vendredi 8 avril 2011
L'Apartheid à Hébron ; Mandéla vient voir!!
Tu as sûrement lu des articles sur la situation dans la ville de Cisjordanie de Hébron où 800 colons juifs vivent au milieu de 170 000 Palestiniens. Mais c’est autre chose de se trouver sur place. Voir ce que tu vois, te donne mal au ventre. Voir ce que tu vois te fais immanquablement penser à un mot qui commence par "A".
Depuis les années 1970 des colons radicaux revendiquent des propriétés de Hébron que des Juifs possédaient avant l’établissement de l’état d’Israël en 1948. Aujourd’hui il y a des affiches partout qui proclament le droit divin des colons à la ville, en citant les paroles de la Torah ("Les enfants sont revenus dans leurs frontières" Jérémie 31, 17) et rappelant le massacre de 66 Juifs par leurs voisins arabes.
Je n’ai trouvé aucune mention du massacre de 1994 qui a eu lieu à la mosquée Ibrahimi dans la tombe des Patriarches au cours duquel Baruch Goldstein, un docteur israélien originaire des USA, a ouvert le feu sur des musulmans en prière faisant 29 morts et 125 blessés. Quand les Palestiniens en colère sont sortis dans les rues de Hébron, les forces de défense israéliennes ont imposé un couvre-feu aux Palestiniens, qui ne leur laissait que quelques heures par jour pour sortir faire les courses.
D’abord on nous massacre, ensuite on nous punit, ont rétorqué les Palestiniens furieux. Pourquoi ne pas imposer un couvre-feu aux Juifs extrémistes ? Pourquoi le fardeau de la sécurité des Juifs doit-il retomber sur nous ?
A chaque nouvelle éruption de violence, l’armée israélienne a imposé de nouvelles restrictions aux Palestiniens. Le Protocole de Hébron de 1997, un accord diplomatique signé entre Israël et l’Organisation de Libération de la Palestine avec l’aide de l’administration de Clinton, a divisé officiellement la ville. Les Palestiniens ont la responsabilité de la plus grande partie de Hébron appelé secteur H-1 et le secteur H-2 -qui couvre les 18% de la ville où les colons se sont installés- est resté sous le contrôle de l’armée israélienne.
Au bout de 14 ans de ce régime, la rue principale ressemble à une ville fantôme, les bâtiments qui s’écroulent sont couverts de graffitis en hébreu : "Les Juifs n’achètent qu’aux Juifs", "Pas d’arabes ni de rats" et pire encore. Mon coeur se soulève en lisant ces mots pleins de haine mais plus encore en voyant que la rue est divisée physiquement en deux, d’un côté les Palestiniens, de l’autre les Juifs -le côté le plus large pour les Juifs- et tout cela sous la surveillance des soldats. Ofran me dit que certains Palestiniens doivent passer par les toits pour rentrer chez eux parce que les rues leur sont interdites.
Issa Amro, un militant palestinien des droits de l’homme, nous a brossé, en 10 petites minutes, un portrait effrayant de l’occupation israélienne du secteur H-2 et de ses 18 checkpoints. Bien que natif de Hébron, certaines rues lui sont interdites. Bien qu’il pratique la non violence, il est soumis à la loi militaire tandis que le colons le plus radical est soumis au droit civil. Il nous expliqué que les Palestiniens peuvent être détenus sans jugement pendant plusieurs jours mais les Israéliens seulement 24 heures. Les Palestiniens doivent barricader leurs fenêtres pour se protéger des pierres que lancent les colons car l’armée ne protège pas leurs maisons. Il nous a raconté qu’il y a deux ans une femme a accouché au checkpoint parce que les ambulances palestiniennes ont besoin d’autorisations spéciales pour passer d’un secteur à l’autre. Des douzaines de routes ont été bloquées avec des barrières en ciment pour empêcher les Palestiniens de se déplacer librement.
Si on ouvre les yeux et qu’on regarde les choses en face, on est obligé d’admettre l’impensable - "A" pour arrogance et, oui, pour apartheid. Cela me fait mal rien que d’écrire ce mot.
Les Juifs qui aiment la justice ne peuvent pas nier plus longtemps ce que les autorités israéliennes font à Hébron ; on n’a pas le droit de dire qu’on ne savait pas.
Letty Cottin Pogrebin, a fondé et dirige Ms. Magazine, est l’auteur de neuf livres, et a été présidente de Americans for Peace Now.
Pour consulter l’original : http://countercurrents.org/pogrebin...
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