jeudi 5 mars 2015
Vous devriez avoir honte.» La jeune députée Syriza Olga Gerovasili ne peut contenir sa colère lors de la matinale d’une chaîne de télévision grecque interrompue sans cesse par le porte parole du parti conservateur
Vous devriez avoir honte.» La jeune députée Syriza Olga Gerovasili ne peut contenir sa colère lors de la matinale d’une chaîne de télévision grecque. Elle ne cesse d’être interrompue par le porte-parole du parti conservateur ergotant sur les détails des nouvelles lois présentées ces jours-ci afin de s’attaquer à la crise humanitaire.«Vous avez transformé ce pays en un champ de ruines, après cinq années d’ajustement structurel imposé par la troïka: un PIB amputé de 25%, plus de 1,2 million d’emplois détruits, un Grec sur quatre sous le seuil de pauvreté, des enfants qui vont à l’école sans manger. Et vous voulez que nous restions les bras croisés…»
Anastasia, elle, sourit à l’annonce de l’aide alimentaire donnée à 300 000 Grecs. Grâce à cette mesure qui touche les plus démunis, cette jeune femme divorcée va enfin nourrir correctement ses deux enfants. Professeure de piano, elle a tout perdu le jour où les conservatoires municipaux ont fermé leurs portes. Elle attend désormais l’allocation de chauffage que le gouvernement a promis d’ici à la fin du mois (un million de demandes cet hiver, le double de l’an passé).Chez ses voisins chômeurs de longue durée, l’électricité coupée pour cause d’impayés va bientôt être rétablie. Leur fils pourra à nouveau jouer sur l’ordinateur. Pendant des mois, cette famille a cuisiné et s’est chauffée grâce à un vieux poêle en fonte récupéré chez leurs grands-parents. Avec un peu de chance, le couple aura aussi droit à une aide au logement.
Le coût global de ce dispositif d’aides sociales, inscrit dans le programme électoral de Syriza, est estimé à environ 200 millions d’euros. Ces dépenses seront financées directement sur le budget de l’Etat et non par le plan d’aide. Le nouveau gouvernement considère qu’il n’a pas à obtenir l’approbation des institutions. Il joue de ce que l’emblématique ministre des Finances, Yanis Varoufakis, a appelé «l’ambiguïté constructive de l’accord». Mais il doit faire vite.
Avant la fin de la semaine, il va s’attaquer au surendettement qui frappe près d’un million de foyers. Une réglementation dite express permettra l’effacement de toutes les pénalités en cas de paiement immédiat de la dette. Sinon un échelonnement jusqu’à 100 traites sera mis en place et fera rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat. Autre immense soulagement: la levée des menaces de saisie de la résidence principale pour cause d’endettement.D’autres mesures ont été mises en place ces jours-ci, comme l’arrêt du payement du forfait hospitalier de 5€ et la validation automatique du livret de santé pour les salariés et leurs ayants droit. Cela a d’ailleurs provoqué de grandes bousculades devant les centres de sécurité sociale, notamment de retraités peu enclins à la déclaration en ligne.
On annonce aussi le rétablissement des conventions collectives de travail, le retour du salaire minimum en deux étapes à 751 euros, la fin des licenciements collectifs et la disparition de la taxe foncière, remplacée par un impôt progressif sur la fortune. Avec en toile de fond, la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale.Cette «désobéissance contrôlée» à l’égard de la tutelle européenne démontre si nécessaire que la priorité du gouvernement Tsipras n’est pas la même que celle du gouvernement précédent et des dirigeants européens, qui répétaient hier encore, la nécessité d’appliquer les programmes en cours.
http://www.24heures.ch/
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