Le blog d'un syndicaliste Paysan : Jean Claude Depoil/ RÉSISTER EST UN DEVOIR. SE SOUMETTRE UNE ERREUR ? NON ,UNE FAUTE IMPARDONNABLE/ Lutter contre l'argent roi qui détruit tout/ De Louise Michel: "Puisqu'il semble que tout coeur qui bat pour la liberté n'a droit qu'a un peu de plomb,j'en réclame ma part, moi!Si vous me laissez vivre ,je ne cesserai de réclamer vengeance...si vous n’êtes pas des lâches tuez moi!". Photo d'une "manif" paysanne FDSEA au Donjon dans les années 50
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dimanche 28 décembre 2014
samedi 27 décembre 2014
Lettre ouverte au maire d'Angoulême ( j'ai pris soin de lui envoyer ce message sur le site d' Amgoulème , rubrique : contacter le cabinet du maire )
Félicitation monsieur le maire
Monsieur le maire vraiment bravo , il faut remonter au régime de Vichy pour retrouver une telle haine des marginaux ; comment pouvez vous encore dormir tranquille après avoir barricader de la sorte les blancs publics ? Je suppose encore que vous êtes catholique pratiquant et que sans trembler vous prononcez les paroles évangélique .
Ha ! vraiment vous insultez par votre action "dite sécuritaire " le mot "Fraternité" pourtant écrit au fronton de votre mairie .
Que faudra t'il donc pour vous faire comprendre vous les défenseur de ce système que la solution passe par la redistribution des richesses et non par la répression aveugle pour protéger " votre bien " ; j'ai entendu votre adjoint à la sécurité , c'est à vomir .
Bravo monsieur pour la mise en place de cette politique d'extrême droite qui ressemble comme une soeur à celle qui était en vigueur sous l'occupation nazi
vendredi 26 décembre 2014
mardi 23 décembre 2014
Le racisme ordinaire ..../J'ai dû amputer une partie de mon identité, j'ai dû effacer ce prénom arabe de mes conversations. Dire Mustapha, c'est prendre le risque de voir votre interlocuteur refuser de vous parler./Que retiendra l'Histoire de notre période noire ou le racisme est entré dans la culture de base du populisme
Brice Hortefeux a trop d'humour. Je le sais, il m'a fait une blague un jour. Jeudi 24 avril 2008. Le ministre de l'immigration et de l'identité nationale doit me recevoir dans son majestueux bureau. Un rendez-vous pour parler des grèves de sans-papiers dans des entreprises. Je ne l'avais jamais rencontré. Je patiente avec ma collègue Laetitia Van Eeckhout dans cet hôtel particulier de la République. Brice Hortefeux arrive, me tend la main, sourit et lâche : "Vous avez vos papiers ?"
Trois mois plus tard, lundi 7 juillet, jour de mes 29 ans. Je couvre le Tour de France. Je prépare un article sur ces gens qui peuplent le bord des routes. Sur le bitume mouillé près de Blain (Loire-Atlantique), je m'approche d'une famille surexcitée par le passage de la caravane, pour bavarder. "Je te parle pas, à toi", me jette un jeune homme, la vingtaine. A côté de moi, mon collègue Benoît Hopquin n'a aucun souci à discuter avec cette "France profonde". Il m'avouera plus tard que, lorsque nous nous sommes accrédités, une employée de l'organisation l'a appelé pour savoir si j'étais bien son... chauffeur.
Je pensais que ma "qualité" de journaliste au Monde allait enfin me préserver de mes principaux "défauts" : être un Arabe, avoir la peau trop basanée, être un musulman. Je croyais que ma carte de presse allait me protéger des "crochets" balancés par des gens obsédés par les origines et les apparences. Mais quels que soient le sujet, l'endroit, la population, les préjugés sont poisseux.
J'en parle souvent à mes collègues : ils peinent à me croire lorsque je leur décris cet "apartheid mental", lorsque je leur détaille les petites humiliations éprouvées quand je suis en reportage, ou dans la vie ordinaire. A quoi bon me présenter comme journaliste au Monde, on ne me croit pas. Certains n'hésitent pas à appeler le siège pour signaler qu'"un Mustapha se fait passer pour un journaliste du Monde !"
Ça fait bien longtemps que je ne prononce plus mon prénom lorsque je me présente au téléphone : c'est toujours "M. Kessous". Depuis 2001, depuis que je suis journaliste, à la rédaction de Lyon Capitale puis à celle du Monde, "M. Kessous", ça passe mieux : on n'imagine pas que le reporter est "rebeu". Le grand rabbin de Lyon, Richard Wertenschlag, m'avait avoué, en souriant : "Je croyais que vous étiez de notre communauté."
J'ai dû amputer une partie de mon identité, j'ai dû effacer ce prénom arabe de mes conversations. Dire Mustapha, c'est prendre le risque de voir votre interlocuteur refuser de vous parler. Je me dis parfois que je suis parano, que je me trompe. Mais ça s'est si souvent produit...
A mon arrivée au journal, en juillet 2004, je pars pour l'île de la Barthelasse, près d'Avignon, couvrir un fait divers. Un gamin a été assassiné à la hachette par un Marocain. Je me retrouve devant la maison où s'est déroulé le drame, je frappe à la porte, et le cousin, la cinquantaine, qui a tenté de réanimer l'enfant en sang, me regarde froidement en me lançant : "J'aime pas les Arabes." Finalement, il me reçoit chez lui.
On pensait que le meurtrier s'était enfui de l'hôpital psychiatrique de l'endroit : j'appelle la direction, j'ai en ligne la responsable : "Bonjour, je suis M. Kessous du journal Le Monde..." Elle me dit être contente de me recevoir. Une fois sur place, la secrétaire lui signale ma présence. Une femme avec des béquilles me passe devant, je lui ouvre la porte, elle me dévisage sans me dire bonjour ni merci. "Il est où le journaliste du Monde ?", lance-t-elle. Juste derrière vous, Madame : je me présente. J'ai alors cru que cette directrice allait s'évanouir. Toujours pas de bonjour. "Vous avez votre carte de presse ?, me demande-t-elle. Vous avez une carte d'identité ?" "La prochaine fois, Madame, demandez qu'on vous faxe l'état civil, on gagnera du temps", riposté-je. Je suis parti, évidemment énervé, forcément désarmé, avant de me faire arrêter plus loin par la police qui croyait avoir... trouvé le suspect.
Quand le journal me demande de couvrir la révolte des banlieues en 2005, un membre du club Averroès, censé promouvoir la diversité, accuse Le Monde d'embaucher des fixeurs, ces guides que les journalistes paient dans les zones de guerre. Je suis seulement l'alibi d'un titre "donneur de leçons". L'Arabe de service, comme je l'ai si souvent entendu dire. Sur la Toile, des sites d'extrême droite pestent contre "l'immonde" quotidien de référence qui a recruté un "bougnoule " pour parler des cités.
Et pourtant, s'ils savaient à quel point la banlieue m'était étrangère. J'ai grandi dans un vétuste appartement au coeur des beaux quartiers de Lyon. En 1977, débarquant d'Algérie, ma mère avait eu l'intuition qu'il fallait vivre au centre-ville et non pas à l'extérieur pour espérer s'en sortir : nous étions parmi les rares Maghrébins du quartier Ainay. Pour que la réussite soit de mon côté, j'ai demandé à être éduqué dans une école catholique : j'ai vécu l'enfer ! "Retourne dans ton pays", "T'es pas chez toi ici", étaient les phrases chéries de certains professeurs et élèves.
Le 21 décembre 2007, je termine une session de perfectionnement dans une école de journalisme. Lors de l'oral qui clôt cette formation, le jury, composé de professionnels, me pose de drôles de questions : "Etes-vous musulman ? Que pensez-vous de la nomination d'Harry Roselmack ? Si vous êtes au Monde, c'est parce qu'il leur fallait un Arabe ?"
A plusieurs reprises, arrivant pour suivre un procès pour le journal, je me suis vu demander : "Vous êtes le prévenu ?" par l'huissier ou le gendarme en faction devant la porte du tribunal.
Le quotidien du journaliste ressemble tant à celui du citoyen. Depuis plusieurs mois, je cherche un appartement. Ces jours derniers, je contacte un propriétaire et tombe sur une dame à la voix pétillante : "Je m'appelle Françoise et vous ?" "Je suis M. Kessous ", lui répondis-je en usant de mon esquive habituelle. "Et votre prénom ?", enchaîne-t-elle. Je crois qu'elle n'a pas dû faire attention à mon silence. Je n'ai pas osé le lui fournir. Je me suis dit que, si je le lui donnais, ça serait foutu, qu'elle me dirait que l'appartement avait déjà été pris. C'est arrivé si souvent. Je n'ai pas le choix. J'hésite, je bégaye : "Euhhhhh... Mus... Mustapha."
Au départ, je me rendais seul dans les agences immobilières. Et pour moi - comme par hasard - il n'y avait pas grand-chose de disponible. Quand des propriétaires me donnent un rendez-vous pour visiter leur appartement, quelle surprise en voyant "M. Kessous" ! Certains m'ont à peine fait visiter les lieux, arguant qu'ils étaient soudainement pressés. J'ai demandé de l'aide à une amie, une grande et belle blonde. Claire se présente comme ma compagne depuis cet été et fait les visites avec moi : nous racontons que nous allons prendre l'appartement à deux. Visiblement, ça rassure.
En tout cas plus que ces vigiles qui se sentent obligés de me suivre dès que je pose un pied dans une boutique ou que ce vendeur d'une grande marque qui ne m'a pas ouvert la porte du magasin. A Marseille, avec deux amis (un Blanc et un Arabe) - producteurs du groupe de rap IAM -, un employé d'un restaurant a refusé de nous servir...
La nuit, l'exclusion est encore plus humiliante et enrageante, surtout quand ce sont des Noirs et des Arabes qui vous refoulent à l'entrée d'une boîte ou d'un bar. Il y a quatre mois, j'ai voulu amener ma soeur fêter ses 40 ans dans un lieu parisien "tendance". Le videur nous a interdit l'entrée : "Je te connais pas !" Il aurait pourtant pu se souvenir de ma tête : j'étais déjà venu plusieurs fois ces dernières semaines, mais avec Dida Diafat, un acteur - dont je faisais le portrait pour Le Monde - et son ami, le chanteur Pascal Obispo.
Fin 2003, je porte plainte contre une discothèque lyonnaise pour discrimination. Je me présente avec une amie, une "Française". Le portier nous assène le rituel "Désolé, y a trop de monde." Deux minutes plus tard, un groupe de quinze personnes - que des Blancs - entre. Je veux des explications. "Dégage !", m'expédie le videur. La plainte sera classée sans suite. J'appellerai Xavier Richaud, le procureur de la République de Lyon, qui me racontera qu'il n'y avait pas assez d'"éléments suffisants".
Que dire des taxis qui après minuit passent sans s'arrêter ? Que dire de la police ? Combien de fois m'a-t-elle contrôlé - y compris avec ma mère, qui a plus de 60 ans -, plaqué contre le capot de la voiture en plein centre-ville, fouillé jusque dans les chaussettes, ceinturé lors d'une vente aux enchères, menotté à une manifestation ? Je ne compte plus les fois où des agents ont exigé mes papiers, mais pas ceux de la fille qui m'accompagnait : elle était blonde.
En 2004, une nuit à Lyon avec une amie, deux policiers nous croisent : "T'as vu le cul qu'elle a !", lance l'un d'eux. "C'est quoi votre problème ?" rétorqué-je. Un des agents sort sa matraque et me dit en la caressant : "Il veut quoi le garçon ?" Le lendemain, j'en ai parlé avec Yves Guillot, le préfet délégué à la police : il m'a demandé si j'avais noté la plaque de leur voiture. Non...
En 2007, la brigade anticriminalité, la BAC, m'arrête sur les quais du Rhône à Lyon : j'étais sur un Vélo'v. On me demande si j'ai le ticket, si je ne l'ai pas volé. L'autre jour, je me gare en scooter sur le trottoir devant Le Monde. Je vois débouler une voiture, phares allumés : des policiers, mains sur leurs armes, m'arrêtent. Je leur dis que je travaille là. Troublés, ils me demandent ma carte de presse, mais pas mon permis.
Des histoires comme celles-là, j'en aurais tant d'autres à raconter. On dit de moi que je suis d'origine étrangère, un beur, une racaille, un islamiste, un délinquant, un sauvageon, un "beurgeois", un enfant issu de l'immigration... Mais jamais un Français, Français tout court.
Mustapha Kessous
Un conseil signé Thomas Sankara : « l’ennemi n’est pas souvent celui qui te fait face, ça c’est l’adversaire. L’ennemi c’est celui qui est derrière toi, un couteau dans le dos. »
N’étant plus un perdreau de l’année et pouvant afficher une petite expérience, je me permets de vous prévenir : « méfiez-vous », comme le chantait Jean Ferrat, « les flics sont partout ». J’ajoute que dans le panier crabalesque, on trouve les anciens révolutionnaires reconvertis dans les affaires et passés avec armes et bagages au service des médias patronaux, les ex-maoïstes et castristes hystériques d’hier, aujourd’hui retraités cacochymes, les défroqués du PS et du PC, les fouilleurs de poubelles de la CGT, les jeune prétendument guevaristes des Buttes Chaumont.
Bref, tous les aigris souvent reconvertis en revanchards et les nouveaux nés de la lutte contre le capitalisme qui hantent les médias et dispensent leur méthode (la seule bonne) pour transformer la société. Tous, un jour ou l’autre, ont ou vont collaborer avec ceux qu’ils vomissent actuellement. Et alors ?
Un conseil signé Thomas Sankara : « l’ennemi n’est pas souvent celui qui te fait face, ça c’est l’adversaire. L’ennemi c’est celui qui est derrière toi, un couteau dans le dos. »
José Fort
L’alliance sur la base de l’anticommunisme primaire… minable…
L’alliance sur la base de l’anticommunisme primaire… minable…
Ils s’y sont tous mis de l’UMP aux « écologistes » pour prendre Villejuif la Rouge… mais non contents de cet exploit il leur faut effacer le passé de cette ville rouge et de l’un de ses enfants… Georges Marchais était une force de la nature et l’affronter tenait de l’exploit, mais il était dénué de véritable rancune si la bonne foi était mutuelle et si cela ne nuisait pas au parti qu’il avait en charge. J’ai toujours respecté la manière dont il était proche des exploités, des pauvres, des faibles, la manière dont il prétendait leur faire un rempart de sa force. J’aimais aussi la tendresse qu’il éprouvait pour Aragon, la manière dont il a assuré au vieil homme une aide discrète et amicale jusqu’au bout. Alors quand je vois ces gens oser effacer son nom, j’ai l’impression d’un temps qui se désagrège un peu plus dans la haine et le déshonneur… Ils n’auraient pas osé l’affronter vivant, ils crachent sur sa tombe…
C’était un homme superbement intelligent et un travailleur acharné, il était bon, attentif à la misère, respectueux des militants… Que cette bande de nains de toutes obédiences, ce ramassis de minables veuille effacer son nom de la mémoire de sa ville est une infamie, ils ne l’atteignent pas, il se rendent aujourd’hui un peu plus crasseux… Il semble qu’ils aient pris cette décision dans la foulée d’un renforcement de la police, tout un programme… Comme j’aurais aimé qu’il soit là et dresse sa haute silhouette, les toise de son regard bleu pour qu’ils se taisent, parce qu’ils l’auraient fermé, c’est sûr…
Je pourrais dire et tant dire en particulier comme ce chêne fut foudroyé, sa faiblesse était le cœur… Je n’ai qu’un regret que certains de ses camarades si serviles devant lui, le flattant dans ses travers, ne l’aient pas assez défendu, assez honoré sa mémoire, ce qui permet aussi à ces gens-là de se conduire aussi mal…
Peut-être faut-il faire oublier ce qui est dit de toute part encore aujourd’hui : s’il y avait un Georges Marchais, ils n’oseraient pas se conduire contre nous comme ils le font…
Danielle Bleitrach
La stratégie de la peur en Grèce orchestrée par la droite et les forces du capital mise en échec ... pour l'instant la démocratie résiste
Par Vangelis Goulas (coordinateulr de la Section Syriza-Paris) et Vassiliki Papadaki. "Conscient du danger d'un échec au premier tour de l'élection présidentielle, et craignant surtout le verdict populaire sur sa politique d'austérité dictée par la « troïka », le gouvernement grec a eu la mauvaise idée d'utiliser pour protéger son avenir politique l'arme de la peur."
L'élection du candidat choisi par le Premier ministre grec, Antonis Samaras, paraît compromise malgré ses efforts pour recruter des alliés de tout bord.
Photo : Louisa Gouliamaki/AFP
Mercredi 17 décembre s'est tenu au Parlement grec le premier tour de l'élection présidentielle. Une élection dont l'issue, malgré le rôle purement honorifique attribué par la constitution grecque au Président de la démocratie, peut déterminer l'avenir politique grec et provoquer un changement du rapport de forces au sein de l'Europe. Car l'enjeu de cette élection a changé de nature pour deux raisons: par l'usage, d'abord, qu'a voulu en faire le premier ministre grec, Antonis Samaras, en l'utilisant comme une arme pour extorquer le vote d'une nouvelle série de mesures d'austérité, mais aussi par la maladresse de ses soutiens européens qui emportés par l'hybris de leur pouvoir ont bafoué encore une fois les règles élémentaires de la démocratie.
L'espoir d'une victoire politique pour continuer sans entraves la politique de l'austérité
Le 8 décembre, après la décision de l'Eurogroupe de prolonger de deux mois son programme de « sauvetage », le gouvernement grec a décidé, pour tenter sa survie politique, de raccourcir de deux mois le mandat du Président actuel, Karolos Papoulias, et d'avancer au 17 décembre le premier tour de scrutin pour l’élection du président de la République.
La décision de la coalition gouvernementale Samaras-Venizelos, probablement prise en accord avec la troïka, avait également comme objectif de cacher les nouvelles mesures imposées par cette dernière et d'extorquer le vote des députés par chantage. Toutefois, incertain sur l'issue de son initiative, le gouvernement grec s'est assigné un troisième
objectif: celui d'éviter à tout prix l'expression libre et démocratique du peuple grec par le recours aux urnes prévu par la Constitution si la majorité requise des trois-cinquièmes (180 voix) n'est pas atteinte au troisième tour. En effet, la majorité actuelle ne possédant que 155 voix, l'élection du candidat choisi par M. Samaras paraît compromise malgré ses efforts pour recruter des alliés de tout bord.
Conscient de ce danger, et craignant surtout le verdict populaire sur sa politique d'austérité dictée par la « troïka », le gouvernement grec a eu la mauvaise idée d'utiliser pour protéger son avenir politique l'arme de la peur. A. Samaras, a donné le signal à ses troupes en laissant tout d'abord insidieusement circuler une fuite selon laquelle il aurait dit "si SYRIZA passe, il ne restera plus un euro dans les banques". Son fidèle ancien ministre – repêché chez l'extrême droite à l'occasion d'un autre suffrage – A. Georgiadis, a déclaré aussitôt son intention de «sortir son argent de Grèce si le gouvernement tombait". Le ton a continué à monter les jours suivants avec la mobilisation de tous les «personnages familiers» de M. Juncker. Ainsi, l'ex ministres des Finances et actuel gouverneur de la Banque de Grèce, Yannis Stournaras, au mépris du principe de la neutralité auquel le soumet son statut actuel, a déclaré quelques jours avant le premier tour du scrutin:"Au cours de ces derniers jours, la crise a pris des dimensions préoccupantes, la liquidité sur les marchés financiers décroît à un rythme rapide (...) et le risque de dégâts irréparables pour l'économie grecque est très élevé". La frénésie gouvernementale a atteint son paroxysme avec les déclarations de la porte parole du gouvernement, S. Voultepsi: «Nous avons été avertis par les agences de notation internationales que l'annonce d'élections nationales sera considéré comme un événement de crédit pour le pays.» Jusqu'où peuvent ils arriver? Jusqu'à la mise en scène d'un bank run, à l'aide des entrepreneurs sympathisants comme le craint le Président de SYRIZA, Alexis Tsipras?
La décision de la coalition gouvernementale Samaras-Venizelos, probablement prise en accord avec la troïka, avait également comme objectif de cacher les nouvelles mesures imposées par cette dernière et d'extorquer le vote des députés par chantage. Toutefois, incertain sur l'issue de son initiative, le gouvernement grec s'est assigné un troisième
objectif: celui d'éviter à tout prix l'expression libre et démocratique du peuple grec par le recours aux urnes prévu par la Constitution si la majorité requise des trois-cinquièmes (180 voix) n'est pas atteinte au troisième tour. En effet, la majorité actuelle ne possédant que 155 voix, l'élection du candidat choisi par M. Samaras paraît compromise malgré ses efforts pour recruter des alliés de tout bord.
Conscient de ce danger, et craignant surtout le verdict populaire sur sa politique d'austérité dictée par la « troïka », le gouvernement grec a eu la mauvaise idée d'utiliser pour protéger son avenir politique l'arme de la peur. A. Samaras, a donné le signal à ses troupes en laissant tout d'abord insidieusement circuler une fuite selon laquelle il aurait dit "si SYRIZA passe, il ne restera plus un euro dans les banques". Son fidèle ancien ministre – repêché chez l'extrême droite à l'occasion d'un autre suffrage – A. Georgiadis, a déclaré aussitôt son intention de «sortir son argent de Grèce si le gouvernement tombait". Le ton a continué à monter les jours suivants avec la mobilisation de tous les «personnages familiers» de M. Juncker. Ainsi, l'ex ministres des Finances et actuel gouverneur de la Banque de Grèce, Yannis Stournaras, au mépris du principe de la neutralité auquel le soumet son statut actuel, a déclaré quelques jours avant le premier tour du scrutin:"Au cours de ces derniers jours, la crise a pris des dimensions préoccupantes, la liquidité sur les marchés financiers décroît à un rythme rapide (...) et le risque de dégâts irréparables pour l'économie grecque est très élevé". La frénésie gouvernementale a atteint son paroxysme avec les déclarations de la porte parole du gouvernement, S. Voultepsi: «Nous avons été avertis par les agences de notation internationales que l'annonce d'élections nationales sera considéré comme un événement de crédit pour le pays.» Jusqu'où peuvent ils arriver? Jusqu'à la mise en scène d'un bank run, à l'aide des entrepreneurs sympathisants comme le craint le Président de SYRIZA, Alexis Tsipras?
L'inadmissible assistance extérieure à la propagande de la peur
Plus grave encore est de constater que cette propagande de la peur qui atteint directement le peuple grec dans le droit démocratique fondamental, dans le libre exercice de son droit de vote, a été menée avec l'aide étrangère. Les déclarations de Juncker, l'arrivée en Grèce de Moscovici ont suffisamment instillé dans les esprits les germes de cette propagande délétère pour que même les titres des articles de la presse française se fassent le relais de cette soi-disant nécessité pour l'UE de soutenir un gouvernement présenté comme le dernier rempart de la démocratie devant le spectre du « péril rouge ». «L’UE soutient le gouvernement à la veille d’une présidentielle à risque» titrait Libération il y a quelques jours. Le même titre était partagé par L'Express. « L'UE veut éviter l'arrivée de la gauche radicale au pouvoir en Grèce» affichait le lendemain Le Monde.
Mais la stratégie de la peur s'est effondrée
Le premier tour du scrutin présidentiel au parlement grec a été marqué par une défaite politique pour Samaras avec 160 votes "oui", 135 "présents" qui ont refusé d'accorder leur vote, et 5 députés absents, alors même que le gouvernement espérait 166 votes en faveur de son candidat. Les députés grecs conscients du véritable enjeu du scrutin, ont refusé de cautionner la poursuite de la politique d'austérité et de céder au chantage de la peur. « La démocratie ne cède pas au chantage, la décision viendra du peuple. L'alarmisme de ces derniers jours n'a pas porté les fruits qu'espérait le gouvernement de M.Samaras. La stratégie de la peur s'est effondrée » a déclaré après l'annonce des résultats du premier tour A. Tsipras. Quant à M. Samaras, il a déclaré qu'aux deux prochains tours les députés devront prendre en compte le fait que « les conditions sont difficiles et que le pays ne doit pas entrer dans de nouvelles aventures ».
Mais on sait qu'en attendant les prochains tours le gouvernement grec et les pouvoirs financiers qui le soutiennent ne vont pas attendre stoïquement le retournement de l'intention de vote des parlementaires. Les coulisses du pouvoir se mobilisent déjà en pensant à une autre candidature qui pourrait fédérer les députés du centre gauche tout en leur offrant un alibi idéologique pour ne pas les exposer très ouvertement à l'opinion publique. Déjà, avant l'ouverture du scrutin du premier tour; le nom de Mme Damanaki circulait comme candidature probable pour le troisième tour. Selon certains scénarios, la présentation de cette candidature pourrait être accompagnée d'un projet de création d'un gouvernement «à but spécifique» et de la promesse d'élections législatives pour la fin de l'année 2015, afin de permettre l'accomplissement du programme d'austérité dicté par la troïka et de sauvegarder les intérêts des bailleurs de fonds.
Ces scénarios déjà rejetés par SYRIZA peuvent cependant se heurter aussi au refus de A. Samaras et de E. Venizelos qui ne désirent pas forcement renoncer à leur pouvoir personnel.
Quoi qu'il en soit, tous les moyens seront utilisés afin d'éviter le « danger » des élections législatives et le « défaut du pays ».
Mais on sait qu'en attendant les prochains tours le gouvernement grec et les pouvoirs financiers qui le soutiennent ne vont pas attendre stoïquement le retournement de l'intention de vote des parlementaires. Les coulisses du pouvoir se mobilisent déjà en pensant à une autre candidature qui pourrait fédérer les députés du centre gauche tout en leur offrant un alibi idéologique pour ne pas les exposer très ouvertement à l'opinion publique. Déjà, avant l'ouverture du scrutin du premier tour; le nom de Mme Damanaki circulait comme candidature probable pour le troisième tour. Selon certains scénarios, la présentation de cette candidature pourrait être accompagnée d'un projet de création d'un gouvernement «à but spécifique» et de la promesse d'élections législatives pour la fin de l'année 2015, afin de permettre l'accomplissement du programme d'austérité dicté par la troïka et de sauvegarder les intérêts des bailleurs de fonds.
Ces scénarios déjà rejetés par SYRIZA peuvent cependant se heurter aussi au refus de A. Samaras et de E. Venizelos qui ne désirent pas forcement renoncer à leur pouvoir personnel.
Quoi qu'il en soit, tous les moyens seront utilisés afin d'éviter le « danger » des élections législatives et le « défaut du pays ».
En rejetant ces arguments de façade, SYRIZA prône en revanche le recours immédiat aux urnes.
Car le peuple exsangue ne peut pas endurer les maux d'une longue période préélectorale qui par ailleurs ne vise que l'accomplissement d'une politique à ses dépends. Un nouveau départ est nécessaire. Pour la Grèce mais aussi pour le reste de l'Europe. « Celui de la solidarité et de la justice sociale et non pas celui de l’exténuation des sociétés par les programmes d’austérité. Le danger de récession qui menace l’Europe et par ricochet l’économie mondiale fait de ce changement immédiat de la politique de notre pays par un gouvernement de SYRIZA une nécessité pour le salut social de notre pays et un sujet d’émulation pour l’Europe. Nous, nous sommes prêts à négocier et nous multiplions les contacts pour l’élaboration de plans communs et d’associations collaboratives au sein de l’Europe, pendant que le gouvernement Samaras se contente de préserver uniquement son alliance avec le gouvernement allemand et de se soumettre aux décisions des créanciers.
Voilà donc deux approches différentes qui posent le dilemme suivant: Une négociation européenne avec un gouvernement SYRIZA ou la contre-signature de toutes les décisions des créanciers concernant la Grèce par le gouvernement Samaras? SYRIZA ou Nouvelle Démocratie ? » (1)
Voilà donc deux approches différentes qui posent le dilemme suivant: Une négociation européenne avec un gouvernement SYRIZA ou la contre-signature de toutes les décisions des créanciers concernant la Grèce par le gouvernement Samaras? SYRIZA ou Nouvelle Démocratie ? » (1)
(1) Extrait du discours de Thessalonique d'Alexis Tsipras
Vangelis Goulas (coordinateur de la Section Syriza-Paris) et Vassiliki Papadaki
mardi 25 novembre 2014
Un enfant est mort.Nous voulons saluer la mémoire de Magomedkhan, 11 ans, mort dans un parking, jeudi soir, et témoigner notre solidarité à sa famille.
Communiqué des associations :
24 novembre 2014
Un enfant est mort.
Nous voulons saluer la mémoire de Magomedkhan, 11 ans, mort dans un parking, jeudi soir, et témoigner notre solidarité à sa famille.
Depuis son arrivée en France en 2009, avec ses parents fuyant les persécutions et demandant un Asile qu'on leur a refusé, Magomedkhan s’est retrouvé sans ressources avec sa mère et ses 3 frères.
L'urgence était pourtant criante :
- Une mère isolée avec 4 enfants mineurs dont un enfant lourdement handicapé ;
- Cette mère disposant d'une autorisation provisoire de séjour renouvelée tous les 6 mois ;
- Des documents délivrés par la préfecture, mais sans le droit au travail ;
- Cette mère sans aucune ressources ni allocations pour l'éducation des enfants ;
- Un hébergement d'urgence de 9m2 obtenus depuis peu, après de longues procédures.
Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir saisi, à de multiples reprises, les institutions concernées pour obtenir la carte de séjour qui aurait pu permettre à la famille de stabiliser sa situation, un hébergement dans un CHRS, le droit pour l'enfant handicapé à pouvoir bénéficier d'une aide matérielle....
C'est dans ces conditions que la famille n’a jamais pu poser ses maigres valises dans un endroit stable et sécurisant alors que l'association Habitat et Citoyenneté a alerté les services sociaux sur la nécessité impérieuse d'obtenir une place dans un centre d'hébergement et de réinsertion.
Jamais Magomedkhan n'a eu droit à un bout de chambre à lui, ni à un bureau pour faire ses devoirs, ni à des repas assurés chaque jour, encore moins à des loisirs.
Malgré cela, il a beaucoup investi dans l’école, seule institution accueillante.
Depuis ses 7 ans, le petit Magomedkhan faisait le traducteur de toutes les démarches administratives de sa mère, de ses frères ; il accompagnait sa mère dans les hôpitaux, celle-ci n'ayant jamais eu le temps de se rendre à des cours de français, ne pouvant laisser seul l’enfant malade.
Magomedkhan attendait le soir que la boulangerie du quartier ferme pour rapporter le pain non vendu à la maison et cela, tout le monde le savait.
Seules les associations humanitaires et militantes ainsi que des citoyen-nes bénévoles ont apporté leur aide à cette famille, pour se nourrir, se vêtir ....
Magomedkhan, enfant lumineux et joueur en dépit de tout, comme tous les enfants, avait besoin de loisirs. Il a grandi trop vite comme la plupart des enfants dans sa situation, enfant d'étrangers fuyant des pays où leur vie ne vaut pas cher.
Ce soir-là, il était sorti retrouver des copains… pour oublier ? pour respirer ? pour avoir un peu d'espace ?
Sa mère a bien essayé de le joindre au téléphone mais…
Ce n'est pas seulement une bombe aérosol qui a tué Magomedkhan, ce sont surtout les violences institutionnelles subies par sa famille en contradiction totale avec la CIDE(Convention Internationale des Droits de l'Enfant) dont nous venons de célébrer l'anniversaire.
"l'intérêt supérieur de l'enfant " dont parle cette Convention signée par la France, ce n'était pas pour lui, ni pour ses frères, ni pour tous les petits Magomedkhan qui grandissent dans notre beau pays.
Premiers signataires :
ADN ; Amnesty International Nice ; CIMADE ; COVIAM ; Habitat&citoyenneté ; LDH Cannes ; LDH Nice ; MRAP ; RESF 06 ; Secours Catholique ; …
…
contact : Hubert Jourdan 06 21 41 23 82
RESF organise une collecte pour venir en aide à la maman :
Vous pouvez apporter ou envoyer (et même recueillir autour de vous) :
- Soit au cercle de silence de Masséna, ce mardi 25 novembre.
- Soit chez Habitat&Citoyenneté , 28 rue Dabray, Nice (mardi et vendredi)
- Soit à MRAP (« pour Magomed ») voir consignes en attaché.
Vous vous souvenez ? ▶ Qui a tué Davy Moore - Graeme Allwright https://www.youtube.com/watch? v=4uzdYyRBXFU
[Refrain] :
Qui a tué Davy Moore?
Qui est responsable et pourquoi est-il mort?
Ce n'est pas moi, dit l'arbitre, pas moi.
Ne me montre pas du doigt!.
Bien sûr, j'aurais peut-être pu l'sauver
si au huitième j'avais dit "assez!",
mais la foule aurait sifflé:
ils en voulaient pour leur argent, tu sais,
C'est bien dommage, mais c'est comme ça.
Y' en a d'autres au-dessus de moi.
C'est pas moi qui l'ai fait tomber,
vous n'pouvez pas m'accuser!
[Refrain]
Ce est pas nous, dit la foule en colère,
nous avons payé assez cher.
C'est bien dommage, mais entre nous,
nous aimons un bon match, c'est tout.
Et quand ça barde, on trouve ça bien,
mais vous savez, on n'y est pour rien.
C'est pas nous qui l'avons fait tomber,
vous n'pouvez pas nous accuser!
[Refrain]
Ce n'est pas moi, dit son manager à part
tirant sur un gros cigare.
C'est difficile à dire, à expliquer
J'ai cru qu'il était en bonne santé.
Pour sa femme, ses enfants, c'est bien pire,
mais s'il était malade, il aurait pu le dire.
C'est pas moi qui l'ai fait tomber,
vous n'pouvez pas m'accuser!
[Refrain]
Ce n'est pas moi, dit le journaliste de la Tribune
tapant sur son papier pour la Une.
La boxe n'est pas en cause, tu sais:
dans un match de foot y' a autant d'dangers.
La boxe, c'est une chose saine,
ça fait partie de la vie américaine.
C'est pas moi qui l'ai fait tomber,
vous n'pouvez pas m'accuser!
[Refrain]
Ce n'est pas moi, dit son adversaire le Caïd
qu'a donné le dernier coup mortel.
De Cuba il a pris la fuite
où la boxe est maintenant interdite.
Je l'ai frappé, bien sûr, ça c'est vrai
mais pour ce boulot on me paie.
Ne dites pas que je l'ai tué, et après tout
c'est le destin, Dieu l'a voulu.
[Refrain]
Qui a tué Davy Moore?
Qui est responsable et pourquoi est-il mort?
Ce n'est pas moi, dit l'arbitre, pas moi.
Ne me montre pas du doigt!.
Bien sûr, j'aurais peut-être pu l'sauver
si au huitième j'avais dit "assez!",
mais la foule aurait sifflé:
ils en voulaient pour leur argent, tu sais,
C'est bien dommage, mais c'est comme ça.
Y' en a d'autres au-dessus de moi.
C'est pas moi qui l'ai fait tomber,
vous n'pouvez pas m'accuser!
[Refrain]
Ce est pas nous, dit la foule en colère,
nous avons payé assez cher.
C'est bien dommage, mais entre nous,
nous aimons un bon match, c'est tout.
Et quand ça barde, on trouve ça bien,
mais vous savez, on n'y est pour rien.
C'est pas nous qui l'avons fait tomber,
vous n'pouvez pas nous accuser!
[Refrain]
Ce n'est pas moi, dit son manager à part
tirant sur un gros cigare.
C'est difficile à dire, à expliquer
J'ai cru qu'il était en bonne santé.
Pour sa femme, ses enfants, c'est bien pire,
mais s'il était malade, il aurait pu le dire.
C'est pas moi qui l'ai fait tomber,
vous n'pouvez pas m'accuser!
[Refrain]
Ce n'est pas moi, dit le journaliste de la Tribune
tapant sur son papier pour la Une.
La boxe n'est pas en cause, tu sais:
dans un match de foot y' a autant d'dangers.
La boxe, c'est une chose saine,
ça fait partie de la vie américaine.
C'est pas moi qui l'ai fait tomber,
vous n'pouvez pas m'accuser!
[Refrain]
Ce n'est pas moi, dit son adversaire le Caïd
qu'a donné le dernier coup mortel.
De Cuba il a pris la fuite
où la boxe est maintenant interdite.
Je l'ai frappé, bien sûr, ça c'est vrai
mais pour ce boulot on me paie.
Ne dites pas que je l'ai tué, et après tout
c'est le destin, Dieu l'a voulu.
[Refrain]
lundi 24 novembre 2014
Une lettre perdue, pour Pier Paolo Pasolini "Communiste de l’âge des premiers chrétiens"
Pour Pier Paolo Pasolini
Une lettre perdue, pour Pier Paolo Pasolini
Communiste de l’âge des premiers chrétiens
tu marches les pieds nus sur un chemin de terre
le long d’un terrain vague dans les faubourgs de Rome.
le long d’un terrain vague dans les faubourgs de Rome.
Un engin de travaux publics, une excavatrice, rouille
sur le chantier qui semble abandonné
au milieu de la glaise des fondrières.
sur le chantier qui semble abandonné
au milieu de la glaise des fondrières.
Tu as connu la lumière de la Résistance
mais aussi l’aveuglement des feux de camp
et le jour blanc qui n’en finit pas.
mais aussi l’aveuglement des feux de camp
et le jour blanc qui n’en finit pas.
Les buissons portent des couronnes de baies
noires à l’endroit où ton frère a perdu son sang
;d’elles, on dit qu’elles sont un poison violent.
noires à l’endroit où ton frère a perdu son sang
;d’elles, on dit qu’elles sont un poison violent.
C’est dans la brume d’une fin d’été que s’évapore l’Italie
des jeunes paysans en habits de velours
qui se promènent, un rossignol entre les mains.
des jeunes paysans en habits de velours
qui se promènent, un rossignol entre les mains.
Et toi marchant vers eux tu cherches en vain
une religion de l’amour pour relier les hommes
et unifier la Terre.
une religion de l’amour pour relier les hommes
et unifier la Terre.
Tu as déserté l’église où nul dieu ne loge
et ramassé les cendres de Gramsci pour les faire danser
dans la lumière d’un cinéma de plein air.
et ramassé les cendres de Gramsci pour les faire danser
dans la lumière d’un cinéma de plein air.
Sur la décharge à flanc de colline flambe l’âcre feu
des années soixante où brûlent les ordures
de la société de consommation.
des années soixante où brûlent les ordures
de la société de consommation.
Frère terrestre, frère impur hanté par l’idée
de la pureté, misérablement humain
qui se déchire aux épines du chemin.
de la pureté, misérablement humain
qui se déchire aux épines du chemin.
Non pas Homme nouveau, ni peut-être total,
mais l’homme antique, le toujours changeant
qui se sent au printemps comme neuf.
mais l’homme antique, le toujours changeant
qui se sent au printemps comme neuf.
Sempiternelle question de la nature humaine…
« L’homme est un processus, disait Gramsci,
le processus de ses actes. »
« L’homme est un processus, disait Gramsci,
le processus de ses actes. »
Ton destin était d’être un passager inquiet
en ce monde déraisonnable et beau
où sont menacés le sens et la beauté.
en ce monde déraisonnable et beau
où sont menacés le sens et la beauté.
Ce fut à l’apogée du communisme italien
que tu le vis de l’intérieur dévoré
par la sociale démocratie, la conquête de l’Etat,
que tu le vis de l’intérieur dévoré
par la sociale démocratie, la conquête de l’Etat,
Le charme discret de la bourgeoisie et les séductions
du pouvoir. Une Alfa Roméo le doublant sur la route
fait déraper le triporteur dans le fossé…
du pouvoir. Une Alfa Roméo le doublant sur la route
fait déraper le triporteur dans le fossé…
Le temps de la révolution est-il donc passé ?
« Notre histoire est finie », disais-tu.
Pourtant, la moitié du monde va toujours nu-pieds.
« Notre histoire est finie », disais-tu.
Pourtant, la moitié du monde va toujours nu-pieds.
Nous n’avons pas su inventer encore
une vie nouvelle frugale et matinale
où tous auraient leur place.
une vie nouvelle frugale et matinale
où tous auraient leur place.
L’aura d’une aube dédorée auréole tes traits.
Les révolutionnaires ont (mais pas toujours)
le sens du sacré, de la vie, de l’amour.
Les révolutionnaires ont (mais pas toujours)
le sens du sacré, de la vie, de l’amour.
Dans la passion désespérée d’être au monde
« Ce n’est qu’aimer et que connaître,
disais-tu, qui compte ».
« Ce n’est qu’aimer et que connaître,
disais-tu, qui compte ».
Près des panneaux publicitaires, sur le trottoir
qu’envahissent les herbes folles, les jeunes en Vespa
portent en eux un dieu qu’ils ne connaissent pas.
qu’envahissent les herbes folles, les jeunes en Vespa
portent en eux un dieu qu’ils ne connaissent pas.
On t’a retrouvé, toi que blessaient les stigmates
de tous ; ton corps martyrisé sur la plage d’Ostie,
massacré par des voyous, des fascistes.
de tous ; ton corps martyrisé sur la plage d’Ostie,
massacré par des voyous, des fascistes.
Tu es dans la bouche du peuple comme une hostie
que certains recrachent sur la route
mais tes poèmes valent mieux que le vin de messe.
que certains recrachent sur la route
mais tes poèmes valent mieux que le vin de messe.
Les prolétaires qui sont les plus nombreux
sont toujours seuls sur la Terre.
Déshérités ils contemplent le petit jour
sont toujours seuls sur la Terre.
Déshérités ils contemplent le petit jour
qui se lève sur la vallée… Tandis que dans leurs villas
quelques privilégiés négocient un contrat
de cryogénisation pour l’au-delà.
quelques privilégiés négocient un contrat
de cryogénisation pour l’au-delà.
Ils ont comploté de coloniser l’univers
mais nous, nous ne comptons pas sur les extra-terrestres.
Nous ne rêvons pas de partir… la vraie vie est ici.
mais nous, nous ne comptons pas sur les extra-terrestres.
Nous ne rêvons pas de partir… la vraie vie est ici.
Quand nous aurons détruit la Terre, pourra-t-on
exfiltrer toute l’humanité ? Si la seule vie
est ici-bas, le salut commun est dans le partage.
exfiltrer toute l’humanité ? Si la seule vie
est ici-bas, le salut commun est dans le partage.
21 novembre 2014
Ce poème est paru dans le numéro 235 de Cerises
vendredi 7 novembre 2014
Pour Edward Snowden, le meilleur moyen de protéger sa vie privée en ligne, c'est de laisser tomber les services comme Google, Facebook et Dropbox
Pour Edward Snowden, le meilleur moyen de protéger sa vie privée en ligne, c'est de laisser tomber les services comme Google, Facebook et Dropbox. C'est ce qui ressort de l'interview que l'homme à l'origine des révélations sur la NSA a accordée ce week-end dans le cadre du New Yorker Festival. Le site Techcrunch revient sur les conseils distillés par Snowden.
Première recommandation : ne pas utiliser les services "hostiles à la vie privée", comme DropBox, qui ne permettent pas de crypter les données. Snowden précise que même si Facebook et Google ont amélioré leur niveau de sécurité, ils restent des services "dangereux". Techcrunchsouligne avec ironie que "les internautes qui suivaient l'interview en direct sur Google Hangouts ou YouTube pouvaient voir un logo Google au-dessus du visage de Snowden en même temps qu'il prononçait ces mots". Dernier conseil de Snowden : "N'envoyez pas de SMS non cryptés. Utilisez les services comme RedPhone et Silent Circle [des applications de cryptage pour smartphone]."
"C'est le gouvernement qui doit se justifier"
"Certains disent qu'ils n'ont 'rien à cacher', mais dire cela, c'est inverser les responsabilités", a expliqué Edward Snowden. "Dire : 'Je n'ai rien à cacher', cela revient à dire : 'Je me fiche de ce droit'. C'est dire : 'Je ne dispose tellement pas de ce droit que j'en suis arrivé au point où je dois m'en justifier'. Alors que normalement, c'est le gouvernement qui doit se justifier de ne pas respecter vos droits", a-t-il développé, pour appuyer son appel à une réforme de la politique américaine en matière de respect de la vie privée.
(L'intégralité de l'interview est visible ci-dessous)
jeudi 6 novembre 2014
Total et de Margerie : du pétrole et du gaz couleur de sang /Pour moi cette mort du PDG de TOTAL n'éveille en moi aucune compassion , n'en déplaise aux bourgeois !
La mort de Christophe de Margerie, Président Directeur Général du groupe Total, survenue le 20 octobre 2014 dans un accident d’avion, a été l’occasion d’un concert quasi-unanime de louanges pour l’homme et pour la multinationale qu’il dirigeait. C’est l’occasion pour nous de nous arrêter sur les activités de ce groupe, avant et pendant la présidence de Monsieur de Margerie. C’est également le prétexte que nous saisissons pour revenir sur quelques concepts de base ignorés du discours journalistique : impérialisme, capital financier, etc. Au-delà de la désinformation médiatique mais nous basant sur ces concepts ainsi que sur quelques faits précis, le pétrole et le gaz de Total apparaissent singulièrement tachés du sang des victimes de l’impérialisme français.
« Chaque goutte de pétrole est une goutte de sang »
Clémenceau
L’héritage de Total
A entendre nos médias classiques, les louanges à l’égard de Christophe de Margerie sont quasi-unanimes. François Hollande souligne qu’il « défendait avec talent l’excellence et la réussite de la technologie française à l’étranger (1) ». Manuel Valls, Emmanuel Macron et Jean Pierre Chevènement le qualifie de « grand capitaine d’industrie (2) ». Des propos similaires sont tenus à droite par Nicolas Sarkozy, par exemple, qui considère le PDG de Total comme « un homme qui avait apprivoisé la mondialisation (3) » ou au MEDEF par Pierre Gattaz qui salue « le visionnaire (4) », etc.
En prenant la direction du Groupe Total en 2007, Christophe de Margerie a pris la tête d’une multinationale déjà riche d’une longue histoire qu’il n’est pas inutile de rappeler. L’ancêtre de Total est la Compagnie Française de Pétrole créée en 1924 pour l’exploitation du pétrole du Moyen-Orient, qui diversifie progressivement ses activités en les étendant au gaz mais aussi au raffinage, à la distribution et à la chimie, et s’implante dans plus de 130 pays. La Compagnie devient Total-CFP en 1985, puis Total en 1991, Totalfina en 1999 après sa fusion avec Pétrofina et enfin Total-Fina-Elf après fusion avec Elf Aquitaine. La multinationale française fait partie des « majors » c’est-à-dire des six plus grandes compagnies pétrolières privées mondiales. Avec un chiffre d’affaires de 288,88 milliards de dollars et un bénéfice de 11, 20 milliards de dollars en 2013, elle est classée onzième dans le classement des 500 entreprises les plus importantes du magazine Fortune (5). Mais l’héritage de Total ne se limite pas à ces chiffres impressionnants. Il se trouve également dans des événements politiques auxquels Total a été mêlé. Donnons quelques exemples de cet héritage politique en commençant par l’attitude du groupe envers les régimes racistes d’Afrique du Sud et de Rhodésie.
La CFP est présente en Afrique du Sud depuis 1956. Devenue Total-CFP en 1989, la multinationale a des intérêts dans le pays du racisme officiel, dans les secteurs des mines, du charbon, de l’énergie solaire, des chemins de fer, de la distribution d’essence avec un réseau de 700 stations, etc. Elle est en outre fournisseuse de l’armée et de la police sud-africaine. Elle collabore au régime de l’apartheid jusqu’à la chute de celui-ci en lui permettant de contourner l’embargo pétrolier décidé par l’ONU en 1977.
« Les pipe-lines secrets sud-africains transportent bien du pétrole à l’aller, souligne Franck Teruel en 1989, au retour, ils amènent de l’uranium à Pierrelatte via Marseille. Ceci expliquant cela : l’Afrique du sud n’a jamais manqué de pétrole (6) ». Les associations anti-apartheid ciblent directement le groupe Total au cours de la décennie 80. En 1986, Sophie Passebois intitule un dossier spécial d’un titre éloquent : Total : le carburant de l’apartheid (7). Une vingtaine d’associations lancent à la même période une campagne intitulée « Pour le retrait de Total d’Afrique du Sud et de Namibie », dont le texte d’appel précise : « L’Afrique du Sud n’a pas de pétrole : c’est son « talon d’Achille ». Soumise à un embargo pétrolier, elle a besoin de la complicité des compagnies pétrolières occidentales comme Total (8). »
Les profits de Total de cette période sont liés aux crimes de l’apartheid en Afrique du Sud et en Rhodésie.
Au Cameroun, c’est la racine « Elf » de la multinationale que nous retrouvons en action dans la décennie 70. L’assassinat d’Um Nyobe par l’armée française a permis la transition vers un régime néocolonial entièrement inféodé à Paris. Le président Hamadou Ahidjo soutenu par Paris met en œuvre une répression sanglante de 1961 à 1971. La société Elf contrôle le secteur pétrolier et assure un soutien indéfectible au dictateur. « Elf Aquitaine, fauteur de fascisme (9) » titre l’écrivain camerounais Mongo Beti. Le successeur d’Ahidjo, Paul Biya, est aussi porté à bout de bras par la multinationale française. L’ancien directeur des « affaires générales » d’Elf le reconnaît lui-même :
« Un jour, j’étais reçu à la présidence camerounaise par le président Paul Biya. Il avait besoin de 45 millions pour sa campagne. J’étais seul avec lui, ces gars-là, ils ne font confiance à personne. Ils ont besoin de cash et ils ont besoin que ce cash échappe à leur ministre des Finances. C’est pour cela que le groupe Elf monte des off-shore qui échappent à tout contrôle (10) »
La situation est similaire en République du Congo où Sassou-Nguesso est porté à bout de bras par la multinationale. Ce dictateur ne doit son retour au pouvoir en 1997 qu’à une guerre civile de quatre mois entièrement financée par le groupe pétro-gazier. Le journaliste belge David Servenay affirme aussi que « les hommes d’Elf ont financés des trafics d’armes au Congo-Brazzaville (11) ». Le président d’honneur de la fédération des Ligues des Droits de l’Homme est encore plus explicite : « Le pétrole a bâillonné la démocratie. La société Elf, devenue Total, avec l’entier appui complice des autorités françaises, a manœuvré en coulisse pour s’assurer la mise en place d’un pouvoir congolais aussi bienveillant que compromis (12) ». Nous aurions pu également citer la guerre du Biafra et le soutien actif d’Elf à la rébellion (13) ou le Gabon d’Omar Bongo (14)
Au Cameroun, au Congo, au Nigeria ou au Gabon, comme dans beaucoup d’autres pays africains, Total est un faiseur de dictatures et de dictateurs.
La continuité de Christophe de Margerie
La présidence de Christophe de Margerie reste dans la continuité des pratiques antérieures de la CFP et d’Elf. Le soutien à la junte birmane commence avant de Marjorie mais se poursuit avec lui. La junte militaire était pourtant critiquée par l’Organisation Internationale du Travail en 2000 pour la pratique du travail forcé caractérisé comme « une forme contemporaine d’esclavage (15) ». La multinationale est présente en Birmanie depuis la signature en 1992 d’un contrat pour l’exploitation de la nappe de gaz du golfe de Martaban. Elle est également le principal investisseur du pays avec 31,24 % du total des investissements (16). Le groupe pétro-gazier ne nie même pas l’existence de travail forcé à son profit. Le président de son « comité d’éthique » déclare cyniquement en 2001 : « Lorsqu’un cas de travail forcé est porté à notre connaissance, nous nous efforçons d’apporter une compensation (17) ». Avec de Marjorie, la présence de Total se renforce encore. Le 3 septembre 2012, le groupe annonçait « avoir acquis 40 % dans un bloc d’exploration d’hydrocarbures au large de la Birmanie (18) ».
Pourtant le même déclarait en 2007 que « Total ne se retirerait pas de Birmanie » mais « qu’investir dans ce pays aujourd’hui serait une provocation (19). » Il est vrai que, depuis 2011, le gouvernement birman s’est donné une apparence plus présentable par la mise en place d’un « gouvernement civil ». Les militaires continuent d’occuper 25 % des sièges du parlement et de contrôler les secteurs clefs de l’économie. Les profits de Total avant et après la nomination de Christophe de Margerie sentent aussi l’esclavage contemporain.
Au Nigeria, Total développent ses activités par l’expulsion de plusieurs dizaines de milliers de paysans de la communauté EGI de leurs terres dans l’État Rivers (20). Le groupe pétrolier a d’ailleurs été nominé en 2014 par un collectif d’ONG pour le prix Pinocchio avec le commentaire suivant : « Au Nigeria, Total a réussi à imposer son empire en divisant les communautés locales et en multipliant les programmes « RSE », pour mieux cacher le désastre environnemental et l’accaparement de terres que provoquent ses projets pétroliers et gaziers (21). » Le prix est décerné à l’entreprise ayant mené la politique la plus agressive en termes d’appropriation, de surexploitation ou de destruction des ressources naturelles. Le groupe pétrolier peut se targuer d’être souvent nominé. Ainsi en 2008, il l’était dans la catégorie « mains sales poches pleines » et « plus vert que vert » et, en 2009, dans la catégorie « « Une pour tous, tous pour moi » et « mains sales poches pleines ». Total, sous la direction de Christophe de Margerie, doit une partie de ses profits à l’expulsion des paysans de leurs terres comme au temps béni des colonies.
Pour sa part, la précipitation du gouvernement français à intervenir en Libye ne peut pas ne pas être mise en lien avec les résultats de la guerre : « Qui était parmi les tout premiers Français à venir début mars à Benghazi encourager les insurgés libyens ? Un représentant de Total. Et l’entreprise peut aujourd’hui se frotter les mains : l’empressement de l’Elysée à reconnaître le CNT, comme à défendre l’intervention militaire, a fait rentrer le groupe dans les bonnes grâces du futur régime » fait justement remarqué le Journal l’Humanité du 24 août 2011.
Le ministre des Affaires Etrangères de l’époque était d’ailleurs limpide sur les réels buts de guerre : « On nous dit que cette opération en Libye coûte cher, mais c’est aussi un investissement pour l’avenir (22). » Enfin le journal Libération se faisait l’écho dans son édition du premier septembre 2011 (23) d’une lettre du Conseil National de transition promettant 35 % du brut libyen à l’État français.
Un pays plongé dans le chaos total et au moins 60 000 morts, voilà le coût des intérêts de Total sous la direction de de Margerie en Libye.
Arrêtons là l’énumération. Nous aurions pu souligner la coïncidence entre la découverte dans le bassin de Taoudenni (Chevauchant l’Algérie, la Maurétanie et le Mali) d’importantes réserves de pétrole et l’intervention française au Mali ou encore la coïncidence entre des contrats signés avec la Chine pour l’exploitation du pétrole centrafricain et l’intervention française dans ce pays. Le journal Le Canard Déchaîné commente ainsi la coïncidence malienne :
« Mais à en croire une source, généralement dans le secret des dieux, le Groupe français, Total, serait en train d’explorer les bassins pétroliers de Taoudéni. Avec « l’autorisation » des autorités maliennes. Du côté du ministère des Mines, le silence est assourdissant. Jugée gênante, la question est balayée du revers de la main.
Partout, la réponse, le même refrain : « Nous ne sommes pas au courant ! ».
Intervenue, militairement, le 11 janvier 2012, pour stopper l’avancée des djihadistes vers le sud, la France se voit attribuer des licences d’exploration, voire d’exploitation, du bassin pétrolier de Taoudéni. Sans débourser le moindre euro. Contrairement aux multinationales dûment mandatées. Et, plus grave, sans en informer les Maliens, propriétaires légitimes de ces gisements. On ne regrette d’avoir choisi la France que lorsqu’il est trop tard !! (24) »
Encore un malien adepte de la théorie du complot, diront les faiseurs d’opinions.
Questions de vocabulaire
Bien sûr Christophe de Margerie n’est pas le cœur du problème. Il n’était qu’un outil compétent au service d’intérêts plus puissants : ceux des actionnaires du groupe Total. Regardons donc de plus près le groupe et ses actionnaires. Il suffit de se souvenir des noms successifs du groupe pétrolier pour saisir le caractère monopolistique de Total. Les fusions successives avec Elf-Aquitaine et avec Pétrofina encouragées par l’État mettent le groupe Total en situation de monopole pour le secteur pétro-gazier français avec, pour l’année 2013, 104 milliards d’euros de capitalisation boursière (première capitalisation du CAC 40), un chiffre d’affaires de 189,542 milliards d’euros et un résultat de 8,44 milliards d’euros (25). La première caractéristique du groupe Total est bien son caractère monopolistique.
Regardons maintenant du côté des actionnaires. Rappelons que la création de la Compagnie Française de Pétrole (CFP), l’ancêtre de Total en 1924, est le fait de la Banque de Paris et des Pays Bas (elle-même ancêtre de l’actuelle BNP-Paribas) qui deviendra ultérieurement Paribas. La première banque française est à la fois un des leaders au monde du négoce de matières premières, et en particulier de pétrole et de gaz, et un partenaire privilégié de Total. Pour entrer dans son capital, le groupe Total conseille aux candidats de s’adresser à son « établissement financier mandataire, BNP Paribas Securities Services (26) ».C’est cette banque que Total mandate lorsqu’elle veut acheter ou vendre un gisement comme en septembre dernier pour la vente du gisement nigérian d’Usan (27).
Les intérêts des deux géants sont indissociables et illustrent ce qu’Hilferding et Lénine appelaient déjà le capital financier c’est-à-dire la « fusion ou l’interpénétration des banques et de l’industrie, voilà l’histoire de la formation du capital financier et le contenu de cette notion (28) ». La première caractéristique du capital de Total est bien d’être un capital financier.
Quant aux profits de Total, ils avoisinent des sommets depuis de nombreuses années : 13,9 milliards d’euros en 2008, 7,8 milliards en 2009, 10,28 milliards en 2010, 12,3 milliards en 2011, 10,7 milliards en 2012. L’utilisation de ces superprofits est elle-même significative. Total a reversé 34 milliards d’euros à ses actionnaires entre 2005 et 2010, soit en moyenne 45 % de ses bénéfices. En outre, le groupe ne paye aucun impôt sur les sociétés en France en 2010 et seulement 900 milliards en 2013. Que ce soit au niveau des montants des profits ou de leurs taux, c’est bien l’exigence d’un profit maximum que posent les actionnaires.
Monopole, capital financier et profit maximum, ces trois caractéristiques ressemblent étrangement à ce que Lénine appelait : l’impérialisme. Il est vrai que l’offensive idéologique des classes dominantes pousse à l’invention d’une novlangue libérale reprise en écho et en chœur par les journalistes des médias traditionnels : classe sociale devient catégorie sociale, conquête sociale se transforme en acquis sociaux et le gestionnaire de l’impérialisme qu’était de Margerie se mute en « capitaine d’industrie ».
Christophe de Margerie n’éveille en nous aucune compassion. Nous assumons de réserver notre tristesse et nos pensées aux multiples victimes de la course effrénée aux profits suscitant les guerres du gaz et du pétrole qui se succèdent les unes aux autres.