USA : « Pollux », un nouveau tir d’essai nucléaire sous-critique américain
Dans un silence international assourdissant, les États-Unis ont procédé mercredi dernier à un nouvel essai souterrain de système de mise de feu d’arme nucléaire dans le désert du Nevada. Cet essai nucléaire dit « sous-critique » est le 4ème depuis l’accession à la présidence de Barack Obama, le 20 janvier 2009.
Un « tir froid » : l’essai du système de mise de feu d’une arme atomique, souvent associé à une charge conventionnelle d’essai
Très schématiquement, on peut associer un tir nucléaire « froid » encore appelé « essai sous-critique » à l’image d’un crash-test de véhicule : tout est conforme à un événement réel (l’explosion d’une tête militaire critique) mais l’objet humain (la charge nucléaire) est remplacé par un mannequin (une charge conventionnelle et un peu de plutonium, quand même).
Le TICE, traité d’interdiction totale des essais nucléaires de 1996
Ce « sous-machin » visant à interdire totalement tout essai d’arme atomique a été négocié dans le cadre de l’ONU vers la fin du XXème siècle mais il n’est jamais entré en vigueur car un nombre insuffisant d’états signataires (et à capacité nucléaire) l’ont ratifié : la Chine, la Corée du Nord, l’Égypte, l’Inde, l’Indonésie, l’Iran, l’Israël, le Pakistan et les États-Unis d’Amérique 1 ne l’ont pas fait à ce jour, et même s’ils le faisaient finalement, le traité TICE n’interdit pas spécifiquement les essais souterrains « sous-critiques ».
Ce traité d’interdiction « totale » visait à étouffer la volonté des pays possédant la bombe de moderniser ou de développer leur arsenal nucléaire et aux pays non encore équipés de tenter de le devenir. Il faut bien avouer que 15 années après cette tentative intéressante, l’idée initiale est complétement défigurée ne serait-ce que par la multiplication des essais sous-critiques permettant à la fois de valider les objectifs d’évolution technologique des armements et l’étude de nouvelles technologies ou améliorations de ces dernières. Non seulement les tirs « froids » se poursuivent mais certains pays non signataires ont même réalisé des essais critiques dans l’intervalle (Inde, Pakistan, Corée du Nord…) et ce n’est pas la récente relance effectuée très récemment qui renversera miraculeusement la situation. Le projet TICE était mort-né !
L’amorce des bombes « H » est constituée par une mini-bombe nucléaire « A »
Attendez, il y a peut-être encore pire : nous avons vu que le traité TICE n’excluait pas spécifiquement les essais sous-critiques, c’est à dire ceux ou la charge principale (dite « militaire ») de l’arme n’était pas basée sur le principe de la fission de noyaux lourds (bombe « A ») ou la fusion de noyaux légers (bombe « H »).
Toute l’astuce réside probablement dans une approche très hypocrite de la charge militaire de l’arme : dans le cas d’une bombe qui combine fission et fusion, l’amorçage de la charge principale (Tritium / Deutérium) est réalisée par une petite charge nucléaire « classique », seul détonateur assez puissant pour initier une réaction de fusion nécessitant une énergie et une chaleur initiale considérables.
Bien sûr, on pourrait rétorquer qu’un détonateur nucléaire n’est rien d’autre qu’une arme nucléaire de faible puissance et de portée de quelques dizaines de cm (la distance entre l’amorce et la charge militaire) mais, arrivés à ce point, nous ne serions pas autrement étonnés qu’un scientifique (fou) ou un politique (fou) ne vienne s’interposer en s’écriant : « Halte-là ! Au moment précis de l’explosion de l’amorce, la réaction de criticité nucléaire est contenue dans la coque de l’arme, il s’agit donc non seulement d’une mini-explosion mais cette dernière est contenue dans un espace confiné » etc. Dans ce domaine, les chercheurs et leurs commanditaires sont au moins aussi inventifs qu’ils ne sont hypocrites !
Une énergie de fission de moins de 1 Kt pourrait suffire à étudier les processus complexes fission-fusion
Pas vu, pas pris : les stations de contrôle déployées par le CTBTO 2 ne peuvent renifler, au milieu d’un bruit de fond diffus et souvent perturbé par des événements non militaires, que des essais nucléaires conventionnels ou, à la rigueur, des essais souterrains foireux de charges critiques importantes.
Autrement dit, il suffirait à des intervenants avisés souhaitant « expérimenter » dans une relative discrétion de combiner les 3 éléments suivants :
- Zone de test située en plein milieu d’un territoire forcément hospitalier : même si des stations CTBTO y sont installées, la plus proche se situe à environ 1000 km à l’Ouest (Sacramento, Ca) alors que le vent dominant à Las Vegas est de secteur SSO
- Mini ou micro-explosion initiale (de 100 à 1000 tonnes d’équivalent TNT) déjouant les stations de contrôle sismiques du même réseau
- Essai souterrain (les sables du Nevada Test Site sont un vrai gruyère !)
Un essai, quel essai ?
Si l’on excepte une réaction provenant du maire d’Hiroshima, Kazumi Matsui, le moins que l’on puisse dire est que cette affaire fait nettement moins de vacarme médiatique que les éventuels essais de missile Nord-Coréen ou d’enrichissement de Plutonium en Iran.
Les reporters des principaux médias ne reportent… rien, c’est donc qu’il ne s’est curieusement rien passé, même si les américains se réjouissent et font grand état de leur supériorité dans ce qu’il faut bien continuer d’appeler les armes nucléaires, une expression que les accords TICE espéraient bien abolir au plus vite… En profitant d’un vent démocrate américain favorable qui a – semble-t-il – nettement tourné depuis.
siurce:http://gen4.fr/
Des munitions chimiques pour réprimer les ouvriers aux Etats Unis
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