiniens dont les maisons ont été détruites, priés de s'installer sur la décharge d'ordures d' Abou Dis
Le sadisme des brimades et des abus, outre le défoulement d'individus ivres d'idéologie suprématisme, d'un sentiment de puissance né d'un droit de vie et de mort sur tout Palestinien, assuré qu'il est d'une impunité quasi-totale ou exceptionnellement sanctionnée par de si légères sanctions que leur dissuasion est nulle, ce sadisme sans limites, dis-je, vise à maintenir au-dessus de la tête de toute la population palestinienne, un gourdin déjà levé, prêt à s'abattre au hasard et selon le bon plaisir du quidam qui décide d'en user, sur l'échine ou les membres de n'importe qui. Cette terreur institutionnalisée et encouragée par les autorités militaires a pour fonction prévue de créer un état de terreur permanente de nature à pousser à l'exil les habitants originels du territoire dont la seule présence entrave la réalisation du rêve messianique. [1] "Je suis la loi, je suis Dieu" ! a lancé un officier israélien à un groupe de cueilleurs d'olives, qui protestaient contre des contrôles abusifs et qui, par bonheur, étaient épaulés par des volontaires internationaux qui ont pu recueillir et faire connaître au monde ces paroles ailées. [2] L'armée sioniste n'est donc plus au service de l'Etat, ni même à celui de Jahvé, elle est Jahvé en action. Comme pour tout dieu qui se respecte, les décisions de ce dieu-là sont incompréhensibles aux simples mortels. Dieu est omniscient, omnipotent et omniprésent. Aucun destin, si négligeable soit-il en apparence, n'échappe à la vigilance de son œil de lynx. Ainsi, il peut souverainement se pencher sur des destins individuels et décider qu'un ancien prisonnier âgé de quatre-vingt deux ans et libéré de ses geôles dans le cadre des échanges du précieux soldat Shalit et après une incarcération de trente ans, ne pourra retourner chez lui qu'après une nouvelle peine de bannissement de onze ans. Dieu est prudent et comme il sait que seuls les sionistes sont génétiquement bons alors que tous les Arabes sont génétiquement mauvais, un "terroriste" arabe même nonagénaire reste un terroriste et il devrait remercier le dieu sioniste qui lui fait la grâce de lui permettre de regagner son foyer lorsqu'il atteindra son quatre-vingt treizième printemps.
Les institutions divines du sionisme ont pu démasquer une autre manifestation de la nature vicieuse des Arabes. Elle est illustrée par cette femme qui pensait pouvoir rejoindre son mari libéré des geôles dans le cadre du même accord et condamné au bannissement dans un Etat voisin. Nenni, Dieu veille, même une courte visite peut être dommageable au précieux Etat sioniste. Ces deux filous n'allaient-ils pas en profiter pour planter le germe d'un nouveau terroriste? Heureusement Dieu pense à tout et veille à la précieuse sécurité de son Etat bien-aimé. Sa prudence a évité la naissance probable d'un nouveau terroriste.
Et c'est ainsi que Jahvé est grand, Alleluïa!
8 - Résistance Le destin des Palestiniens dépend de leur capacité de s'immuniser contre les vapeurs de l'oignon sioniste. Parmi ses allyles les plus perfides, il faut compter ceux qui ont produit ce qu'on appelle "l'industrie de la négociation". Ses vapeurs vénéneuses ont conduit à la création sur le terrain, en Cisjordanie, d'un corps officiel de vermines institutionnalisées tapies dans tous les secteurs de la société: politique, administratif, économique et sécuritaire.
Voir : La métamorphose d'un être humain en vermine
Ce Président et tous ces ministres sans Etat, ces conseillers de l'abandon et de la lâcheté, ces spécialistes du néant, ces juges dépourvus de conscience, ces sbires d'une police au service de l'occupant, ces industriels sans éthique qui investissent dans la construction de colonies spoliatrices, toute cette bourgeoisie administrative ou affairiste qui s'enrichit et prospère sur la misère du peuple, tous ces complices directs et indirects, aspirés par les mythes du colonisateur, sont objectivement des traîtres à la cause palestinienne.
Si la résistance de l'Angleterre au nazisme était légitime, ou celle de la France après quatre ans seulement d'une occupation qui aurait semblé bien légère aux Palestiniens, combien l'est mille fois plus la résistance d'un peuple en voie d'anéantissement après plus d'un demi-siècle de bombardements, d'assassinats, de tortures, de spoliations, de dispersions, de trahisons. C'est pourquoi l'extrait du discours de Churchill au peuple anglais lors des bombardements nazis serait la meilleure réponse du peuple palestinien à l'oignon sioniste et à ses propres compradores:
" Vous demandez : " Quel est notre but ? Je réponds par un mot : la victoire. La victoire à tout prix. La victoire malgré toute la terreur. La victoire même si la route doit être longue et dure, parce que sans notre victoire il ne peut y avoir pour nous de survie, il faut bien le comprendre, pas de survie. (…) Nous défendrons notre pays quel qu'en soit le prix. (…) Nous nous battrons dans les champs. Nous nous battrons dans les rues. Nous nous battrons dans les collines. Nous ne nous rendrons jamais."
Ces principes sont déjà ceux de l'héroïque combat des résistants palestiniens. Parmi ses nombreux héros je voudrais rappeler deux magnifiques figures de femmes. N'oublions pas Dalal Mughrabi, cette très jeune fille, à peine sortie de l'adolescence et tuée à la tête d'un groupe de combattants par l'actuel ministre de la guerre, Ehud Barack, alors simple capitaine, lequel s'est ensuite acharné à piétiner son cadavre.
Dalal Mughrabi
Je termine par un chaleureux hommage à Alham al Tamimi, heureusement vivante et libérée au cours du dernier échange de prisonniers contre l'hyper précieux Shalit et après dix années de souffrances dans les geôles sioniste.
Alham al Tamimi
P.S.
Le 24 novembre 2011, un accord de "partenariat" a été signé entre le tenant de la résistance et celui de la collaboration. Il s'agit de la troisième tentative. L'avenir dira si c'est enfin la bonne et si la nouvelle donne régionale et internationale aura mis un peu de plomb, durci ou pas, dans les cervelles des larrons complaisants du colonisateur, après dix-huit ans de la vaine comédie des "négociations". Nous saurons rapidement si les solennelles proclamations d'union "dans l'intérêt du peuple palestinien tout entier" de la part d'une "Autorité" dépourvue de légitimité, de pouvoir et d'autorité, résisteront au tarissement du pactole et aux menaces diverses proférées par le colonisateur et son sponsor d'outre-Atlantique.
*
Notes
[1] Benjamin Barthe : D’anciens soldats israéliens racontent les dérives de l’occupation à Hébron
Voir: http://www.france-palestine.org/article9158.html
[2] Voir: Un officier israélien : "Je suis la loi, je suis Dieu" !
http://www.alterinfo.net/Un-officier-israelien-Je-suis-la-loi-je-suis-Dieu-_a65523.html
Bibliographie
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