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dimanche 7 octobre 2012

Intervention du Pr. Mitsuhei Murata, ancien ambassadeur du Japon Fukushima n’est pas un incident du passé mais une menace encore/.La planète d’aujourd’hui et les générations futures ont sans doute plus besoin de la solidarité et de l’harmonie évoquée par le Pr. Mitsuehi Murata que d’une course effrénée vers la catastrophe au nom de la compétitivité censée nous faire ‘sortir’ de la crise systémique qui est aussi une crise de civilisation./ Jacques Richaud - 2 Octobre 2012


INTRODUCTION :
Les tourments du monde, crise économique, tensions guerrières, menace climatique, nous font trop vite parfois tourner les pages de l’actualité. Ce qui est advenu au Japon ne fait plus la ‘une’ de nos actualités. Pourtant les Japonais eux-mêmes, après le choc vivent l’effroi d’une catastrophe possible plus grande encore sur les réacteurs encore en fusion incontrôlable.
Chez nous, passée la phase de peur et de compassion, que s’est il passé ?
- L’émoi a fait nos voisins allemands décider de renoncer au nucléaire… avant de revenir sur cette décision. La France championne de la part du nucléaire dans sa ressource énergétique et donneuse de leçons, et qui songe à exporter ses centrales (même Kadhafi s’était vu promettre une centrale clefs en mains) évite le débat qui n’a fait qu’effleurer la campagne présidentielle. On a même vu les Verts battre retraite en échange de leur adoubement absorption par un parti majoritaire qui avait besoin de cette coalition pour assurer sa victoire, et encore aujourd’hui une part de sa crédibilité. A gauche du PS le débat ne fut pas moins complexe, le PCF ayant toujours été pro nucléaire civil depuis la guerre froide, sans réviser vraiment sa position, même si favorable au ‘désarmement’ . Ce choix représentait un clivage essentiel avec l’extrême gauche de l’ancienne LCR prolongée NPA qui avec d’autres formations s’alliait au mouvement antinucléaire global… Mais en ces temps de ‘recomposition’ des gauches, les sujets qui fâchent sont le plus souvent évités.
- Il est vrai que l’union est souhaitable, indispensable même face aux conséquences de la crise du capitalisme quiréduit les états à des fonctions de mercenaires de la finance qui dirige le monde.
- Et si dans ce contexte apparaît une menace supérieure, dont le constat imposerait des choix majeurs et déchirants et à court terme coûteux, pour préserver un avenir qui s’annonce possiblement apocalyptique, il n’est pas fréquent d’entendre une voix dire sereinement ce qu’il en est et ce qu’il conviendrait d’envisager.
Pourtant ‘Nous savons’ (1) : « Le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars 2011 ont été des désastres naturels d’une ampleur qui a choqué le monde entier. Bien que déclenché par ces événements cataclysmiques, l’accident qui s’est ensuivi à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi ne peut pas être regardé comme un désastre naturel. Ce fut un désastre profondément causé par l’homme – qui aurait pu et aurait dû être prévu et prévenu. Et ses effets auraient pu être atténués par une réponse humaine plus efficace. »
Ces lignes sont tirées du rapport de la commission d’enquête parlementaire japonaise sur l’accident de Fukushima(Naiic, ou National diet of Japan Fukushima nuclear accident independant investigation), dont une synthèse (en anglais) a été publiée récemment. Ce rapport, peu traité par la presse, brosse pourtant un tableau dévastateur de l’action du gouvernement de Tokyo, des autorités nucléaires japonaises et de Tepco, l’exploitant de la centrale de Fukushima….
C’est dans ce contexte qu’une voix japonaise mérite d’être entendue :
UNE ALERTE MONDIALE :
Cette voix a un visage, celui d’un ancien ambassadeur Japonais, pas un ‘excité’ de l’agitation anticapitaliste ou ‘obscurantiste’ de la décroissance ; un homme serein qui connait depuis longtemps le sujet et dont la fermeté et la profondeur du propos accompagnent une grande sérénité. Il faut ‘voir’ cette vidéo sous titrée de neuf minutes… :
«  Pour une interdiction totale du nucléaire, pr. Mitsuehi Murata 20.09.12  » (Durée 9’46)
(Plaidoyer pour une interdiction totale d’utilisation de l’énergie nucléaire par le pr. Mitsuhei Murata (2-3)
Mitsuhei Murata, ancien ambassadeur du Japon en Suisse, professeur émérite à l’Université Tokaigakuen s’adresse aux participants de la séance d’information de la Coalition contre le Nucléaire du 20 Septembre 2012, organisée par le Bureau du membre du Congrès Dennis Kucinich.)
Il y est question de péril majeur mondial, de responsabilité, d’éthique ‘internationale et trans-générationnelle…’ Question de ‘dictature nucléaire’ aussi… Question aussi de civilisation ‘maternelle’ ou ‘paternelle’ décrivant la lecture japonaise de l’idéologie du progrès et de la folie des hommes…La formule peut nous surprendre mais chacun reconnaîtra le sens du propos. Il est question aussi de ‘trois ordres de propositions’ que je vous laisse découvrir…
Ce propos est disponible en version anglaise (4). Je remercie infiniment Elisa Trocme qui a bien voulue en faire une traduction complète. La relecture de ce texte renforcera le message de la vidéo sous titrée.
Jacques Richaud
TEXTE EN FRANÇAIS :
Plaidoyer pour une interdiction totale sur l’utilisation de l’énergie nucléaire- Par Mitsuhei Murata, ancien ambassadeur du Japon en Suisse.
Mesdames et Messieurs,
C’est pour moi un grand honneur et un réel plaisir de participer à cet événement mémorable.
En 1956, la guerre froide était à son apogée, la guerre nucléaire menaçait l’humanité et mon essai qui reçut un prix annonçait que le monde était "au bord de la destruction totale." Aujourd’hui, les conséquences de Fukushima menacent le monde. L’Unité 4 contient 10 fois plus de césium 137 que Tchernobyl. Un fort tremblement de terre pourrait mener à son l’effondrement.
Les Japonais se rendre compte par expérience que l’énergie nucléaire génère des calamités inacceptables. L’effondrement de l’unité 4 pourrait en être une. Le Japon doit assumer le rôle historique de la promotion de la dénucléarisation civile et militaire, à la fois. Ignorer l’état des réacteurs nucléaires de Fukushima c’est continuer à les promouvoir au Japon et à l’étranger. Fukushima ne doit pas être oublié. Au nom des victimes et des 170.000 réfugiés, j’appelle à une interdiction totale de l’énergie nucléaire. Le monde doit se rendre compte que toute contamination radioactive crée un danger immense et permanent pour l’humanité et la terre.
1. Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima ne sont pas moins terribles que des bombes atomiques. Les réacteurs nucléaires sont des "super bombes" potentielles. Aucune arme isolée ne peut rivaliser avec les dommages potentiels que peuvent causer l’unité 4 de Fukushima ou des centres de retraitement nucléaires.
2. L’accident de Fukushima aurait pu être plus catastrophique pour le Japon et le monde. Il faut informer le monde entier sur le danger réel de voir s’effondrer l’unité 4 suite à la survenue d’un tremblement de terre d’intensité 7 sur l’échelle de Richter.
3. Le bon sens n’aurait jamais du permettre la construction de 54 réacteurs nucléaires dans un Japon menacé par de fréquents tremblements de terre et tsunamis. Seuls le manque d’éthique et de sens des responsabilités l’a rendu possible. L’argent et la corruption des gestionnaires des centrales nucléaires ont semé les graines de la catastrophe. Et elle n’est pas limitée au Japon.
4. C’est la même technologie qui produit l’énergie et les armes nucléaires. La prolifération des centrales nucléaires entraîne la prolifération des armes nucléaires, comme nous le voyons aujourd’hui en Corée du Nord et en Iran. Il n’y a que l’interdiction et l’élimination de toute utilisation de technologies de fission nucléaire à travers la planète entière, pour assurer la sécurité des générations futures.
5. Le manque d’éthique et de sens des responsabilités est mis en évidence par l’absence d’une solution viable pour les déchets nucléaires, qui menacent les générations futures. Le Japon « village nucléaire » ou dictature nucléaire envisage le redémarrage et l’exportation de réacteurs nucléaires, remettant ainsi en marche son offensive commerciale pour l’industrie nucléaire japonaise. C’est immoral. Et ne montre aucun sens des responsabilités sur les plans international et intergénérationnel. Hélas, je crains que cela ne dure.
6. Le Japon doit avertir le monde des conséquences d’une politique qui ne met pas en route la dénucléarisation. Il y a huit ans, j’avais prédit que les compagnies d’électricité Japonaise décideraient du sort du Japon. Il y a deux ans lors du Congrès mondial de l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire (IPPNW) à Bâle, j’ai plaidé pour la mobilisation de la sagesse humaine pour éviter la catastrophe ultime qu’une calamité nucléaire pourrait produire. Malheureusement, ces mises en garde n’ont pas empêché que se vérifient mes craintes.
7. Compte tenu des conséquences d’un accident nucléaire, à l’échelle du monde entier, les pays qui ne possèdent pas les réacteurs nucléaires devraient exiger la dénucléarisation, qu’elle soit militaire ou civile. Et les pays déjà engagé dans l’option de l’énergie nucléaire devraient faire de même.
8. À l’origine, le Japon a une culture ‘maternelle’ caractérisé par l’harmonie et la solidarité. Après la restauration du régime de Meiji, une culture ‘paternelle’ caractérisé par la concurrence et la confrontation sous forme militaire s’installa. L’histoire montre que les cultures paternelles mènent à la catastrophe. Fukushima est le résultat de la suprématie de l’économie, une autre forme de culture paternelle introduite après la seconde guerre mondiale. La culture maternelle de l’harmonie est le remède à la culture paternelle du pouvoir.
9. Les accidents nucléaires entraînent des conséquences illimitées, incontrôlables et inacceptables pour la société humaine. Fukushima rappelle que la possibilité d’une telle catastrophe devrait être complètement nulle. Le grand principe d’un monde sans armes et sans réacteurs nucléaires ne doit pas être oublié. La transition vers une civilisation ‘maternelle’ est une condition sine qua non pour cette vision du monde.
10. L’humanité est aujourd’hui confrontée à une crise de civilisation. La vraie cause en est le manque d’éthique.L’Éthique fondamentale interdirait l’abus et l’épuisement des ressources naturelles, laissant dans son sillage des déchets toxiques indestructibles, de façon définitive, et d’énormes dettes. L’éthique mondiale nécessite la ‘culture maternelle’, qui respecte l’environnement et les intérêts des générations futures.
Trois transitions sont nécessaires : Transformer l’égoïsme en solidarité, la cupidité en contentement et le matérialisme en spiritualité. Les énergies naturelles et renouvelables pourraient largement couvrir les besoins d’une telle civilisation, avec une période de transition complétée par des combustibles fossiles. Nous devons nous préparer à faire les sacrifices à court terme dans nos modes de vie pour la sécurité à long terme de l’humanité et de la terre sans l’énergie nucléaire.
11. La proposition de tenir un Sommet aux Nations Unies, attire désormais davantage l’attention mondiale. Le triple choix de l’éthique planétaire, de la civilisation maternelle et de la dénucléarisation véritable doit devenir une réalité. La vision du président Obama d’un « Monde sans armes nucléaires » doit devenir un monde "Sans armes nucléaires et sans réacteurs nucléaires." Le Sommet d’éthique des Nations Unies en est la première étape concrète. Je souhaite ardemment que le président Obama prenne l’initiative de réaliser ce Sommet et de créer une Journée internationale d’éthique planétaire pour servir de rappel annuel. Préalablement, toute controverse sur le contenu doit être soigneusement évité.
Conclusion : En conclusion, permettez-moi de dire ce qui suit :
La situation critique à Fukushima nécessite la mobilisation de la sagesse humaine à l’échelle la plus large possible. L’impérieuse nécessité de mettre en place une équipe d’évaluation neutre ainsi qu’une équipe de coopération technique internationale est évidente.
Les barres de combustible dans la piscine de refroidissement en décomposition de l’unité 4 doivent être déplacées vers un autre lieu dès que possible. Il s’agit là d’une question de sécurité mondiale qui exige des efforts maximaux qui, malheureusement, ne sont pas mis en oeuvre.
De plus en plus de Japonais s’éveillent aux dangers réels des accidents nucléaires et des réacteurs nucléaires. Le Japon avance donc constamment vers une la réalisation d’une dépendance zéro à l’énergie nucléaire.
« La volonté du ciel et de la terre » est ma traduction de « la Providence comme philosophie », protégeant de l’humanité et de la terre. Elle aidera à réaliser en temps voulu, la vrai dénucléarisation, civile et militaire. La rage de ceux qui ont tout perdu continuera d’animer les mouvements anti-nucléaires au Japon et éventuellement à l’étranger.
Le Japon doit désormais contribuer à la réalisation de la vraie dénucléarisation. Afin que les victimes d’Hiroshima, de Nagasaki et de Fukushima n’aient pas souffert en vain.
CONCLUSION :
Voir informations complémentaires : (5-6-7)
Si nous ne savons pas écouter un propos aussi serein et légitime venu du pays d’Hiroshima et de Fukushima, c’est que nous sommes, je crois, nous-mêmes dangereux pour nos contemporains et pour les générations futures…
Recevrons nous cette information majeure ? Ou ce signal fort étourdissant sera-t-il brouillé par le débat nucléaire franco français qui ne veut et ne peut entendre ? Si on se réfère à la médiocrité des échanges autour de ce sujet, au compromis - renoncement par lequel les verts se sont alignés pour prix de leur ’accord’ avec le PS au maintien de cette filière et à l’engagement renforcé vers l’EPR ; on se dit que les uns ou les autres sont dans la déraison. (8-9-10-11-12)
Nous nous questionnons :
- Sont ce les japonais traumatisés qui sur réagissent ? Ou bien font ils le sacrifice courageux que la raison leur dicte devant l’épreuve du réel ?
- Serions nous dans le même état d’esprit si un Tchernobyl en zone européenne impliquait l’évacuation totale dans un rayon de deux ou trois cent kilomètres ? Regardez la carte et le pourtour de chaque centrale !
Encore un débat éludé... Enterré même pour des raisons électoralistes par les plus chauds partisans des alternatives au nucléaire qui restent chez nous un gadget agité pour calmer l’opinion.
Le monde libéral capitaliste sait extraire de ses industries nucléaires les plus values demandées par ses actionnaires ; souvent au prix de sous traitances réduisant les coûts et la sécurité de l’activité. Dans l’idéologie du progrès qui sert de morale au capitalisme (Mais a un temps été partagée par le ‘socialisme réel’ avant la chute du mur de Berlin, et même après l’accident majeur de Tchernobyl), ceux qui énoncent un ‘Principe de précaution’ sont neutralisés. Le seul discours répandu est celui de la confiance que nous serions censé concéder à ceux qui ont déjà a de multiples reprises démontré leur incapacité à maîtriser la dangerosité du processus de la fission nucléaire, même en usage civil, et ne savent toujours pas traiter les déchets accumulés au péril des générations futures. Ceux là qui usent d’un cynisme a toute épreuve, trouvent parfois l’approbation de scientifiques, eux aussi nourris par la croyance de la maîtrise du savoir et ennemis déclarés de tous les ‘Lanceurs d’alerte’ qui perçoivent la part d’ignorance que masque leur arrogance.
La planète d’aujourd’hui et les générations futures ont sans doute plus besoin de la solidarité et de l’harmonie évoquée par le Pr. Mitsuehi Murata que d’une course effrénée vers la catastrophe au nom de la compétitivité censée nous faire ‘sortir’ de la crise systémique qui est aussi une crise de civilisation.
Jacques Richaud - 2 Octobre 2012
(1 ) Fukushima : le rapport qui change tout
16 juillet 2012
 | Par Michel de Pracontal 
http://www.mediapart.fr/journal/international/160712/fukushi...
(2) Pour une interdiction totale du nucléaire, pr. Mitsuehi Murata 20.09.12 
http://www.youtube.com/watch?v=YS-S1coqKy0&feature=youtu... (Durée 9’46) Publiée le 26 sept. 2012 par kna60
(3) Vidéos et descriptifs originaux de LoveLifeNoNukes et MsMilkytheclown1 : "A Plea for a Total Ban on the Use of Nuclear Energy" by Professor Mitsuhei Murata 
http://youtu.be/NicSZgWJZlI
Ou :
http://www.youtube.com/watch?v=qYOoHfEUmAY
(4) La transcription complète du discours en Anglais est disponible ici :
https://docs.google.com/file/d/0B-X7iEMggN9UZjBkM0s5YXh6aWs/...
(5) Association Internationale des Médecins pour la Prévention de la Guerre Nucléaire (IPPNW) 
http://www.ippnw.org/ (Eng.)
http://amfpgn.org/site/ (Fr.)
(6) Table de demi-vie / décroissance des radionucléides : 
http://www.evs.anl.gov/pub/doc/tbl2-rad-prop.pdf
(7) 17 9 2012 Le village nucléaire encaisse coup sur coup
http://leblogdejeudi.wordpress.com/2012/09/17/le-village-nuc...
(8) Chroniques de François Leclerc sur Fukushima 
dans le blog de Paul Jorion 
http://fukushima.over-blog.fr/pages/articles-de-fran-ois-lec...
(9) Fukushima : le dernier homme- Antonio Pagnotta 
http://www.mediapart.fr/portfolios/fukushima-17-le-dernier-h...
(10) Une brève parmi une foule d’autres, quotidiennes :
http://enenews.com/japanese-professor-death-rate-in-fukushim...
Entre février 2011 et février 2012 au Japon :
hausse mortalité mensuelle : + 12,5 %
hausse mortalité par néoplasme malin : + 7,7 %
hausse mortalité par pathologie cardiaque : + 14,6 % (les pathologies cardiaques sont vraisemblablement liées au césium, cf. entre autres les travaux des Bandajevski)
(11) La fissure (le Japon 9 mois après)
http://annabellelourenco.com/lafissure/
un travail, fait avec entre autres la CRIIRAD, qui arrive à présenter à travers des témoignages audio et visuels simples des questions très compliquées. Pour accéder à l’ensemble des documents, il faut compter un petit quart d’heure ; une fois qu’on est sur la carte animée, il faut cliquer sur les 3 noms de villes pour accéder aux images et témoignages ...
(12) Le Collectif IndependentWHO : pour l’indépendance de l’OMS dénonce l’accord OMS-AIEA, signé le 28 mai 1959, qui soumet l’OMS (Organisation mondiale de la santé) aux intérêts de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) et l’empêche de remplir sa propre mission.
http://independentwho.org/fr/
« L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ne remplit pas sa mission de protection des populations victimes des contaminations radioactives. »
« Le Forum Scientifique et Citoyen sur la Radioprotection : de Tchernobyl à Fukushima » organisé par le Collectif “IndependentWHO”, s’est tenu à Genève les samedi 12 et dimanche 13 mai.
http://independentwho.org/fr/le-collectif-independentwho/
La journée du samedi 12 mai a été consacrée aux exposés du Dr Eisuke Matsui, de Kolin Kobayashi, Aya Marumori, Wataru Iwata et Miwa Chiwaki (Japon), du Dr Galina Bandajevskaia, d’Alexei Nesterenko et Vladimir Babenko (Bélarus), d’Alexei Yablokov (Russie), du Dr Youri Bandajevsky (Bélarus – venu d’Ukraine), de Chris Busby (Royaume Uni), de Paul Lannoye (Belgique), des Drs. Michel Fernex (Suisse) et Sophie Fauconnier (France), de Paul Jobin, Roland Desbordes et Michèle Rivasi (France).
C’est un programme très dense d’exposés qu’ont entendu les 210 personnes présentes à ce Forum. Ils ont surtout porté sur les conséquences sanitaires des irradiations externes et des contaminations radioactives internes, engendrées par l’explosion des réacteurs japonais et ukrainien mais aussi par les bombardements aux armes à uranium appauvri effectués au Kosovo et en Irak et par la campagne d’essais nucléaires (plus de 500 bombes atomiques tirées en atmosphères). Il a été souligné, par tous les intervenants, que les normes de radioprotection actuelles, établies à partir des conséquences d’Hiroshima et de Nagasaki, n’étaient pas adaptées aux conséquences sanitaires des catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima. Ces normes, manipulées par les gouvernants en cas d’accident radiologique et toujours au détriment de la santé des populations, sont à réviser.
Les intervenants japonais, aux prises avec la désinformation de leur gouvernement et à son inaction pour protéger les populations – plus particulièrement les enfants – sont venus chercher des réponses à leurs questions angoissées auprès de leurs homologues de Tchernobyl. Ces derniers, malheureusement, depuis 26 ans, doivent faire face à une situation sanitaire qui continue de s’aggraver, dans les zones contaminées, chez les moins de 18 ans.
Face à l’abandon des autorités – exploitants de centrales nucléaires, États, institutions internationales (dont l’OMS) – les populations touchées par Tchernobyl et Fukushima doivent se prendre en charge et s’organiser pour mettre en place des pratiques de radioprotection adaptées à la situation. Vladimir Babenko a fait une présentation de son manuel de radioprotection « Après l’Accident Atomique » édité en russe, en japonais et aussi tout récemment en français.
Le dimanche 13 mai, les intervenants du samedi se sont retrouvés avec des élus, des représentants d’associations, des citoyens et des membres du Collectif IndependentWHO pour réfléchir à partir de la question « Que pouvons-nous faire ensemble pour que la vérité sur les conséquences sanitaires des irradiations externes et des contaminations radioactives internes, engendrées par l’industrie nucléaire civile et militaire, soit établie et reconnue ?
Rencontre - débat : Que pouvons-nous faire ensemble ?
Autour de deux objectifs principaux – que l’OMS remplisse son mandat constitutionnel en matière de rayonnement et santé et que la science indépendante soit la référence en matière de radioprotection des populations – les participants ont proposé les actions suivantes :
• Réviser l’Accord OMS -AIEA afin que l’OMS agisse en toute indépendance en matière de rayonnement et santé.
• Dénoncer le modèle actuel de normes de radioprotection de la CIPR et son application par les Etats. Proposer une autre approche prenant en compte la réalité.
• Recourir à la voie juridique pour obliger les responsables à dédommager les victimes.
• Poser le problème en termes de Droits humains.
• Mettre en place un réseau international pour diffuser des connaissances fiables
• Reconduire un cycle de Forum scientifique et citoyen sur les conséquences sanitaires de l’activité de l’industrie nucléaire civile et militaire.
En clôture du Forum, le professeur Matsui a appelé la communauté internationale à faire pression sur les autorités japonaises pour qu’elles assurent la protection des enfants de Fukushima et procèdent à leur évacuation hors des zones contaminées.
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