lundi 12 mars 2012
Les médias nous mentent sur les Grecs. Comment ? En recopiant sans aucune analyse critique ce cliché de Merkel et Sarkozy : « Les Grecs ont vécu au-dessus de leurs moyens ». Double manip : 1. « Les » Grecs, ça n’existe pas. 2. Les donneurs de leçons sont en réalité les coupables.
Manip n° 2. Merkel et Sarko se présentent en généreux humanitaires soucieux de sauver les Grecs. C’est le coup du pompier pyromane. Qui a, en été 2009, au plus fort de la crise, forcé le gouvernement grec à débourser 2,5 milliards € pour six frégates françaises ? Sarkozy. Qui leur a fourgué six sous-marins pour 5 milliards € ? Merkel. Ajoutez 400 millions pour quinze hélicoptères de combat du franco-allemand EADS, et vous arrivez à 7,9 milliards € gaspillés ! Alors que la Grèce occupe déjà la cinquième place au palmarès mondial des plus grands acheteurs d’armes conventionnelles. Merci l’Otan !
On parle de la « corruption grecque ». Fort bien. Que va faire l’UE contre Siemens qui a distribué des pots-de-vin à tour de bras pour acquérir une position de monopole aux Jeux olympiques d’Athènes de 2004 ?
Autre silence complice. Qui a truqué les comptes de la Grèce pendant dix ans afin qu’elle puisse entrer dans l’euro ? Les banquiers de Goldman Sachs. Qui vient-on de placer à la tête de la Banque Centrale Européenne ? Mario Draghi, vice-président de Goldman Sachs durant ces manipulations comptables !
Comme dans tout grand conflit, la question clé est : à qui profite le crime ? Le « plan de sauvetage » de la Grèce
vise en réalité des objectifs cachés 1. Les Grecs d’en bas se serreront la ceinture pour rembourser aux banques franco-allemandes une dette qui n’a profité qu’aux Grecs d’en haut. 2. On va privatiser au maximum pour obliger la Grèce à céder les morceaux intéressants de son économie : eau, gaz, télécoms, port, aéroports, Loterie nationale, armements… 3. Nous contribuables européens, allons payer « un plan de sauvetage » afin que les banquiers ne perdent pas un sou sur leurs prêts frauduleux et malhonnêtes.
En quoi ça vous concerne ? C’est très simple. Si on réussit (mais il y a là-bas une fameuserésistance), si on réussit à faire travailler les Grecs pour des cacahuètes, on viendra vous dire :« Tu veux garder un boulot, ? Il va falloir être compétitif face aux Grecs ! » Pigé ?
Voilà ce que j’ai appris – et d’autres choses encore – en découvrant cette semaine l’excellent« Comment osent-ils ? », de Peter Mertens. Sous-titre : La crise, l’euro et le grand hold-up. Ce livre est depuis plusieurs semaines numéro un des ventes en Flandre, et voici que sort la traduction française. Investig’Action publie en exclusivité le chapitre Grèce d’où j’ai tiré ces infos surprenantes. Les autres chapitres analysent le pseudo « miracle allemand », le programme de Sarkozy, le retour du nationalisme, les problèmes de la Belgique et la nécessité de développer les débats de société. Un livre passionnant, que je trouve indispensable pour quiconque va subir la crise… L’économie, ça n’est pas compliqué en fait, et c’est trop important pour la laisser aux mains des soi-disant « spécialistes » qui ont fait faillite.
8 mars 2012
Source : michelcollon.info
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