Comment un petit pays situé au bord du cercle polaire arctique a tenu tête à l’UE et n’a pas pris de gants avec les banques
Depuis la Foire du Livre de Francfort de cette année, nous savons que les Islandais adorent raconter des histoires. J’en connais une et, qui plus est, une vraie: Il y avait une fois – il y a trois ans – un pays dont les banques avaient tellement spéculé et fait de dettes qu’elles étaient au bord de la faillite. Alors le gouvernement les laissa faire faillite et les nationalisa afin de maintenir les opérations de paiement (contrairement à l’UE, où on les a sauvées avec l’argent des contribuables.)
Les gouvernements de Londres et de La Haye furent très fâchés et exigèrent que les contribuables du petit pays paient les dettes étrangères des banques. Ils négocièrent un accord avec le gouvernement de gauche du pays qui prévoyait qu’il rembourserait jusqu’en 2024 les dettes des banques qui s’élevaient à plusieurs milliards (par rapport à la puissance économique de l’Allemagne, cela représentait plus de mille milliards d’euros).
Lorsque le Parlement eut adopté la loi, le peuple descendit dans la rue jusqu’à ce que le Président islandais refuse de la signer (en Allemagne, en revanche, Horst Köhler signa et ensuite démissionna). Là-dessus, le gouvernement négocia un nouvel accord que le Président refusa à nouveau de signer et le peuple mit son véto. Depuis, l’UE tout entière est très fâchée contre l’Islande et ne veut pas laisser adhérer le petit pays. Mais c’est uniquement le gouvernement de gauche qui veut adhérer. La majorité du peuple préférerait que l’Islande reste indépendante et conserve ses importantes pêcheries.
Morale de l’histoire: Comme l’Islande n’était pas dans l’UE, elle a pu dévaluer la couronne et sa balance commerciale ainsi que ses services sont de nouveau excédentaires. Son économie est de nouveau en pleine croissance (contrairement à celle de la Grèce). Et comme l’Islande n’est toujours pas dans l’UE, elle a gardé son indépendance, sa démocratie et sa dignité. Ajoutons qu’un procureur a ouvert une instruction contre les responsables de la catastrophe financière, et même contre l’ancien Premier ministre. Dans les Etats en faillite de l’UE on ne poursuit personne.
Depuis la Foire du Livre de Francfort de cette année, nous savons que les Islandais adorent raconter des histoires. J’en connais une et, qui plus est, une vraie: Il y avait une fois – il y a trois ans – un pays dont les banques avaient tellement spéculé et fait de dettes qu’elles étaient au bord de la faillite. Alors le gouvernement les laissa faire faillite et les nationalisa afin de maintenir les opérations de paiement (contrairement à l’UE, où on les a sauvées avec l’argent des contribuables.)
Les gouvernements de Londres et de La Haye furent très fâchés et exigèrent que les contribuables du petit pays paient les dettes étrangères des banques. Ils négocièrent un accord avec le gouvernement de gauche du pays qui prévoyait qu’il rembourserait jusqu’en 2024 les dettes des banques qui s’élevaient à plusieurs milliards (par rapport à la puissance économique de l’Allemagne, cela représentait plus de mille milliards d’euros).
Lorsque le Parlement eut adopté la loi, le peuple descendit dans la rue jusqu’à ce que le Président islandais refuse de la signer (en Allemagne, en revanche, Horst Köhler signa et ensuite démissionna). Là-dessus, le gouvernement négocia un nouvel accord que le Président refusa à nouveau de signer et le peuple mit son véto. Depuis, l’UE tout entière est très fâchée contre l’Islande et ne veut pas laisser adhérer le petit pays. Mais c’est uniquement le gouvernement de gauche qui veut adhérer. La majorité du peuple préférerait que l’Islande reste indépendante et conserve ses importantes pêcheries.
Morale de l’histoire: Comme l’Islande n’était pas dans l’UE, elle a pu dévaluer la couronne et sa balance commerciale ainsi que ses services sont de nouveau excédentaires. Son économie est de nouveau en pleine croissance (contrairement à celle de la Grèce). Et comme l’Islande n’est toujours pas dans l’UE, elle a gardé son indépendance, sa démocratie et sa dignité. Ajoutons qu’un procureur a ouvert une instruction contre les responsables de la catastrophe financière, et même contre l’ancien Premier ministre. Dans les Etats en faillite de l’UE on ne poursuit personne.
Lyon: Pour la première fois, des économistes allemands et français ont manifesté leur opposition à l’euro et ont réfléchi à un meilleur système monétaire pour l’Europe
Le 7 octobre dernier, Lyon, ancienne ville romaine située sur le Rhône, a été le théâtre d’une double première: Pour la première fois, des économistes allemands et français se sont réunis et pour la première fois, ils ont réfléchi ensemble à l’avenir de l’euro. A la fin des discussions, ils étaient largement d’accord pour estimer que la monnaie unique avait échoué et qu’il fallait la remplacer par un nouveau système monétaire européen consistant à revenir aux monnaies nationales.
L’ex-patron de la Bundesbank Wilhelm Nölling, venu d’Allemagne, a déclaré que l’union monétaire était «la cause de problèmes insolubles» et s’est montré «absolument certain» que les milliards de garanties accordées par le Bundestag devaient être retirés. L’arrêt récent de la Cour constitutionnelle allemande sur l’euro a rendu l’Allemagne plus vulnérable au chantage. En effet, Karlsruhe n’a pas fixé de limite supérieure claire aux paiements allemands. Pour Nölling, on va assister à la baisse du niveau de vie dans l’UE, à l’émission de monnaie par la Banque centrale européenne (BCE), à la fuite des capitaux, au travail au noir et au refus de payer des impôts.
Joachim Starbatty, un des plaignants avec Nölling devant la Cour constitutionnelle, a critiqué la politique monétaire de la BCE. Le troisième intervenant allemand (l’auteur de ces lignes) a abordé le sujet de «l’Europe après l’euro».
Jean-Jacques Rosa (Paris) a posé la question de savoir pourquoi les élites dominantes de l’UE avaient introduit l’euro: «Parce que, a-t-il déclaré, leurs idées venaient d’une autre époque, celle de la guerre froide». Il n’est pas possible d’imposer un centralisme européen, notamment parce que l’Europe n’a pas d’ennemi extérieur. Il n’est pas possible d’établir un pronostic sérieux sur la durée de vie de l’euro et sur ce qui suivra parce qu’avec 17 partenaires, d’innombrables combinaisons sont possibles. «La fuite des capitaux hors de la zone euro a déjà commencé.» Si la politique officielle de l’euro ne change pas, il risque de se produire des soulèvements et des révolutions.
Gérard Lafay (Paris) a plaidé en faveur d’un nouveau système monétaire européen comportant des monnaies nationales avec, au début, un taux de conversion 1 = 1 (p. ex. un euro = un nouveau deutschemark). Après, les différentes monnaies s’éloigneront les unes des autres jusqu’à ce que l’on fixe des taux de change réels.
Jean-Pierre Vesperini (Rouen) a rappelé que ce n’est pas l’Allemagne mais la France, c’est-à-dire Mitterrand et les banquiers français, qui ont imposé l’euro. Il évalue le déficit de croissance subi par la France à cause de l’euro à 0,7% du produit intérieur brut par année. C’est uniquement à cause de cela que le déficit budgétaire de la France a augmenté. Son confrère Gabriel Colletis (Toulouse) a déclaré que l’euro est défendu par «de puissants intérêts», raison pour laquelle «le château de cartes ne va pas s’écrouler de sitôt».
Rosa a ajouté que «les cartels ne sont pas des organisations durables. Dans un cartel, le méchant est celui qui le brise», ce qui explique le peu d’envie du gouvernement allemand de faire le premier pas.
Roland Hureaux (Toulouse), ancien membre du cabinet du Premier ministre et coorganisateur de la Conférence avec Michel Robatel (Lyon), a reproché à la politique officielle de l’euro «une méconnaissance du facteur culturel dans l’économie», mentionné la grande peur de l’inflation chez les Allemands, qui n’existe pas en France, et confirmé l’intention commune au groupe de poursuivre tout d’abord la coopération franco-allemande commencée à Lyon par un congrès en Allemagne. Le fait que la France ait pu réunir à Lyon une telle phalange de professeurs opposés à l’euro a été pour les participants allemands une expérience nouvelle et très surprenante.
L’ex-patron de la Bundesbank Wilhelm Nölling, venu d’Allemagne, a déclaré que l’union monétaire était «la cause de problèmes insolubles» et s’est montré «absolument certain» que les milliards de garanties accordées par le Bundestag devaient être retirés. L’arrêt récent de la Cour constitutionnelle allemande sur l’euro a rendu l’Allemagne plus vulnérable au chantage. En effet, Karlsruhe n’a pas fixé de limite supérieure claire aux paiements allemands. Pour Nölling, on va assister à la baisse du niveau de vie dans l’UE, à l’émission de monnaie par la Banque centrale européenne (BCE), à la fuite des capitaux, au travail au noir et au refus de payer des impôts.
Joachim Starbatty, un des plaignants avec Nölling devant la Cour constitutionnelle, a critiqué la politique monétaire de la BCE. Le troisième intervenant allemand (l’auteur de ces lignes) a abordé le sujet de «l’Europe après l’euro».
Jean-Jacques Rosa (Paris) a posé la question de savoir pourquoi les élites dominantes de l’UE avaient introduit l’euro: «Parce que, a-t-il déclaré, leurs idées venaient d’une autre époque, celle de la guerre froide». Il n’est pas possible d’imposer un centralisme européen, notamment parce que l’Europe n’a pas d’ennemi extérieur. Il n’est pas possible d’établir un pronostic sérieux sur la durée de vie de l’euro et sur ce qui suivra parce qu’avec 17 partenaires, d’innombrables combinaisons sont possibles. «La fuite des capitaux hors de la zone euro a déjà commencé.» Si la politique officielle de l’euro ne change pas, il risque de se produire des soulèvements et des révolutions.
Gérard Lafay (Paris) a plaidé en faveur d’un nouveau système monétaire européen comportant des monnaies nationales avec, au début, un taux de conversion 1 = 1 (p. ex. un euro = un nouveau deutschemark). Après, les différentes monnaies s’éloigneront les unes des autres jusqu’à ce que l’on fixe des taux de change réels.
Jean-Pierre Vesperini (Rouen) a rappelé que ce n’est pas l’Allemagne mais la France, c’est-à-dire Mitterrand et les banquiers français, qui ont imposé l’euro. Il évalue le déficit de croissance subi par la France à cause de l’euro à 0,7% du produit intérieur brut par année. C’est uniquement à cause de cela que le déficit budgétaire de la France a augmenté. Son confrère Gabriel Colletis (Toulouse) a déclaré que l’euro est défendu par «de puissants intérêts», raison pour laquelle «le château de cartes ne va pas s’écrouler de sitôt».
Rosa a ajouté que «les cartels ne sont pas des organisations durables. Dans un cartel, le méchant est celui qui le brise», ce qui explique le peu d’envie du gouvernement allemand de faire le premier pas.
Roland Hureaux (Toulouse), ancien membre du cabinet du Premier ministre et coorganisateur de la Conférence avec Michel Robatel (Lyon), a reproché à la politique officielle de l’euro «une méconnaissance du facteur culturel dans l’économie», mentionné la grande peur de l’inflation chez les Allemands, qui n’existe pas en France, et confirmé l’intention commune au groupe de poursuivre tout d’abord la coopération franco-allemande commencée à Lyon par un congrès en Allemagne. Le fait que la France ait pu réunir à Lyon une telle phalange de professeurs opposés à l’euro a été pour les participants allemands une expérience nouvelle et très surprenante.
Notes
Il est bon que les «citoyens en colère» manifestent maintenant aussi en Allemagne contre les banques. Mais que sont devenues les manifestations contre l’euro et les politiques responsables? Le fait que trois ans après le dernier krach les banques européennes soient de nouveau dans une situation critique a une raison toute simple: elles ont sur les bras des emprunts souverains de la Grèce, de l’Irlande, du Portugal, de l’Italie et de l’Espagne qui se montaient en juin dernier à 556 milliards d’euros. Mais c’est exactement ce que voulaient les politiques. Faire maintenant des banques les seuls boucs émissaires est une manœuvre de diversion évidente. Il y a une année encore, le ministre des Finances allemand Schäuble demandait aux banques allemandes de ne pas vendre leurs emprunts méditerranéens. Sans les banques, l’euro n’aurait pas pu être créé et il n’aurait pas pu survivre si longtemps. Il en va de même des compagnies d’assurance que le gouvernement force à acheter des emprunts d’Etat, au détriment des assurés.
Jörg Asmussen (SPD) avait, au ministère des Finances, sous la direction de Peer Steinbrück, créé les conditions permettant aux banques allemandes d’acheter des quantités de titres immobilier américains de peu de valeur, ce qui a jusqu’ici coûté 39 milliards d’euros aux contribuables au nom du sauvetage des banques. Au Parlement européen, il s’est déclaré pragmatique et a ajouté: «C’est quelque chose que les Allemands devront encore apprendre.» Après Axel Weber et Jürgen Stark, ils ont enfin à la BCE un Allemand qui ne fait pas de vagues. Le seul fait qu’il ait joué un rôle détestable au Conseil de surveillance de la Mittelstandsbank IKB, à la ruine de laquelle il n’a pas peu contribué, aurait dû suffire à le mettre hors d’état de nuire.
Non seulement les membres du FDP mais les lecteurs de la «Frankfurter Allgemeine Zeitung» ont pu se prononcer sur le Mécanisme européen de stabilisation (MES). Au moment du bouclage du journal, 91% étaient contre, 6% pour.
Après que le Parlement slovaque eut rejeté le renforcement du plan de sauvetage de l’euro, il a dû voter une seconde fois pour que le résultat soit positif. A l’époque de l’Union soviétique, les choses étaient plus simples: il suffisait de lever la main une fois. Maintenant, les pauvres Slovaques garantissent les dettes des Grecs dont le niveau de vie est nettement supérieur, le président du Parlement récalcitrant Richard Sulík a perdu son poste et après les élections de 2012, le socialiste de gauche Robert Fico reviendra au pouvoir. •
Jörg Asmussen (SPD) avait, au ministère des Finances, sous la direction de Peer Steinbrück, créé les conditions permettant aux banques allemandes d’acheter des quantités de titres immobilier américains de peu de valeur, ce qui a jusqu’ici coûté 39 milliards d’euros aux contribuables au nom du sauvetage des banques. Au Parlement européen, il s’est déclaré pragmatique et a ajouté: «C’est quelque chose que les Allemands devront encore apprendre.» Après Axel Weber et Jürgen Stark, ils ont enfin à la BCE un Allemand qui ne fait pas de vagues. Le seul fait qu’il ait joué un rôle détestable au Conseil de surveillance de la Mittelstandsbank IKB, à la ruine de laquelle il n’a pas peu contribué, aurait dû suffire à le mettre hors d’état de nuire.
Non seulement les membres du FDP mais les lecteurs de la «Frankfurter Allgemeine Zeitung» ont pu se prononcer sur le Mécanisme européen de stabilisation (MES). Au moment du bouclage du journal, 91% étaient contre, 6% pour.
Après que le Parlement slovaque eut rejeté le renforcement du plan de sauvetage de l’euro, il a dû voter une seconde fois pour que le résultat soit positif. A l’époque de l’Union soviétique, les choses étaient plus simples: il suffisait de lever la main une fois. Maintenant, les pauvres Slovaques garantissent les dettes des Grecs dont le niveau de vie est nettement supérieur, le président du Parlement récalcitrant Richard Sulík a perdu son poste et après les élections de 2012, le socialiste de gauche Robert Fico reviendra au pouvoir. •
Source: DeutschlandBrief, «eigentümlich-frei», novembre 2011
(Traduction Horizons et débats)
*Bruno Bandulet, journaliste, auteur d’essais et éditeur, a été directeur de la publication «Die Welt» et membre de la rédaction de «Quick». Depuis 1979, il édite la feuille d’informations boursières «Gold & Money Intelligence (G&M)» et de 1995 à la fin 2008, il éditait le «Deutschlandbrief», qui paraît depuis 2009 sous forme de chronique dans le magazine libertaire de droite «eigentümlich-frei».
Bruno Bandulet
http://www.horizons-et-debats.ch
(Traduction Horizons et débats)
*Bruno Bandulet, journaliste, auteur d’essais et éditeur, a été directeur de la publication «Die Welt» et membre de la rédaction de «Quick». Depuis 1979, il édite la feuille d’informations boursières «Gold & Money Intelligence (G&M)» et de 1995 à la fin 2008, il éditait le «Deutschlandbrief», qui paraît depuis 2009 sous forme de chronique dans le magazine libertaire de droite «eigentümlich-frei».
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