Des tsiganes sous surveillance / du carnet anthropométrique au carnet de circulation.
Un documentaire de Perrine Kervran et Renaud Dalmar.
chez Raymond Gurème à Bretigny P. KERVRAN © RADIO FRANCE
P. KERVRAN © RADIO FRANCE
Dans le sillage des nationalismes de 1870, les pays d’Europe mettent les étrangers sous surveillance. On a peur de l’ennemi, du traitre, de l’espion et bientôt aussi on a peur des « bohémiens ». Alors on commence par créer une catégorie administrative : celle des nomades, (qui ne sont ni des forains, ni des marchands ambulants), puis l’Etat va les recenser et leur imposer un carnet anthropométrique, dans lequel figurent leurs photos face profil ; leurs empreintes digitales, des mensurations précises de leur corps et une liste de leurs caractéristiques et signes particuliers ; selon la méthode Bertillon qui s’applique d’ordinaire aux criminels et aux récidivistes…
Chaque « nomade » en a un à partir de 13 ans et le chef de famille en a un autre, collectif qui recense toutes la famille…
Ce carnet donne des obligations aux nomades qui doivent le faire signer à l’arrivée et à la sortie de chaque ville où ils stationnent, ville dans lesquelles ils ne peuvent rester plus de 48h. On leur impose aussi un contrôle des vaccinations et une plaque de métal fixée à leurs véhicules.
Ils sont stigmatisés, sans cesse contrôlés, en relation permanente avec l’administration. L’idée étant de rendre leur mode de vie impraticable, de les sédentariser ou de les chasser quand bien même ils sont français depuis des générations…
A partir de 1940 toujours selon le principe et le prétexte de la peur de l’espion, la troisième république assigne les nomades à résidence puis à la demande des allemands internés dans ces camps de rétention, qu’à l’époque on désigne sous le nom de camps de concentration. Ils sont d’autant plus facilement repérables qu’ils sont fichés depuis 1912 et ils ne seront libérés qu’après la libération, en mai 1946, en ayant été dépouillés de tous leurs biens…
Apres la guerre le fichage reprend comme si de rien n’était et en 1969, le carnet anthropométrique est remplacé par le carnet de circulation, que l’on doit faire signer tous les mois…puis tous les trois mois. Et ce n’est que très récemment, en octobre 2012 que le conseil constitutionnel invalide cette institution.
Avec Toto Hoffmann, Raymond Gurème, Jacques Sigot, Jean Richard, Milo Delage et Emmanuel Filhol.
Ecoutez ci-dessous la totalité de l'entretien avec Raymond Gurème :
Et ici celui avec Toto Hoffmann :
Tsiganes, nomades : un malentendu européen, textes réunis par Catherine Coquio et Jean-Luc Poueyto, Karthala, à paraître en mai.
Galerie : Tsiganes sous surveillance
15 photos
des photos de Perrine Kervran et Renaud Dalmar en cours de reportage
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